D'YPRES.
REVUE POLITIQUE.
Les feuilles anglaises deviennent fort
intéressantes lire depuis les derniers
événements qui ontéclaté en Grèce. Comme
il était facile de le prévoir, elles commen
cent établir des distinctions et bien
nettement déclarer qu'il y a annexion et
annexion, que si l'Angleterre approuve le
système des plébiscites dans les Etats
italiens, elle ne saurait l'autoriser dans les
pays où elle entend exercer son influence
et conserver son protectorat. Le Morriing
Post n'hésite pas déclarer que le mouve
ment actuel de Grèce doit être entravé,
parce que l'on y surprend, au fond, la main
de la Russie et celle du Piémont.
La Grèce est petite, et les 950 mille
habitants qui la peuplent ne constituent
pas une nation bien redoutable. Mais la
position géographique du pays lui donne
une importance politique et militaire
exceptionnelle, et les destinées de ce coin
de terre se lient d'une manière si étroite
aux intérêts rivaux des grandes puissances
en Orient, que toutes se préoccupent
jalousement de son avenir.
Cette rivalité des puissances fait penser
la presse étrangère que le principe de
non intervention sera respecté de Grèce, au
moins tant que ce pays aura la sagesse de
ne pas chercher étendre le mouvement
hors de ses frontières actuelles, et c'est ce
qui semble résulter de l'ensemble des
premières informations venues de Londres
et de Saint-Pétersbourg.
Le Morning Post exclut la possibilité
Sous ce titre, on lit dans la France
d'une république, et comme le traité de
1852 exclut de son côté tout prince appar
tenant aux maisons régnantes de France,
d'Angleterre et de Russie, l'organe de lord
Palmerston se demande sur qui le choix
des Grecs pourrait se fixer? La feuille
ministérielle oublie qu'elle a elle-même
accepté tant de fois en Italie et ailleurs la
violation de traités, que la convention de
Londres ne saurait être aujourd'hui une
difficulté plus sérieuse pour certaines
combinaisons que ne l'ont été les stipula
tions de Vienne pour arrêter les spoliations
piémontaises dans la Péninsule. Le Post
pourrait bien être puni par où il a péché.
Le Times n'apprécie pas tout fait les
choses au même point de vue. Suivant lui,
les Hellènes ont, par leur révolution, répu
dié la tutelle des puissances protectrices,
et la Grande-Bretagne n'a rien objecté. Le
journal de la Cité se prononce contre la
candidature du prince Alfred, second fils
de la reine Victoria n'est ce pas une
habileté? Il ajoute que le cabinet de Londres
n'aurait point protester contre le choix
du duc de Leuchtenberg, et en même
temps il lance les noms du prince Ypsilanli
et du comte de Flandre,
La Patrie nous apprend que le gouver
nement provisoire d'Athènes notifié la
légation grecque Paris la chute du roi
Olbon, la proclamation d'un gouvernement
provisoire et la prochaine réunion Assem
blée constituante, qui aura décréter une
nouvelle Constitution et choisir un roi.
La Gazette de France donne des détails
beaui oup plus explicites sur celte matière.
D'après ce qu'elle dit, le gouvernement
provisoire grec a déjà été reconnu par les
représentants des diverses grandes puis
sances. La même feuille croit que celles
des candidatures au trône qui présentent
le plus dé chances sont celle du prince de
Leuchtenberg et celle du prince Alfred
d'Angleterre. En cas de réussite de l'une
ou de l'autre de ces candidatures, le traité
de 1852 serait donc complètement mis de
côté, l'endroit de la succession au trône
de Grèce.
Des correspondants de Rome se donnent
la peine de démentir un bruit sur lequel le
journal des compromis a essayé de bâtir
tout un échafaudage de combinaisons
chimériqus nous voulons parler de la
retraite de Mgr de Mérode. Nous disons
retraite; nous aurions dû dire destitution
car ce serait le Saint Père qui, de son
propre mouvement, renoncerait aux ser
vices du zélé prélat. Le correspondant
romain de l'Union affirme qu'il ne faut
voir dans ce bruit qu'une pauvre invention
de politiques affairés. I! est d'avis que le
gouvernement pontifical est satisfait de la
chute de M. Thouvenel, Don moins que de
l'avènement de M. Drouyn de Lhuys; niais
il sait avec certitude que les intentions et
les résolutions de Sa Sainteté restent les
mêmes, par l'excellente raison qu'elles se
fondent sur les lumières et les devoirs de
la conscience.
