M. le président. Combien de temps Kestelyn
est-il resté cbez vous? R. Uo quart d'heure.
Kestelyn. Non, une bonne demi-heure. Il faut
plus d'uu quart d'heore pour boire trois terres de
bière; ma chèvre était fatiguée. Il fallait loi donner
le temps de se reposer.
M' Cvppielers. Vous plairait-il, M. le prési
dent, de faire citer la fille Lemayetir, a Vlamer-
tingbe, Elle dira a quelle heure Kestelyn, en
sortant de la Patente, lui a emprunté une brouette
pour toiturer sa chè»re.
M Maertens. Voudriez tous, M. le président,
detuaoder a M. Messiaeu, en quel moment Kestelyn
a reçu les 55 francs provenant de l'héritage de sa
soeur?
M. Messiaen. En or. Après avoir payé sa chèvre,
il a fait le dimanche suivant d'autres payements.
D. L'ensemble des achats ou des payements de
Kestelyn dépassait-il la somme de 55 francs?
R. Non. Seulement, quoique le total fût satisfaisant,
Kestelyn s'est servi, pour ses dépenses, d'une
pièce de 30 francs, dont la possession, entre ses
mains, ne se justifie pas.
M' Maertens. Je demande nne explication
franche et complète au sujet de cette pièce d'or.
M. Messiaen. Il y a longtemps de cela, je ne
saurais préciser.
M° Maertens. Est-ce que cette suspicion ne
provient pas de la déclaration rétractée depuis par
le cordonoier Osteur de Poperingbe, que Kestelyn
aurait payé cbez lui, avec une pièce de 10 fraocs,
une paire de souliers du prix de 9 fr.R. C'est
ainsi.
134" témoio, Rosalie De Puyt, femme Koene,
5o ans, fermière il Vlamertingbe.
Kestelyn travaillait chez nous comme ouvrier. Il
découchait deux fois par semaine. Le matin qui
suivait ces jours-là, il devait être rendu au travail
vers quatre heures du matin. Le lendemain du
mercredi des Cendres, Kestelyn était attardé. Il
n'est arrivé que vers six heures.
M° Coppieters. Je prie MM. les jurés de bien
remarquer l'accent du témoin. C'est un point dont
nous ferons usage dans les plaidoiries. Nous tenons
établir que l'accent de Vlametlingbe n'est pas
celui de Staden.
M. le président (au témoin). Comment savez-
vous que le jour de retard de Kestelyn était
précisément le lendemain du mercredi des Cen
dres? R. Mes souvenirs sont fixés par la présence,
en ce moment, d'une couturière la maison.
Kestelyn. Veuillez demander la femme Koene
si le jour du mercredi des Cendres son mari ne m'a
pas chargé d'une commission pour lui? R. (le
témoin). Je n'ai aucun souvenir du fait.
Kestelyn. J'ai rapporté 35 plantes d'églantier
pour renforcer la haie du fermier, et j'ai reçu uo
franc pour mon salaire, quatre centimes par plante,
prix convenu.
M. le président. Il faudra rappeler le fetmier.
Faites-le venir.
Le témoin. Il est malade. J'ai un certificat. Il
est rentré très-affecté des interpellations violentes
que lui ont adressées les avocats.
M. le président. C'est un avertissement pour la
défense.
M° Maertens. Si nous devons renoncer aux
interpellations, nous renoncerous également noue
mission.
M. l'avocat général. Non, il faut la remplir
avec douceur.
M. le président (au témoin). J'avais chargé
votre mari de vérifier sur ses registres quelle date
il a donné Kestelyn un veau mort-né? R.
C'était le 3o novembre.
M. le président. Il est constaté, Kestelyn, que
vous avez déclaré être parti pour le travail,
quatre heures, taudis que vous n'étiez votre poste
qu'à six heures.
Kestelyn. Je n'ai jamais dit cela. J'ai dit m'être
levé au premier sifflement de la vapeur. C'est uo
signa! qui se donoe tous les jours quatre heures
et demie. J ai pris aossi du café avaut de partir.
D. Vous étiez donc en retard, et cela votre
propre connaissance? R. Non, puisque je
ne devais être au travail qu'à cinq heures et demie.
