D'YPRES. 46me Année. Mercredi 17 Septembre 1862. N° 4,691. REVUE POLITIQUE. y pa LE PROPAGATEUR Le gouvernement sarde vient, enfin de faire connaître son opinion sur t affaire des rebelles. Garibaldi et ses complices seront jugés par les tribunaux ordinaires. Le Sénat ne sera donc pas constitué en haute cour de justice t il n'y aura pas non plus de conseil de guerre ni de commission spéciale. C'est devant une cour d'assises que le vaincu d'Aspromonle compa raîtra. Maisle gouvernement n'a pas encore fait son choix. De façon qu'il serait impossi ble de dire quelle est la cour d'assises qui sera chargée de prononcer sur le sort de Garibaldi et des siens. On parle toujours de la possibilité de modi fications prochaines dans le cabinet sarde parce que quelques uns des ministres sont évidemment au dessous de leur tache. On se trompe. Ce n'est pas l'infériorité de certains hommes qu'il faut accuser, c'est le poids même de la situation écrasante sous laquellele Piémont s'est placé. Pourquoi sa domination na-t elle pu parvenir encore s'asseoir dans les provinces méridionales de la Péninsule? Est ce parce quelle a employé, pour s'y établir, des généraux incapables et des moyens trop mous? Non; c'est qu'elle luttait la contre une force supérieure tous ses efforts. Une impuissance pareille se manifeste au point de vue politique; et de même que la Sardaigne a usé Naples tous ses hommes de guerre et tous ses administrateurs sans réussir s'y implanter, de même elle use successive ment Turin tous ses hommes d'État sans parvenir consolider l'œuvre quelle a entre prise. Qu elle attribue cet insuccès l'insuffi sance de ses gouvernantsc'est la tendance aveugle des faibles mais il est évident que c'est la nature même des choses qui arrête et paralyse toutes ses tentatives. L'état de siège est maintenu Naples et en Sicile, quoique Garibaldi ail été vaincu, quoi qu'il soit prisonnier, quoique sa bande ait été disperséeécrasée anéantie. Les généraux Cialdini et La Marmora se sont opposés ce qu'il fût levé. Pourquoi? Évidemment parce que la domination pièmontaise est encore très- mal assise, parce que les populations ne sont ni soumises ni découragées,parce qu'ilJaut, pour les contenir, toute la rigueur du régime mili taire. L'état de siège est une réponse excellente aux publicistes pièmonlisles qui prétendent que Naples et la Sicile jouissent de la tran quillité la plus parfaite. Cette réponse est d. autant meilleure que c'est le gouvernement sarde lui-même qui la fournit. Pour le royau me napolitaind'ailleursle général La Marmora vient de la confirmer par un acte de son autorité dictatoriale Il a donné aux com mandants de la force armée de nouvelles et plus sévères instructions pour la destruction du brigandage. Donc le brigandage n'est pas dé truit, Nous ajoutons même volontiers qu'il n'est Pas affaibli, car il ne serait pas nécessaire d'user de plus de sévérité s'il tendait dispa raître de lui - même. L'étal de santé de Garibaldi semble inspirer moins d'inquiétude ses amis cependant la crainte d'une amputation n'est pas encore complètement écartée. La Correspondance franco-italienne rapporte que le général Pallavicino qui a commandé l'expédition d'Aspromonle, vient de recevoir de l'empereur des Français la Croix de comman deur de la légion d'honneur. Le Constitutionnel poursuit contre vent et marée évacuation de Rome par l'armée fran çaise. Aujourd'hui il publie encore, sous la signature de son rédacteur en chef, un article où il traite son sujet de prédilection. Le roi des Pays Bas a ouvert lundi, i5, la session de 1862-1863 des Etals - Généraux de son pays. Entre autres projets de loi le dis cours royal annonce la révision du système d'impôts actuellement en vigueurréforme attendue depuis longtemps avec impatience par lès populations. Il y a eu de nouveaux troubles Varsovie propos d'une visite domiciliaire VAcadémie de peinture. Les artistes ont tiré sur les sergents de ville. Heureusement personne n'a été blessé. Tout le caimé vient d'être'retiré de la circu lation en Turquie et le cours des monnaies a été rétabli au taux légal de l'or et de L'argent. a- -W- Dans son rapport général de 1861, la Chambre de commerce d'Ypres, s'exprime eutr'autres com me suit L'industrie dentellière est,Mans l'arrondissement d'Ypres, le régulateur de toutes les autres branches de fabrication. Suivant qu'elle est pins ou moins prospère, qu'elle procure plus ou moins de profils aux patrons et de main-d'œuvre la classe ou vrière, les aunes industries tiouveut un débouché plus ou moins facile pour leurs produits. La fabri cation de la dentelle, déjà languissante dans les années précédentes, a été complètement paralysée par les événements de 1861 les affaires ont été presque nulles. La chambre de commerce d'Y'près signale les services rendus par les ateliers d'ap prentissage. C'âce b ces ateliers, la fabrication des tissus