D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
4S"K Année.
Ko 4,902.
PRIX I»E i/ABONNEMENT*
POUR YPRES
HORS VILLE
FR. 6,00 PAR AN.
7,50
REVUE POLITIQUE.
A BAS LES MASQUES
S'il est un mot qui a fait fortune, c'est
assurément celui de M6r Dupanloup au
Congrès de Malioes, alors qu'il qualifia
nos prétendus libéraux du nom moins eu
phonique de libérCures. Le mot a frappé
juste. Le dépit non déguisé de nos adver
saires le démontre.
Les catholiques belges avaient droit de
revendiquer comme leur bien, le titre de
libéraux, eux les fondateurs de la Consti
tution, eux dont toutes les traditions se
confondent avec l'histoire de nos libertés
et de nos franchises. Ce que veulent les ca
tholiques. c'est la liberté en tout et pour
tous; c'est le droit commun; la liberté
d'association; la liberté de la charité; la
liberté du culte, de la presse, de l'enseigne
ment. Aucun d'enlr'elles n'effraie les catho
liques; parce que la doctrine catholique
s'accomode de tous les régimes et qu'elle
convient toutes les époques et tous les
peuples. Aux temps actuels il faut une
extension plus large de la liberté le ca
tholicisme accepte cet état de choses et
s engage hardiment dans les voies libé
rales.
D'autres s'étaient promis de faire tour
ner au profit de leurs passions et de leurs
convoitises cet irrésistible élan des peu
ples. A l'état de minorité, eux aussi par
laient liberté, respect des droits de tous,
égalité de tous devant la loi. Mainte
nant qu'ils ont conquis le pouvoir et tous
ses abords, que sont devenus ces grands
mots, ces protestations et ces promesses?
Ils acclamaient la souveraineté du peuple;
et aujourd'hui ils ne rêvent que pouvoir
fort; pouvoir, bien entendu, dont ils se
reservent la jouissance exclusive. Ils se
disaient libres penseurs, et toute opiniou
indépendante les offense et les révolte.
Leur fanatisme politique ne supporte au
cune contradiction, et ne tolère pas que
l'on professe des idées qui ne sont pas les
leurs. Celui-là dont la foi politique ne
s'inspire que de sa conscience, celui-là est
frappé d'ostracisme et l'accès toute fonc
tion publique lui est fermé. Alors même
qu'il s'abstient de manifester ostensible
ment sa manière de voir, encore est-il re
légué dans le coin des réprouvés.
Bien loin de là, le grand parti conser
vateur, si longtemps -aux affaires, a pu,
lui, se rendre ce témoignage de n'avoir
jamais obéi un esprit de parti aussi étroit
et aussi anli Libéral, et d'avoir appelé ses
adversaires politiques les plus décidés aux
premières fonctions de l'Etat.
Les partisans du pouvoir fort ont frémi
de dépit lorsque l'illustre évêque d'Oc-
léans, le plus libéral peut-être des évêques
français, les marqua, comme d'un fer
chaud, du nom de libérûtres. Ils se disaient
libéraux
La liberté de la presse? Même système.
C'est de nos propres ressources, de nos
sacrifices personnels que nous soutenons
nos journaux. Vous jouissez en faveur des
vôtres des largesses gouvernementales, et
vous n'avez pas honte de réclamer encore,
jusques dans vos organes de la localité,
de nouveaux subsides pour tenir tête la
presse catholique et véritablement libé
rale, questimule seule la conscience de ses
droits et de ses devoirs!
Poussons plus loin. Feriez-vous valoir
comme vôtre la liberté de la charité?
Celle-là vous en faites fi! Vous la dénigrez
comme antigouvernementale; comme une
invention cléricale et monacale, une résur
rection de la main-morte. Celle-là vous la
reniez avec quelque franchise au moins.
Et la liberté des cultes? Celle qu'on nous
offrait comme une des plus belles conquê-
tès des temp6 modernes, n'est guère mieux
respectée. Déjà le cimetière est envahie,
qui n'a présent la mémoire les violations
sans cesse renouvelées de ce champ con
sacré par l'Eglise? Le cimetière est
l'église, ce qte la cour ou le jardin d'une
habitation sont au corps du logis. Celui
qui s'installe dans la cour d'un particulier
n'est pas loin de faire irruption dans la
maison même. Sans doute du cimetière on
passera dans l'église; et déjà l'on s'apprête
pénétrer dans la sacristie, par le projet
de loi sur les fabriques d'église.
