Eo présence de ce débris sans nom qui repré
sentait notre cœur et nos yeux un des person
nages les plus sympathiques b la nation et aux sen
timents de liberté qui l'ont toujours dominée, nous
fumes pris d'une émotion soudaine et nous nous
découvrîmes avec respect. A la iueor du flambeau
qui nous éclairait, nous vîmes les ossements des
bras, des jambes, des côtes, presque rien de l'épine
dorsale, puis la tête dont toute la partie supétieure
était enlevée, par suite d'une des opérations pré
paratoires de l'embaumement.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES.
ANGLETERRE.
le cercueil eo plomb de la comtesse Sabine de
Bavière, femme de Lamoral. Sur ce cercueil sont
posées trois boites en plomb, celle du milien a la
forme d'un cœur; l'inscription qui s'y trouve gra
vée constate de la manière la plus irréfragable
qu'elle renferme le cœur de Lamoral; les autres
contiennent les cœurs de deux de ses fils.
En face de ce cercueil de plomb qui oa jamais
été ouvert, se trouve celui du comte d'Egmout.
Par une profanation dont on a peu d'exemples, ce
cercueil a été coupé dans sa longueur, et le plomb
rabattu sur les côtés, afio de mettre au jour les
débris informes d'un squelette. Ce cercueil ainsi
mutilé, est placé dans une longue caisse de verre.
Mon compagnon, en se baissant, crut remarquer
que les côtes du comte d'Egmont devaient être
plus nombreuses qu'elles oe le sont communément
chez les autres hommes. En effet, les débris de ces
côtes étaient très-nombreux, et il eot été bien dif
ficile au plus fin ostéologiste de les remettre dans
leur état primitif sans avoir b constater la présence
de plusieurs exemplaires du même fragment. Oe
mon côté, je ne remarquai pas sans surprise la
siccité de tous les ossements déposes dans le cer
cueil; en effet, ils avaient la couleur cendre et
poussière sur laquelle l'eau n'est pas tombée, tao-
dis que le crâne me parut humide et de ce ton ocre
brun des ossements sortis récemment de terre...
Mon compagnon et moi nous nous regardâmes
avec une pénible expression de surprise. Noos
demandâmes si la caisse de verre était soudée de
manière empêcher d'arriver au cercueil de plomb.
On nous répondit en l'ouvraul Nous examinâmes,
en tes prenant dans la main sans qu'aucune
observation nous fût faite, quelques-uns des
ossements, et surtout celte tête humide; puis, pro
fondément dégoûtés, nous sortîmes de ce lieu,
non sans nous livrer des réflexioos doul chacun
comprendra la portée. Nous fîmes aussi la remar
que que les boîtes de plomb ne soot ni enfermées,
ni fixées. On peut les manier comme on l'entend.
Il serait même assez facile des filous adroits, de
les enlever.
pas d'abord si c'était le trouble, qui avait causé la
maladresse, ou la maladresse qui avait causé le
trouble, et le dîuer continua sans que Millier repa-
lût. Cependant le général avait trop bien remarqué
que l'officier antrichieo et le cocher devaient se
connaître depuis longtemps; il avait remarqué, de
même, que leur élancement ne pouvait être celui
d'un maître qui retrouve simplement son ancien
domestique, on celui d'un domestique qui retrouve
uii ancien maître. Une émotion singulière, une
terreur profonde, s'étaient montrées dans les traits
de ces deux hommes quaod ils s'étaient trouvés
face face, et la préoccupation de l'officier autri
chien pendant la fin du dîner n'avait pas échappé
au général. Si la guerre eût existé alors entre la
Frauce et l'Autriche, le général eût pu penser que
ce Muller, dont les manières annonçaient autre
chose qu'un cocherétait un espion, que l'espoir
d'une forte récompense avait déterminé jouer ce
rôle; mais dans l'état des choses celte supposition
n'avait nulle vraisemblance, et il était plus raison
nable de penser que cet homme, qui se cachait
avec tant de soin, avait, sans doute, servi autrefois
l'officier-général qu'il avait reconnu, et dans la
maison duquel il s'était probablement rendu cou
pable de quelque action dont la révélation ('alar
mait. Bien que le géuétal n'eût que des raisons
Au nom de la dignité du peuple belge, au nom
du respect dû a la ceodre des morts quels qu'ils
soient, nous demandons que le caveau de Sotte-
ghem soit muré tout jamais et que sur le mur on
place une pierre avec cette inscription Ici
repose Sabine, comtesse de Bavière, près du
cœur de son époux, Lamoral comte d'Eg-
mont. [Journal des Beaux Arts.)
