enfants, dans aucun cas, ne pouvaient rien
savoir, puisqu'ils avaient passé toute la
journée chez elle.
D. Qu'en dites-vous, Lucie Doize? R.
Le jour en question mes enfants étaient
chez moi, l'exception du plus jeune que
j'ai porté chez ma mère pendant la durée
de la grand'messe.
D. Pourquoi votre belle-mère aurait elle
dit que tous vos enfants, et particulière
ment Emérence, ont passé chez elle la
journée du 8 décembre 1861 R. Je n'en
sais rien.
M' Maerlens demande que le témoin
Mahieu soit éloigné de l'audience pendant
la déposition des 45', 44" et 45" témoin.
Accordé.
43' témoin, Clémence Vandamme, 25 ans,
sans profession, Vlaraertinghe.
D. Expliquez-nous ce qui s'est passé chez
vous un dimanche du mois de mai 1861.
R. Kaslelyn est venu chez nous deman
der, au nom de son maître, acheter des
pommes de terre. Il s'approchait de moi
d'une manière inquiétante. Ma sœur est
entrée en ce moment. Kestelyn, surpris,
s'est écrié Comment vous êtes-là aussi?
En disant cela, il s'est sauvé en grande
hâte.
D. Répondez, Kestelyn? R. Cette fille
a vendu des pommes de terre Koene dès
le lendemain.
Le témoin. Cela est vrais mais ce n'est
pas Kestelyn que j'ai vendu de pommes
de terre. Au contraire, je lui ai dit Nous
n'avons pas des pommes de terre de pro
visions. En allant la messe, le même
jour j'ai rencontré le charretier Koene et
je lui ai dit que si son maître ayait besoin
de pommes de terre, nous en avions
sa disposition. Le lendemain Koene en
a fait prendre. Quand je le vis après, il me
dit qu'il n'avait pas chargé Kestelyu de
faire aucun achat.
44' témoin, Mélanie Dengloo, 22 ans,
sans profession, Vlamertinghe.
En janvier 1861, Kestelyn est entré dans
la ferme où j'étais seule avec mon grand-
père, âgé de 90 ans et de ma grand'mère
qui en a 79. J'étais dans l'écurie et j'accou
rus en entendant la voix d'un étranger. En
me voyant, il s'écria o Vous êtes donc ici,
vous? Puis il s'informa si nous n'avions
pas de porc vendre et il partit. Mes
grands parents depuis lors, ne voulurent
plus rester seuls la ferme.
L). Répondez, Kestelyn? R. Koene
avait appris que le cochon de mademoiselle
ne voulait pas reconnaître ses petits. (On
rit.) C'est pourquoi Koene me chargea de
l'acheter, si c'était possible. Mademoiselle
me demanda 130 fr.; mon maître alla offrir
lui même 110 fr., et l'affaire eu resta là.
Audience du 28 mars.
Le témoin. Koene, n'est jamais venu chez nons
•et il n'a rien offert pour notre notre truie qui,
d'ailleurs n'a mis bas que le 23 février, pendant
le court mois comme ou dit chez nous.
Kestelyn. Nom d'un tonnerre! Comment peut-
on dire cela? NousentendrousKoene tout a l'heure.
45e témoin, Eusèbe Koene, 5o ans, fermier, a
VlamertiDghe.
D. Avez-vous chargé Kestelyn d'un achat de
pommes de terre chez Clémence Van Darume?
R. Non, M. le président, il a pu entendre dire chez
nous qu'il me fallait des pommes de terre, mais je
ne lui ai donné aucon ordre.
D. A*ez-vous donné un ordre d'achat h votre
charretier? R. Le charretier, en revenant de la
messe, il m'a dit que Clémence Van Damme
lui avait offert des pommes de terre, et je lui ai
ordonné d'aller les prendre.
Kestelyn. N'ai-je pas rapporté sur le dos 23 kil.
de pommes de terre achetées crédit par ordre de
mon maître? R. C'était dans une autre circon
stance, longtemps auparavant.
