Nous aimons la liberté de I Eglise plus
que toute chose, et nous aimons la liberté
générale parce qu'elle est la meilleure
condition de la première, en même temps
que l'équitable garantie de tous les droits
de nos concitoyens et de tous nos propres
droits.
A en croire la Paix, les cbefs de la gau
che désapprouvent la formation d'un
nouveau congrès libéral, et s'efforcent de
l'ajourner au moins s'ils ne peuvent l'em
pêcher. Cela ne nous surprend guère, car
de deux choses l'une ou ils domineraient
le congrès et lui imposeraient leur tyran-
nique volonté et alors c'est la scission
du parti; ou ils seraient dominés par lui,
et dans ce cas on mettrait un terme la
mystification trop prolongée en vertu de
laquelle le doctrinarisme étouffe la liberté
sous prétexte de la défendre contre la
tyrannie cléricale, ou bien, on pousserait
les excès plus loin encore qu'ils ne le sont
aujourd'hui, et la cause de l'ordre se for
tifierait de l'adhésion de ceux qui se sépa
reraient des extravagants.
La révolutiou italienne se débat en vain
contre la pierre sur laquelle Dieu a fondé
son Eglise tous ses efforts viennent
échouer devant ce roc immuable.
Dans la fureur que cette impuissance
suscite, le gouvernement révolutionnaire
de Victor-Emmanuel prépare un projet de
loi tendant prohiber les souscriptions
pour l'œuvre du denier de S'-Pierre, et
ajoute la correspondance démagogique de
{'Indépendancecelte prohibition ne sera
pas la seule représaille du gouvernement
italien.
Le mot représaille est bien choisi un
voleur vous dépouille de vos biens, il mas
sacre vos amis, il persécute ceux qu'il ne
peut tuer, le tout sans raison aucune, et
quand il met le comble ses forfaits, il se
trouve des malfaiteurs intellectuels qui
donnent ses crimes le nom de représaille
L'honorable secrétaire général du Congrès de
Maliaesa déclaré en séance de la Société d'écono
mie charitable que 1'Asseuiblée, telle qu'elle a eu
lieu déjà, ne constitue pas une association, niais
nne réunion de membres libres, c'est-à-dire, qui ne
sont liés ni par la cotisation, ni par quoi que ce soit.
Des améliorations notables seront apportées cette
année, afin de pouvoir loger chez de notables
habitants ou dans les hôtels 3 ou 4 mille personnes.
Eofin, après le travail de la journée et les assem
blées officielles, il y aura, chaque soir, des réunions
familières, où les catholiques de tous les pays pour
ront entrer en commonion fraternelle et apprendre
se connaître intimement.
Une feuille ministérielle la Meuse dit qu'on
compte d'une façon peu près assurée sur une
visite prochaine en Belgique de Garibaldi et que la
maison Lacroix et Verboeckhoven lui a déjà offert
l'hospitalité.
Cette nouvelle n'a rien qui noos offusque:
il nous tarde même de connaître ceux de nos
doctrinaires qui iront fêter le démagogue italien,
l'ami de Mazzioi et d'autres régicides.
ORAISON FUNÈBRE DE JIGR MALOU.
Nous n'avons pas la prétention de donner une
idée exacte du magnifique et si complet discours
que le vénérable étêque de Liège a prouoncé: ce
que nous pouvons dire, c'est que cette oraison
funèbre a été l'objet d'éloges uuauimes.
Sa (îiaudeur avait piis pour texte uu passage du
livre des Rois Planxit David planetum super
JonathanDoleo super le, fralermi Jonatha,
decore nimis.... Sicut mater unicum amat
filium suum, ità ego te diliyebam. David se
lameutait sur la mort de JonathasO inoo frère
Jonatbas, Jons le plus digue des princes, votre mort
rue perce de douleur. Je vous aimais comme une
mère aime soo fils unique.
