Celait presque la veille des élections
de Bruges. M. l rère en devançant l'arrêt
du corps électoral, et en se retirant sur le
refus opposé par le Roi une nomination
arbitraire et injuste, faisait supporter par
la royauté seule la responsabilité de la
chute du cabinetetde la crise ministérielle.
Il sacrifiait ainsi le Roi la volonté de
donner un dernier gage aux exagérés de
son parti. C'était sa manière de prouver
son dévouement au Roi et de lui faire ses
adieux.
Le Roi ne pouvait pas accepter la res
ponsabilité que M. Frère voulait faire
peser sur lui. Il céda celte violence et
signa.
On pourra peut-être essayer de nier
l'intervention du haut dignitaire de la
Loge dans cet épisode ministériel. Nous
n'aurions opposer ce démenti que
notre affirmation que nous savons sûre.
Mais cet incident n'a nulle importance. Le
fait capital, c'est le refus du Roi, la démis
sion offerte par les deux ministres et la
signature royale accordée sous cette pres
sion coupable; ce fait là on ne le niera pas.
Voilà bien la politique de M. Frère
prise sur le fait violence l'égard de ses
adversaires politiques; violence l'égard
de ses araiscourbés sous son joug; violence
l'égard de la royauté!
Il en est résulté qu'on s'est fatigué de
celte prétention la dictature, plus ridi
cule encore que dangereusedans un pays
libre comme notre Belgique. Les libéraux
modérés, qui n'étaient plus libres de l'être,
sous le commandement impérieux de M.
Frère, respirent plus l'aise depuis la
chute de leur général orgueilleux; les
conservateurs espèrent n'avoir plus sou
tenir tous les jours des luttes outrance
pour la défense des libertés religieuses, et
le pays voit venir avec joie le calme qu'un
ministère plus modéré doit produire.
Le Roi qui voit plus loin que nos hom
mes de parti et au-delà de l'horizon de M.
Frère, a besoin, pour les éventualités exté
rieures que le printemps peut faire éclater,
d'une Belgique calme et unie, et non d'une
Belgique divisée cl soulevée. M. Frère ne
le veut pas. Voilà la situation.
On écrit de Bruxelles an Journald'Anvers
La crise ministérielle n'a pas fait un pas de
puis le jour où je «ous ai écrit an sujet de la dé
mission do ministère. Le Roi a fait appeler M. de
Brouckere et un autre membre de la gaucbe. Tous
deux ont décliné les offres de S. M. touchant la
formation d'un nouveau cabinet. On dit que M,
Dechamps a aossi été mandé k Laeken auprès do
Roi et que l'honorable député de Cbarleroy a
également décliné la mission de former un minis
tère. L'opposition ne pourrait, h l'heure qu'il est,
prendre les rênes du pouvoir, attendu qu'elle n'a
pas la majorité dans les Chambres. Il faudrait donc
recourir, avant toutes choses, h une dissolution. Or,
on sait que le parti conservateur a toujours reculé
devant ces actes extrêmes qui sont, 'a proprement
parler, des moyens de violence. C'est l'opinion
doctrinaire qui a toujours eu recours h la dissolu
tion pour arriver au pouvoir. Comment S. M.
parviendra-t-elle h constituer une nouvelle admi
nistration? L'a est la question.
Depuis le jour où le cabinet a remis sa démis
sion entre les mains du Roi, il y a eu de nombreuses
réunions chez M. Frère, qui agit toojours en véri
table dictateor. M. de Brouckere s'est rendu a
l'hôtel dn ministère des finances avant qoe de se
rendre k Laeken, a l'effet de preudre le mot d'ordre
dn pro-consut en chef de la politique nouvelle.
M. Frère a déclaré 'a M. de Brourkere qu'il ne
pouvait iui conseiller d'accepter la mission de
former uu nouveau cabinet, la majorité actuelle
étaut bien décidée refuser son concours k ceux
de ses membres qui consentiraient a prendre la
direction des affaires. M. de Brouckere se l'est tenu
pour dit, et il a refusé la mission que lui oflfrait le
Roi. M. Frère dit a qui veot l'euleudre que les
catholiques doivent accepter le pouvoir, qoe c'est
le seul moyen pour les libéraux de faire la guerre
parlementaire avec soccès et éuergie. Pour M.
Frère, il faut donc la dissolution avec un cabinet
catholique. La gauche va peser dans ce sens sur
l'esprit du Roi; mais elle ne parviendra pas h ses
fins. On semble d'accord, daos la droite, pour
décliner en ce moineut toutes les offres de pouvoir
qui pourraient lui être fanes.
Le Roi devra ainsi s'arrêter la constitution
d'un cabinet d'affaires composé d'hommes étran
gers aux Chambres. Nous aurons donc vraisembla
blement uu mtnisiére extra-parlementaire. Il n'y a
pas d'autre issue possible k la crise actuelle, si
l'opinion conservatrice ne veut ni de la dissolu
tion, ut du pouvoir. Il est impossible, d'après moi,
que le cabtuet actuel puisse songer k retirer sa
démission, même quand S. M. consentirait k la
dissoluitou de la Chambre des représentants; de
nouvelles électious tourneraient assurément contre
sa politique.
On croit que la crise durera au moins quiuze
jouis. Il y aura beaucoup de personnes k consulter.
Tous les hommes appartenant k l'opinion doctri
naire ne consentiront accepter le pouvoir que si
M. Frète le permet. Il y a dans ce parti uue disci
pline k nulle autre pareille.