Le témoin. Non, le travail la ferme, celte
saisou, doit commencer cinq heures.
135" témoio, Marie Hondez, veuveTempermau,
63 ans, couturière Kemrnel.
Le témoin travaillait cbez Coeoe le lendemain
du mercredi des Cendres. La fermière lui fit remar
quer le matin que tous ses domestiques étaient en
retard au travail.
126' témoio, Louis Dauchy, s5 ans, ouvrier
agricole Dickebusch. Le leudemaiu du mercredi
des Cendres, ma femme aul malade, je suis arrivé
sept heures chez mon maître, le fermier Koene
Vlamertiughe; Kestelyn était l'ouvrage. La
fermière me dit que tous ses ouvriers étaient en
retard.
Kestelyn. Demandez au témoin s'il ne sait pas
que le fermier m'avait chargé de couper de l'églan
tier pour lui.
Le témoin. Je n'en sais lien.
Le témoin Merlevede, déjà entendu, déclare
qu'il travaillait chez Koene avec Kestelyn et que
le lendemain du crime de Staden, Kestelyn est
arrivé trop lard la besngue.
Kestelyn. Est - ce que mes habitsélaient mouillés?
R. (Le témoio.) Je ue l'ai pas remaïqué. Il ue
pleuvait pas.
Kestelyn. Ou a dit qu'il pleuvait si fort cette
nuit là. Si j'avaisélé dehors comme ou m'en accuse,
je devais être trempé.
D. (au témoiu.) Kestelyu n'a -1-il pas dit lui-
même qu'il état r eu retard? R. Si.
M° Coppieters. Le tymoiu a-t-il remarqué
pendant la matinée de la fatigue cbez Kestelyn?
R. Non.
M. l'avocat général. Kestelyn, vous avez été
condamné eu i855 pour vol d'une vache? R.
Oui.
D. N'avez-vous pas, pour votre défense, allégué
un alibi et prétendu que vous n'étiez pas sorti de
toute la semaine? R. Je ne pouvais dire cela,
puisque l'on m'avait vu au dehors.
M. l'avocat général. C'est poorlaot le système
de défense que vous avez adopté dans celte cir
constance.
M. l'avocat général donne lecture Kestelyn du
procès verbal de ses interrogatoires dans cette
circonstance. Kestelyn, pour prouver son alibi,
citait des témoins appelés, selon lui, prouver qu'il
n'était point sorti pendaut la uuil du vol. Ces
lémoius n'ont pas répondu l'attente de Kestelyn.
Ce vol a été accompli Furoes, distaut de ciuq
heures de la demeure de Kestelyn.
L'agilité qu'il a déployée daos cette circonstance
dépasse tout ce qui a été dit dans l'instruction
actuelle.
Kestelyn. Est-ce une raison pour me condamner
aujouid'but?
138* témoin, Léonard Cuffex, ouvrier àStadeo,
37 ans.
Quelques jours après le crime, Evariste étaut
arrêté, la femme Vauderzype me dit que sou fils
avait couché avec elle cette nuit, et qu'elle ue
croyait pas qu'il aurait pu sortir avec Desot sans
qu'elle les eût entendus; l'accusée lui demanda
encore si, daos tous les cas, E.ansie, cause de
sou jeune âge, n'était pas l'abtt de la peine capi
tale. Le témoin répoodit qu'il l'ignorait.
Il déclare encore que, quoique proche voisin de
Desot, il n'a jamais vu Kestelyu chez lui et qu'il
ne connaît pas cet homme.
129e témoiu, Amand Bogaert, 45 ans, ouvrier
Stadeo. Le témoio, voisin de Desot, n'a jamais
I vu Kestelyn chez lui. Il ne le connaît pas.
A la damaude de Mc> Maertens et Coppieters,
trois témoins déjà eoteudus, voisins de Kestelyn,
sont rappelés.
D. Femme Bouillet, avez vons vu Kestelyn le
mercredi des Cendres? R. Oui, midi et vers
six heures, quand il est arrivé avec sa chèvre.
D. L'avez-vous vu passer six heures? R.
Non.
D. Si Kestelyn était sorti daos la soirée, De
l'auriez-vous pas nécessairement enteodu? R.
Non.
