D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
4$me Année*. Mercredi 31 Août 1864. A° A.895.
l'RIX DE L'A BONN EMEUT.
POUR YPRES FR 6.00 PAR AN.
HORS VILLE 7.50
REVUE POLITIQUE.
La question italienne semble inévitable
ment destinée nous occuper de nouveau.
Les fréquents voyages en France de plu
sieurs hommes influents de Turin, la pré
sence Paris du jeune prince Humhert,
les projets matrimoniaux formés autour
de sa personne, projets auxquels les détails
qui nous sont transmis donnent un carac
tère sérieux, sont autant d'avertissements
que la Papauté reçoit et qui leclairent sur
les nouveaux assauts qu'on lui prépare.
Au camp de Châlonsse rattache l'exécu
tion d'un travail que nous devons incidem
ment mentionner, comme l'un des témoi
gnages qui déposent en faveur des progrès
que fait la construction des chemins de
fer. Un embranchement de 25 kilomètres
de longueur était construire entre le
camp et la ligne de Strasbourg. En 65
jours, l'œuvre a été entamée et complétée.
Les expropriations de terrain, les mouve
ments de terrains, les rails, tout était
faire. Au bout des 65 jours tout s'est
trouvé fait. Le chemin aura pu être inau
guré de manière ce que pour les Pari
siens la promenade du camp de Chàlons
puisse être mise l'avenir presque sur la
même ligne que Versailles ou la forêt de
S1 Germain.
Des Etats Unis, les nouvelles conservent
une tendance qui donne beaucoup d'espoir
aux amis de la paix. La réélection de M.
Lincoln, comme président de la Républi
que, périclite, parce que les partisans de
la paix veulent l'offrir en sacrifice aux
sécessionnistes du Sud.
Du Mexique, on annonce de nouveau la
soumission du général Uraga au gouver
nement impérial.
VÊeiio de Cour irai commet notre
égard une méprise tout lait singulière.
Empruntant notre numéro du 24 août
deux fragments d'un article que nous y
avons publié, il ne cite le Propagateur que
tout juste pour lui attribuer les méprisa
bles historiettes d'une autre feuille de cette
ville au sujet de l'intervention active du
clergé dans la salle du scrutin.
Comme nous tenons n'être point con
fondu avec le Progrès, nous attendons de
notre confrère de Courlrai, un mot de
rectification.
Les pays constitutionnels font en général
une grande consommation de ministres.
Sous ce rapport, la Belgique fait depuis
quelque tempsexceplion la loi commune.
Tandis que nous voyons partout les cabi
nets se transformer et disparaître selon
les vicissitudes de l'opinion, nous obser
vons chez nous le phénomène contraire;
l'opinion a beau s'agiter, se modifier,
s'insurger, le ministère reste impertur
bable; si l'opposition devient trop forte, si
la tension des ressorts constitutionnels
arrive au point de rendre le gouvernement
impossible, ce n'est pas le ministère qui est
sacrifié, c'est la Chambre. De là la fré
quence des dissolutions parlementaires;
elles sont aussi multipliées en Belgique
que le sont ailleurs les modifications mi
nistérielles. Il y a tel de nos ministres, M.
Rogier, par exemple, qui a réclamé jusqu'à
sept fois, soit pour entrer au pouvoir, soit
pour ne pas en sortir, l'emploi de ce
remède héroïque. Deux fois le roi a résisté,
cinq fois il a cédé, et c'est ces cinq
dissolutions que M. Rogier doit son long
règne ministériel.
On se demandera peut être comment il
se fait que le ministère qui dissout les
Chambres ail toujours raison. Cela tient
des causes qu'il nous paraît opportun de
rechercher, puisque enfin nous sommes
condamnés vivre sous le régime de la
dissolution en permanence.
