D'YPRES. 47me Année. - L'empereur Napoléon a ouvert avant- hier en personne la session des Chambres françaises, par un discours. S. M. était accompagnée de l'impératrice Eugénie et du prince impérial. Le corps diplomatique était dans les tribunes. On remarquait les ambassadeurs annamites côté de l'ambassadeur de Russie. Quelques murmures légers d'approba tion ont circulé de temps en temps; cette approbation a été très marquée quand l'empereur a parlé d'augmenter les attri butions des conseils généraux et commu naux On paraissait surtout attendre, dit une feuille parisienne, le passage relatif la Pologne. Des applaudissements se sont fait entendre au paragraphe où il est dit que si la Pologne est une rebelle aux yeux de la Russie elle est aux yeux des Fran çais l'héritière d'un droit inscrit dans l'histoire et dans les traités. Les applau dissementsont redoublé quand, après celle interrogation Sommes-nous réduits la seule alternative de la guerre ou du silence? l'empereur a répondu d'une voix très accentuée Non! Ces applau dissements ont, paraît-il, été plus signifi catifs encore, lorsque l'empereur a dit Les traités de 1815 ont cessé d'exister, et la Russie les foule aux pieds Varsovie.» Après le discours impérial, M. Rouher, ministre d'Etat, a lu l'article de la Consti tution relatif au serment, et a appelé les noms, d'abord, d'une douzaine de nou veaux sénateurs, puis de tous les députés, qui ont successivement répondu en élevant la main Je le jure. On a remarqué l'absence de M. Berryer, de M. Marie et de M. Thiers. Avant deux heures le canon annonçait la fin de la cérémonie. En ce qui concerne le discours impérial il ne produira pas sur l'opinion l'impres sion que bien des voix lui avaient permis d'en attendre. On se figurait trop que ce discours annoncerait ou ferait au moins pressentir la solution des questions redou tables qui tiennent l'Europe et la France dans un état d'anxiété si profonde Quel ques uns prétendaient qu'il éclaterait com me un coup de foudre; d'autres auguraient qu'il retentirait comme un appel de clai ron; ceux-là, enfin, voulaient qu'il ne fût qu'une parole toute de paix, de calme et de confiance. C'était, ajoute l'Union, méconnaître étrangement les situations, c'était ne se pas rendre compte de la domi nation qu'exerce la force des choses sur la puissance humaine, en apparence la plus étendue, mais qui, comme dit Pascal, est toujours courte par quelque endroit. Pour tout dire en un mot, la harangue impériale reflète plutôt la situation, avec ses incertitudes et ses embarras, qu'elle ne cherche la dominer. En effet, la propo sition d'un congrès, ia senle indication netiement accusée, ne porte pas même avec elle la certitude de se voir acceptée. Si, ce qui est prévoir et ce que le discours prévoit, elle était rejetée, l'alternative ter rible d'une paix sans sécurité ou d'une guerre universelle et fatale ne s'en repré sente l'esprit qu'avec une plus impérieuse nécessité. La session des Cortès espagnoles a été ouverte mercredi par la reine Isabelle. Le discours royal, d'après le court résumé de la télégraphie, annonce un grand nombre de projets de réforme, parmi lesquels on voit figurer en première ligne la réforme de la Constitution et 15 loi sur l'hérédité de la dignité de sénateur. D'après un télégramme de Breslau, le bruit courait Varsovie que le décret qui nomme de'finilivemetît (le général de Berg lieutenant du royaume de Pologne, en remplacement du grand duc Constantin, était arrivé. Un télégramme adressé de Berlin au journal le i\or<l annonce que la dernière dépèche de lord Russell sur les affaires de Pologne, celle dont le sens et la portée ont été discutés si longuement, a été remise Saint Pélershourg le 26 octobre. Il affirme que le prince Gortschakoff a été très satis fait de la communication anglaise, qui lui paraît clore définitivement sa correspon dance cet égard avec le cabinet de Londres. i\o 4,810. LE PROPAGATEUR FOI CATHOLIQl'E. -- CONSTITUTION BELGE. REVUE POLITIQUE. PÈLERINAGE DUNE POLONAISE (Suit, et fi» Voir uotre dernier numéro. Je sais née dans an cbâiean situé le long de la Vislule, h peu de distance de Varsovie; j'étais la fille unique de la comtesse veuve de K... A seize ans j'épousai le comte Ernest Br.... qui réunissait tontes les qualités propres b faire le bonheur d'uue femme. Je u'ai jamais connu deux cœurs qui s'ai- ma«sent comme les nôtres. Je demandai et j'obtins de mon mari de pouvoir continuer avec lui ma vie solitaire auprès de ma mère, et loin dn grand mon de uon pas, certes, qoe je craignisse qu'il ne fat capable de se laisser