Les Loges de Bruxelles travaillent outre mesure
depuis l'échec de Bruges et surtout depuis le mo
ment où le ministère a donné sa démission. La
maçonnerie se prépare comme si une lutte électo
rale devait avoir lieu sous peu de temps. Il y a eu
banquet hier k la Loge de l'Union des vrais amis
que présidait feu M. Foutainais. M. Bara y a parlé.
Son speech a roulé sur la nécessité de faire une
guerre a outrance au clergé politique. Le jeune
député solidaire s'en est donné k cœur joie contre
le clérical Ce qui ne l'empêchera pas d'afficher, k
la Chambre, k l'occasion, son amour pour la reli
gion... C'est uo élraoge amour que celui de M.
Bara pour le clergé inférieur et pour la religion.
Quelle comédie honteuse
M. Dechamps, appelé mercredi par le Roi au
château de Laekeu, a eu avec Sa Majesté uu long
entretien.
Le Roi a appelé avant-hier M. le comte de
Theux.
La Chambre des représentants s'est ajournée, le
20 c' jusqu'à convocation ultérieure de son prési
dent, après avoir ordonné, conformément aux
conclusionsde la commission despétitions, le renvoi
a M. le ministre de l'intérieur d'une requête par
laquelle des électeurs k Gosselies prient la Chambre
de faire annuler la décision de la députatioo per
manente du conseil provincial du Hainaot qui a
validé les élections de cette commune, du 27 octo
bre dernier.
I 0 m
comité belge des voyages a rome. Il y
a six mois nous annoncions la formation, Bruxel
les, d'uD comité qui a pour but de reodre aux
personnes qui en acceptent le patronage le voyage
de Belgique k Rome plus agréable, plus iostructif
et moins dispendieux, et d'augmenter ainsi le nom
bre de ceux qui vont voir la capitale du monde
chrétien.
Uo premier voyage d'essai a eu lieu au mois de
septembre dernier, et il s'est accompli k l'entière
satisfaction de ceux qui eu faisaient partie. Ac
cueillis k Rome avec une véritable affabilité, ils y
ont joui de tontes les facilités possibles pour en
visiter les monuments et les environs ils ont vu
Nap'es, le Vésuve et Poropeï, Livourne, Pise, Gê
nes et ont traversé au retour la Suisse et l'Allema
gne, cependant le chiffre de tous leurs frais de
voyage et de séjour n'a pas atteint 760 francs.
Un nouveau départ aura lieu vers l'époque de
la Semaine Sainte. La durée du voyage sera d'un
mois; le séjour Rome de 20 jours.
Le comité évalue boit cents francs, sur des
données aussi exactes que possible, le piix du
voyage partir de Bruxelles, avec les frais de séjour
pour toute sa durée; en première classe des che
mins de fer.
Au retour, les comptes seront apurés et s'il y a
uo reliquat, il sera reparti entre les voyageurs.
Le comité arrêtera ultérieurement l'itinéraire
exact du voyage, ainsi que le jour et l'heure du
départ.
Oo est prié pour tous autres renseignements de
s'adresser Bruxelles, chez MM. de Roissart, rue
du Trône, 84, ou C. Scheyven, rue Keyeuveld}
io3.
On pourra se faire inscrire chez ces Messieurs,
pour le voyage de Pâques, avant le 20 février
prochain. 11 est absolumeol, nécessaire de ne pas
attendre le dernier moment pour se faire inscrire,
la burine organisation du voyage exigeant qoe le
nombre de ceux qui en feront partie soit connu
p usieurs semaines l'avance.
actes officiels.
administrations communales. Nomina
tions. Par arrêtés royaux du 19 janvier i864,
sont nommés.
A Nienport, h., M. L. Meyone, écb., M. L.
Meynne-Vande Vyver.
édifices du culte. Uo arrêté royal du
19 janvier accorde uo subside de âoo fr. au con
seil de fabiique de l'église de S' Nicolas, Ypres,
pour l'aider faire l'acquisition d'un tableau
religieux.
nouvelles diverses.
On nous écrit de Poperingbe, 22 c1
Au marché de ce jour, le houblon de la dernière
récolte a été coté k fr. ju5 les 5o kilogrammes.
On lit dans la correspondance bruxelloise de
Y Escaut, d Anvers Une dépêche télégraphique
arrivée d'Alost, k cette heure même, annonçait que
M. Comont, député libéral de cette ville, était k la
derniere extrémité. Le broit était même répandu
dans les couloirs qu'il était mort. Vous vous
rappellerez, k ce propos, qu'aux élections législa
tives de 1861, M. Cuniont n'avait été élo, malgré
tous les efforts do parti libéral, qu'à la majorité de
1338 voix contre 1287 données k son concurrent,
M. de 1 or te mont, c est - k - dire avecune majorité de
5i voix. Mais de nouvelles élections législatives
ont eu lieu depuis lors k Alost; c'élain le 9 juin de
l'année dernière.
Or, les candidats catholiques de cet arron
dissement pour le Sénat étaient MM. Délia Faille
et Vaude Woestyne, et k deux ans de distauce, ils
l'ont emporté de 5oo voix sur les candidats du
parti libéral, qui étaient MM. Van Assche et
Spitaels. La conclusion k tirer de ce rapprochement
de chiffres, c est que s'il y a lieu d'élire uu député
k Alost eu remplacement de M. Cumont, ce sera
encore une voix perdue, je ne dirai pas pour le
ministère mais pour l'opinion libérale. Il en
résulterait que les deux partis se balanceraient
complètement dans la Chambre 58 contie 58!
Ou lit dans la correspondance bruxelloise du
Courrier de la Vesdre a C'est un rédacteur de
I Echo du Parlement qui a été en butte aux
mauvais traitements des ministériels, k Bruges,
le dimanche qui a précédé les élections.
Dénoncé aux ministériels qui assistaient en