Les charges militaires seraient dimi
nuées ou compensées pour les familles.
En un mot notre organisation militaire
serait meilleure pour le pays et en temps
de paix et en temps de guerre.
On a parlé de révolutionnaires dans la
dernière séance tenue par la Chambre, et
cinq jours peine sont écoulés que déjà se
manifestent les tendances des révolution
naires ministériels.
Dans son numéro d'hier, le Journal de
Gand, qui reçoit les inspirations de son
ancien rédacteur en chef M. Van der
Stichelen, écrivait les lignes suivantes
C'est un appel la guerre civile que fait
le Journal de Gand, et quand on se rappelle
le rôle infâme que cette feuille a joué en
mai 1857, on doit ne pas se dissimuler
q-u'elle parle très-sérieusement. Aux catho
liques gantois prendre leurs mesures en
conséquence.
Ce n'est pas seulement la guerre civile,
mais aussi le despotisme que lè Journal de
Gond appelle au secours du doclrinarisme
Le droit du gouvernement, dit-il, c'est
d'étouffer l'insurrection de la minorité
et de se conserver; là où les voies régu-
lières ne sont plus possibles, le gouver-
nement n'a plus qu'à prendre conseil du
salut public.
Si ce n'est pas là le langage révolution
naire, qu'est-ce donc?
Le servilisme de la coterie ministérielle
inspire une feuille d'un libéralisme non
suspect, YÈcho de Liège, la vigoureuse
apostrophe que voici
Vous osez parler de votre libéralisme
progressif? Où l'avez vous jamais montré?
Est-ce dans la question des cimetières?
Est-ce dans la question de la milice, de la
réduction du budget de la guerre, l'abais
sement de la taxe postale, la suppression
de l'impôt sur le sel? N'est-ce pas plutôt en
attaquant toujours, avec des violences et
des injures, les plus courageux défenseurs
des principes libéraux? N'est-ce pas en
entrenant par une polémique haineuse les
divisions de parti? Oui, c'est là tout votre
libéralisme. Vous défendez des personnes
et non des idées. Vous êtes pleins de
dédains pour ceux qui ne sont pas de votre
coterie. Les améliorations ne vous touchent
pas, mais le pouvoir. Vous n'osez pas avoir
de convictions propres, vous allez les
demander aux ministres. Quoi que ceux ci
fassent, qu'ils se contredisent, qu'ils délais
sent leur programme, qu'ils éprouvent des
défaillances, vous louez, vous applaudissez
toujours. Votre caractère peut se qualifier
par ce mot vous servez.
Nous avons Jes passions et des con
voitises, prétendez-vous. En cela vous avez
raison. Il nous plaît de convoiter ardem
ment le progrès et les réformes. Vous, 1
vous possédez aussi une passion, mais elle
est autre, c'est celle des places.
Admettez la proposition Orts, et il n'y a
plus ni ûxité ni stabilité possible dans la
représentation nationale: le ministère,
quel qu'il soit, y aura toujours la majorité,
même en dépit du pays. Pour cela il suffît
d'une fausse statistique, d'un bout de pro
jet de loi, et le tour est fait. Qu'il y ail dans
district, où le cabinet domine, dix ou
douze secrétaires communaux complai
sants, et les représentants y pousseront
comme des champignons. Ce n'est pas
plus difficile que cela.
Il suffît au besoin que, dans un district,
quelques hommes de parti, investis du
pouvoir administratif, s'entendent pour
exploiter le système Orts, et leur gré le
nombre de représentants et de sénateurs
augmentera ou diminuera.
On le voit, ce système prête non seule
ment l'arbitraire, mais aussi la filoute
rie, et dès qu'il a vu !e jour, nous l'avons
baptisé de ce nom. Qu'il soit inauguré chez
nous, et les pouvoirs n'émaneront plus de
la nation, mais de l'audace de quelques
filoux politiques. La fabrique de faux
représentants serait en pleine activité, et
elle serait plus fructueuse pour ses direc
teurs de la fabrique de faux mandements
du faux cardinal Dubois.
C'est donc bon droit que l'opinion
catholique dans et hors la Chambre re
pousse la proposition-Orls, qui bouleverse
le gouvernement représentatif et le fausse
dans ses bases. Elle ne pouvait même
indirectement y prêter la main sans sub
stituer le dol et la fraude l'honnêteté et
la conscience publique; sans mettre nos
institutions nationales la merci d'un
doctrinarisme impudent et brutal. Elle a
fait son devoir; advienne que pourra!
(Patrie.)