Que dites-vous enfin, libéraux de mau
vais aloi, de la liberté d'association Là
où vous tenez la haute main, dans vos
clubs et vos sociétés secrètes, elle vous
sourie. Mais eu dehors de votre contrôle,
vous n'avez pas d'armes assez puissantes,
ni assez perfides pour la combattre. Qu'elle
s'exerce sous formes d'associations politi
ques, de cercles littéraires, de sociétés de
bienfaisance, voire même de simples réu
nions d'amis, elle vous effraie; vous agace
les nerfs et sous un dédain simulé suscite
toutes vos colères. Est il besoin que nous
citions des faits; que nous rappelions no
tamment ces ignobles excitations dirigées
avec une ardeur croissante contre les or
dres religieux, en haine du catholicisme?
Et pourtant ces ordres religieux, qu'ils
soient voués l'enseignement, la prière,
l'apostolat ou la charité, ne consacrent
ils pas la liberté d'association sous une
forme éminemment utile, morale et re
levée? Et telle est encore chez nos adver
saires, malgré leurs prévéntions, l'estime
involontaire qu'ils portent ces corpora
tions, que le moindre souj>çon soulevé
contre un religieux excite chez eux la
surprise et un sentiment de joie d'autant
plus vive qu'elle est inespérée.
En voilà Assez croyons-nous, pour dé
montrer qirfe ceux-là ont mérité le nom
deuiBÉRATRES, qui ayaul pris la liberté sous
leur tutelle, l'ont exploitée, reniée et tra
hie!
Dans le Consistoire tenu avant-hier,
Borne, M8' Faict a été préconisé Evêque
de Bruges. -
Nous lisons dans la Gazelle de Cologne:
Les négociations au sujet de la nomina
tion d'un évêque de l'armée prussienne ont
abouti, Borne, au résultat désiré. C'est le
Dr Pelldrom, aumônier militaire, p*élal
du Pape, qui va être chargé de ces fonc
tions et préconisé par le* Saint Père, au
prochain consistoire, titre d'évêque in
parlibus.
Les lignes que l'on vient de lire, nous
rappellent le passage remarquable suivant
de l'éloquent discours prononcé l'année
dernière par M. l'abbé Mermillod, de Ge
nève, au Congrès catholique de Malines:
Quelles sont donc, nous disait l'esti-
mable prédicateur, les préoccupations
a de Pie IX, de ce père pour tous les en-
fants de la grande famille? Je vais vous
le dire, Messieurs.
Un jour que j'avais eu le bonheur de
m'agenouiller ses pieds, je lui parlai
de ma chère cité de Genève et lui dis
entre autres choses: 0 Très-Saint Père.
0 il y a soixante ans. la loi portait peine
de mort contre tout prêtre qui célébrâ t
la messe Genève; aujourd'hui nous y
b possédons une église dédiée l'Imma-
culée Conception, et dans les pierres de
PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
Le Danemark est oublié; on ne se demande plus
si le traité de paix qui se négocie Vienne »a être
ou ne sera pas conclu. Tous ies regards se tournent
du côté de l'Italie. Cbacnn sent que soit Turin,
soit k Rome, la contention du i5 septembre peut
donner lieu de grates incidents.
Déjà la population turinoise s'est émue; un cri
de ralliement, qui pourra détenir bientôt le cri de
l'émeute, a été poussé Vite Turin capitale! disent
les habitants de cette tille, pour protester d'avance
contre nue contention qu'ils ne connaissent pas
encore, mais qui éteille une défiance instiuctite.
Le conseil communal de Turin ta sa réunir pour
aviser au parti prendre. Les approches d'une
crise se font sentir.
Deux manières d'interpréter celte contention
existent suivant les uns, elle est menaçante pour
le poutoir temporel du Pape; suivant les autres,
au contraire, cette convention offre des garanties
pour le maintien du pouvoir temporel.
H y a eu une véritable émeute a Turin dans la
soirée du 20; la troupe a dû faire usage de ses
armes; le sang a coulé.
Le consistoire dans lequel a été prononcé l'al-
IcWutioa du Pape au clergé polonais avait lieu
Rome pendant qu'ailleurs la conspiration qui,
dejrois bien des années, est organisée contre l'E
glise, croyait toucher a un grand triomphe. Ne
remarqoe-t-oa pas daos cette allocution la pins
inaltérable sérénité, une hauteur de tues qui défie
toutes les révolutions?
^'empereur de Russie a fait une visite de trois
quarts d'heure l'impératrice Eugénie Scbwal-
bach; il n'y a pas eu d'incident.
Les affaires de l'Italie ne doivent pas nous faire
perdre devne lasitnation de l'Amérique, oùpartoul
règne la division, où les États semblent n'exister
que pour la guerre.
Libéraux, vous autres Mais fa liberté
vous fait peur. La liberté d'enseignement?
Eh, vous n'avez qu'un plan, celui de l'é
touffer l'aide des deniers de l'Etat et de
la compression administrative!