Interpellé au sujet de sa casquette qui fut
trouvée sur les lieux du crime, l'enfant, après bien
des tergiversations, raconta que dans la nuit du
mercredi des Ceodres, sa mère, Desot et loi avaient
quitté la maison vers 10 heures du soir. Desot
marchait en avant il accosta Kestelyn qui attendait
au dehors, et tous quatre se dirigèrent vers la ferme
du vieil Assez. Kestelyn se grimpa sur le toit,
enleva quelques tuiles, hissa Evariste après loi, et
le fit des descendre dans le grenier par la brèche.
La, dit Evariste, j'ai allumé une chandelle et j'ai
été ouvrir la porte de derrière. C'est Kestelyn
qui est entré le premier dans la chambre d'Assez
avec une cognée. C'est encore lui qui a frappé
la servante. Ma mère faisait le guet. En rentrant
chez dous, j'ai perdu ma casquette.
Desot, qui est en aveu, a désigné J.-B. Lepoutre
comme étant son complice. Il lui attribue une plus
grande part dans le crime qu'à Kestelyn lui - même.
Lepoutre prétend qu'il n'a point quitté le logis
pendant la nuit du 5 au 6 mars. Son bis, le
4* enfant révélateur, l'accable par ses naïves
déclarations. Son père dit-il, quitta la maisou vers
10 il heures du soir et prit la direction des habi
tations de Pierre Desot et de Jean Assez. Il rentra
vers i heures du ruatin et alluma la lampe. L'en
fant remarqua de larges tâches de sang sur le
pantalon de son père qui alla déposer dans le
bahut de la cuisine quelque chose qui rendit le son
de l'argent. Une femme Jeanne Cockuyt, que son
père devait épouser, arriva vers 3 heures du inatiu
et s'empressa de laver le vêtement.
Tels sont, en résumé, les causes qui ont motivé
le renvoi devant la cour d'assises de Bruges des dix
accusés. On leur impute encore des vols nombreux,
de peu d'importance, mais commis avec des circon
stances aggravantes.
Il arrive trop souvent que des individus, voya
geant en chemin de fer, se permettent d'insulter les
femmes en leur adressant des propos grossiers ou
bien en tenant des discours offensants pour la
pudeur. La justice, quand de pareils faits lui sont
dénoncés, se montre sévère et avec raison.
Le Journal de Rouen rapporte qu'un marchand
de porcs d'une commuoe voisine d'Yvetot a été
condamné, la dernière audience du tribunal
correctionnel de cette ville, un mois d'emprison
nement et âo fr. d'amende pour des faits de ce
genre, et en outre une amende de 16 francs pour
avoir fumé, malgré la défense réitérée d'agents de
la compagnie du chemin de fer de l'Ouest.
NOUVELLES DIVERSES.
On assure que la nomination de M. Thiebanld,
colonel commandant le ime de ligne, au grade de
général-major, vient d'être signé par le Roi.
Voici, dit une feuille de la capitale, une
assez lamentable histoire dont le héros vient de
mourir, il y a quelques jours, dans l'un de nos
dépôts de mendicité
Georges P... était un bon ouvrier ferblantier
lampiste. Marié et père de deux enfants, d'une
conduite régulière, il était demeuré irréprochable,
lorsqu'il y a trois ans environ, en revenant un soir
de son travail, il trouva rue de la Montagne,
Bruxelles, un portefeuille contenant quatre billets
de 55 fr. Son premier mouvement fut de se diriger
avec sa trouvaille vers le plus prochain bureau de
police. Malheureusement, son mauvais génie le
poussa aller la montrer chez lui. Sa femme loi
suggéra la coupable idée de s'approprier les billets.
Bah! lui dit-elle, persoone n'en saura rien.
Pour nous c'est une bonne fortune, et le richard
qui peut avoir perdu ça ne s'en apercevra guère.