de laine peignée, genre Roubaix,a pris uue certaine importance b Ypres; la fabrication de la rouenrierie commence aussi b s'y éteudie. La ru- baonerie, industrie plus anciennement établie b Ypres et b Comines, y emploie trois cents ouvriers environ, dont le salaire est de 1-80 fr. par jour en moyenne: la situation de cette industrie a été sa tisfaisante en 1861, malgré la cherté de la matière première. La fabrication des fils retors, qui avait naguère une certaine importance b Wervicq, tend y disparaître, depuis que le travail se fait par des métiers continus dans les fabriques mues par le vapeur. Le tissage b la toile perd également cha que année de son terraio dans l'arrondissement d'Ypres; on n'y fabrique plos guère que des toiles en fil d'étoupe b l'usage de la classe ouvrière, les bon; ouvriers tisserands ont de la peine b gagner i-5o fr. par jour. La situatioo des tanneries, des huileries, des distilleries et des brasseries a été médiocre. L'arrondissement d'Ypres continue b trouver de grandes ressources dans le commerce des produits agricoles. Les bestiaux de Vuernam- bacht, les houblons de Poperiughe, le beurre de Dixmude, les tabacs de Wervicq, etc., s'exportent en quantités considérables pour l'Angleterre, la France et la Hollande. La culture du houblon est appelée b recueillir beaucoup d'avantages du traité avec la France. Il est peu de localités do pays où l'instruction de la classe ouvrière soit plus avancée et plus géné rale qu'b Ypres. La chambre de commerce coustate 3ue l'on n'y trouve presque point d'ouvriers et 'enfants d'ouvriers qui ne sachent lire et écrire. ACTES OFFICIELS. Un arrêté royal du 20 août approuve la réso lution du conseil provincial de la Flandre occi dentale, portant qu'une somme de 3,000 fr. au plos sera prélevée sur le fonds provincial d'agri culture, et destinée b couvrir les frais d'un concours b ouvrir par la province pour le meilleur traité élémentaire sur l'enseignement agricole. CHRONIQUE JUDICIAIRE. Meurtre commis par un enfant de i4 ans. Le 15 juin dernier, Marie BaIlots, âgée de 5o ans, femme de chambre au service de la marquise de Cbambray, disparut du château, et l'on cher chait vainement b se mettre sur les traces, lorsque, le 18 juin, son cadavre fut trouvé dans le taillis du parc, a quelques mètres d'une allée. Le désordre des vêtements, de nombreuses bles sures existant b la tête au ventre, l'état du sol, enfin tout démontrait qu'une lutte violente avait eu iieu et que Marie Ba!lois avait succombé sous les coups d'un meurtrier. L'auteur de ce crime était un des domestiques de M. de Cbambray, le nommé Mazier, âgé de qua torze ans. D'un caractère brutal et emporté, ce jeune homme acceptait difficilement les remon trances; plusieurs fois il lui était arrivé de proférer dès menaces de mort. Le i5 mai, un dimanche, Mazier et Marie Ballois s'étaient rencontrés dans un parc, l'accusé, s'il faut l'en croire, aurait reproché b cette fille de ne pas s'occuper du soin de ses vêtements, dont elle aurait eu la charge, et, b la suite d'une discussion, il l'aurait frappée au visage, puis il se serait éloigoé en murmurant. Mais bieotôt, s'arrêtant, il aurait, le couteau b la main, attendu sa victime, qui, indignée de sa brutalité l'avait suivi. Une lutte terrible se serait alors engagée, dans laquelle la malheureuse fille n'avait d'autre arme que ses bras. Atteinte d'un couteau b l'œil, elle tomba pour ne plus se relever. Le meurtrier lui porta b ce moment un grand nombre de coups, soit au visage, soit au ventre, et, alors qu'elle n'était plus qu'un cadavre, il la frappa b la tête avec le talon de ses souliers. Puis il s'éloigna froidement du lieo du crime et se rendit au château, où il soupa avec les antres domestiques. Les jours suivants, il se livra b ses travaux habituels, et rien ne trahissait en lui même un sentiment de préoccupation, lorsque la décou verte des vêlements qu'il portail le jour du meurtre et que l'on trouva tout ensanglantés dans la pail lasse de son lit, le mit dans la nécessité d'avouer son abominable crime. Le jeune Mazier vient de comparaître devant le jury de l'Eure. La violence et l'arrogance dont il avait fait preuve b l'aodience, pendant les déposi tions des témoins, ont donué une juste idée de son caractère irritable. Le jury a rapporté un verdict de culpabilité, et la cour a condamné Mazier, en raison de son jeune âge, b vingt années de prison et dix années de surveillance. NOUVELLES DIVERSES. La distribution des prix aux élèves des Ecoles communales a eu lieu lundi d'au local des Halles. Elle a été honorée de la présence des autorités civiles et de quelques autorités militaires. La Neinaine eu l'honneur de Notre-Dame de la Salette, s'ouviira vendredi prochain, dans l'église du couvent des Pauvres Claires Colettines

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Le Propagateur (1818-1871) | 1862 | | pagina 1