D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
48,m' Année.
Mercredi 21 Septembre 1864.
No 4,901.
PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELLE.
PRIX DE L ABONNEMENT.
POUR YPRES FR. 6,00 PAR AN.
HORS VILLE p 7,50
REVUE POLITIQUE.
Les ennemis de l'Église auront on croiront avoir
l'occasion de se réjouir pendant quelques jours.
Un joornil de Turin notoirement inspiré par
le cabinet de Vicior-Eininanuel VOpinione
s'exprime ainsi
Nous sommes informés qne le i5 a été' signée
Patis la convention eotre le gomernenient fran
çais et le gouvernement italien concernant la cessa-
lion de l'occopalion de Rome dans le délai de a ans.
Ont signé pour la France M. Drouyn de
Lhuys; pour l'Italie M. le chevalier Pbgra, pre
mier plénipotentiaire, et M. le marquis Pepoli,
plénipotentiaire en mission extraordinaire.
Noos avons besoin de connaître les termes dans
lesquels est stipulée nette convention, pour mesu
rer le danger auquel elle expose la Papauté. La
question que chacun se pose avant tonte autre est
celle ci La ville de Rome ne peut elle ê:re pro
tégée contre l'attaque des Pie'monlais que par une
armée française?
On ne doit passe le dissimnler, nous soulevons
là une des pins graves éventualités qui puissent se
présenter pour l'Europe. La convention qu'on an
nonce l'a-t-elle été prévue? Si la France garde le
silence sur on cas de cette inijjorlance auquel tout
le monde va songer, elle le fait sciemment; il est
impossible de ne pas admettre qu'une arrière pen
sée existe.
VOpinione, en donnant la nouvelle qui précède
ajoute que les Chambres vont être immédiatement
convoquées ponr prendre conoaissaoce de la con
vention. Le décret de convocation a dû être
publié hier.
La popu'atinri de Turin a tn dans la nouvelle de
VOpinione l'indice ponrelle d'une grande calamité.
La session des Chambres La Haye vient d'être
ouveite. Le gouvernement a déclaré dans le dis
cours d'ouverture que la situatioo était satisfai
sante dans la mère-patrie et dans les colonies.
Uoe ctise ministérielle se fait pressentir eu
Bav ière.
En Pologne le système qui domine plus que ja
mais est celui qui tend russifier les provinces par
la terreur. Le retour du graud-duc Constaotiu, qui
représente le parti de la conciliation, n'est dans les
prévisions de personne.
Quand le Congrès de Matines, qu'on
accuse bien tort de stérilité, n'aurait eu
pour résultat que de réunir tous les catho
liques sur la question vitale par excellence,
celle de l'éducation publiqueil n'en au
rait pas moins rendu la société moderne
et l'ordre européen le plus signalé ser
vice. Avec la double autorité de la foi et
de la raison, de l'éloquence et du génie,
Mgr. l'évèque d'Orléans a montré d'où
dépend le véritable progrès et par quelle
voie on y arrive; il a tracé la société ses
ses devoirs et l'avenir sa route. Cela seul
justifierait pleinement au besoin la réunion
du Congrès, d'où les discussions oiseuses,
les polémiques irritantes ont été soigneu
sement écartées. Mais d'autres résultats
out été obtenus. Nous voulons aujourd'hui
signaler une heureuse et grande conquête
faite par les catholiques au profit de
l'Eglise; celle de la vraie liberté de la
presse, car telle est, sans contredit, la
haute et noble mission du comité perma
nent qui siégera Bruxelles et qui fera
parvenir toutes les feuilles religieuses les
plus sûres informations.
En présence de ce fait, que deviennent
les accusations banales et mensongères
des partis qui reprochaient l'Eglise de
vouloir éteindre les lumières, de fuir la
pensée? Loin de méconnaître ou de redou
ter la puissance de la presse, l'Église s'en
empare pour la tourner contre ses enne
mis au nom de la vérité et de la liberté!
Quoi de plus significatif et quelle meilleure
réponse faire ses détracteurs?
Combattre la mauvaise presse par la
bonne, n'est ce pas une des formes, un des
devoirs de l'Eglise militante? Le Congrès
de Malines l'a compris, et cela est un pas
immense dans la voie du progrès, où tous
les catholiques doivent marcher les pre
miers.
