ANGLETERRE.
FRANCE.
AMÉRIQUE.
ACTES OFFICIELS.
Le Moniteur d'hier coniieut un grand nombre
d'arrêtés royaux du t5 décembre, relatifs h des
nominations et des promotions dans l'ordre de
Léopold.
M. Ch. Liedls, ministre d'Etat, gouverneur de la
société géoérale pour favoriser l'industrie nationale,
est promu au grade de grand cordon, pour les
services qu'il a rendus comme ancien magistrat,
ancien membre et secrétaire du Congrès national,
ancien membre et président de la Chambre des
représentants, ancien ministre de l'intérieur, ancien
ministre des finances, ancien ministre plénipoten
tiaire en mission extraordinaire, ancien gouverneur
du Hainaut, ancien gouverneur do Brabant.
Est promu au grade d'officier, M. le chanoine
Carton, fondateur et directeur de l'institution
ouverte, h Bruges, pour l'éducation intellectuelle
et professionnelle des sourds muets et des aveugles,
pour le dévouement avec lequel il poursuit son
œuvre d'humanité et pour les progrès qu'il a
réalisés dans la branche d'enseignement h laquelle
il a voué sa vie.
Des arrêtés royaux portent ce qui suit
Sont nommés chevaliers de l'ordre de Léopold
MM. Dautzenberg,écrivaio flamand,h Bruxelles;
Diegerick, archiviste commuoal, a Ypres; Fischer,
maître de la chapelle de l'église des SS. Michel et
Gudole, directeur de la société chorale la Réunion
lyrique, h Bruxelles; M. J.-A. Isacq, officier de
santé a Poperinghe, médecin do bureau de bien
faisance de cette ville et de celui de la commune
de Proven, ancien chirurgien militaire.
Par arrêté royal du 38 novembre, sont nom
més dans les compagnies d'administration
Sous-directeur d'hôpital de première classe, le
sous-directeur d'hôpital de deoxième classe: J.
Martin, d'Ypres. Sons-directeur d'hôpital de
deuxième classe, le commis aux écritures de pre
mière classe J.- H. Lallemand, chargé provisoire
ment de la direction de la boulangerie militaire
d'Ypres.
Les garrotteurs de Londres semblent ralentir
leurs exploits dans la capitale de l'Angleterre.
Est-ce par crainte des condamnations sévères qui
ont atteint les premiers coupables? Est-ce par
suite des précautions prises par les Londoniens?
C'est peut-être pour les deux raisons.
En attendant, on ne peut pas faire un pas dans
Londres sans trouver, presque dans chaque bouti
que, on préservatif contre les garrotteurs, sous
forme de cannes plombées, de cannes h épées,
de revolvers, etc., etc.
Mais les préservatifs les plus favorisés en re
moment se trouvent chez les chemisiers, où s'affi
chent de véritables colliers de chiens, assez flexibles,
d'ailleurs, pour se porter avec la raideur anglaise
eri guise de cravate, et dont la partie extérieure est
hérissée d'une tuasse de pointes d'acier fines et
acérées.
Les couteliers et quincailliers vendent aussi des
gants dont la partie du dos de la main est couverte
d'une douzaine de pointes de fer très-aiguës.
De l'autre côté du détroit, les voleurs de
grand chemin, dépouillant quelquefois leur flegme
habituel, se livrent des plaisanteries plus ou
moins raffinées.
Un d'eux, apprenant qu'un gentleman, qui était
allé toucher Londres deux mille guiuées, devait,
sur le soir, regagner son habitation située extra
muros, l'attendit, et aussitôt qu'il l'aperçut
Monsieur, lui dit-il, j'ai là un joli petit
lapin blanc que je vous prie d'acheter.
Je n'ai que faire de votre lapin, riposta
hi usquemeot l'autre.
Et moi, monsieur, j'ai besoin de le vendre;
je vous prie donc instamment de me l'acheter.
Puis, montrant le bout d'un pistolet:
Il D'est pas cher, continua-t-il, il ne vous
coûtera que les deux mille guiuées que vous avez
dans votre porte-mauteao.
Que répondre un pareil argument? Le gent
leman fut contraint d'échanger sa valise contre un
méchant lapin.
