La fête aérostatique qoi a en lieu b Courtrai
dimanche dernier avait attiré dans cette ville nue
énorme affluence de monde.
Juste b l'heure fixée, le ballon de M. Glorieox,
entièrement gonflé, a quitté la terre et s'est élevé
majestueusement dans les airs. Après avoir plané
pendant une demi heure sur la ville, l'aérostat a
pris nn essor vigoureux et bientôt il n'apparut
plus que comme un point dans l'espace. Alors se
ravisant, il a pris la direction de Sweveghem, et y
a effectué nne heureuse descente. Ajoutons que eu
égard aux excellentes conditions dans lesquelles se
trouvait l'aérostat, M. Glorieux avait consenti b ce
que son frère l'accompagnât dans son ascension.
Le Sénat a repris ses travaux, avant-hier. Le
premier objet a l'ordre du jour était, la reprise de
la discussion du rapport sur la pétition par laquelle
MV1. les margnilliers de l'église d'Uccle réclament
b la fois cootre la violation de la liberté des cultes
et contre la profanation du cimetière de cette com
mune, double fait dont M. le bourgmestre Dolez
s'est rendu coupable, en faisant enterrer M. le
colonel De Moor, malgré le clergé de la paroisse,
et contrairement aux usages et b la loi, dans la partie
du cimetière consacrée au culte catholique.
La commission propose, sans rien préjuger toute
fois, le renvoi de la requête b MM. les ministres de
l'intérieur et de la justice, avec demande d'expli
cations. M. le ministre des finances et M. Van
Schoor se sont, on se le rappelle, prononcés, dans
la première partie do débat, contre les réclama
tions de MM. les margnilliers d'Uccle.
M. Malou, qui a pris la parole avant-hierb
l'ouverture du débat, a fait bonne justice des
sophismes de la gauche. Il a parlé sur cette grave
question comme un véritable ami de la liberté et
de la Constitution. Son plaidoyer en faveur de la
liberté des cultes a été la plus brillante partie de
son remarquable discours. Les droits de toos et de
chacun ont été définis par l'honorable membre
avec une lucidité de langage et une précision de
doctrine qui défient toute réplique.
Le discours de l'honorable M. Malou a rempli
toute la séance, et l'orateur, en se ralliant au renvoi
proposé par la commission des pétitions, a demandé
que les explications des ministres portassent sur les
points suivants i° conclusion de la commission de
1849; 2* tableau des communes où sout professés
différents cultes; 3° opinion de tous les cultes sur
la question des cimetières.
CHRONIQUE JUDICIAIRE.
Le tribunal de 1" instance de Bruxelles a
prononcé samedi un jugement important dans une
affaire qui a eu un certain retentissement. Vous
vous rappelez que M. Paul Nève, directeur du
Journal de Bruxelles, qui avait été condamné b
payer 10,000 fr. de dommages-intérêts b M.
Rogier. L'imprimeur responsable du journal ayant
quitté le pays, M. Rogier fit saisir l'imprimerie.
M. Nève plaida en revendication, et prouva a
l'audience que la maison dans laquelle se fait le
Journal de Bruxelles était bien b lui, que les
presses lui appartenaient et avaient été données par
lui en gage b la Banque liégeoise, que le papier avait
été payé par lui, enfin que M. Delièvre n'était que
son ouvrier. Le tribunal, après avoir reçu cette
preuve, et sur !a plaidoirie de M' Jottrand, a
déclaré que M. Nève était bien réellement proprié
taire de son matériel.
Il résulte de ce jugement que les 10,000 fr.
accordés b M. Rogier par les tribunaux sont pour
lui irrécouvrables et que M. Delièvre ayant quitté
la Belgique, le jugement ne pourra être exécuté
d'aucune façon ni pour la clause pénale, dî pour la
partie civile.
NÉCROLOGIE.
M. le capitaine de vaisseau vicomte Jules de
Lavaissière de Lavergne, qui se rendait en France
porteur du traité de paix franco-annamite, vient
de mourir. Une dépêche d'Alexandrie annonce que
cet officier supérieur a succombé le 15 de ce mois,
b Port-Aden, aux suites d'un accès de fièvre per
nicieuse, b l'âge de 43 ans.
Le monde entier a retenti, il y a près de six
années, du courage et du sang-froid dont M. de
Lavaissière a fait preuve, dans le terrible naufrage
du Duroc, où il eut le rare honnenr de ramener
tout son équipage sain et sauf en France, après être
demeuré cinquante jours loin de tout seconrs hu
main sur nn Ilot désert de la mer de Corail. C'est
b l'anniversaire, presque jour pour jour, d'une
catastrophe b laquelle il avait échappé presque
miraculeusement, que cet officier a trouvé la mort.
NOUVELLES DIVERSES.
Avant-hier, b midi, sont arrivés b Ypres, reve
nant du camp de Beverloo, les recrues du 11* de
ligne de la levée de 1863 et qoi ont reçu au camp
l'instruction militaire.
Nous apprenons avec plaisir que l'état de
santé de Mgr. Malou, évêqne de Bruges, va en
s'améliorant depuis qoelques jours. [Patrie.)
On croit que la démolition entière de l'église
de Saint-Martin b Courtrai sera ordonoée. Jusqu'ici
les cloches qui sont tombées sor la voûte du jubé ne
sont pas encore descendues. On craint b chaque
instant des éboolements. Les étrangers affluent
pour visiter les débris.
