D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
47mP Année.
Samedi 9 Avril 1864.
4,854.
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LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE, - CONSTITUTION HELC.E.
l'H IDE I. ABONNEMENT.
POUR YPRES FR. 6,00 PAR AN.
HORS VILLE 7,50
REVUE POLITIQUE.
t.a réputation la mieux établie ne résiste pas
toujours fa la longue!) on système de malveillance
persistant et jonrnalier. Ce genre de danger est celui
que cnuri en ce moment l'empereur François-
Joseph.
Entouré, assailli par des difficultés sérieuses et
incessantes, il se voit, en outre, en butte fa des brui's
qui minent la confiance dont, plus qu'un autre, il
aurait besoio pour vaincre les obstacles qui l'artê-
tenl daos sa route et pour téparer les pertes qu'il a
faites.
Cet horrible incident de 3oo officiers et soldats
fusillés en masse sons les murs de Fredericia est
démenti si nettement qu'il ne devrait pas tester le
moindre doute fa cet égard; et cependant, pour
cet laines personnes, le fait subsiste.
Daos l'incident plus récent des obstacles qui oui
suSpendu, pendant quelques joots, l'acceptation de
la couronne mexicaine, par son frète l'aicbiduc
Maximilien, on a feil jouer fa l'empei eur François-
Joseph un tôle qui de'cnnsiilcreiait tout souverain
capable de le remplirIl aurait exercé une pression
menaçante sur son frère; puis l'eiupeieur Napoléon
aurait fa sou tour exercé nue ptession non moins
menaçante, et sur l'archiduc, et sur l'empereur
d'Autriche. Ce n'est que grâce fa cette espèce d'iu-
terveuliou de l'empetenr des Fiançais, a-t on
prétendu, que tous les obstacles oui été levés et
l'acceptation de la couronne impériale mexicaine
décidée.
Sans aocon doute, l'empereur Naprléoo était,
eutre tous, celui qui eût le plus souffert de la rup
ture des arrangements relatifs fa la reconstitution
du Mexique; aussi s'est-il bien gardé de prendre
une attitude blessante vis-fa-vis d'un souverain
pour lequel, fa travers tous les événements, il n'a
cessé de moutrer un graod respect. Comment s'é-
car ferai t- il de cette ligne, aujourd'hui qu'il reçoit
un incontestable service de la famille de Habs
bourg.
Le gouvernement qui blesse réellement l'Autri
che aujourd'hui, quel est-il donc? C'est le gou
vernement anglais. Le voyage de Garibaldi, a
travers l'Angleterre, les ovations qoe lui prépare la
partie de la nation anglaise qui soutient lord Pal-
merston au pouvoir, voila ce qui inquiète le gou
vernement autrichien il en est profondément
blessé et il a raisoo, croyons-nous, de l'être.
La Patrie, de Paris, apporte des renseignements
intéressants sor nne seconde dépêche de M. Drooyn
de Lbuys, relative fa la conférence de Loudres. Le
ministre des affaires étrangères de France exprime
rait dans cette nouvelle dépèche l'intention de
défendre les bases des traités dool la France a été
partie contractante; mais s'il est impossible de
s'entendre sur ces bases, il proposerait de laisser le
peuple du Scbleswig et do Honsteio maître de ses
destinées. Dans le cas où le peuple devrait être
coosullé, l'évacuation préalable des territoires en
litige par les armées et les fonctionnaires des be li-
gérants est indiquée dans celte note par le ministre
de Fiance comme indispensable.
La première séance de la conférence, d'après les
nouvelles de LonJies, est fixée au 12 courant et
cependant les Prussiens poussent lenrs tiavanx de
siège devant Duppel a»ec ttit redoublement d ar
deur. D'aptes une dépêche de Graveitstein, du 6
avril, ils ne seraient plus qu'a 25o pas des travaux
de la place. Ou ne dit pas dans (p.el état sont ces
travaux.
Avatil-bier a eu lien la séance de réception de
M. Dufaure par l'Académie française. On n'a pas
oublié que M. Dufaure est l'un ries anciens miuis
très du gouvernement de Juillet. Il succède, comme
académicien, fa M. Pasquier, dont la longue cari ière
politique a été très diversement apprécié... M.
Dnfauie en a fait un gtaud éloge, c'est l'usage. On
a remarqué fa son début le passage dans lequel
l'orateur a exprimé celte pensée qoe l'Académie,
comme le barteau, doit toujours défendre, contre
tout adversaire, une liberté, sans laquelle elle ne
pourrait exister, la liberté dépenser, de patler et
d'écrire. M. Guizot a répondu au récipiendaire.
