D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMEHT.
4Sme Année
Mercredi 30 Novembre 1864.
No 4,921.
PRIX DE I/ABO^IHE5IEÎIT»
POUR YPRES FR. 6,00 PAR AN.
HORS VILLE 7,50
REVEE POLITIQUE.
On ne pourra jamais pénétrer avec cer
titude dans la pensée secret? qui a dicté la
convention du 15 septembre; mais si l'on
s'en lient aux apparences, il faut dire
qu'elle avait pour but, non de satisfaire
les Italiens, mais de donner l'Europe des
gages de paix qu'elle n'a pas, ces gages de
paix qui manquent sa prospérité.
La convention est maintenant définiti
vement adoptée on peut la ranger dans
la catégorie des faits accomplis; l'Europe
se sent-elle plus rassurée? Est-elle plus
garantie qu'auparavant contre les chances
de bouleversement qu'elle redoute? Par
lons avec sincérité, nous sommes assiégés
des mêmes dangers et des mêmes inquié
tudes. Tous les hommes d'expérience re
connaissent qu'aucun des symptômes qui
révèlent l'existence dans les esprits d'un
mal profond n'a disparu. L'œuvre de paci-
ffcation attendue n'est pas même com
mencé.
Avant-hier, le télégraphe a apporté du
fond de la Russie une nouvelle entourée
du langage solennel qui convient son
importance l'empereur Alexandre, a dit
le télégraphe, se déclare prêt unir sa
cause celle de François-Joseph, si l'on
veut enlever la Vénétie l'Autriche. Et
quelle est la source de celte nouvelle? La
Gazette de Moscou! Si l'empereur de Russie
avait jugé utile de faire connaître ses in-
FEEILLETOI DE PROPAGATEER.
ÛV1 iAQU E
tentions l'Autrichece n'est pas par la
Gazette de Moscou qu'il aurait cru devoir les
faire passer, et il n'eut pas attendu jusqu'au
mois de novembre 1864 pour les exprimer.
Comme la question romaine la question
vénitienne est pendante depuis plusieurs
années. Pendant l'été dernier, l'empereur
de Russie est venu en Allemagne; il a eu
avec l'empereur d'Autriche une entrevue,
dont la stérilité a été avouée et jamais
démentie. Tous ces faits sont connus; au
cun n'est oublié. Et cependant, que de
gens en lisant la dépêche télégraphique,
se sont dit Voilà une nouvelle impor
tante! Les Italiens, quand ils voudront
mettre la main sur Venise, trouveront
qui parler.
Cette pensée d'avant hier ne résiste pas
l'examen d'aujourd'hui. Le prince Gort-
schakofî ne confie pas ses desseins aux
journaux; les hommes d'Etat comme le
prince Gortschakoff pensent souvent aux
journaux pour égarer le public, jamais
pour l'éclairer.
Nous venons de parler d'une dépêche
de Moscou; il en est une de S'-Pélershourg,
venu par Breslau sur laquelle il faut ap
peler également l'attention.
M. de Berg a reçu pour instruction de
faire signer par les Polonais une adresse
demandant l'incorporation pure et simple
du royaume l'empire russe. Celte idée a
pu entrer en effet dans la pensée d'un
Russe; et cependant nous ne l'accueillons
pas sans défiance. A quoi bon cette comé
die? Est ce que la Russie a besoin de de
mander aux Polonais l'autorisation de
faire ce que bon lui semble en Pologne?
Pour aujourd'hui, le document d'un in-
térêt réel et saisissant est le projet d'adres
se de la Chambre des députés de l'Autriche.
On ne doit pas hésiter reconnaître que
ce projet d'adresse, œuvre d'une majorité
qui veut le maintien et l'affermissement
du régime actuel, est pensé, puis écrit avec
une certaine vigueur. Les conseils sont
présentés avec résolution. L'opposition
eut-elle été seule pour composer ce docu
ment, n'aurait pas été beaucoup plus
franche, beaucoup plus énergique pour
mettre nu les plaies de l'Empire sans
en excepter une seule. La discussion qui
va s'ouvrir ne peut manquer de donner
lieu des incidents
Nous appelons l'attention sur la dépè
che qui annonce la suppression en Russie
et en Pologne de la plupart des couvents
catholiques. Les biens de ces couvents
sont confisqués.