Un journal d'Anvers raconte en ces termes
un incident qui s'est produit samedi, sur cette
place: a Une lettre de commerce arrivée de
Londres midi contenait la nouvelle que la paix
était conclue entre l'Amérique du Nord et l'Amé
rique du Sud. Celte nouvelle, quoique générale
ment on n'y attachât que peu de croyaoce, a
produit une assez vive impression snr notre place, a
Quand on malfaiteur désire se soustraire aux
recherches de la police, dit un journal d'Anvers, il
va s'enrôler sous un nom supposé daos les brigades
d'ouvriers civils qui sont employés aux travaux des
nouvelles fortifications, et ce n'est souvent qu'après
plosietirs mois qu'il finit par être découvert. C'est
ainsi que samedi la gendarmerie qui recherchait
depuis deux mois l'auteor d'un vol commis
Schooten, a enfin réussi b l'arrêter aux travaux b
Deorne.
Voici ud cas d'empoisonnement que les
artistes musiciens feront bien de méditer. Beanconp
d'exécutants qui font usage d'instruments de cuivre
ont la mauvaise habitude d'aspirer la matière
bomide qui reste b l'intérieur, pour la rejeter
ensuite, mais doo: une partie reste dans la bouche.
Uu cas, nous assure l-oo, vient de se présenter
d'une manière très-concluante et surtout très-
déplorable; il a occasionné la mort de la victime,
après deux jours d'affreuses souffrances. C'était un
élève musicien au corps des sapeurs-pompiers de
la ville de Bruxelles, âgé de 29 ans. On l'avait
transporté b l'hôpital Saint-Pierre, après les pre
miers symptômes graves, mais déjà il était trop
tard. [Gazette de Bruxelles.)
passé, présent et futur. Un mariage
est souvent, pour ne pas dire toujours, une céré
monie réjouissante, od le conçoit aisément; indé
pendamment du bonheur qu'il se présente pour les
conjoints, il amène aussi l'occasion de réunir dans
nue petite fête de famille les parents des époux. Il
s'ensuit qu'un mariage n'est jamais plus triste que
lorsque les contractants sont orphelins.
Nous eo avons encore eu un exemple vendredi,
b l'Hôtel-de-Ville de Liège. Deux orphelins
allaient unir leurs destinées, et, par conséquent,
l'on ne voyait ni père ni mère d'aucune des parties
pour venir donner le consentement rigoureusement
d'être conteut du service de Muller, il vonlot
savoir s'il n'avait pas affaire b l'un de ces serviteurs
hypocrites qui emploient des années entières b ob
tenir la confiance de leur maître pour pouvoir en
abuser, ensuite, d'une manière plus profitable.
Le dîuer achevé, le général chercha partout
l'officier autrichien pour le questionner; mais
l'officier avait disparu du salon, comme le cocher
de la salle b manger, et ni l'un ni l'autre rie repa
rurent de toute I» soirée. La nuit venue, le général,
que celte double disparition intriguait s'informa
aux autres domestiques de ce qu'était devenu
Muller; il apprit qu'aussitôt après sa maladresse b
table, il s'était enfui b l'écutie dans une agitation
extrême. Le général apprit encore qu'après le dîner
l'officier autrichien s'était enquis de Moller, qu'a
ptes avoir appris où il était il avait été le rejoindre
avec empie5sementqu'ils étaient longtemps de
meurés enfermés ensemble, qu'on avait entendu
entre eux une conversation fort animée, et qu'enfin
ilséiaiem sortis tous deux de l'bôtel et s'en étaient
éloignés, en continuant cette conversation. Le gé
néral renvoya au lendemain pour éclaircir le secret
de celte reconnaissance. Alors il apprit que Muller
avait reparu dans son écurieety pansait ses chevaux
avec son impassibilité ordinaire. Le général, dont
la cutiosité était vivement excitée, y descendit
exigé et qui est la première bénédiction de l'hymen.