D. Avez- vouschargé Kestelyn de négocier 1 achat
d'un cochon chez les grands-parents de M11" Den
gloo? R. Jamais.
Kestelyn. Cet homme est furieux contre moi,
parce que je l'ai volé. Demandez lui, M. le prési
dent, s'il ne m'a pas chargé d'offrir tto fr. pour
un porc?
Le témoin. Il ne s'agit pas de cela. La femme
était venue mendier chez nous...
L'accusée femme Kestelyn. Jamais je n'ai
mendié chez lui.
Le témoin. A cette occasioo, elle m'a informé
qu'il y avait uo porc a vendre chez un certain
fermier, mais jamais je ne l'ai chargée d'acheter
quelque chose, part la petite commission de 2 3
kil. de pommes de terre dont on a parlé tout
h l'heure.
La vérité est de dire que chaque fois qu'il était
question d'uu achat quelconque, Kestelyn, sou
premier moment de loisir, se mettait eu campagne.
J'en étais parfois très-méconteot.
Kestelyn. Cela n'est pas vrai; mon intervention
spontanée m'a valu de nombreux pourboires de la
part de mou maître.
D. Dans quels termes Kestelyp parlait il du
meurtre? Etait-ce avec des jurons, de grands éclats
de voix? R. Il parlait d'uu son de voix
ordinaire, peu bruyant.
D. Avez-vous donné un veau mort-né h Kes
telyn -- R. Oui.
D. A quelle époque? R. Je ne pourrais
le préciser. Si j'étais chez moi, je le verrais dans
mes notes.
Kestelyn., Il m'a donné deux fois de la viaude.
Le témoin. C'est possible.
M. le président. Vous vérifierez le fait chez
vous. Vous aurez uo congé de deux jours.
L'audieuce, levée h trois heures, est remise
demain, huit heures et demie, pour finir h midi.
L'audience est ouverte huit heures et dix
minutes.
M. l'avocat général. J'ai fait citer, mousieur le
président, les témoins dont vous avez ordonné
la comparution en vertu de votre pouvoir discré
tionnaire.
M' Coppielers. M. le président, je viens d'ap
prendre qu'un affreux malheur a frappé cette nuit
uu de nos honorables confrères. Je supplie en
conséqueuce la cour de vouloir bien décider qu'elle
ne siégera pas aujourd'hui, par sympathie pour
notre hooorable confrère, d'abord, et ensuite,
parce que je suis dans l'impuissance de suppléer
son absence. Nous ne oous sommes pas concertés, et
je craindrais, en faisant des interpellations aux
témoins qui vont être entendus, de déraoger tout
le système de mou digue collègue.
M. le chef du jury. Ne serait-il pas possible, M.
le président, de passer outre aux débals? Il ne nous
est pas prouvé que l'abseDce momentanée d'un des
défenseurs portera préjudice aux imérêls des accu
sés. Notre mission est assez pénible; une remise
d'audience prolongera encore, saûs objet peut-être,
notre séjour Bruges.
M. l'avocat général. Je dois appuyer la motion
de M Coppieiers. Les plus graves intérêts du chef
de famille doivent primer chez lui les devoirs de
l'avocat.
M. le président. Il en sera ainsi; notre devoir
est tout tracé daos cette triste circonstance.
L'audieDce est remise mardi, dix heures,
L'audience est levée neuf heures. A peine
le jury s'est-il dispersé que l'avocat au nom duquel
M* Coppieiers a demandé une remise accourt au
tribunal. Il n a chargé M. Coppieters d'aucune
mission; 1 evenement qui a provoqué la remise
ordoonée par arrêt, est sans objet.
La foule se sépare en s'occupant vivement du
bizarre incident qui vient de se produire.
Audience du 51 mars.
L audience est ouverte 10 heures 5 minutes.
M. le président, M. le procureur du roi d'Ypres
est-il présent? J'entends qu'il soit entendu en vertu
de mon pouvoir discrétionnaire.
Pierre Tempels, 36 ans, procureur du roi j
Ypres. Oui, M. le président.