Et le digue ami de notre saint et savant évêqoe
donnait uu Itbie couis sa douleur. C'était David
qui pleurait Jonathas, qui donnait pleine expansion
aux sentiments de son âme.
Pendant quarante années les joies et les peines
avaient uui ces deux hommes dont se glorifie
l'épiscopat belge. La mort seule a pu interrompre
ici bas leuis relations. Et le vénérable prélat qui
veuait nous cousoler, avait grand besoiu de l'être
lui -même; avec nous il aimait un saint, il pleure uo
saint qui est daus la joie du Seigneur; mais il est
doux d'épancher sa douleur dans le sein de ceux
qui la comprennent et qui la partagent.
L'amitié n'égarera pas la sincérité; les œuvres
loueroul plus efficacement Mgr Malou que les
paroles. Ces œuvres, l'orateur sacré les envisage eu
jelaut uu coup d'œtl rapide sur la belle carrière
touruie pour i'éiuiuenl chef du diocèse de Bruges.
Né près eu 1B09 d'uue famille aucienue et
dévouée la Religtou, Jean-Baptiste Malou fit
preuves dès ses plus tendres auuées des vertus et
du caractèie énergique qui devaient se développer
Ultérieurement.
Placé dès sa 11° année dans la célèbre maison
de S'-Acheul, il fit concevoir dès-lors les plus
belles espérances il n'eu trompa aucune et les
surpassa rouies. Il fui ciié comme uu modèle parmi
ses condisciples, qui réclamaient plus d'une fois
ses conseils. Ou le nomma président des Congré
gations de Marie, de Marie dont il fol toujours le
disciple fervent et le tendre fils. Sou amour pour
les pauvres le fit placer la tête de l'aumôuerie
générale des pauvres, et chaque semaine, Jean-
Baptiste Malou réunit les indigents dans une
chapelle et leur distribua en même temps la vie
spirituelle et temporelle. L'œuvre de la propaga-
tiou de le foi fut aussi l'objet de son dévouement.
C'est ainsi qu'il commença ses préludes travaux de
l'apostolat.
Ce qui distingua aussi le jeune élève S'-Acheul,
c'était uDe intelligence prompte, uoe grande appli
cation l'étude, une foi des plus vives; il parcou
rut avec les plos brillants succès le cours des
homauités et de la philosophie.
Chargé de lauriers, il quitta la maison de
S' - Acbeul au moment où elle allait être supprimée
par le gouvernement de la Restauration. A sou
retour en Belgique, il se vit fermer l'accès des
hautes écoles parce qu'il avait fait ses éludes
l'étranger. Indécis eucore sur sa vocation, il pria,
il éiuilia, il cunsolia Dieu, et dans ces ciicon-
slauces, il vil le tuoude, où il acquit une plus pro
fonde ciin v ici mu des vanités du siècle. C'est alors
qu'il se décida faire un pèlerinage au tombeau des
Apôtres, de Rome, où il obtiot les couseils d'un
savant et illustre cardinal. Cet homme de Dieu
prévoyant les éminents services qu'un élève de la
trempe de Jean-Baptiste Malou pouvait rendre
la Religion, le décida entrer l'Académie catho
lique, où il se reucoutra avec les hommes les plos
distingués de Dotre époque, et entre autres avec
celui qui devint plus lard évêqoe de Moulins, Mgr
de Dreux-Biezé. Dans celte institution, se déve
loppèrent les brillantes qualités du jeune Malou,
qui bientôt n eut plus d'autre ambition que de
servir Dieu.
Mais le futur évèque de Bruges voulut se
perfectionner dans les services, et il entra dans le
collège germanique, d'oùsoul sortis tant et de si
remarquables sujets. Il s'y distingua par ses talents
et par sa piété, ei au bout de quelques années, il fut
créé docieur. Sou ami le cardinal l'engagea
se fixer Rome; mais les fonctions les plus obscu-
les plaisaient davautage au jeuue docieur que Dieu
avait réservé pour l'épiscopat, et il se mit humble
ment et modestemeDt la disposition de son
évêque.