Quelques six années plus tard, entrant chez un
banquier, il reconnaît au comptoir son marchand de
lapin, qui, l'aide de ses fonds, avait amassé une
immense fortune et jouissait d'un grand renom de
probité. Il s'approche et demande l'entretenir en
particulier. Le banquier ne se doute de rien
et conduit le gentleman daDs son cabinet.
Monsieur, lui dit celui-ci, j'ai veillé avec la
plus vive sollicitude sur le petit lapin blanc que
vous m'avez confié un certain soir... Il sait faire,
présent, de jolis petits tours; il parle même et m'a
conseillé de le rendre son ancien maître. Je viens, x
en conséquence, vous prier instamment de
le racheter.
Et montrant son tour le bout d'un pistolet
Vous savez ce qu'il me coûte, ajnuta-t-il.
Monsieur, répondit l'ex-voleur sans se
démonter, la lettre de change que vous tenez la
main pourrait être ici l'objet d'un protêt; mais, pour
être irrégulière dans la forme, votre demande n'en
est pas moins juste, et je vais y faire droit. La
somme que vous avez bien voolu me prêter a fruc
tifié dans mes maios; j'entends non-seulement
vous rembourser le capital, mais encore vous eo
payer les intérêts.
Et, après avoir compté deux mille guinées et les
intérêts de six ans.
Quant an lapin qui a suggéré une aussi
lominense idée, reprit-il, vous pouvez le garder;
j'ai complètement cessé ce geDre de commerce.
On écrit de Toulon la Patrie que la frégate
vapeur la Magicienne doit appareiller aujourd'hui
pour le Pirée. Elle y transportera un détachement
de matelots fusilliers, qui pourront être u'iles s'il
fallait occuper militairement les palais des ambas
sadeurs pour les protéger des manifestations popu
laires.
<*■-
La Magicienne, commandant Morier, est de la
force de 600 chevaux; elle a bord 38 canons et
4i5 hommes d'équipage. Plus tard, cette frégate
remplacera probablement la Zénobie, et doit se
mettre, en attendant an lieu et place do vaisseau
le Castiglionequi sera rappelé Toulon.
Voici la liste des navires de goerre français qui
sont actuellement dans les eaux de Grèce
La frégate la Zénobie, 300 chevaux, 18 canons,
390 hommes d'équipage, portant le pavillon du
contre-amiral commandant en chef; vaisseau le
Castiglione, 800 chevaux, 90 canons, 915 hom
mes; corvette la Gorgone, 3oo chevaux, 4 canons,
i3o hommes; aviso vapeur la Bioche, 200
chevaux4 canons 81 hommes; corvette la
Mouette, 200 chevaux, 4 canons, g5 hommes;
corvette IEuménide, 5oo chevaux, 4 canons,
i3o hommes; vaisseau le Fleurus, 65o chevaux,
90 canons, 885 hommes; enfin, la Magicienne,
dont nous avons parlé plus haut.
Dans une vaste plaine qui s'étend entre
Douai et Cambrai, après avoir dépassé les hauteurs
du village de Cantin, deux chasseurs furent aperçus,
l'un des jours de la semaine dernière, par des
geodarmes revenant de la correspondance, qui se
dirigèrent aussitôt vers eux pour leur demander
jeur port d'armes. Mais les deux chasseurs ne les
eurent pas plutôt aperçus que l'un d'eux se mit
fuir toute vitesse, taudis que l'autre restait calme
et tranquille sa place.
Cependant les deux ageDts de l'autorité ayant
bientôt fini par atteindre le chasseur, qu'ils consi
déraient comme un délinquant, le sommaient déjà
d'exhiber ses papiers, lorsque celui- ci, tout haletant
et essuyant lasneur qui coulait de son front, s'arrêta
tout coup et leur remit tranquillement un permis
de chasse parfaitement en règle. Puisque vous
êtes porteur de ce port d'armes, pourquoi nous
avez-vous fait ainsi courir après vous? dirent les
gendarmes. C'était pour vous ôler la pensée de
courir après mon camarade qui n'en a pas, répondit
le chasseur. Les gendarmes voulurent alors se
retourner vers celui des chasseurs qu'ils avaient cru
devoir négliger pour courir après l'autre; mais il se
trouvait déjà une grande distance, et bientôt
après il disparut.