L'article 49 de la Constitution est conçu
en ces termes La loi électorale fixe le
nombre des députés d'après la popula-
lion; ce nombre ne peut excéder la pro-
portion d'un député sur 40,000 habi-
tants.
Or, :M. Coomans en a fait la remarque,
la population de la Belgique, non compris
les étrangers qui n'ont pas droit être
représentés, n'est que de 4,680,000 habi
tants.
Ce chiffre divisé par 40,000, donne 117.
Et M. Orts propose de porter le chiffre
du nombre des Représentants 122 mem
bres!
Autre inconstitutionnalité de la proposi
tion du député doctrinaire de Bruxelles
L'article 51 de la Constitution statue
comme suit
Les membres de la Chambre des
représentants sont renouvelés par moitié
tous les deux ans, d'après l'ordre des séries
déterminé par la loi électorale.
Or la loi électorale du 10 avril 1855
porte son article 1"
Chaque Chambre sera renouvelée par
séries de provinces. L'une des séries
comprendra les provinces d'Anvers, de
Brabant, Flandre Occidentale, Luxem-
bourg et Naraur. L'autre série compren-
dra les provinces delà FlandreOrientale,
Hainaut, Liège et Limbourg.
Chacune de ces séries nomme donc
actuellement un nombre de 58 députés,
soit la moitié de la Chambre, et de 29
sénateurs, soit la moitié du Sénat.
Quelle serait maintenant la conséquence
de la proposition de M. Orts?
Elle accorde Anvers un représentant
de plus, Bruxelles deux, Philippeville
un, soit ensemble pour les provinces de la
première série une augmentation de quatre
députés.
Dans la seconde sérieCharleroi et
Waremme reçoivent respectivement un
représentant de plus, donc, de ce côté,
l'augmentation n'est que de deux repré
sentants.
Les deux séries déterminées par la loi
électorale pour le renouvellement de la
Chambre se trouvent ainsi inégalement
composées, l'une de soixantedeux membres,
l'autre de soixante. Donc l'article 59 de la
Constitution qui ordonne l'élection par
série comprenant la moitié de la Chambre
devient inapplicable.
La même anomalie se remarque dans la
répartition proposée par M. Orts pour
l'augmentation du Sénat. La première série
n'est augmentée que d'un sénateur (l.ou-
vain); lasecondeséries'accroit au contraire
d'un sénateur Liège et d'un sénateur
Mous. Ici encore l'équilibre déterminé par
notre loi fondamentale est rompu.
Dans son discours prononcé la Cham
bre des Représentants le 17 juin dernier
M. Bara dit La charité, l'instruction,
c'est souvent le prétexte; il y a tel cou-
vent, où pour douze pensionnaires, il y a
27 religieuses, Asscbe par exemple;
Braine le-Comte pour 27 malades, il y a
religieuses; Hooghledeon a remplacé 6
religieuses qui suffisaient, par 18
Voilà des faits incontestables, patents.
Ces faits incontestables ont déjà reçu des
démentis péremptoires.
Voici un extrait de la réponse de M. le
curé de Hooglede
a II est faux de dire que le nombre des
religieuses s'élève 18. Depuis 1854 jus
qu'au jour actuel, le chiffre a varié de 9 15.
Il est plus faux encore que six reli
gieuses pouvaient suffire au service de la
maison. Pour en convaincre même nos
plus injustes détracteurs, je n'aurai qu'à
énumérer les œuvres auxquelles se consa
crent les treize religieuses de cet odieux et
rapace couvent elles soignent un hospice
de 60 70 vieillards; elles tiennent une
école gardienne de 50 enfants et une école
dentellière de 80 filles, l'une et l'autre
gratuites elles ont, en outre, une école
lrançaise et flamande de 70 élèves, et une
école gardienne payante de 60 enfants;
I hospice est annexé un hôpital, compre
nant deux salles affectées aux indigents et
autres atteints de maladies contagieuses.
Est-ce trop de treize personnes pour toute
celte besogne! Et cependant, monsieur le
directeur, je n'ai pas nommé ce qu'il y a
de plus rude et de plus périlleux dans le
Dans tont autre pays dit-il l'émeute
commencéednns le Parlement serait certainement
l'heme qu'il est descendue dans la rue. Jusqu'à
présent la tranquillité de la rue n'est pas trou-
'blée, mais il rre faudrait pas se faire illusion
'a aller jusqu'à croire que le désordre d'en haut
a ne finira par amener le désordre d'en bas. Nous
-descendons rapidement la peule qui mène
l'anarchie.
FABRIQUE DE DÉPUTÉS DOCTRINAIRES.
LA PROPOSITION DE M. ORTS EST INCONSTI
TUTIONNELLE.