D'TPRES.
46me Année. Mercredi 20 Août 1862. N<> 4,683.
REVUE POLITIQUE.
Monsieur le Directeur,
LE PROPAGATEUR
Voilà huit jours que les journaux piémon-
tistes de toute origine et de toute nuance pro
clament sur tous les tons que la crise sicilienne
va prendre fin, et cependant, malgré ces pro
phéties menteuses, la crise se prolonge en se
compliquant et en marchant vers un dénoumcnt
favorable au parti d'action. Garibaldi, que
ton disait cerné par les généraux Ricotli et
Cugia, et que l'on présentait comme cloué
Castro San - Giovanni, n'en a pas moins fait
un pas en avant. De cette dernière place il s'est
porté Piazsa, qu'il a occupé, de sorte qu'il ne
se trouve maintenant qu'à une très faible dis
tance de la plaine de Catane. Si, comme tout le
donne penser, le soulèvement des Calabres est
le but que se propose le chef des chemises
rouges, ce nouveau mouvement, qui le rappro
che de l'un des grands ports du détroit, aura
pour but de faciliter V exécution de ses plans,
et, sous ce rapport, il doit être considéré comme
un avantage qui n'est pas sans quelque portée.
Ce qui se passe laisse entrevoir une partie
des desseins de Garibaldi et rend probables les
confidences faites la Presse par un Hongrois
qui occupe auprès de Garibaldi la triple Jonc
tion de s soldat, de philosophe etd'observateur.
Or, ce correspondant, si bien placé pour juger
Us événements, indique ainsi le plan de F in
surrection SouUver la Sicile, appeUr lui
toutes Us forces vives du pays, se concentrer au
milieu de F île, Castro-Giovanni peut-être
s'y établir, s'y retrancher même, voilà la
pensée de Garibaldi, le premier acte du drame.
Il passe ensuite le détroit, seul sans doute, car
la passe est gardée; il se déguise, s'il le faut, et
apparaît en Calabre, où on F attend; des Cala
bres, n'en doutez pas, le mouvement s'étend
jusqu'aux Abruzzes, jusqu'aux portes de Rome.
Les grandes villes, peut être, restent en dehors
du mouvement; cela entre dans le plan de
Garibaldi, qui eut soulevé Pa/erme dix fois
(Fun seul geste Garibaldi ne veut pas que le
gouvernement légal cesse d'exister. Quand ce
royaume des Deux-Siciles, que Garibaldi a
donné l'Italiesera soulevé, des Abruzzes
l'Etna, que ferait le gouvernement de Turin
Cette question n'en est pas une. Si les faits
prévus dans cette note confidentielle s'accom
plissaient le pouvoir serait entraîné, et, avec
lui, l'utopie de l'unité.
Les événements de Sicile produisent Naples
une émotion facile comprendre et cFautant
plus profonde que les masses populaires se
prononcent en faveur du mouvement; si toute
fois Garibaldi n'avait pour réussir que les
sympathies de la démagogie, son succès ne
serait point encore assuré; mais avec cet appui
moral, il a de l'argent, ce nerf de la guerre, et
des vivres en abondance. L'argent lui vient de
Londres, et les vivres lui arrivent de Palerme.
Le comité révolutionnaire de cette ville fait des
envois réguliers et successifs.
Le retour de l'impératrice d'Autriche dans
sa capitale, après une longue absence, a été le
sujet d'une grandiose ovation. Plus de 15o,ooo
personnes de tout rang et de toute condition
s'étaient rendues de tienne Schœnbrunn.
L'empereur a été très-louché de ces preuves de
dévouement, et il en a hautement manifesté sa
reconnaissance dans un billet adressé Farchi
duc Regnier.
Les nouvelles de New-Fort sont du 7 août,
et quoique contradictoires sur plusieurs points,
elles sont en général favorables aux confédérés
qui auraient remporté plusieurs avantages
dans le Missouri, et se seraient rendus maîtres
d'Alexandrie, ville importante du même État.
Les fédéraux tiennent des meetings et cherchent
par tous les moyens chauffer F enthousiasme
des populationsmais la conscription entre
tient toujours une vive agitation dans les
esprits. La plupart de ceux qui s'y sont soumis
demandent en être exonérés. Dans F éven
tualité d'une ligue de la France et de F Angle
terre contre le Nord, la presse de New-York
tourne ses vœux et ses regards vers la Russie.
Les nouvelles de Damas reçues hier 17
Alexandrie portent, suivant une dépêche, qu'un
mécontentement général règne en Syrie. La
situation y est grave. Le gouvernement envoie
des troupes dans le Rauran. Les Bédouins et
les Druses se sont révoltés et refusent de payer
les impôts. On craint que les communications
ne soient interceptées. Le paiement des indem
nités dues aux chrétiens a cesséL'argent
manque.
