D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
47me Année.
Mercredi 15 Juin 1864.
iV 4,873.
POUR YPRES FR. 6,00 PAR AN.
HORS VILLE 7,50
UN REMÈDE DE 13,100 FR.
Le parti libéral, tel que nous le connais
sons depuis 1840, ne pratique guère
l'amour et le respect de la liberté.
Mille preuves établissent cette vérité et
la rendent incontestable tout observateur
attentif.
La séance du Conseil communal du
4 Juin dernier confirme encore cette vérité
de triste expérience.
H s'agissait de l'instruction primaire.
Le procès-verbal constate qu'un grand
nombre d'enfants (plus de deux cents, dit-
on,) ne reçoivent Ypres aucune instruc
tion, et qu'à l'aide de moyens de persuasion
on les amènerait sur les bancs de l'école,
si le défaut cf espace n'y mettait obstacle.
Très-bien.
Mais on conclut une dépense de treize
mille et cent francs pour remédier ce
défaut d'espace.
Nous connaissons pour cela un moyen
tout aussi efficace, mais beaucoup plus
simple, beaucoup plus sincèrement libéral,
et beaucoup plus économique, puisqu'au
lieu de coûter treize mille et cent francs, il
ne coûterait pas un centime.
Que l'Administration lève l'interdit
qu'elle a jeté sur l'École gratuite libre,
l'excommunication dont elle a frappé les
familles des enfants de cette école.
Et il y aura place et instruction pour
tout le monde
Mais nos libéraux de l'Hôtel-de Ville
semblent haïr beaucoup plus la liberté
qu'ils n'aiment l'instruction.
Libéraux, de quel droit, en vertu de
quel principe, menacez-vous et frappez-
vous de l'excommunication de l'assistance
publique les pauvres qui envoient leurs
enfants l'Ecole libre?
Est-ce au nom de la liberté, de l'égalité,
de la justice, de l'humanité?....
Levez la prohibition, et la place pour les
deux cents enfants qui s'abstiennent sera
trouvée, la liberté d'instruction, audacieu-
sement violée aujourd'hui, sera sauve,
l'éducation publique y gagnera et votre
honneur aussi, et, sans dommage pour
personne, les treize mille et cent francs,
pourront être laissés aux contribuables.
LA FRANCMAÇONNERIE ET L'EGLISE.
M. Delaet. Comme il y a une hiérar
chie ecclésiastique, il y a une hiérarchie
maçonnique; comme il y a dans l'Eglise
un pape, il y a dans la maçonnerie uu
grand maître universel. Or, si ce grand
maître universel se nommait lord Palmer?
ston par exemple, et s'il gouvernait l'An
gleterre, n'y aurait-il pas là «n plus grand
danger que dans l'existence d'un pape,
pauvre vieillard, obligé, comme on vient
de nous le rappeler, de se faire garder par
une armée étrangère?
Eb bien, que la maçonnerie sorte de ses
ténèbres et se déclare église, qu'elle récla
me comme Eglise les avantages dont jouit
l'Eglise catholique, je l'admettrai volon
tiers la jouissance du droit commun.
Quant moi, je voudrais que l'État
n'intervînt ni dans l'Église ni dans la loge;
mais la loge fait mieux que réclamer l'in
tervention de l'Etat, elle se fait l'Etat; elle
intéresse CEtat ses principes et elle prend
tous les citoyens belges [argent qu'elle se sent
trop peu dévouée pour donner ses écoles.
Vous nous avez dit Vous êtes intolé
rants, vous nous excommuniez, vous
excommuniez nos journaux, vous excom
muniez nos écoles. Je ne sais pas jusqu'à
quel point le fait est vrai; je crois qu'eu
général il ne l'est pas, mais il léserait, que
je trouverais cela fort naturel.
Quant moi, et je parle ici en mon nom
personnel, car je n'ai pas autorité pou?
parler au nom de la droite; quant moi,
oui, j'excommunierais vos journaux et top
écoles, mais où serait la sanction pénale de
mon excommunication si celui que j'excoro-
munierais se rit de mon excommunication
Et vous, que faites-vous? Voue excom
muniez les abonnés de nos journaux, voq*
excommuniez nos écoles, et ceux que vous
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION. BELGE.
PRIX DE LA ION If EMEUT.
REVEE POLITIQEE.
Si l'on «eut donner la question danoise une
solution pacifique, il faol en presser le dénnùment.
Ce qu'on petit encore faire aujourd'hui sera
peut être impossible demain. Le Danemark le sait
et doit chercher traîner les choses en longueur.