Comme il était naturel de s'y attendre,
les revues de Victor-Emmanuel font grand
bruit dans la presse unitaire. Les corres
pondances piémontistes paraissent avoir
été invitées aller au-devant des commen-
46me Année.
No 4,704.
LE PROPAGATEUR
POÏ CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
LA GRÈCE MODERNE ET LE ROI OTHON,
La révolution qui s'accomplit en Grèce a été une
surprise pour l'Europe. En attendant, ce qui ne
peut tarder, qu'une lumière complète se fasse sur
les causes qui ont amené ces événements, nons
avons cm qu'il ne serait pas inutile de rappeler ici
quelques faits et quelques dates concernant ce petit
royaume de Grèce aux affaires duquel l'opinion
publique était devenue trop étrangère dans ces
dernières années.
Né le 1" juin 1815, appelé au trône de Grèce
le y mars j832, renversé le 25 octobre 1862, voilà
en deux mots, si l'insurrection présente triomphe
définitivement, quelle aura été la vie politique du
roi Oihon. Il aura été le premier et dernier souve
rain de sa dynastie, dynastie allemande transplantée
en Grèce, où elle n'a pu réussir prendre racine.
La Grèce moderne ne compte pas encore un
demi-siècle d'existence. C'est eu 1821, qu'après
°ne oppression plusieurs fois séculaire, éclata la
révolte laquelle elle a dû sou indépendance, dont
elle jeta les fondements en soutenant, avec un
courage et une fermeté indomptablesla guerre
contre les Turcs, jusqu'au jour où l'Europe iuter-
viut en sa faveuret où les flottes combinées de
France, d'Angletene et de Russie détruisirent les
forces navales de la Porte, Navarin. Les noms
des premiers héros de cette lutte sont restés dans
toutes les mémoires Colocotroui, Marco Boizaris,
Miaulis Mavrocordato Mavromicolis, Canaris,
Capo d'Istria.
Le 5 février i83o, les trois puissances protec
trices recononrent solennellement l'indépendance
de la Grèce elle devait former one monarchie
séparée, sous un prince n'appartenant aucune
des trois puissances.
Le prince Léopold de Saxe-Cobonrg, depuis roi
de Belgique, refusa, on le sait, cette couronne. Le
prince Othon, second fils du roi de Bavière, fut
désigné sa placeen mars i832 et accepté par
la Grèce, malgré quelques soulèvements partiels,
qui témoignaient de certaines répugnances pour
une dyuastie étrangère.
Il avait été décidé que le pouvoir, jusqu'à ce que
le roi Othon eût atteint sa viugtièine année, serait
exercé par un conseil de régence que présidait M.
d'Armansperg. Cette régence se rendit impopu
laire; la bureaucratie allemande blessa le senti
ment national. Devenu majeur le ierjnia 1835,
le roi ne modifia la situation qu'à la surface; des
insurrections se produisirent; on en triompha par
la force; mais le malaise persista.
1
Le 22 septembre 1836, le roi Othon, qui était
catholique, épousa la princesse Amélie, fille du
grand-duc d'Oldenbourg, qi.i était protestaute.
L'un et l'autre embrassèrent la religion grecque,
dans laquelle leurs enfants devaient être élevés.
La révolution du 5/15 septembre 1843 força le
roi convoquer une assemblée constituante. Cette
assemblée se réunit au mois de novembre de la
même année, et, dès le mois de mars 1 844elle
avait achevé sou œuvre. La constitution grecque
était calquée sur la charte française de 1 83o.
Le régime constitutionnel n'a pas porté bonheur
la Grèce.
Le nouveau gouvernement eût lutter contre
de nombreuses difficultés, extérieures et intétieures.
A l'extérienr, l'histoire de la Grèce depuis cette
époque, se résome dans les trois faits suivants
En i84y, conflit diplomatique avec la Porte,
dont le roi avait insulté publiquement le miuistre,
confit dont le dénouement fit perdre de son pres
tige la dignité royale.
En i85o, affaire dom Pacifico, l'un des pins
criants abus de la force contre la faiblesse. A la
suite de quelques réclamations élevées par nri Is
raélite portogais dom Pacifico qui s'était placé
sous la protection britannique, lord PWmerston fit
bloquer toutes les côtes de Grèce, et exigea de