Samedi esl partie l'avant garde, sous
Je commandement de M. Tydgal, frère du
major.
Dimanche, deux heures, tous les
officiers, sous officiers et soldats qui font
partie de la deuxième expédition se sont
réunis sur la Grand'Place pour y être
passés en revue. Au moment même où les
tambours battant aux champs aunoncèrent
l'arrivée du commandant Tydgal, la pluie
commença tomber, et elle continua pen
dant tout le reste de la journée. Or, la
tenue de campagne de la légion consistant
en un chapeau avec coiffe blanche, un
panlalen et un habit en drap et la blouse
blanche par-dessus l'habit, il est facile
comprendre combien cette pluie devait
contrarier des hommes obligés de réparer
pour le lendemain tous les dégâts causés
leur uniforme.
Vers quatre heures a commencé
YHôtel S1 Georges, un banquet d'officiers
d'environ cent couverts. La salle était
magnifiquement décorée; au millieu se
trouvait le buste du Roi. A la même heure,
les sous officiers se réunissaient un
dîner YHôtel du Saumon.
Depuis hier, l'affiuence de monde
Audenarde est incroyable; tous les hôtels
sont remplis, et les cafés et estaminets
regorgaient hier soir de personnes étran
gères la localité.
Les convoi de Gand et de Mons, qui
viennent d'arriver l'instant, nous ont
encore amené des centaines de personnes
pour assister au départ du détachement.
A dix heures les hommes qui doivent
faire partie de l'expédition sont arrivés sur
la Grande-Place; dix heures vingt minu
tes, ils l'ont quittée aux cris de Vive le Roi!
vive Audenarde! vivent les bourgois Ces
cris se sont répétés tout le long du chemin
jusqu'à la station. Jamais je n'ai vu pareil
enthousiasme.
Des milliers de personnes se trouvant
réunies aux abords de la station, l'embar-
quement des volontaires n'a pu se faire
que fort lentement. La musique, qui fait
partie de cette expédition, a joué pendant
tout le temps accordé aux membres de la
légion pour prendre congé de leurs pa
rents, amis et connaissances. C'étaient des
embrassades et des serrements de mains
n'en pas finir. Cependant, je ne puis pas
dire qu'il y eut sur tout cela une teinte de
tristesse bien au contraire, on a entendu
des frères, des pères et même des mères
crier Vive le Roi! vive le commandant
lydgat au moraont où le convoi se mail-
tait en mouvement.
Le détachement qui vient de partir
comprend 400 hommes. De plus, il y en a
520 déjà enrôlés précédemment au service
du Mexique.
La 5' et dernière expédition aura lieu
!e 14 décembre, quel que soit le nombre
des volontaires qu'on aura réunis d'ici là.
Tout indique que l'enthousiasme qui a
déterminé jusqu'à ce jour lanl de braves
jeunes gens ce faire incorporer dans la
garde d'honneur de l'impératrice du
Mexique, fille de notre Roi bien aimé, ne
se refroidira pas.
On écrit de Dinant l'Ami de COrdre:
Depuis quelque temps des bandes nom
breuses de sangliers parcourent le pays.
Dimanche une battue a eu lieu dans le
domaine de M. le comte de Liedekerke-
Reaufort. Plusieurs de ces aniraanx ont
été mis sur pieds. Grâce l'habileté des
jeunes chasseurs de Noisy, un a été blessé
et un autre est tombé sous leurs coups.
Un chasseur vient d'être attaqué dans
les moats de Tolède par un aigle avec une
telle violence que l'on craint pour la vie
de ce malheureux.
On écrit de Berne que le docteur
Hermann Demrae s'est pourvu devant la
cour de cassation contre le jugement qui
le condamne payer la moitié des frais du
procès. M. Kraener qui avait envoyé la
dernière heure une dépêche de Breslau,
annonçant qu'il avait vu M. Trumpy ache
ter de la strychnine Constanlinople, est
arrivé Berne quand le jugement était
déjà rendu. Nous apprenons que le tribu
nal l'a admis prêter serment et déposer
de ce fait. C'est sans doute la suite de
cette déposition que M. le docteur Her
mann Demme s'est décidé se pourvoir
en cassation.
On sait que le prince de Noer, oncle
du prince Frédéric d'Augustenbourg, vient
d'épouser une Américaine, miss Lee; ce
mariage a forcé le prince de Noer re
noncer aux droits de membre d'une mai
son souveraine, sa femme ayant refusé de
se marier inorganaliquement. Sur la de
mande du prince, l'empereur d'Autriche
lui a conféré le litre de princesse et les
enfants qui naîtront de son mariage por
teront le titre de comtes de Noer. Le
prince ne pourra plus porter dorénavant
le litre d'Altesse; ses droits agnaliques
passent l'unique fils de son premier
mariage.
Depuis le 22 octobre, la Néva charrie
de forts glaçons. Les ponts du Palais, de
Troïtzky et de la Lileïnaïa ont immédiate
ment été démontés. Sur ces points la
communication entre les deux rives été
établie par les petits batteaux vapeur et
par les canots.
Depuis l'année 1706 jusqu'en 1863, la
Néva a été prise par la glace 25 fois en
october, 121 fois en novembre, et 13 fois
seulement dans le courant de décembre.
Elle est prise en ce moment.
La mer, aux abords de Gronstadt, com
mençait déjà charrier de légerds glaçons
la date du 20 octobre.
Dans la rade du millieu, l'eau s'était
même déjà couverte d'une couche de glace
fragile.
Enfin, d'après des information particu
lières, les eaux de la Néva sont gelées
15 versles de Schlusselbourg.
