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moindre que pour nous, car en Angleterre
le cabinet n'a presque pas d'action sur les
électeurs.
La dissolution pratiquéecontinuellement
par le même ministère tend évidemment
lixer la suprématie d'un parti sur l'autre et
détruire tout l'équilibre du régime parle*
mentaire. Si, malgré les cinq dissolutions
accordées M. Rogier, l'opinion conserva
trice a encore la Chambre une minorité
de52 voix, c'est la preuveque cette opinion
est bien forte dans le pays. Le parti
doctrinaire, placé dans les mêmes condi
tions el combattu comme nous l'avons élé
depuis 15 ans coups de dissolution,
n'existerait plus qu'à l'état de minorité
microscopique.
Mais les catholiques n'ont jamais élé
partisans de la dissolution, jamais ils ne se
sont servis de cette arme dont on a tant
abusé contre eux, el en cela ils ont fait
preuve d'une grande générosité. Doivent-
ils le regretter? iNous le pensons moins que
jamais. La dissolution est un expédient
qui a rendu de grands services nos adver
saires, mais qui ne les sauvera pas toujours;
le pays finira par se lasser de ces provoca
tions incessantes; déjà la dissolution de
1804 a produit beaucoup moins d'effet que
celle de 1857; nous attendons avec confiance
la suivante, persuadés qu'elle dégoûtera
nos adversaires de ce procédé dangereux.
Les catholiques ont agi avec plus de
prévoyance et de discernement; ils ont
mieux compris l'esprit de nos institutions.
Dissoudre n'est pas résoudre ce n'est pas
un expédient qu'il faut, c'est une solution.
Celle solutionnes catholiques l'ont trouvée,
ils l'ont inscriteen téte de leur programme,
et tôt au lard elle triomphera nous avons
nommé la Réforme électorale.
La réforme électorale, ayant pour bases
l'extension du sufTrage, l'abolition des scru
tins de liste et le vote la commune, voilà
ce que nous ne devons pas nous lasser de
réclamer. Déjà ces idées ont pénétré dans
beaucoup d'esprits qui leur étaient d'abord
peu sympathiques. La réaction doctrinaire,
en combattant cette réforme, a contribué
la faire admettre par bien des personnes
qui n'en voulaient pas d'abord. C'est par
celte voie que les catholiques arriveront au
pouvoir, quand le ministère indispensable
aura vu sa majorité s'évanouir dans une
dernière dissolution.
La vérification des pouvoirs parlemen
taires a prouvé que le parti ministériel a
déployé toutes ses ressources et excité
toutes les mauvaises passsions pour main
tenir sa domination sur le pays. Les révé
lations ont été nombreuses et accablantes;
celles qu'on annonce encore ne seront pas
moins affligeantes aux yeux des amis
sincères du régime représentatif. Elles
confirment pleinement l'opinion que nous
avons souvent exprimée que nos lois élec
torales sont devenues un mensonge et un
danger public.
TJn fait d'une gravité capitale a frappé
les esprits sérieux, c'est l'influence décisive
qu'un très petit nombre de citoyens ob
scurs, une.demi douzaine peut-être, exer
cent non-seulement sur les choix dévolus
a une population de 500,000 âmes (le
district de Gand, par exemple) mais sur les
destinées du pays. Nul ne conteste qu'un
déplacement de quelques voles n'eût changé
du tout au tout la dépulation gantoise. 11
est également clair que si la cour de
Cassation avait rayé des listes électorales
les cotes irrécouvrables (question contro
versée parmi les meilleurs jurisconsultes),
tous les candidats de l'opposition passaient
d'emblée au premier tour du scrutin. Ces
accidents et plusieurs autres ont décidé de
la journée du 11 août.
Le parti doctrinaire a cent fois tort de
chanter une victoire due des causes
semblables. Nous ne craignons pas de
répéter, nous, que la défaite est bien moins
pour l'opposition que pour la cause natio
nale qu'elle défendait, la cause des libertés
constitutionnelles de 1830.
Les scrutins de liste sont devenus une
fiction intolérable, le ballotage est une
duperie, et la vénalité d'une partie consi
dérable du corps électoral exige impérieu
sement une large extension du droit de
suffrage. Telles sont les conclusions pra
tiques que nous avons tirer des dernières
comices, où, l'événement le prouve, l'in
telligence el la moralité ont fait également
défaut. (La Paix.)