Mgr Boussen, dont la prudence égalait la piété,
accueillit Jean Baptiste Malou avec la plus grande
bienveillance; et considérant qu'il avait fait ses
éludes l'étranger, et qu'il importait de le mettre
en rapport avec tout ce qui concernait le service de
Dieu dans notre pays, il lui conseilla d'entrer
au séminaiie de Bruges. Ce conseil, qui aurait pu
paraître étrange uu homuie moins pieux, moitis
modeste, moins dévoué que Jean Baptiste Malou,
lie lui arracha pas la moindre obseï vaiiou il s'y
soumit avec la plus profonde humilité.
I.'épreuve rie fut pas longue les vertus sacer
dotales de M. Malou reçttreol leur première récom
pense l'épiscopat belge lui confia la chaiie de
théologie dogmatique l'Université catholique de
Loi.vain. Cette p' si 1 ion mit en relief ses admira
bles qualités. Il justifia toutes les espéiarices de ses
collègues et de ses élèves.
Les qualités du savant professeur, Mgr de Mont
pellier, nous les a indiquées du doigt et dans les
ouvrages de l'illustie défunt et dans les élèves
distingués qu'il forma et dans la belle jeunesse
qu'il édifia par ses conseils, son exemple et ses
vertus.
Anticipant sur l'ordre chronologique de sou
esquisse, le vénérable orateur nous montre Mgr
Malou en face de l'étude, soit alors qu'il était plein
de vie et de santé, soit alors qu'une agonie de
vingt-six mois le torturait. A peine les accès de la
terrible maladie passés, et Sa Grandeur continuait
avec ses études les écrits dont i! s'occupait, et
parmi lesquels il faut citer, outre des conseils pré
cieux pour la jeunesse des écoles, le plan et les
matériaux de divers grands travaux théologiqties.
Aussi Mgr de Montpellier a -1- il raison de s'éci ier
Que de trésors de science entrés avec lui dans la
tombe!
L'estimable orateur fait ressortir ensuite la
grande et pénible impression que produisit Rome,
quoique prévue, la nouvelle de la mort de Mgr
Malou. Parmi les cardinaux, lesévêques, les savants
théologiens qui furent le plus péniblement affectés
de cette triste nouvelle, il faut citer le savaut car
dinal dotn Pitra, ce Bénédiclio, dont le nom seul est
on éloge. Pie IX, lui-même, daigna manifester les
vifs regrets que loi inspira la fin prématurée de Mgr
de Bruges, et cette occasion, Mgr de Montpellier
rappelles les belles paroles que lui adressa Sa
Saiuteté au sujet de feu notre évêque qui s'était
fait, disait le Souverain Pontife, le plus grand
hooneur par son admirable taleol et par ses
ouvrages.
Cet éloge surpassé tous les éloges qu'on peut
décerner au professeur, au bibliophile, au prélat,
qui, en face des sciences les plus profondes, n'ou
blia jamais la^piété, car côté du livre savant vint
toujours se placer l'ouvrage ascétique.
Repreoaot la biographie de Mgr. Malou, l'ora
teur le montre appelé aux fonctions de coadjuteur
de Mgr. Boussen par ce vénérable prélat lui-même
et par le chapitre. Plostard,à la mort de ce dernier,
Pie IX signa de Gaële, soo lieu d'exil, les bulles qui
qui placèrent Mgr. Malou la tête du diocèse de
Bruges.
Mgr. de Mootpellier nous dit ici les hésitations
de Mgr. Malou accepter celte charge immeuse,
hésitations que feu Mgr. Corselis fit disparaître; il
nous rappelle le dévouement de feu notre bien-
aimé prélat anx pauvres, l'enseignement, tout ce