Nous avons été assez malheureux jusqu'à présent
donnons-nous un peu de bon temps
Georges était faible et se laissa aisément con
vaincre. Bien mal acquis ne profite jamais, dit le
proverbe, et sa sagesse devait encore se vérifier en
cette circonstance.
Il fut convenu que Georges partirait le lendemain
pour Anvers, afin d'y changer les billets, et dans
la crainte que l'éveil ne fût donné dans les maisons
de banque de Bruxelles. Il passa une nuit perplexe.
Enfin, toujours encouragé par sa femme dans sa
mauvaise action, il se dirigeait vers la station du
Nord, lorsqu'il vit un groupe de monde arrêté
devant une affiche. Georges ne sait pas lire, mais
un pressentiment lui dit que l'affiche le concernait.
Il s'arrêta également, et presque aussitôt il entendit
un jeune garçon lire 'a haute voix l'aunonce de la
perte de 2,000 fr. par un ouvrier de fabrique
chargé par sou patron d'aller les changer la
Banque. Les oreilles de Georges bourdonnèrent;
les billets loi brûlaient la poitrine, et il demeara
longtemps comme cloué celte place. Il se sentait
bien infâme et déjà le remords le gagnait lorsqu'il
éprouva le besoin de s'étourdir. Uo marchand de
liqueurs était deux pas il y entra et avala coup
sur coup cinq six petits verres de geoièvre. Le
genièvre est un funeste conseiller. Lorsqu'il sortit
du débit, sa résolution était prisa. Il courut d'uoe
haleine jusqu'à la station, prit un coupon pour
Anvers et trois heures après il était de retour chez
lui avec le sac d'écus.
Dès lors, on fit bombance chez Georges; personne
ne songea plus travailler. Sa femme acheta de
belles robes, uo beau châle; on renippa les eufants.
Georges allait au cabaret jusqu'à deux ou trois
heures du matin et dormait le lendemain jusqu'à
midi. Les amis aidant, il arriva bientôt au fond du
sac. Dix mois ne s'étaient pas écoulés, que sa femme
lui déclara qu'ils en étaient arrivés leur dernière
pièce de 5 fr. et qu'il fallait songer travailler.
Mais Georges avait perdu l'habitude du travail il
remettait toujours au leodemain le soin de s'en
procurer. Eu atleodant la famille vendit ses nippes
ou les engagea au mont-de-piété pour vivre.
L'aigreur, les reproches, les scènes violentes se
mirent de la partie et le ménage devint uo enfer.
A la suite de l'une de ces altercations, Georges
renversa sa ménagère d'un coup de chaise et lui
brisa la cuisse. On mit la femme l'hôpital, où
elle ne tarda pas succomber, et le mari en prison,
ou il demeura six mois. A sa sortie, il chercha
vainement se procurer du travail et finit par se
faire mendiant. Ramassé par la police comme
vagabond et conduit au dépôt de mendicité, il est
mort, comme nous le disions en commençant, il y
a quelques jours, rongé par le remords et sans avoir
eu la consolation supiême d'embrasser ses enfants,
recueillis par la charité publique et placés loin de
la ville.
Un malheur est atrivé samedi Jemeppe,
Mrae R..., étant Liège, avait confié son enfant,
âgé de 3 ans, sa sœur, Celle-ci faisait la lessive.
Son eau étant trop chaude, elle sortit une minute
afin d'en chercher de la froide; mais, quand elle
revint, l'enfant s'était approché do baquet d'eau
bouillante et était tombé dedans. Les secours
les plus prompts lui forent donnés, mais la posi
tion du pauvre enfant était très-grave.
HOLLANDE.
Dans la commuoe de Waalwyk, une affaire,
probablement unique dans son genre, va être
bientôt appelée devant les tribunaux. Uo individu
occupant depuis quatre ans une maison en qualité
de locataire, démolissait celle-ci pour en vendre les
matériaux et en boire le produit.