D. Et s'il était passé par sa fenêtre de derrière?
R. Pas davantage,
Kestelyn. Cela n'est pas une manière d*inierro
ger. Demandez lui aussi si le lendemain matin |e
témoin ne m'a pas entendu partir ao travail?
Non.
Femme Hoyaerl. D. Vous êtes aussi proche
voisine de Kestelyu? R. Oui.
D. L'avez vous vu le soir du mercredi des
Cendres? R. Oui, vers six heurts. Il revenait
avec ou chèvre.
D. L'avez- vous entendu se rendant au travaille
lendemain malin? R. Non.
D. Si Kestelyn était sorti pendant la nuit, |'an.
riez-vous entendu? R. Non, s'il avait referme'
sa porte avec précaution.
Le témoin fermeulen. D. Avez-vons vu Kes-
telyn le jour du mercredi des Cendres? R, pas
une seule fois.
M Coppieters. Veuillez rappeler aussi Rosalie
Crombez.
D. (au témoin) Vous avez vu Kestelyn le jour du
mercredi des Cendres? R. Oui, deux fois. Vers
une beureet vers le soir quand il est revenu avec
sa chèvre. La nuit, vers trots heures du malin, j'ai
entendu du bruit cbez Kestelyn. Un peu plus tard
j'y ai entendu de nouveaux bruits.
D. Quelle heure était il quand Kestelyn est
revenu avec sa chèvre? R. La nuit était veuue,
Je n'y voyais plus pour faire de la dentelle.
M. l'avocat général. Ainsi, trois h ures, vous
avez entendu du bruit chez Kestelyn?R. Oui,
la femme de Kestelyn était levée.
D. Qu'eu dites-vous, femme Kestelyn?Je oe
sais quelle heure je me suis levée.
Kestelyn. Tout cela prouve que je ne pouvais
être a Staden entre huit eu neuf heures. Faites
de moi ce qu'il vous plaira, je moulerai l'échafaud
sans regret, joyeusement.
L'audience suspendue midi vingt minutes est
reprise'a 1 heure.
M. le président. L'audition des témoins dans le
meurtre de Staden est termiuée. Nous allons nous
occuper des vols imputés aux accusés.
NÉCROLOGIE.
Le doyen des imprimeurs de Lille, M. Blocqoel,
chevalier de la Légion d'honneur, âgé de 84 ans,
est mort vendredi soir, frappé d'apoplexie, au
milieu de ses travaux habituels.
-- M. Reville, un des rédacteurs du journal le
Précurseur d'Anveis, est mort subitement la nuit
dernière au moment où, revenant d'un banquet, il
traversait un pont hors de la porte de Horgerhoul.
M. Reville était natif d'Y près et âgé de 63 ans.
[Journal d'Anvers.)
NOUVELLES DIVERSES.
M. le lieutenant-général Heury Dnray est arrive
dimanche d' en cette ville. Le général est veDU
pour faire l'inspection du 11" de ligne. Une
brillante sérénade lut a été donnée dimanche d'pat
la musique de ce régimeul.
Ou lit daus le Commerce de Gand La
si.uatiou de noue place est devenue un peu meil
leure depuis notre dernier bulletin. Des ordres sont
parvenus quelques manufactures colonoières.
C est aiusi que l'important établissement de Ferd.
Lonsbergs, exploité par la famille Dehemplinne,
repris ses travaux en plein. D'autres fabrique5
se sont mises en activité d'une mauière pareille*
C est d un bon augure. Il est espérer que d'autrts
pour roui les suivre. Nous comprenons que l'active
teprtse de Maucbesier, qui a reçu des commandes
considérables des Indes, soit en grande partie
cause du mouvement qui se déclare ici, mais no"5
croyons aussi que, dans un temps donné, la con
sommation doit reprendre son cours.
Le gouvernement présentera incessamment
aux Chambres une loi teodante autoriser l>
constitution d'une grande Société immobiliéte»
ayaut pour objet l'achat de terrains et l'expropria-
tion des quartiers insalubres de Bruxelles.
Les artistes signent une pétition en faveur de
la construction d un palais des beaux-arts 5
Bruxell es.
Un evenement dramatique, encore inex
pliqué, s est passé samedi dernier, après
vers deux heures, rue de l'Hôpital, BruxelU