D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
47me \nntfo. Samedi 18 Juin 1S64. i\0 4,874.
PRIX IIË L'ABONURJIEBT.
POUR YPRES FR. 6,00 PAR AN.
HORS VILLE 7,60
ÙVOE POLITIQUE.
TACTIQUE ET LOYAUTÉ.
Il est un moyen facile, mais déloyal, de
rendre ses adversaires odieux, c'est de leur
prêter des idées, des sentiments et des
projets qu'ils n'ont pas.
C'est un procédé employé avec persis
tance et succès par les journaux, les ora
teurs et les ministres soi-disant libéraux.
Après avoir dépeint les catholiques sous
les couleurs les plus noires, ils affectent
une vertueuse indignation, se font applau
dir par leurs compères, et out du succès
auprès des badauds.
En présence des tracasseries, des vexa-
lions sans nombre auxquelles les catholi
ques sont en butte, en présence des viola
tions de la liberté de la charité, de la
liberté d'enseignement, de la liberté de la
chaire, de la liberté des cimetières, de la
liberté de la presse et de la liberté indivi
duelle; en présence de l'exclusion des
catholiques dans la répartition des emplois
et des faveurs, en présence d'un despotisme
ministériel inconnu depuis 4830, et des
violences et des calomnies incessantes
d'une presse sti pendiée qui a pu se défendre
des souvenirs de la tyrannie autrichienne
et du despotisme hollandais?
Nousélions alors dominés parl'étranger,
nous avons chassé l'étranger et nous avons
bien fait. Joseph 11 et Guillaume étaient
eux-mêmes nos oppresseurs, ils y out per
dus l'un le plus beau tleuron, l'autre la
moitié de sa Couronne. Ils l'avaient mérité.
Mais aujourd'hui ce n'est pas notre Roi
Léopold qui nous opprime, non, mille fois
non; les catholiques sont prêts verser
leur sang pour le Roi et la Dynastie. Ce
n'est pas en vertu de la Constitution qu'on
nous opprime, nous sommes opprimés au
mépris de la lettre et de l'esprit de notre
pacte fondamental.
Notre Roi et notre Constitution font
après Dieu le fondement de nos espéranees
et feront la sécurité et l'honneur de notre
avenir.
Ce n'est doue ni notre Roi, ni notre
Constitution que nous irons renverser
mais e'est un ministre hautain et snperbe,
c'est M. Frère, que nous renverserons, que
nous renverserons consiilulionnellement
mais non révolutionnairement.
C'est le ministère M. Frère qui nous
opprime, qui nous vexe, qui nous tracasse,
qui nous exclut, qui fausse notre Constitu
tion, et compromettrait la Royauté, si elle
pouvait être compromise; c'est M. Frère
qui refait aux catholiques de 1864 la
situation intolérable des catholiques de
1789 et de 1829. C'est M. Frère qui sera
renversé, et par sa chute nous sauverons
et la Constitution et la Royauté.
Oui, notre Constitution et notre Roi,
c'est ce que les catholiques belges ont de
plus cher et de plus sacré au monde, ce
sont les deux garanties de leurs libertés et
de leurs droits.
Et si M. Alph. Vandenpeerehoom a osé,
dans un intérêt oratoiie ou autre, repré
senter les catholiques belges comme son
geant renverser notre Constitution et le
Roi, M. Alph. Vandenpeerehoom nous a
calomniés.
ACCORD SURPRENANT DU
Propagateur et du Progrès
Nous lisons dans le Progrès un article
très-énergique et très-juste où se trouve
tlélrie l'inqualifiable incurie dont l'autorité
communale s'est rendue coupable eu pré
sence des désordres et des scandales publics
qui ont marqué les jours de fêle des
dentellières.
Le Progrès s'est surpassé en franchise et
en loyauté pour protester avec nous contre
cet impardonnable oubli des devoirs de
l'autorité.
Avec nous il demande si la Police est
abolie sous l'administration libérale de la
Ville d'Vpres.
Avec nous il demande si l'autorité qui
laisse ainsi se propager l'immoralité et le
désordre, qui favorise par son abstention
le gaspillage des ressources, des forces et
de l'honneur de la classe ouvrière, n'est
pas largement responsable de la démora
lisation générale.