Il faut remarquer d'abord que la disso
lution n'est pas proprement parler un
appel au pays; cet appel ne s'adresse qu'à
une catégorie de citoyens, formant peu
prèsla quarantième partie de la population
et investie par la Loi d'un véritable mono
pole électoral. Quand donc un ministère
réussit arracher celte fraction du pays
un vole favorable sa politique, rien ne
prouve que ce vole soit l'expression de la
volonté nationale. Il est très possible et
même il n'est pas rare qu'un gouvernement
condamné par l'opinion publique en ap
pelle quelques milliers de censitaires et
gagne sa cause auprès d'eux. On arrive
ainsi mettre le suffrage restreint en
contradiction avec le vœu du pays et l'on
crée une situation destructive du régime
représentatif. Tout gouvernement qui n'est
pas étranger aux secrets de la manutention
électorale ni scrupuleux sur le choix des
moyens, peut se procurer de pareilles vic
toires. Nous le déclarons franchement, la
majorité issue des dernières élections est
nos yeux une majorité factice; nous nous
inclinons devant elle parce que nous som
mes constitutionnels, mais nous ne la
regardons nullement comme l'expression
vraie, normale et complète de la volonté
du pays. Nous sommes persuadé que cette
majorité, due l'effervescence momentanée
des passions, n'existe déjà plus, et qu'on
n'en trouverait plus de traces le jour où
l'harmonie serait rétablie entre le corps
électoral et la nation.
Croit-on, par exemple, que la nation
repousserait les réformes annoncées dans
le programme de M. Dechamps et de ses
amis? La croit on assez sotte pour con
damner un système qui tend lui assurer
une part plusgrande dansle gouvernement
et alléger les charges qui pèsent sur elle?
Qui oserait soutenir que nos lois de milice
font les délices des pères de famille aux
quels on enlève leurs fils? Qui oserait
soutenir que la révision de cette législation
barbare n'est pas dans les vœux du pays?
Dira-t-on que les fortifications d'Anvers
sont populaires, alors que M. Frère lui-
même a avoué le contraire? Dira t on que
le peuple veut le maintien des droits élevés
sur la bière et le sel, ces deux objets dont
il fait une consommation journalière? Dira-
t-on que les habitants d'nne commune
n'aimeraient pas mieux d'élire eux-mêmes
leur bourgmestre, au lieu de le recevoir de
la main des ministres? Nous cherchons en
vain il n'y a pas une des réformes pro
mises par la droite qui ne soit populaire,
pasune qui ne répondes un besoin général,
un vœu de l'opinion et qui ne soit votée
par 9 citoyens sur 10.
Et pourtant ce programme est repoussé
par le corps électoral 64 députés sont
envoyés la Chambre pour empêcher
toutes les réformes et appuyer une politi
que manifestement réactionnaire et liber-
licide!
A quoi faut il attribuer un pareil résultat?
Est-ce le pays qui s'est déjugé subitement
et qui ne veut plus aujourd'hui ce qu'il
demandait hier? Non, le pays est toujours
le même; ses besoins, ses sentiments, ses
aspirations n'ont pas changé; mais le corps
électoral a cessé de les prendre pour
guides, lecorpsélecloral s'est laissé séduire
par ceux là mêmes qu'il appelé con
damner.
Les dissolutions ont précisément pour
effet d'amener de pareilles situations, en
favorisant la pression gouvernementale.
Le ministère qui dissout les Chambres est
placé vis-à-vis de ses adversaires dans une
position privilégiée; il fixe lui-même les
conditions de la bataille; il a le choix de
l'heure et du terrain; il a toutes les ressour
ces du pouvoir en main pour se faire des
amis; il a toute la publicité officielle son
service et une armée d'agents pour exécu
ter ses ordres. La lutte n'est donc pas
égale. Anssi, en Angleterre, dans ce pays
parlementaire par excellence, est-il admis
qu'un parti ne pent jamais faire deux fois
de suite la dissolution de la Chambre; les
Whigs et Ie6 Torys ont chacun lenr tour de
présider aux élections générales. Et cepen
dant, pour eux, cet avantage est bien
L£ PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGL
DISSOUDRE N'EST PAS RÉSOUDRE.