Dans la nuit du 2 ou 3 octobre, vers
deux heures du matin, un tremblement de
terre s'est fait sentir de Mexico la Vera-
Cruz; trois secousses, de 8 10 secondes
chacune, se sont produites de l'ouest
l'est. Les conséquences en ont été peu
près insignifiantes Mexico. A Puebla le
mouvement s'est plus rudement accusé
Deux couvents, la cathédrale et plusieurs
maisons ont éprouvé des dégâts considé
rables. Sept personnes ont péri et vingt
ont été blessés. A Téhuacan, la secousse a
été très forte Cordova, un clocher s'est
écroulé enfin, la Vera Cruz, le mouve
ment s'est fait sentir, mais n'a produit
aucun dommage sérieux.
En apprenuant ces désastres, l'impéra
trice Charlotte a sur le champ fait donner,
par télégraphe, l'ordre aux autorités de
secourir les familles atteintes.
Voyage et embarquement du second détachement
de la légion belge-mexicaine.
Sainl-Naiaire, 16 novembre.
Le voyage du second de'tachement de la légion
belge-mexicaine a été, comme celui do premier
détachement, uoe suite de démonstrations sympa
thiques qui se sont prolongées sur tout le parcours,
depuis Audenarde jusqu'à Saint-Nazaire. A toutes
les stations, la population et la garnison sont ac-
courues pour adresser les derniers adieux dos
courageux compatriotes qui abandonnent leur pa
trie et leur fami'le pour se dévouer, dans un pays
lointain, au service de la fille bien aimée de notre
Roi. Le détacheraeot est arrivé ce matin, vers 10
heures, 'a Saint-Nnzaire.
Aussitôt les hommes formèrent leurs rangs au
signal du clairon. MM. les officiers se réunirent au
ceutre et allèrent rendre leurs hommages an général
Euchêne, qui, dans sa retraite, a repris, avec un
zèle et un dévouement sans bornes, la vie active
pour diriger une opération militaire qui a toutes
les sympathies.
Le premier détachement a fait un tel effet sur
la population bretoone que deux jeunes gens, de
Nantes de bonne famille attendaient le second
pour s'enrôler. Le général Euchène après s'être
enquis de leur moralité et de leur position, les a
fait ioscrire sur les contrôles du régiment. Ils se
ront équipés pendant ia traversée.
A Saint-Nazaire, le détachement était attendu
également par un officier d'état-major, deux offi
ciers et quatre sous-officiers de cavalerie do corps
expéditionnaire autricbieu que commande le gé
néral comteTbun; Messieurs lesofficiers autrichiens
ont été présentés, dans toutes les règles, aux offi
ciers belgesqui seront leurs compagnons pendant la
traversée, et avec lesquels ils veulent nouer des
liens étroits de confraternité militaire. L'entrevue,
comme elle devait l'être, a été des plus cordiales.
Le major et les deux officiers qui l'accompagoent
s'expriment en excellents français. Il n'est pas
d'attention et de marques de politesse dont ils
n'aient comblé les nôtres.
L'appel terminé, la troupe se mit en mouvement
et se rendit au quai devaut la Floride. Là, pendant
que la musiqoe jouait des morceaux d'harmonie,
comme uoe parade, l'embarquement commença
homme par homme. Chacun franchit d'un pied
leste et avec résolution ledernier pas qui l'éloignait
de la terre ferme. Les Belges se foDt vite tous les
iucidenls de la vie militaire. Les corvées qui sont
nombreuses, puisque les magasins d'habillement,
d armes et de munitions, sont embarqués avec le
second détachement, se font avec autant de régu
larité et de calme Saint-Nazaire, que dans la
garnison d Audenarde. L'embarquement était ter
mine trois heures.
Le premier soin du commandant do navire a été
de veiller l'installation de ses passagers. Les offi
ciers ont été places dans des cabines contenant dix
cadres superposés, le commandant a reçu one ca
bine spéciale, les quatre caotioières one autre
cabine et les sous-officiers et soldats placés dans
I entre-pont où ils couchent sur des lits de camp
munis d une couverture. L'eocombreraent du na
vire qoi transporte avec l'équipage plus de mille
hommes, ne permet de loger le détachement tout
entier la fois dans l'entre-pont. Les deux com
pagnies de grenadiers et les deux compagnies de
voltigeurs, feront, tour de rôle, le quart avec
I équipage, sous la surveillance des officiers de
semaine. Le commandant du navire a témoigné les
plus grands égards ces soldats qui supportent
avec tant de courage et de gaieté les fatigues de
la vie militaite. Les soldats de quart ont été tous
installés confortablement quelques-uns même
dans des cabines de première classe.
La nourriture bord est aussi abondante que
choisie. MM. les officiers ont une table exquise, les
sous officiers sont servis part et d'une façon très
convenable; les soldats réunis par plats de dix
hommes, ont trois repas par jour; le matin du
café, do sucre, do biscuit e! une ration de rhum
midi et au soir, de la soope aox légumes, de la
viande (fraîche trois fois par semaine), des légumes
assaisonnés part, do biscuit et un quart de litre
de vin. Si remplacement le permet ils seront réu
nis pandant la traversée pour des théories sur
l'hygiène et les devoirs de la vie de soldat.
M. le général Euchène, qui a voulu s'assurer en
personne si toutes les conditions do contrat avec
la compagnie étaient scrupuleusement remplies, a
pris congé du détachement en loi adressant de
nobles encouragements et d'affables paroles. Il a
été salué au départ par des cris enthousiastes et
sincères de vive le Roi vive la Belgique vive le
général
La Floride lèvera l'aocre vers quatre heures.