Qu'on n'aille cependant pas trop plaindre le sort de
nos deux fiancés et, bâtons-nous de le dire, |e
futur a yâ hivers et sa tendre dulcinée compte 72
printemps, leur orphelinat, a, comme on le voit,
raison d'être.
Le mariage s'est accompli le plus tranquillement
du monde.
Le oui sacreinentel fut prononcé et l'officier de
I état-civil remit le procès-verbal de cet acte
important, transcrit dans un petit livret, daDs
lequel il y a douze cases pour y inscrire sa famille
b venir, an futur devenu présent, mais ayant tout
le vénérable extérieut d'un passé.
[Gazette de Liège.)
Le fait suivant, que publie la Tribunede
Liège, ne saurait recevoir trop de publicité Oa
nous écrit ce qui suit, dit celte feuille On oe
se rappelle que trop la terrible catastrophe arrivée
récemment b la houillère de la Chartreuse. Tout
Liège s'est ému de la triste position de ces pauvres
veuves et de ces malheureux orphelins que la
mort du chef de famille plonge daus U plus
profonde misère. Il y a partout des cœurs sympa
thiques au malheur, et ce que je vais vous Darrer le
prouve une fois de plus: u Uue honnête famille
d'ouvriers de la Charocne (France), touchée de la
positioo affreuse des dix enfants devenus orphelins
par la mort de leur père, déjà veuf, vient de
s'adresser b M. le bourgmestre de I.iége pour
le prier de vouloir bien lui confier l'un de ces petits
infortunés, s'engageaul b bien l'élever, disent ces
braves gens. Ils ont, disent - ils, perdu les enfants
que le ciel leur avait envoyés, et ils croient qu'il
est de leur devoir de soigner ceux qui n'ont plus
personne.
Cassel 18 mai. L'électeor a accédé b la
décision de la Diète.
Berlin, 19 mai. On apprend de bonne
source que le gouvernement prussien a envoyé
avant-hier un ultimatum b l'électeur, demandant
que, par suite de la manière injurieuse doul le géné
ral Willisen a été traité, le ministère soit renvoyé
dans les quarante-huit heures, b compter de la
remise de l'ultimatum.
On lit daos le Court Journal do 17 mai
Ou a commencé b Osborne les préparatifs du
prochain mariage de S. A. R. la princesse Alice
avec le prince Louis de Hesse. Nous croyons que la
cétémonie aura lieu vers le 9 juin, bien que l'Etat
de la santé du roi des Belges puisse avoir une
influence considérable sur la fixation de la date
précise, car c'est le désir bien connu de S. M.
la Reioe que le Roi remplace, s'il est possible, le
aussitôt pour surprendre Muller et l'interroger b
l'improviste; mais dès que celui-ci l'aperçut, il
alla au-devant de son maître, lui présenta une
lettre conçue b peu près en ces termes:
Sur mon honneur, je réponds de la fidélité et
de la bonne conduite du cocher Mulleret je
serai fort obligé au comte C.... de ne pas cber-
cher b connaître le secret de l'existence de cet
n homme. Le comte V....
Et si je voulais le connaître? dit le général b
son cocher.
Je serais forcé de quitter votre service, ré
pondit celui-ci; je le ferai avec bien do regret,
parce que je m'estime heureux d'être chez vous;
mais je le ferais immédiatement.
La bonne conduite de cet homme, la recom
mandation de l'officier autrichien décidèrent le
général oe pas pousser ses questions plus loin,
Moller demeura daos son écurie, et, au bout de
quelques mois, cet événement fut compléiemeut
oublié. Probablement il se fût entièrement effacé
de la mémoire du général, sans un accident terrible
qui vint le lui rappeler,
t [Pour être continué.)