LE BIENFAIT ET LA RECONNAISSANCE.
Nous écrivions dernièrement dans notre
journal qu'iï est une catégorie de services que
ne reconnaissent pas même ceux i/u'ils ont la
prétention d'obliger que ce sont les services
inspirés par Cégoïsme ambitieux de celui qui
les rend, plus que par le zèle et le dévouement
pour celui qui les reçoit. Ces lignes n'ont
pas eu le mérite de plaire tout le monde.
Elles ont parliculiëientent offensé, nous
dit 011 1° toutes les consciences honnêtes;
2° un rédacteur du Progrès d'Ypres et de
l'arrondissement. Nous serions vraiment
bien affligés d'avoir désolé les premiers;
mais nous en serions aussi bien étonnés,
car nous croyions avoir écrit chose bien
innocente, n'ayant voulu que constater un
fait qui se vérifie journellement et qui est
la traduction réelle de l'axiome l'intention
fait l'œuvre. Que nous ayons froissé certains
épidémies, nous le comprenons, et l'avons
bien voulu ainsi; mais qu'en outre nous
ayons choqué les consciences honnêtes,
c'est-ce qui nous fait peine et surprise;
nous pensons qu'il doit y avoir confusion
ici, et comme cela se pratique, elle se sera
faite encore par ceux auxquels elle doit
profiter. Pour ce qui est de la colère de
nos adversaires et de la gracieuse aménité'
avec laquelle ils nous lancent les plus
lourdes qualifications, nous avouons nous
en troubler très médiocrement. A l'exas
pération de ses ennemis, l'on juge de
la justesse de ses coups; aussi bien n'en
tendons nous pas être agréables ceux que
nous allons frapper: ce serait pas trop
outrecuidant. On nous reproche de prêcher
les devoirs de l'ingratitude! Certes, le repro
che nous toucherait, s'il était quelque peu
mérité; mais dans la bouche de nos adver
saires, i! est une niaiserie que nous ne
relèverons pas. Nous prétendons avoir de
la reconnaissance et de ses droits nne
notion aussi saine que qui quecesojl; la vue
d'un bienfait nous pénètre et fions touche,
et nous vouons au bienfaiteur, sans les lui
marchander, nos sentiments les plus affec
tueux. Mais nous nous permettons de
scruter le mobile des services que nous
voyons rendre et quand, au lieu du désin
téressement qui en fait tout le mérite, an
lieu de l'affection réelle et sincère qui
en fait le cltarme et le prix, nous nous
heurtons la froide spéculationaux
calculs égoïstes, oh alors nous n'avons pas
assez de voix et d'indignation ponr flétrir
l'homme qui fait de son cabinet une
officine industrieuse de pactes des con
sciences, de marchés des convictions.
Eh bien! que tous les hommes de bonne
foi nous répondent, catholiques ou libé
raux n'est ce pas là l'édifiant spectacle
dont nous fait jouir, depuis de longues
années, le libéralisme bâtard et interlope
qui pèse sur notre ville? Telle n'est elle
pas la munificence de tous nos gros bon
nets que chacun sait? Nous ne dirons pas
ici où leur générosité va puiser; mais nous
pouvons dire au moins où elle s'adresse;
elle va frapper chez les cœurs tièdes, chez
les intelligences faillies, chez tous ceux
enfin dont 011 veut soudoyer la lâcheté ou
payer le servilisme. Et c'est devant cet état
des choses que nous devrions nous incli
ner? A d'autres les courbettes! nous ne le
ferons jamais! nous continuerons toujours
de dire tout haut ce que la population
intelligente d'Ypres dit tous les jours tout
lias Que les qualités du cœur, pour persua
der et attacher, doivent ne pas se prostituer
l'iniquité, et qu'on ne deviendra jamais bon
homme parfait qu'au prix de demeurer juste.
Nous n'avons rien retrancher ce lan
gage. S'il se trouve encore des consciences
honnêtes pour le réprouver, il y aura bien
aussi, croyons-nous, des consciences hon
nêtes pour y souscrire, et cela sans accep
tion de partis.
LISEZ ET JUGEZ.
L'Opinion persiste croire que la com-
inune, en patronnant, en protégeant les
Conférences (des apôtres de la déma
gogie antichrélienne) par tous les moyens
en son pcnnioir, ferait œuvre sage elulile.
Nous en sommes doublement convain
cus, dit-elle, a en envisageant nos Flandres,
nos Flandres qui voient chaque jour
encore les chaires religieuses transformées
en tréteaux politiques, les églises converties
en clubs, vrais pandemonium oii le déver-
gondage de la pensée et de la parole poussé
0 l'extrême fanatise les massesignorantes.