D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
47B'« Année.
Mercredi 13 Janvier 1864.
POUR YPEES FR. 6.00 PAR AN.
HORS VILLE 7,50
Un grand acte de justice vient de s'ac
complir. Le corps électoral de l'arrondisse
ment de Rruges vient de condamner
solennellement le régime des coups de
parti,le despolismeel l'arbilrairedu minis
tère et de la majorité, tout le système
d'exclusivisme libéral; le corps électoral
de Rruges vient de répondre solennelle
ment aux accusations de corruption dont
ses anciens représentants libéraux l'avaient
chargé.
Rappelons brièvement les faits.
Au mois de Juin 1803 M. Soenens
candidat catholique avait été élu, M. De-
vaux représentant libéral avait échoué.
MM. de Vrière et Deridder tous les deux
représentants libéraux avaient été réélus.
La perle de M. Devaux provoqua une
grande colère dans le camp ministériel.
M. Devaux est le père de la politique
exclusive, du gouvernement de parti, du
despotisme de la majorité. Il est l'auteur
delà fameuse formule: la prépondérance
et le pouvoir doivent appartenir l'opi*
nion libérale; les catholiques doivent se
résigner au rôle de minorité.
Ni les libéraux, ni M. Devaux ne pou
vaient se consoler de cette défaite. Ils
s'agitèrent, ils avaient encore la force
numérique la Chambre, ils résolurent
d'en abuser pourcasser l'élection de Bruges.
Sous l'impulsion du vaincu de Bruges il
y eut des couciliabules, on provoqua l'en
quête judiciaire; celte enquête se fit
huis clos, avec la partialité révoltante si
gnalée du haut de la tribune nationale;
quoiqu'elle eût étésuivied'une ordonnance
de non lieu; et elle servit seule de base au
plus honteux coup de parti que l'on vit
jamais la Chambre.
L'annulation des élections de Bruges fut
prononcée une seule voix de majorité:
ce furent les deux voix de MM. Deridder
et de Vrière, les élus libéraux de Bruges,
qui décidèrent l'annulation.
L'élection était donc refaire. Mais
toutes les consciences honnêtes se révol
taient il était évident pour tout homme
de bonne foi que les prétendues pratiques
de corruption établies Bruges ou d'autres
analogues et souvent de plus graves se
rencontrent dans toute élection disputée,
que généralement les libéraux se servent
dix fois plus de ces moyens que les catho
liques; il était évident qu'à ce compte
l'équité exigeait que plus des trois quarts
des élections du pays fussent invalidées.
Il y eut trois ou quatre députés libéraux
qui eurent le courage de dire leurs amis
cette dure vérité. Mais l'équité n'avait
rien voir dans la décision de la majorité;
les ministres s'étaient trouvés plus forts
d'une voix que l'opposition et la force
brutale de cette voix devait l'emporter.
Dès que ce vole d'une partialité sans
exemple fut connu, les libéraux mirent
tout en œuvre pour s'assurer le triomphe
définitif ils ne reculèrent devant aucun
moyen les insinuations les plus perfides,
les diffamations les plus atroces, les calom
nies les plus infâmes se colportèrent dgns
les lieux publics et remplirent leurs jour
naux; le gouvernement mit en campagne
tous ses fonctionnaires; la police fut char
gée de colporter des écrits illégaux; le
ministère alloua subitement des subsides
extraordinaires toutes les communes
qui voulurent en demander toute l'admi
nistration manœuvra comme si nous étions
en plein Empire français.
Ce n'était pas assez, il fallait intimider,
épouvanter l'électeur paisible: dès l'avant
veille de l'élection on monta des démon
strations séditieuses. Il y eut des scènes de
désordre, de violence, des cris de haine et
de mort; on ne vit, on n'entendit jamais
rien de pareil en 1848 dans les clubs
républicains les plus tumultueux de Paris.
Le meeting flamand fut converti par les
libéraux en véritable guel-apens, les hur
leurs libéraux crièrent la lanterne
l'orateur! Ecrasons les catholiques! Les
Évéques la potence!
Ce sont toutes ces indignités, toutes ces
violences, toute celte tyrannie et toutes ces
turpitudes qui ont reçu hier leur châti
ment.