séduite par uue autre femme «u de cesser de m'aimei; mais je tenais b n'être distraite par rien de cet amour, qui était toute ma gloire et toute ma vie. Deux petits anges, deux filles, furent le fruit de notre union. Vous le savez aussi, mon ami, le bonheur n'est foiat uq astre de notre sphère; ou s'il s'y montre quelquefois, sa splendeur u'y brille que comme un ecair fugitif. Les derniers troables politiques delà Pologne m'arrachèrent mon mari. Inutile de vous ^e combien je souffris de cette séparation; mais je f'cbai ma dooleur, et an moment où il me quitta, j eus assez d'empire sur moi-même pour lui dire que je me sentais fière d'être la femme d'un dé- doseur de la patrie. Pauvre patrie! Hélas! tu D existes plos, et tes défenseurs sont tous morts ou exilés. Mou tnari est au nombre de ces derniers; il fut coudatnné au bannissement, peidit tous ses biens et ne conserva qu'uue modique pension. Je n'avais pu partager avec lui les périls de la latte; je voulus au moins prendre part aox conséquences du désas tre et aux amertumes de l'exil. Mais b peine nous étions-nous ariêtés sur la terre étrangère qoe je dus pleurer la mort d'uue fille, et peu apiès, celle de ma mère. Tant de malbeors u'éiaieut pour moi qoe le prélude d'autres malheurs plus affreux. Uue blessure que mon tuari avait reçue dans une bataille et qui n'avait jamais été entièrement guérie, se rouvrit avec une telle recrudescence de douleur, que, leclouaut au lit, elle ue lui laissait prendre le moiudre repos ui le joor ni la unit. Bientôt aux maux du corps se joignirent ceux de l'esprit. La mauvaise issoe de la tentative faite par les enfants de la Pologne, notre heureux sort perdu pour toujours, toutes nos espérances évanouies, non-seulement celle de relever la patrie abattoe, mais même celle de la revoir jamais, la posilioo pénible dans laquelle nous étions tombés, les incertitudes de l'avenir, toutes ces pensées cruelles et d'aotres semblables plongèrent l'âme de mon pauvre Ernest dans le découragement, minèrent sa constitution, et usèrent rapidement ses forces. Pour moi, l'amour conjugal et l'amour maternel semblaient, dans ces douloureuses circonstances, redoubler rooo énergie; je sns surmonter notre immense ioforlune, et restai capable de prodiguer b la fois mon mari et a ma fille les soius que réclamaient l'état de l'un et l'âge de l'autre. Parfois cependant, je vous l'avoue, quand mon malade et NOMINATIONS ECCLÉSIASTIQUES. M. Catulle, vicaire de Notre Dame b Ostende, passe eu la même qualité Ronlers; il est rem placé par M. Fraeys, vicaire de Saint-André, qni a pour successeur M. Vaude Weghe coadjuleur k Assebroetk. M. Vmiderbrke, Ancien coadjuteur Zaude, est nommé vicaire a Anseghero. NOUVELLES DIVERSE8. La province de Flandre occidentale vieDt de commander pour les écoles communales cent mille cahiers de la méthode d'écriinre simplifiée de M. Ch. De Jaegc calligrapbe de S. A. R. Mgr le duc de Brabaul. ma fille reposaient, quand je veillais seule contre le lit de l'un et le berceau de l'antre, je ne pouvais m'empêcber de donoer accès a mille pensées mé lancoliques, sous lesquelles mon âme désolée ployait, comme la planie sous les coups de l'on- ragao. C'est dans une de ces heures de profonde tristesse que me surprit un de dos compagnons d'mfortune, qui jusqu'à cette époque s'était montré auii sincère et généreux, surtout depuis que mon pauvre Ernest était condamné b ne plus quitter son lit. Me voyant affligée, il commença par com patir b mes peines et par me consoler avec une affectueuse sympathie. Comment aurais je po croire que sous les apparences d'une amitié hoonête pouvaient se cacher des inleolions perfides, comme l'aspic sous l'herbe et les fleurs d'un jardin Comment n'aorais-je point accueilli avec une vite reconnaissance les douces paroles qoe m'adressait uu homme qo'il eût été odieux de soupçonner sans preuves Mais sans doote l'infâme s'imagina que le malheur dégrade et avilit certaines âmes; il osa attenter aux seuls bien que mon pauvre mari D'avait point perdus, la fidélité et l'honneur de sa femme. Que faire, après uDe déception si cruelle, mon ami Je n'écoutai que les droil de ma dignité offeDsée et laissai un libre frein b mon indignation... Je croyais qu'une fois démasqué, l'hypocrite n'ose rait plos paraître eo ma préseoce; mais non, il revint b son ordinaire près du lit do malade, alfec- taot de l'eotoorer de plus de sollicitude et d'affec tion que jamais. Je pensai alors b tout révéler b Ernest; mais

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Le Propagateur (1818-1871) | 1863 | | pagina 1