La proposition-Orts a rc-paru la Cham
bre. Le député de Bruxelles l'a reproduite
en acquitte conscience, mais on peut être
certain qu'elle restera encore longtemps
dans les cartons l'état de proposition,
avant d'obtenir les honneurs de la discus
sion. Cet ajournement indéfini ne doit pas
nous surprendre. La proposition-Orts
n'avait qu'un seul but prolonger l'exis
tence du ministère fibéràtre. Aujourd'hui
que les élections du li août lui ont rendu
un peu de vie, n'est il pas naturel que
personne ne songe faire usage du remède
imaginé par le député ministériel?
Nous appelons l'attention de nos lec
teurs sur l'article suivant de la Pairie:
a Depuis les élections, aucun dimanche
ou jour de fêle ne se passe sans qu'à
Bruges et Gand les libéràlres ne célè
brent leur triomphe du 11 août par des
réjouissances populaires du plus bas aloi.
Tantôt dans tel quartier, tantôt dans tel
autre, ont lieu des orgies précédées de jeux
grossiers qui dégradent et démoralisent le
peuple auquel on les offre.
Ce sont non seulement les hommes,
mais les femmes et les filles que l'on con
vie se donner en spectacle la foule;
des mâts de cocagne où, pour un misé
rable chiffon," des malheureux risquent
leur vie; des courses en sacs où des fem
mes perdent la modestie et la pudeur qui
leur conviennent tous égards; des in
gurgitations démesurées d'une bouillie nau
séabonde et au 1res écœurantes grossièretés,
voilà ce que nos libéràlres ont trouvé de
plus propre pour célébrer leur victoire;
voilà ce qui donne la mesure des senti
ments qu'ils professent pour le peuple. Ils
le dégradent au profit de leurs passions,
et cela se fait, disent les affiches, avec la
permission des autorités.
Nous n'avons pas invoquer ici les
principes de telle ou de telle opinionnon
ils sont hors de cause; mais au nom de la
dignité humaine, au nom de tous ceux qui
la sentent et la vénèrent, nous protestons
contrecesindignes spectaclesdans lesquels
on ravale la créature de Dieu au niveau
de la brute, dans lesquels on arrache la
femme, la fille ces sentiments de conve
nance cl de pudeur qui leur sont innés,
l'ouvrier ce respect de lui même qui le
soutient et l'encourage dans sa tâche la
borieuse.
Ces dégoûtants spectacles sont accom
pagnés de libations dont les tristes consé
quences s'étalent jusqu'au lendemain dans
nos rues: tantôt on ramasse des individus
qui ont trop profilé des libéralités libé
ràlres, tantôt on est témoin de rixes scan
daleuses, fort heureux lorsque l'un ou
l'autre malheureux, pris de boisson, n'est
pas retiré de la rivière, ori il aurait pu
trouver la mort.
Voilà cependant comment le parti li-
bérâtre entend instruire et moraliser le
peuple, comment il exerce sa mission gou
vernementale: des plaisirs grossiers cl
écœurants comme prémisses l'ivrognerie,
lesrixeset lesmalheurs pour conséquences.
Tel est le contiugent qu'il apporte pour sa-
faire aux nécessités sociales.
Un étranger, moins au courant des us
et coutumes libéràlres, pourrait s'étonner
de ces excès et le? attribuer quelques
extravagants que répudie et désavoue la
fraction saine et honnête du parti mais
nous qui connaissons fond ce parti, qui
l'avons suivi de près depuis de longues
années, nous ne sommes pas surpris de
ces nouveaux excès: ils ne sont que le
corollaire des désordres moraux et ma
tériels qui ont précédé et accompagné l'a
vènement du ministère de l'émeute, qui
se sont renouvelés avec une grande inten
sité lors des élections du 11 août. Ce parii
obéit aux lois de sa constitution il doit
son origine aux passions, il vit par elles,
et le jour où il s'aviserait de respecter
l'ordre, les droits et les libertés d'autrui,
il tomberait.
Toutefois, il ne faut pas qu'il se le
dissimule, il périra par les passions qu'il
a nourries, caressées et excitées. Il est
dans une situation telle, qu'il doit ou
commettre de plus grands désordres en
core, ou tomber sous les coups mêmes des
siens. De là les orgies et les dégradants
plaisirs au moyen des quels il essaie d'en-