Nous lisons dans le Journal de Bruxelles
Un acte de violence inouï, par l'audace
el l'impiété, a été commis hier Bruxelles,
en plein jour, sur la personne d'un véné
rable ecclésiastique. M. l'abbé Van Pelcom,
ancien curé, actuellement retraité après
une longue carrière consacrée tous les
dévouements du saint ministère, traver
sait, dans l'après-midi, vers une heure, le
passage Saint Hubert, en ce moment peu
près désert, lorsqu'un homme de la classe
ouvrière, allant droit lui, sans la moindre
hésitation, lui appliqua violemment un
soufflet en plein visage.Surpris par un acte
de brutalité aussi outrageant, mais conser
vant tout son calme el n'écoulant que la
voix de la charité sacerdotale Oh! mal
heureux! dit M. l'abbé, c'est par trop
fort! Mais je vous pardonne, car vous ne
savez pas ce que vous faites.
Insensible ce sublime exemple de
douceur évangélique a J'avais fait ser
ment, répliqua l'ouvrier, de souffleter le
premier prêtre que je rencontrerais.
Puis, avec la même assurance el le cynisme
le plus révoltant Après cela, ajouta l il,
faites-moi arrêter, si vous le voulez. Et
il s'éloigna tranquillement et d'un pas
ferme, laissant les rares témoins de cet
infâme guet-apens aussi stupéfaits de la
criminelle audace de l'agresseur que pleins
d'admiration pour la patience et la généro
sité du vertueux prêtre, qui avait répondu
par la parole du divin Maître la plus
odieuse des agressions.
M. l'abbé Van Pelcom a pardonné, et son
fanatique agresseur a échappé la justice;
mais cet audacieux attentat, commis avec
la préméditation d'une haine forcenée,
ouvrira-l-il enfin les yeux de ceux qui
cherchent encore se faire illusion sur les
dangers dont les passions irréligieuses
menacent la société.
A la faveur des dépositaires du poovoir
et avec la complicité des autorités locales,
la propagande de l'impiété prend des pro
portions effrayantes. Tout est mis en œuvre
pour exciter au mépris de la religion
feuilles quotidiennes et périodiques, écrits,
chansons, caricatures distribués en pleine
rue, pièces de théâtre, tous les moyens de
séduction sont employés pour semer dans
les masses les horribles négations et les
blasphèmes des libres penseurs, des affran
chis et des solidaires.
Toutes ces excitations ne doivent elles
pas, tôt au tard, produire leurs déplorables
effets? Les actes ne sont-ils pas la consé-
quencedes doclrinaires?Et peut on encore
s'étonner du scandale que nous venons de
signaler l'indignation publique, en pré
sence des grognements féroces qu'une foule
avide de manifestations anti-religieuses
pousse chaque soir dans des théâtres
immondes, aux applaudissements de la
presse ministérielle (Patrie.)
On a donné, il y a quelques jours, au
Théâtre Lyrique de Bruxelles, une pièce
intitulée les Jésuites. C'était une méchante
rapsodie, dans laquelle les religieux de la
Compagnie de Jésus étaient représentés
comme les monstres les plus épouvantables
et les pires scélérats qui aient jamais paru
sur la terre. Le procès De Buck est trans
porté de la cour d'assises sur la scène. Le
galérien de Toulon est dépeint comme un
type d'honnête homme; les jésuites, an
contraire, sont des êtres pervers qui, pour
mieux dépouiller leur victime, commencent
par la corrompre. Ces infamies excitaient
chaque soir les grognements féroces
de la foule, comme le disait fort élégam
ment une feuille ministérielle et anti
cléricale.
Voilà ce que l'on peut appeler d'éloquen
tes orgies. Tout l'espritdu monde,ycompris
celui Jes Débats el de l'Opinion nationale
réunis, ne peut faire qu'elles ne soient le
trait d'union des ministériels et des soli
daires belges. (Patrie.)
ACTE OFFICIEL.
Par arrêté royal du 25 août, la société
anonyme des chemins de fer de la Flandre
occidentale est déclarée concessionnaire
d'unchemin de fer de Roulers Ypres, aux
clauses et conditions de la convention
intervenue, le 14 mars 1864, entre le
ministre des travaux publics et ladite
société anonyme.
NOUV BLLE8 DIVERSES.
Ori lit dans YUnion de Charleroy sous la
date du 29: Mgr de Mérode, pro-rainistre
des armes de Sa Sainteté, Pie IX, est
attendu pour demain sa campagne de
Rixensart, près d'Ollignies.
Le cadre d'officiers de la garde impé
riale belge-mexicaine est composé comme
suit: lieutenant-colonel commandant, M.
le baron Alfred Van der Smissen; médecin
de régiment, M. Vercame; médecin de
bataillon, M. Lejeune; lieutenant-officier
payeur, faisant fonctions de capitaine
quartier-maître, M. Huysman; sous lieute
nant officier payeur, M. Vercame; major
commandant le bataillon de grenadiers, M.
Tydgat; capitaine adjudant major, M. le
baron Ernest Chazai; capitaines; MM. AU-
wies, Visart et Bocarmé, Devaux, Delannoy;
lieutenants, MM. le baron Vander Straeten
de Waillet, Wallon et Wahis.