On lit dans la France
Nous avoos des informations particulières de
Rrme, du i4 mai. A cette date, le Saint-Père con-
tiooaii,au milieu de l'enthousiasme des populations,
son voyage daos les provinces me'ridionales.
Le bruit de la retraite du cardinal Antonelli,
répaodu par les journaux italiens, est sans fonde
ment.
Uo affreux malheur vient de de'soler la petite
commune deBeauvoisin (Gard). Mardi et mercredi
derniers, trois personnes de la même famille sont
mortes empoisonnées par des champignons.
Le sieor Antoine Allier, cultivateor, mari de la
première victime, qui a, lui aussi, maogé du mets
vénéneux, est depuis en proie des coliqoes
violeotes, et on redoute de le voir succomber son
tour.
M. le docteur Villaret fut appelé auprès de cette
malheureuse famille dès que les premiers symptô
mes d'empoisonnement se manifestèrent; mais ses
soins, aussi intelligents que dévoués, ne purent
empêcher la terrible catastrophe, qui a déjà fait
trois victimes et menace d'en faire une quatrième.
On lit dans le Journal d! Amiens a II est
mort dernièrement, l'Hôtel Dieu de Saiot Quen
tin, on personnage mystérieux dont l'existence
a toujours été une énigme. Il s'appelait Jean-
Baptiste Robinet, et oo pense qu'il était originaire
de Reims où il aurait reçu une certaine éducation.
A la suite de contrariétés de famille, il aurait,
jeune encore, quitté Reims en juiaut de n'y jamais
retourner, et il aurait leou parole.
Arrivé Paris, il fréquenta les étudiants en
médecine et les élèves des écoles. C'est ce qui
explique son goût pour la botanique et la médecine.
Dans l'impossibilité de faire ses éludes, et ne
voulant pas être charge ses parents, Robinet se
fit ouvrier.
Jamais être humain n'a pénétré dans la demeure
de Robinet, qui ne fréqueutait personne. Le jour
n'arrivait chez lui qu'à travers des rideaux ooirs, et
une languette empêchait la vue de traverser la
serrure de la porte.
Chacun le regardait comme un sorcier. Des
bruits incroyables couraieut sur son compte. Ses
voisins l'auraient vu souvent genoux, tenant dans
ses mains des ossements qu'il arrosait de ses larmes.
Ces bruits passaul de bouche en bouche avaient fiui
par faire de Robiuet un de ces personnages légen
daires qui jouent un si grand rôle dans les romans
écossais.
Après la mort de Robinet, nous avons pu
pénétrer dans sa chambre. Il ne s'y trouvait
ni table ni chaises. Le mobilier se composait
uniquement d'un lit de camp, de deux malles, d'un
poêle et d'une bibliothèque composée d'ouvrages
de botanique, de médecine, d'almanachs de toutes
les époques et d'une collection peu près complète
do Magasin pittoresque.
Les murailles étaieui entièrement recouvertes
de plantes de toutes espèces.
a Les ossements dont ou parlait depuis si long
temps oot été retrouvés. Oo a lieu de croire qu'ils
ont appartenu au squelette d'une femme qu'il
aurait aimée daos sa jeunesse et qoi serait morte
avaut qu'il ait quitté la capitale.
ALLEMAGNE.
Lo maître boulanger do grand-duché de Bade
était arrivé Hambourg par le dernier train, ac
compagné de sa fille, qu'il voulait marier uu bou
langer de btnkwœrder petit bourg des environs
situé au bord de I Elbe. Le fiancé qui les avait at
tendus la gare do chemin, se rendit avec eux au
pont de l'E be, pour descendre de là dans son ca
not sa rnaisoo. Tout le monde était joyeux mal
heureusement cettejoie oe devait pasêtre de longue
durée la jeune fille fit un faux pas en descendant
dans le canot et tomba dans l'Elbe. Son fiancé se
précipita daos le fleuve pour la sauver, mais l'obs-
curité de la nuit rendit ses efforts inutiles et le
malheureux périt avec elle.
PRESSE.