La pèche du hareng est cette année d'une
grande abondance, ce point que toutes les autres
pêches en souffrent. Ainsi ou écrit de Berck:
Notre marine est près de cesser la pêche du
hareDg; quelques bateaux sont même déjà désarmés.
Si l'on se plaint cette année de l'harangaison, ce ne
devrait pas être par rapport la quantité do
poisson pris: de longtemps on n'en avait Tu
débarquer sur notre plage autant que cette année.
Encore est-il arrivé plusieurs fois que nos Coquilles
étaient obligées d'appeler leur secours, dans
l'abondance de la pêche, des bâtiments étrangers
de plus forte jauge. Malheureusement la vente n'a
jamais été la hauteur de la pêche et tombe de
plus en plus. C'est même cette cause, plutôt que la
disparition du hareng, qui dissuade dos marins de
rester plus longtemps armés.
Aujourd'hui encore, la généralité des barques
échouait sur le rivage, chargées couler bas. Le
poisson débarque, pas de vente le plus frais était
acheté raison de 1 fr. 5o c., puis 1 fr. la mesure.
Plus tard ou offrait 5o c. des harengs de deux
nuits. A cette ooovelle, un maître de bord poussé
de dépit, fit jeter sur la grève une part assez con
sidérable de sa pêche, engageant les enfants et les
pauvres des environs, venus comme de coutume
glaner leur hareng, ramasser satiété la manne
nouvelle que le Ciel leur envoyait. Aussitôt ils
accoururent en foule vers le tas béni. C'était cu
rieux de les voir hottes, paniers, sacs, tabliers,
poches, tout 1 égorgeait, tout était trop petit.
Une petite fille de douze quatorze sds De
savait comment faire pour prendre plus forte
charge, quand tout coup il loi vint une idée lu
mineuse elle ôta l'un des jupons qui la couvrait,
le nona par le bas, en usa comme d'uo sac et l'em
plit de harengs. Uo gamin, plus ingénieux encore,
faisait magasin dans les erots l'aide de son bonnet
de coIod, qu'il emplissait et portait au fur et
mesure, avec espoir de venir en second le lende
main reprendre ses provisions de la veille.
A part ce petit tableau, qui prêtait l'hilarité,
c'était une chose fâcheuse que de voir taot de
marchandises produire si peu de bénéfices réels.
Oo écrit de Douai au Propagateur du Pas-
de-Calais v On se rappelle l'odieuse tentative
d'assassinat dont le fils de l'honorable juge M.
Dubrulle avait été l'objet, il y a trois mois, et dont
l'auteur; artilleur de notre garnison, a été récem
ment condamné vingt ans Je travaux forcés.
Depuis quelque temps, Armand Dubrulle
paraissait parfaitement remis, et avait accompagné
ses parents dans les visites qu'ils reodaieut aux
personnes qui s'étaieut vivement intéressées leur
malheur, quand, mardi, il fut saisi d'un transport
au cerveau qui l'a foudroyé. Oo croit qu'il s'était
produit une lésion intérieure par suite du coup
violeot qu'il avait reçu la tête. Il n'a pas depuis
lors recouvré connaissance, et il vieDt de succomber
jeudi matin six heures.
Le pauvre eofaDl avait, le même jour où ce
malheureux accident est survenu, suivi la classe et
fait son repas comme d'habitude.
On écrit de Samer (Pas-de-Calais), au
Propagateur Il s'est trouvé des hommes assez
cupides pour violer la sépulture d'une personne
d'fiesdin-Labbé espérant trouver une somme de
3,000 fr. qu'on disait avoir été déposée avec elle
dans la tombe. Inutile de dire qu'ils n'out trouvé
qu'un cadavre et un linceul; mais ce qui excite
l'horreur et le dégoût, c'est qu'ils n'ont même pas
pris la peine de rendre la terre la dépouille
mortelle qu'ils en avaient exhumée. Une enquête
est commencée pour découvrir les auteurs de cette
coupable profanation.
On écrit de Richmond un journal de New-
York Pour signer les billets de banque de 1 et
de 2 dollars, dont les États confédérés font eu ce
moment l'émission, on emploie presque exclusive-