D. Comment Malrieu a-t-il agi, comme agent
de la force publique, dans l'affaire de Reninghelst,
R. C'est par mon ordre. Je n'avais pas d'agent
judiciaire a Vlamertinghe. Les deux échevius sont
moitj. Le garde champêtre est incapable. Mahieu,
d'ailleurs, est garde forestier eD même temps que
garde-chasse particulier; il est aussi garde champêtre
auxiliaire et louche, de ce chef, un salaire de la
commune. M. Capron, le maître de Mahieu, |'g
mis a son entière disposition, et cet agent a rempli
sou devoir avec un zèle et une intelligence sans
exemple.
M le président. Oui, je le sais, et c'est pourquoi
je dois Mahieu des éloges publics. Cet agent a
bien rempli son devoir. Je le cite comme uu mo
dèle et comme uo exemple pour tous.
M° Soenens. Je demande la parole.
M. le président. Vous n'aurez pas la parole. Si
vous voulez attaquer Mahieu, vous saisirez une
autre occasion. Je lui rends la justice qui lui est
due, et je n'entends pas que personne puisse jeter
uu blâme sur ce modeste et digne agent de la force
publique.
M' Soenens. J'entends seulement seulement
constater que M. l'écheviu Veys est mort cinq mois
après que l'iustructiou fut commencée.
Le témoin. L'échevin était malade.
M' Soenens. Je désire savoir par Mahieu com-
meut il savait l'avance tout ce qui concernait les
investigations faites par les avocats?
M. le président. Vous l'aviez déclaré publi
quement; toute cette discussion n'a aucune signifi
cation. Eu voilà assez.
M' Maerlens. Je désire faire des interpellations
M. Mahieu.
M. le président. I! sera rappelé.
M' Maerlens. Je voudrais que ce fût de suite.
M. le président. Soit, si vous voulez perdre du
temps.
Mahieu est rappelé.
M' Maerlens. Qui a chargé Mahieu d'aller faire
des investigations la mare où le pistolet a été
retrouvé.
Mahieu. Personne. J'ai agi de mon propre chef.
Personne n a été informé par moi du résultat de
mes iuvestigatious. J'eu ai parlé pour la première
fois la cour d'assises.
M. Maerlens. C'est ce que je voulais constater.
Mahieu u'a vu aucune upture la glace.
Le témoin. Aucune.
M. Iweins est rappelé.
D. Emérence vous a dit positivement que sa
mère a serré l'argent dans un meuble? R.
Positivement.
La supérieure de l'hospice de Vlamertinghe est
rappelée.
D.Qu'a déclaré ce sujet Emérence Vermeersch?
R. Une première fois elle a dit que l'argent a été
mis dans un meuble. Je ue puis me rappeler si elle
a dit que c était sod pere ou bien sa mère qui a
fait cette opération. La seconde fois elle a déclaré
que son père a mis l'argent en poche.
D. Il n eu est pas moins vrai que la première
fois I eofant a déclaré que l'argent a été serré dans
un meuble? R. C'est exact, M. le présideut.
MDewulj. De cette façon, le plus sûr des té
moins douterait de ses souvenirs.
M. le président. Je préviens pour la dernière
fois la défense qu'il lui est interdit de prendre la
parole sâns l'avoir demandée.
46e témoin Geneviève Hazebrouch, journalière
Vlamertinghe, femme De Baene, 63 ans. Un
homme, deux ou trois jours avant le crime, m'a
demandé le chemin de la demeure de Kestelyn.
C était le vendredi ou le samedi après-dîner. J'ai
indiqué la maison de l'accusé.
D. Comment était vèté cet individu? R. Je
ne saurais le dire.'
D. Que lui avez-vous demandé? R. S'il était
le frère de Kestelyn? Il m'a répondu qu'ils étaient
tous deux de la même famille.
D. Desot levez-vous. (Au témoin.) Serait-ce
celui-ci? R. C'était uu blond, de cette taille. Je
ue puis dire si c'est celui-ci.