Uo procès monstre se poursuit devant la cour
d'assises de Berlin contre la restauratrice Mueder,
laquelle a déjà subi deux années de détentiou pour
infanticide et a été accusée plus tard de vol, de
tentative d'empoisonnement sur son mari et d'in
cendie. Aujourd'hui elle est prévenue aussi d'in
cendie, de faux, d'escroquerie, etc. Son fils a
été condamné tout récemment plusieurs années
de prisou pour tentative d'empoisonnement sur une
jeune juive; sa fille, mariée un joaillier, est morte
subitement il y a quinze jouis, la suite de quoi le
mari s'est empoisonné avec de l'acide prussique.
La mère de Mme Mueder s'est pendue en prisou
pendant un autre procès de sa fille.
MEXIQUE.
Par dépêche en date du 2 avril, adressée au
maréchal ministre de la guerre, le général Forey
rend compte ainsi qu'il suit de la prise du fort de
San Xavier
Au Cerro San Juan, le 2 avril i863.
Monsieur le maréchal,
Mou rapport général du 2 de ce mois a mis V.
Exc. au courant de la marche des travaux du siège
de Puebla jusqu'au 29 mars.
J'avais fixé ce jour pour enlever le fort San
Xavier, sur lequel se dirigeaient nos attaques, et
j'ai l'honneur de faire connaître Votre Excellence
les détails de cette opération.
Le fort San Xavier offre, l'ouest, uo front
bastionné; au nord, uoe grand courtine; l'est, une
lunette couvrant l'entrée du côté de la ville, et au
sud un front bastionné irrégulier. Ces ouvrages,
formant une enceinte continue, entourent uoe
vaste construction qui comprend uu péniteucier
relié au couvent de San Xavier. L'eusemble de ce
solide édifice a euviroo 180 mètres de long sur 80
de large. Il renferme trois cours inférieures et
divers corps de bâtiments.
Les abords étaient couverts de défenses acces
soires et flanqués par de nombreuses pièces encore
intactes. La défense était donc facile et la disposi
tion intérieure des bâtiments permettait de la
pousser jusqu'aux dernières limites.
Ilétait indispensable de s'emparer de ce grand
obstacle. Les travaux du géuie nous en avaient
rapprochés. Le feu de l'artillerie en avait ruiné les
batteries. Il appartenait l'iufauterie de faire le
reste.
Confiant daos la vigueur et l'énergie de mes
troupes, je n'hésitai pas ordonner l'assaut. Le 1"
bataillon de chasseurs pied et un bataillon du 2*
zouaves formèrent les colonnes d'assaut. Uo batail
lon du 5ie et un du 5" zouaves composèrent la
réserve, indépendamment des deux bataillons de
garde de trauchée.
Je confiai la direction de celte importante opé
ration au géuéral bazaiue, qui, accompagné de son
état-major, vint une heure de l'après- midi pren
dre le commandement de la tranchée.
A 4 heures toutes uos batteries dirigèrent le feu
le plus v if sur le péuiteucier, de manière compléter
la ruine de ses défenses extérieures.
A 5 heures, selon l'ordre donné, le feu s'arrêta.
Le général bazaiue, placé dans la quatrième paral
lèle, donna le signal. Les cris répétés de vive
l'Empereur y répondirent, et aussitôt la première
colonne, sortant des tranchées, s'élança au pas de
course sur le saillant de San Xavier, le couronna
rapidement et pénétra dans l'ouvrage avec un élan
irrésistible.
L'enoemi fut an instant surpris, mais au bout
de quelques miuutes uue grêle de balles partant
des murs créuelés, des portes des feuêtres, des
clochers, couvrirent nos attaques. Les Mexicaios
démasquèrent en même temps des pièces cachées
derrière des barricades; ils y joignirent le feu d'une
batterie de campagne placée en avant du fort de
Carmen et celui de tous les ports voisins du point
d'attaque, mais ce déluge de mitraille n'arrêta pas
l'élan de nos soldats. La secoude colonne suivit de
près la première, et bientôt elles pénétrèrent dans
le péniteucier. La garnison formée d'environ 700
hommes avec plusieurs pièces de campagne essaya
de résister. Pour la première fois, les Mexicains
sentaient la pointe de nos baïonnettes; ils cédèrent
l'impétuosité de cette attaque. Pourchassé sans
relâche d'étage en étage, de chambre en chambre,
quelques uns parvinrent h s'échapper, beaucoup
succombèrent et le reste fut pris.