Les électeurs de Bruges ont fait bonne
justice de ceux qui les avaient traités de
corrupteurs et de corrompus. Les trois
candidats catholiques ont été élus; M. De
vaux, l'homme qui a fait le plus de mal au
pays, en prêchant la division et en intro
duisant le système exclusif, est définitive
ment exclu du Parlement; MM. De Vrière,
l'ancien ministre, et Deridder sont aussi
restés sur le carreau. Le corps électoral a
protesté avec une nouvelle vigueur contre
i\o 4.820.
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELGE.
PRIX DE L ABONNEMENT.
REVUE POLITIQUE.
Il parait bien positif aujourd'hui que l'Angle
terre a abandonné son premier projet de confe'reoce
pour lui en substituer un Dou.eau, qui diffère
surtout du premier eu ce que le concours de l'Al
lemagne oe serait plus demandé pour régler la
quesliou danoise. Eo présence du refus certain de
la Diète germanique de se faire représenter dans
une conférence qui agirait sur les bases du proto
cole de Londres, le cabinet anglais aurait été amené
b proposer une médiation de la France, de l'An
gleterre, de la Russie et de la Suède, c'est-à-dire
des puissances signataires du traité de Londres qui
ne sont pas directement intéressées dans le conflit.
Pendant que les cabinets continuent échanger
des propositions plus ou moins réalisables, le duc
d'Aogusienbourg tnaoceture avec une énergie et
avec une persévérance qui pourraient bien loi
assu'er en définitive le bénéfice des faits accomplis.
Se seutant soutenu par les sympathies ardentes
d'une partie de l'Allemagne, il serait décidé, s'il
faut en croire la Gazette du peuple, rester dans
le Holstein, malgré l'invitation contraire que la
Diète poorrait lui adresser. Il se serait très nette
ment expliqué b ce sujet devant plusieurs dépula-
tions qui sont venues lui apporter l'expression de
leors vœux. Le dévooement et l'activité déployés
par ses partisans oe peuvent que l'encourager daos
ses projets. On annonce l'arrivée b Hambourg du
général baron de Stukerheim, chargé d'organiser
un corps franc formé de volontaires qui sont
attendus de toutes les parties de l'Allemagne.
Les démonstrations populaires se coutiooenl en
faveor du prince Frédéric. Un meeting composé de
plus de 3,000 personnes s'est réuni dimanche b
Hanovre et a résolu d'envoyer su Roi une dépu-
tation pour demander la dépodiation du protocole
de Londres par le Hanovre et la reconnaissance du
duc d'Augustenbourg. Le Roi a refusé de recevoir
l'Adresse qui lui a été présentée par cette députa-
tioo; celle-ci doit se rendre auprès du ministère.
D'après une correspondance de Berlin adressée
k Y Agence Havas, le roi de Prusse est personnel
lement favorable b l'abandon du protocole de
Loodres, tandis que M. de Bismark n'eo a pas
encore pris son parti. On aurait donc décidé, dans
le dernier conseil des ministres, l'en«oi d'un ulti
matum qui doit poser au Danemark l'alternative
ou de remplir sans relard toutes ses obligations
envers les dochés, oo de voir la Prusse s'affranchir
de celles qu'elle a contractées b Londres. Mais cet
ultimatum, au lieu d'aller directement b Copenha
gue, doit d'abord passer par VieDne, et y solliciter
l'adhésion de M. de Rechberg, qui parait des plus
douteuses.
Les débats de l'Adresse odi commence avant-
hier au Corps législatif. C'est on discours de M.
Thieis qui a ouvert la discussion générale. MM.
Roober et Jules Favre ont occupé le reste de la
séance.
On éciit de Turin que l'un des quatre conspi
rateurs italietisrécemmeol arrêtés b Paris,T>abucco,
était un des compagnons de Garibaldi dans I expé
dition de Sicile, un des mille de Marsala, un des
instruments qui ont servfb préparer la lévolutiou
de Naples et la formation du royaume d'Italie!
ELECTIONS DE BRUGES.
TRIOMPHE COMPLET DES CO\SERYATEl'RS.
Inscrits 2,51 g.
Nombre de votants: 2,36t.
Majorité 1,181.
M. Soenens 1,247.
M. Visart, 1,229.
M. Declercq, 1,200.
M. De vaux, i,t5i.
M. Deridder, 1,127.
De Vrière,
1,122.