Pour cette fois nous admirons sincère
ment le Progrès, le Moniteur de l'Hôtel-
de-Ville ne nous avait pas habitué ces
allures indépendantes; il ne nous avait pas
habitué le voir faire cause commune
avec nous en faveur des raœars et de l'hôQ-
uételé publiques. Bien au contraire.
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE.— CONSTITUTION BEÏ.CK,
L'Allemagne est en ne moment pleine de bruit
et dVmotion. Empereur, rois, son.ersins grands et
petits se dirigent, i l'heure qu'il est, *ers Kis-
singeu.
En attendant l'emperenr Napoléon écoute et
réfléchit. Il s'agit, en effet, d'un spectacle que les
tins peutent trouver grandiose, que d'autres qua
lifieront de futile. Politiquement parlant, noos le
trouvons instructif.
Comment donc, y a-t-il déj'v tin siècle qu'on
nous racontait les atrocités dont se rendaient cou
pables en Pologne des généraux russes? Et ces
généraux, comment se nommaient-ils? l'un Mou-
awieff, l'autre De Berg. El l'Empereur qui a
félicité et récompensé ces deux généraux qui ont
soulevé l'indignation de l'Euiope entière, quel
nom portait-il? Alexaudre 11!
Serait-ce le uièrue Empereur que tous les princes
de i'Alleniague vont saluer et entourer de préve
nantes courtoisies? bêlas, oui! Oh alors, il eo faut
convenir, ce n'est pas édifiant!
Quelque grand danger nous menace, disent les
priuces allemands, nous avous besoin de nous pla
cer sons la haute et puissante protection du mag
nanime empereur de tontes lesRussies.
Voilà comment on raisonne en Allemagne. De
la part d'où peuple qui, voulant dépouiller une
petite oation de deux de ses provinces vient d'af
fronter et affronte encore en ce moment la colère
de l'Angleterre, tant de faiblesse, tout cet excès de
précaution nous étonne.
E: pourquoi faut-il que l'empereur Napoléon
écoute et réfléchisse? Parce que, dit-on, c'est con
tre lui qu'on s'agite; on le croit la veille de
réaliser de liés-mauvais desseins envers l'Aile—
mague.
Au fait, l'exemple do conflit danois ne doit-il
pas être uo stimulant dangereux pour d'autres?
Quand on voit réussir comme ou l'a vu, le droit
de la force, les forts éprouveot de très grandes
tentations de s'autoriser des exemples qu'on leur
donne; il a suffi qu'une réflexion de ce genre fût
veooe quelques hommes d'Etat de l'Allemagne
pour qu'ils se disent qu'en criant bien fort contre
l'ambiiioo de l'empereur Napoléon, ils feraient
ooblier la leur. Noos ue voyons pas d'aotre ma
nière d'expliquer le bruit actuel.
Le Constitutionnel vient de publier quelques
lignes évidemment poisses la source la plus
élevée. La France fait par ces lignes une déclara
tion d abstention dans le conflit dauois. Ce qui
oons parait grave dans la manifestation dn Con*
stitutionnelc'est la prévision qui s'y tronve.
v II faut tout prévoir, dit ce journal, si la confé
rence arrive ao 36 courant, sans avoir trouvé les
bases d'oo arrangement acceptés par les deux par
ties, les hostilités recommenceront.
La France par ion abstention dans le conflit
oouveau, le Constitutionnel en est convaincu,
épargnera l'Europe une guerre générale. Noos
ne partageons pas cette conviction.
Le Morning Posl auuonce, de sou côié, la re
prise des hostilités pour le 26. Puis l'organe de
lord Palmerston ajoute:
Nous marcherons seuls dans cette question,
comme la France a marché seule en Italie, a
Il arriverait donc que l'alliance russo-allemande
qui semble faite en vue d'opposer uue digue la
France, aurait d'abord poor résultat de tenir tête
l'Angleterre.
Après avoir raconté depuis un mois que l'armée
fédérale de Grant faisait chaque jour des pertes
énotmes en Virginie, le Times reconnaît aujour
d'hui que celte armée a réparé ses perles et qu'elle
est aussi nombreuse, qu'elle a tout autant d'ardeur
que le premier jour de la campagne. Seulement le
grand journal ajoute d'un air triomphant Cette
armée est eu vue de Richniond, mais elle n'est pas
encore daos la ville, it is in sight of Richmond
but not m). Soit, la concession nous suffit; elle
prouve que depuis le 3 mai, les affaires des con
fédérés n'ont pas rnarehé comme l'a prétendu le
Times.