Dans les différentes parties des bâtiments, il y
avait de la poudre, des caisses de cartouches et des
chaînes de bombes enterrées qui devaient éclater
au moyen de ficelles dissimulées par de la paille.
Grâce l'énergie et aux dispositions prises par le
capitaine du génie Barrillon, il n'en résulta aucuu
accident.
L'ennemi voyant le pénitencier en notre posses
sion, essaya de le reprendre. Une réserve de 2,000
Mexicains s'avança sur la face orientale; mais les
chasseurs et les zouaves installés au premier étage
du bâtiment accueillirent cette colonne par uo feu
plongeant si nourri, qu'elle rétrograda proinpteraeot
derrière les barricades de la ville. L'ennemi continua
diriger sur le fort une fusillade des plus vives qui
ne s'arrêta qu'à sept heures et demie.
Lespertes de l'ennemisout graves, car l'intérieur
du fort était rempli de cadavres. Nous avons pris
dans l'ouvrage trois obusiers, uoe pièce de cam
pagne, des chariots chargés de projectiles, et les
deux fanions du 20e bataillon de ligne mexicain.
On a ramené près de 200 prisonniers, dont \o
officiers, parmi lesquels se trouvent un colonel da
génie et uo colonel d'infanterie.
Officiers et soldats des diverses armes méritent
les plus grands éloges pour leur entrain et leur
discipline daos le combat.
La ville de Puebla, dont le nom s'est répandu
depuis peu dans toute l'Europe, est uoe des plus
belles du Mexique et la quatrième de toute l'Amé
rique espagnole. Ses maisons sont très-bien con
struites et les rues sont très-propres, bien pavées et
avec de larges trottoirs.
Eu i55i, el licenciado Juan Salmeron et le
moine Toribio de Benavente furent chargés d'éta-
dier le terrain dans la plaine de Hescaxelt (appelée
plus tard Mitlascuapatn), et de faire le plan de la
Puebla de los Angeles (ville des Auges). Huit
cents Indiens de Haxcala et six cents de Cbolola y
travaillèrent depuis le mois d'avril jusqu'à celui de
septembre de la même année i53i. Deux ans
après, la Puebla reçut le titre de ville.
Eu 1556, il fut résolu qu'une grande place
centrale serait ouverte et qu'au milieu l'on bâtirait
la cathédrale; c'est alors que la population com
mença se développer.
Puebla compte de nombreux et beaux édifices.
Les églises sont magnifiques, et surtout la cathé
drale. Elle était immensementriche jusqu'à l'avé-
uement de Juarez. Son maître-autel est très-
remarquable. C'est uo chef-d'œuvre du célèbre
Jolsa, artiste mexicain, le même qui fit la statue de
Charles VI Mexico, que Humboldt a comparée
celle de Marc-Aurèle du Capitole. Les frais de
construction de la cathédrale s'élevèrent 7,35o,ooo
fr. Le séminaire contient une bibliothèque très-
renommée, surtout par ses spécieux manuscrits et
par ses gravures anciennes.
Les églises et l'évêché possédaient des tableaux
de bons maîtres, même de Murillo, Zurbaran, etc.
Ces tableaux, ainsi que les pierreries et les biens
de l'église, ont dispatu sous l'administration de
Juarez sans que le pays en ai: retiré aucuo profit.
Les religieuses oot été chassées brutalement, les
églises fermées et vendues, et d'autres démolies.
Les maisons de Puebla sont évaluées i5o
millions de francs. H y a 70,000 habitants.
Puebla a toujours été très-renommée pour son
climat, sa fertilité, sa richesse et ses manufactures
de tissus dont on fait des écharpes et des châles du
prix de 5oo fr. Oo y fabrique aussi des confitures
très-recherchées, des faïences ef des poteries ronges
dont les formes sont les plus élégantes. Naguère
encore, le commerce d'exportation de Puebla pré
sentait uue valeur de plus de i5 millions de francs.
Puebla est 5o lieues de Mexico. Oo y va en
dooze heures par des diligences dont la rapidité