ANGLETERRE.
Le prince Alfred, dont la santé s'améliore, a dû
quitter Matte aujourd'hui pour se rendre en
Angleterre.
Lorsque le capitaine Seymour, dit l'Unitetf
service Gazelle, sera promu contre-amiral, son
tour d'ancienneté étant arrivé, il est décidé que |e
commandement du yacht royal Victoria and Al
bert sera confié S. A. S. le prince de Leiniogeo
qui commande aujourd'hui la Magicienne, dans
la Méditerranée. Le prince de Leiuingeu a refusé,
on se le rappelle, le trône de Grèce que lui offrait
le gouvernement anglais.
La corvette péruvienne Arica est en arme
ment dans les West-India Docks Londres, en
destination des Indes occidentales. La plos grande
partie de sou équipage, composé par moitié de
marins et de soldats, est bord du ponton Vénus,
amarré dans la Tamite. Jeudi les soldats avaient eu
la permission de se rendre terre et un grand nom
bre d'entre eux s'étaient enivrés.
Lorsqu'il revinreut bord, ils refusèrent d'obéir
leurs chefs; les marins reçurent alors l'ordre
d'arrêter les plus mutins et de débarrasser le pont.
Alors commeoça une mê;ée épouvantable la suite
de laquelle les soldats furent forcés de se réfugier
dans l'entrepont où ils tinrent les marins en échec.
On envoya chercher le capitaine qui, suivi de ses
marins, sauta, le coutelas la main, au milieu des
éroeutiers.
On se battit alors pied pied et la révolte fioit
par êtreéprimée. Pendant le combat un des officiers
fut jeté dans le fleuve par un sabord et i! s'y noya.
Un autre, un midshipman qui se trouvait malade et
alité, mourut d'émotion. Deux des soldats furent
trouvés morts sur le pont, d'autres affreusement
blessés, et on suppose que plusieurs ont été noyés.
Les chefs de l'émeute ont été mis aux fers et les
morts ont été transportés terre pour y être soumis
une enquête.
PRESSE.
L'Illustrirle Zeitung dit que la grande galerie
des animaux féroces du jardin zoologique de Colo
gne offre un spectacle des plus intéressants. C'est
un jeune tigre royal nourri par une chienne au poil
roussâtre et enfermé avec elle dans la même cage.
Ces deux animaux sont arrivés Cologne au mois
de novembre dernier, et depuis lors aucun nuage
n'a troublé leur remarquable intimité. Il ne s'élève
même aucune querelle entre eux au moment du
repas, car chacun respecte les droits et les morceaux
de l'autre. Mais en toute autre circonstance la
chienne tyrannise de la façon la plus absolue son
gigantesque nourrisson. Quand elle n'est pas de
bonne humeur, elle repousse les caresses du tigre
avec des coups de dents énergiques, et en poussant
des aboiements perçants, tandis que sa malheureuse
victime tâche de parer les attaques avec ses larges
pattes.
Mais la plupart du temps tous les deux jouent
avec le plus gracieux abandon, le tigre se gardant
bien, en de telles occasions, de faire abus de ses
forces, et même quand sa gueule puissante enve
loppe la tête de sa compagne, celle-ci n'a rien
craindre. Ces aimables relations dureront-elles
toujours? Nous l'ignorons, maison pourrait presque
en douter.
Le tigre souffre en ce moment, cause du chan
gement de ses dents; et il y a, surtout le matin, des
moments où il faudrait savoir respecter son état.
Or, la chienne n'a peut-être pas assez le sentiment
de la position où se trouve momentanément sou
nourrisson, et un coup de griffe de l'autre l'aurait
bientôt fait disparaître.
RUSSIE.
La France a reçu sur les derniers événements
qui viennent de s'accomplir en Pologne quelques
détails intéressants; les voici
La campagne militaire entreprise contre les
Polonais a passé par quatre phases différentes. Il J