On écrit de Saint-Nicolas, i5 août, au Bien
public Toute notre ville a été en émoi ce
matin b l'occasion d'un fait des plus insignifiants,
mais qoi a produit une véritable terreur panique
dont les conséquences ont été déplorables.
On célébrait b l'église de Notre-Dame la messe
de 8 i(3 heures. La grande solennité du jour y
avait réuni une foule plus compacte encore que
d'ordinaire. Le prêtre était b la Consécration et
l'assistance gardait le plus profond silence.
Tout b coup l'on entend le bruit d'un verre
qui se casse, et on clin d'oeil après celui des débris
qui résonnent en tombant sur un confessionnal!
Les personnes agenouillées au-dessous de ce vitrail,
se lèvent brusquement en renversant, dit-on,
quelques chaises et un banc. Un agent de police
qoi se trouvait près du portail, sort avec précipi
tation de l'église, dans l'espoir sans doute de s'em
parer du gamin dont l'imprudence venait de
troubler le service divin par le jet d'un projectile
quelconque. La coïncidence de ces divers bruits, au
milieu du plus solennel silence, prodoit une cer
taine agitation dans les basses nefs, agitation qoi se
communique comme une étincelle électrique au
reste de l'église, aussitôt qne cet inexplicable cri
eut été jeté c'es la tour qui s'affaisse!
Tout b coup la frayeur se généralise et prend
des proportions incroyables: c'est on sauve qui peut
généralune bagarre dont on ne peut se faire one
idée. La foule se précipite vers les deux portes
latérales du transept, vers les portes des sacristies!
Ceux qui sont dans le bas de l'église cherchent une
issue par le grand portail. Le chœur est envahi. Les
hommes enjambent les bancs de communion les
femmes tombent en voulant l'escalader, on Se
presse jusque sur les marches des autels, on se serre
autour du prêtre qui doit forcément interrompre |e
saint sacrifice! Des clameurs,des lamentations qQe
personne ne peut décrire augmentent l'anxiété
générale.
Quelques personnes courageuses et calmes
s'efforcent, mais en vain, de rassurer la foule. Leurs
cris ne font qu'ajouter au trouble général. Les
femmes poussent des cris de désespoir, les enfants
pleurent et appellent leurs parents qu'ils viennent
de perdre dans la cohue. Toutes les chaises sont
jetées, renversées, brisées et vont encombrer avec
les corps des personnes renversées elles-mêmes et
foulées aux pieds, toutes les issues du temple. Les
assistants que la peur générale n'a pas atteint,
réussissent b peine b se soustraire au courant quise
dirige vers toutes les portes. A chacune de celles-
cila scène était vraiment déchirante, one fois
chancelant on était culbuté, une fois b terre on
perdait tont espoir de se relever! Les corps étaient
superposés, le grand chandelier en fer qoi porte le
luminaire devant l'autel de la Vierge était entraîné
par la foule jusque dans l'ouverture de l'une des
portes et aidait b faire barricade. Ceux que le flot
entraînait se débattaient en désespérés, se demao.
dant si les corps qu'ils foulaient n'étaient pas cenx
des parents qu'ils venaient de perdre de vue. On
marche, on tombe sur les têtes, sur les poitrines.
Les plus agiles et les plus effrayés grimpent sur le
dos de ceux qui les précédent et passent sur les
épaules de la foule. On nous a cité on homme qoi
a failli de cette manière être écrasé contre le paroi
supérieur d'une porte latérale.
M. Schinckel, le curé de la paroisse, qoi heu
reusement se trouvait dans la sacristie, a fait preuve
d'un grand courage et d'un grand sang-froid. Il
s'est jeté au devant de la foule qui envahissait la
sacristie etvoyant plusieurs personnes déjà ter
rassées et amoncelées, il a énergiqnement lutté
contre ceux qui réclamaient ce passage b grands
cris. Fort heureusement il est parvenn b refouler
on instant les premiers assaillants et b dégager an
moyen de suprêmes efforts ceux qu'une mort pres
que certaine attendait. Une femme surtout étai déjà
tont ensanglantée.
Voilbqoel fut le triste résoltat de cette panique
dont l'origine n'est pas encore exactement connue,
mais que l'on attribne a une pierre 00 b nne balle
de sarbacane qui aura été lancée dans la fenêtre.
Ce qui peut-être a contribué b cette panique,c'est
que celte fenêtre est précisément celle dans le cintre
delaquelle on remarque une crevasse, qui, du reste,
au dire de tous les ingéoieurs consultés, ne présente
aucun danger pour l'édifice et qui ne s'est pas
élargie d'une ligne depois plusieurs années. Une
personne, dont on cite le nom, assure avoir été'
toochée par le projectile (caillou ou balle) qui est
tombé b l'intérieur de l'église.
Une demi-henre après l'accident, tout était
rentré dans le calme b l'intérieur de l'église, quel
que encombrée qu'elle fût par les débris des
chaises, mais toute la ville restait en émoi. Dans
chaque famille il rentrait un membre malade
d'agitation e: ayant perdu quelque objet de toilette
dans la cohue.
Les versions différent sur le nombre des blessés
et contusionnés, nombre qui est fort considérable
en tous cas, on en a transporté quelques-uns dans
les maisons-environnantes. Il n'y a pas de mort
immédiate b déplorer 1
La police a pris la sage mesure de faire publier
immédiatement 00 avis qui prie chacun de porter
au bureau les objets que l'on a trouvés b l'intérieur
et b la porte de l'église.
Beaucoup de personnes ont déjà pu y réclamer
des livres de prières, des chapeaux, des casquettes,
des ombrelles, des bijoux, des montres, des porte-