On lit dans le Monde
Il est question dans les Loges maçonni
ques de supprimer la formule relative
Y existence de Dieu et l'immortalité de
Came. Jusqu'ici la Maçonnerie affichait le
déisme cette doctrine, qui n'a du reste
rien de gênant, suffisait masquer les
batteries de la secte contre l'Eglise catho
lique. Maintenant les déistes eux-mêmes
sont suspects d'être arriérés. On sait que
c'est en 1793 que le maçon Robespierre
fil décréter par la Convention l'existence
de Dieu et l'immortalité de l'àme. Une
autre Convention bornera l'existence de
Dieu soixante-dix ans et supprimera
notre immortalité. L'Assemblée des ma
çons s'appelle le Couvent. C'est de là que
les membres de l'assemblée révolutionnai-
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELGE.
rss ±csst:ITS
29 NOVEMBRE tôOô.
Les ratages de la guerre de'solaient le comté de
Flaodre *ers la fio du treizième siècle. Philippe-le-
bel, roi de France, constamment en disseotion a»ec
les Anglais, voyait contre-cœur que Guy de
Darapierre leur était favorable et qu'il avait fiancé
sa fille Philippine an prince de Galles c'en était
assez pour faire prendre au prince français la
détermination de lancer sor les Flandres des forces
redoutables. La ville de Lille fut assiégée et vaine
ment secourue par le comte; battu par Robert
d Artois dans les environs de Fornes, il mit ses
autres villes en éiat de défense et en confia la
garde ses enfants. Il se réserva de veiller sor
Vpres, il quitta bientôt cette cité, qui, selon nos
annales, sabit le sort des cités voisines la plupart
de ses maisons, de ses églises et de ses établissements
forent pillés, quelques habitao's furent toés, par
les Fraoçais, qui laissèrent partout des marques
déplorables de leur hostilité.
Daus ces circonstances difficiles, Guy de Dam-
pierre n'avait qne l'alternative de quitter son comté
ou de se rendre au comte de Valois il prit ce
dernier parti et reçut le conseil de s'adresser au
Roi pour conclure a«ec Ini nne paix solide qui
assurât le bien-être des Flamands. Notre cnrate,
qui ne concevait aucun soupçon fut trompé dans
son attente. Philippe - le bel refusa de négocier
avec lui, réunit le comté de Flandre son royau
me a cause de la prétendue infidélité de Guy de
Daropierre, et le fit emprisonner avec ses deux
fils, Robert et Guillaume, et les principaux nobles
qui l'avaient suivi. Parmi ceux-ci on comptait les
Yprois Fan Steenhuyse, kVouter van Nevele,
Ryiaert Standaert, Diederyck Devos, Jan van
Folmerbete, Gérard de Moor et Andries Belle.
L'insurrection divin! générale en Flandre au
sujet des contributions excessives que le gouver
neur Jacques de Cbàlilloo avait levées pendant la
détention du comte. Pour maintenir son autorité
arbitraire, il avait fait construire, aux frais des
Brogeois, des châteaux forts Lille, Coortrai,
Cassel et Bruges. Sa cruauté força grand nombre
de marchands quitter le pays; les Flamands
gémissaient sons le joug de ses inhumaines extor
sions, et le moindre murmure coûtait la vie ceux
qui ne voulaient point fléchir devant ses violences.
C'est en vain que l'on adressait au Roi des plaintes
et des représentations fondées; plusieurs villes de
Flaodtes secouèrent l'obéissance qu'elles loi de
vaient eo qualité de suzerain. Le. Brugeois, dont les
privilèges avaient été anéantis par le gouverneur,
arborèrent les premiers le drapeau de la révolte, et
assassinèrent non seulement plusieurs de ses affide's
mais encore quelques magistrats qui semblaient
tenir son parti la vie du gouverneur lui-même
fut en danger, néanmoins il parvint se rendre
auprès de Philippe-ie- bel auquel il fit résoudre la
ruine des Flamands et le sac de Bruges.
Les Gantois, irrités de ce que le gouverneur eût
renouvelé quelques impôts supprimés par le Roi
s'armèrent, et tuèrent ou chassèrent leurs ma
gistrats.
Les Brugeois, auxquels s'étaient joints ceux du
Franc, pour mettre un terme aux excès du gouver-
neor, avaient déjà envoyé des dépotés vers Jean,
comte da Naœur, et Guy, son frère, enfants de
Guy de Dsuipierre, afin qu'ils vinssent 1 tur aide