A Londres, en ce moment, le cabinet de lord
Paliueisiou toit s'éloigner de lui la confiance et
l'auioriié; tout ce que l'opinion publique lui en
lève de lorce enlè.e la pacification du conflit
dano-allemand les chances qu'il r. eues et qu'il a
encore. Il résulte des renseignements qui nous arri
vent que le maintien au pouvoir de lord Palmer-
stun et de ses collègues peut dépendre d'un inci
dent. Dans l'état actuel des esprits, l'avènement
aux affaires de lord Derby et du parti conservateur
serait le signal d'un changement complet dans la
conduite de la politique extérieure. Les Anglais
leprocbenl généralement h lord John Russell,
beaucoup plus qu'à lord Palroerston, d'avoir man
qué de prévoyance et de suite dans les négocia
tions qu'il a dirigées.
Or, inettaut a part toutes les questions de poli
tique inlérieuie qui se débattent en Angleterre,
des iucideuls de plus d'un genre peuvent se pto-
duire. Suivant des correspondances de Turin, le
géuéral Pallavicino, le vainqueur de Garibaldi
Aspromonte, vient de s'embarquer Gênes avec
deux régiroeuls d'infanterie et deux bataillons de
bersaglieri qui composeront les troupes de débar
quement que le gouvernement italien vent mettre
la disposition des événements qui vont s'accom
plir Tunis. On prête Victor-Emmanuel l'inten
tion de se créer sur la côte d'Afrique un établis
sement colonial qui se relierait h celui qu'a la
France en Algérie.
Rien dans ce projet ne devrait au premier
abord éveiller la crainte des hommes politiques
mais personne ne peut dire en ce moment ce qu'il
y a de défiances et de jalousies en Angleterre, dès
qu'il s'agit de la création d'un obstacle la circula
tion libre de sa marine dans la Méditerranée.
L'Angleterre a Gibraltar et Malte; mais elle
vient de renoncer librement aux îles Ioniennes.
Va-t-elle maintenant se voir disputer par la
France ou par l'Italie le patronage qu'elle exerçait
1 anis, de coocert d'ailleurs avec la France? Nous
I ignorons; nous ne savons même si de son côté la
Fraoce, en cette circonstance, n'autorise pas le
reproche qo'on lui fait de vouloir au peu trop
empiéter sur le domaine de son voisin.
Voici maintenant un autre côté de la situation
l'empereur de Russie est en Allemagne; il est ac
compagné par le prince Gortschakoff. Soo voyage
a donc un but politique. Nul ne peut dire ce qui
sortira de ses conférences avec le roi de Prusse et
l'empereur d'Autriche; mais tout le monde a déjà
compris que la question danoise fera partie des
sujets très-graves sur lesquels rouleroot les entre
tiens.
N'oublions pas qu'aujourd'hui l'Europe est
livrée denx courants très - opposés et pour les
quels tout devient une occasion de se heurter et de
mesurer ses forces. L'oo pousse au désordre et a la
guerre; l'autre défend l'ordre et la paix pois entre
deux nous avons les vues ambitieuses et personnel
les qoi se servent tour tour des uns et des antres.
Une correspondance de Copenhague du jo juin
mande ce qui suit
D'après tputes les apparences, le Roi s'aban
donne complètement aux inspirations du parti ex
trême qui condamne toute concession et considère
toute transaction comme une trahison. Les gens
modérés qui sont rédoits au sileoce conçoivent des
craintes sérieuses pour l'avenir du pays.
Du Mexique et des Etats-Uoisnn reçoit des avis
qoi odI un point commun digne d'être signalé: A
Mexico et h New-York, jamais le luxe n'a pris
d'aussi grandes proportions. On se livre anx dé
penses les plus folles; on fait notamment des achats
de diamants si nombreux qu'on est obligé de faire
des commandes très-urgentes aux marchands de
pierres précieuses de l'Europe. Il semble d'après
cela que la goerre oe ruine pas tout le monde aux
Etats-Unis, ni qu'on ne pleure pas longtemps les
pertes que font les familles sur les champs de ba
taille de la Virginie.
A Mexico, la rapacité du gouvernement de
Joarez n'a pas empêché les familles opulentes de
faire des économies dans les temps néfastes de la
République; maintenant a l'abri du trône impérial
de Maximilien, ou va chercher l'oubli des douleur*
passées. Tout est bien, si cela dore!
ET UN REMÈDE QUI NE COUTE RIEN.
(Extrait des Annales Parlementaires.)