J'ai assisté b la distribution des prix faite le 16
Août 1862 aux élèves do Collègeépiscopal d'Ypres.
Je sens le besoin de «00s entretenir de celte
brillante solennité: je dois rendre hommage anx
Professeurs et anx Elèves de cet excellent établis
sement.
La fête était présidée par Monsieur le Chauoine
Desmedt délégué de Monseigneur l'Évèque de
Bruges, retenu hélas I sur son lit de douleur loin de
l'assemblée qu'il rehaussait chaque année de Sa
présence. Le clergé du Doyenné, la Magistrature,
les autorités militaires et l'élite de la ville étaient
venus témoigner leur sympathie au Collège S1-
Vincent de Paul. La fête a été digne de l'assis
tance cbacnn se plaît b redire que jamais il ne
s'est trouvé b solennité plus intéressante et pins
pleine de douces émotions. Chants, mnsique,
déclamations, représentation dramatique, succès
hors iigne obtenu au concours général, tout a
charmé cette nombreuse réunion. Les chants
lyriques de Satil et une Marche du Tannhanser,
exécutés par la Société chorale sous l'habile direc
tion de M. Ch. Breyne, auraient suffi pour illustrer
la fête. MM. Petit, frères, ont joué avec l'habileté
et le talent de vrais artistes, une Fantaisie pour
Violon et Piano sur des motifs de Lucie de Lam-
mermoor. Mais ce qui surtout a enlevé les suffrages,
ce qui a fait couler les larmes de toute l'assistance
c'est le Drame de l'Orphelin muet piété filiale,
amitié fraternelle, bonté de coeur, dévouement du
serviteur b ses maîtres, triomphe de l'innocence,
châtiment du vice et exécration de l'hypocrisie,
Voilà la pièce. Elle a été interprétée avec uue
entente et un sentiment qui fout le plus grand
honneur et b l'intelligence et au cœur do Directeur
du Drame et de ses Elèves. Une émotion sympa
thique, qui fréquemmeut se traduisait en applau
dissements et en larmes, a dominé deux heures
dorant tonte l'assemblée. Mention spéciale est due
au héros de la pièce, M. Ferdinand Vandaele
d'Ypres sa bouche était moelle, mais son regard,
ses traits, son attitude, son geste parlaient le plus
éloquent laogage il a ravi tous les cœurs. Mention
honorable aussi b l'Orchestre qui accompagoait
avec nu tact et une délicatesse rares la Mimique de
l'Orphelin muet l'Orchestre peut revendiquer
une bonne part dans les éloges qui aujourd'hui
encore se trouvent dans toutes les bouches.
Ensuite la Distribution eut lieu avec ces joies si
bien connues des parents et des enfants. Tout
le monde a pris plaisir b l'air de candeur et de
modeste franchise répandu sur toutes les physio
nomies de celle jeunesse studieuse; et pour l'obser
vateur attentif cette empreinte inimitable de la
vertu est le plus bel éloge de l'esprit de l'établis
sement.
Enfin Monsieur le Chanoine Desmedt au nom de
Sa Grandeur l'Évêque de Bruges a proclamé le
résultat du coocours, qui cette année a eu lieu eutre
les Elèves de Cinquième latine et entre les Elèves
de Rhétorique de tous les Collèges éptsco-
paux du Diocèse. Le Collège S'-Viuceut y a
coeilli les plus belles palmes tous les prix pour la
classe de cinquième lui ont été décernés, ainsi que
de nombreux accessits; en Rhétorique aussi un
succès des plus brillants a été obteuu. Le pro
gramme que je vous transcris en fait foi.
CLASSE DE CINQUIÈME
CONCOURS EN THÈME.
107 concurrents.
Prix M. Gustave Waffelaert.
2" Accessit M. Ferdinand Vandaele.
4' M. Julien Vanwerveke.
CONCOURS EN VERSION.
107 concurrents.
Prix M. Ferdinand Vandaele.
1* Accessit: M. Gustave Waffelaert.
5e a M. Julien Vanwerveke.
6* M. Louis Biebuyck.
8' M. Alfred Tyberghein.
CLASSE DE RHÉTORIQUE.
CONCOURS EN DISCOURS FRANÇAIS.
53 concurrents.
3° Accessit M. Désiré Decuypere.
DISCOURS FLAMAND.
5o concurrents.
1' Accessit M. Désiré Decuypere.
Honneor au Collège épiscopal d'Ypres hom
mages b son digne Principal, b ses Professeurs zélés,
b MM. les abbés Ducarin et Notin professeurs des
lauréats au concours; honneur a leurs élèves cou
ronnés! Poisse cet établissement prospérer de plus
en plus et assurer b l'Eglise et b la Patrie on grand
nombre de bons chrétiens et d'excellents citoyens.
Agréez, Monsieur le Directeur, l'expression de
ma considération la plus distinguée.