FRANCE.
d'Alost et occupées par une trentaine de
bêles cornes; il a été constaté qu'une
partie de ce bétail avait été récemment
introduite de la Hollande; une bête avait
déjà succombé, trois ou quatre autres
montraient plus ou moins de symptômes
prononcés qui caractérisent le fléau; sur le
rapport et les conclusions de M. V. De
Moor, qui est un de nos médecins vétéri
naires les plus expérimentés, le gouverne
ment ordonna immédiatement l'abatage,
ses frais, de ces trente bêtes tant malades
que saines; elles furent enfouies sur les
lieux une assez grande profondeur; on
enterra aussi les habits de rabatteur et
l'usage de ces trois prairies est défendu
jusqu'à nouvel ordre.
Grâce ces moyens énergiques, depuis
lors on n'a plus eu constater, dans nos
contrées un nouveau symptôme de cette
terrible maladie.
Les vendanges sont commencées
Liège; les vignerons sont plus que satis
faits. Aussi, depuis bien longtemps on n'a
vu pareille abondance de raisins. Celle
année pourra compter comme une des
meilleurestant sous le rapport de la
qualité que de la quantité aussi les vieux
gourmets se réjouissent ils de déguster le
vin nouveau.
Il y a Gênes une Assoziazone fem-
minile, une société fondée pour l'émanci
pation de la femme, pour l'élévation de la
femme la hauteur des temps, etc.
L'Assoziazione se compose des bas bleus
de la ville, et là on ne lardera pas voir
un journal.
La présidente. M"* Eléonore Burelli,
ayant adressé Mazzini une longue lettre
dans laquelle elle lui offre le titre de mem
bre honoraire de la Société, a reçu du
prophète de l'Idée la réponse suivante
L'inégalité, dont vous vous plaignez,
de la condition de l'homme et de la condi
tion de la femme, son origine dans le
dogme qui affirme que la femme a été
créée après l'homme et tirée de lui. Vous
n'arriverez votre but qu'en vous délivrant
de ce dogme et de celui qui le représente.
Le New-York Times parle d'une secte
religieuse connue sous le nom de sauteurs.
Il paraît que ces braves gens se réunissent
tous les dimanches pour danser et battre
des mains en s'accomuagnant en chœur
de chants affreusement monotones. On
prétend qu'ils se sont séparés des puritains
pour se constituer en Amérique sous la
présidente d'une certaine Anne Lee, déjà
vers la fin du dix huitième siècle. Leur
manière de vivre est assez étrange les
hommes vivent séparés des femmes, quoi
qu'il leur soit permis de danser ensemble
le dimanche; ils ont tous fait vœu de céli
bat, et sont les seuls en Amérique qui
mettent le communisme en pratique de
puis un assez grand nombre d'années.
Ce sont de vigoureux travailleurs dont
les greniers sont toujours pleins. Leurs
demeures sont simples et propres, leur
bétail est toujours resplendissant de santé
et leurs champs sont cultivés avec le plus
grand art. Il paraît que les hommes sont
aussi gras que leurs bêtes; mais que les
femmes sont inaigres, chélives et très
bonnes danseuses.
Ces sectaires ont un costume qui rappel
le celui des anciens puritains anglais.
On lit dans le Courrier des États-Unis,
du 29 août L'événement du jour est
l'arrestation d'Edward lî. Kelchumle
hardi financier dont la banqueroute sou
daine a produit une impression si profonde
et dont le nom a été daus toutes les bouches
depuis quinze jours. Jusqu'ici il avait
échappé aux recherches de la police. On
a appris cette nouvelle samedi matin dans
Wall streel, et elle a été l'objet de toutes
les conservations dans la journée.
Kelchum n'a pas un seul instant perdu
contenance, et son arrestation n'a paru ni
le surprendre, ni l'accabler outre mesure.
Il a admis volontiers qu'ayant tenté un
coup de fortune qui, réussissant, l'aurait
élévé une hauteur sans pareille, il était
préparé, ayant échoué, subir les consé
quences du coup de dé qu'il avait joué. A
un moment donné, il avait possédé jusqu'à
six millions de dollars, ne devant rien
personne, mais la baisse de la prime sur
l'or avait fait tourner la roue et amené sa
déconfiture. Son passif aujourd'hui, com
me il l'appelle, peut s'élever quelque
chose comme quatre millions de dollars.
Peu de temps après son arrivée la
police, kelchum a reçu la visite de son
père, de sa femme et de plusieurs de ces
amis. L'entrevue avec son père a été des
plus louchantes, et celui-ci s'est écrié en
le serrant sur son cœur Mon fils! mon
fils! lu m'as ruiné, mais je te pardonne.
il a refusé de recevoir les rapporteurs de
la presse, et a exprimé le désir d'être laissé
seul, sauf pour les personnes de son inti
mité. Ketchuin n'est âgé que de vingt cinq
ans. b
Paris, 12 septembre.
I.a France vient de perdre l'on de ses pins nobles
enfants, ta pins pure et la pins grande de ses illus
trations militaires. Le général de Lamoricière a
succombé daus la nuit du dimanche au lundi, en
sod château de Prouzel près d'Amiens, aux attein
tes d'un accès de goutte. Il n'avait que 5g ans.
Le général souffrait cruellement de rhumatismes,
mais rien oe faisait penser qu'une catastrophe fût
aussi imminente. Vers une heure du ruaiio, se seo-
tant suffoqué, il sonna son domestique et articula
difficileuieut quelques mots pour lui dire d'aller
chercher le curé de Prouzel. A l'arrivée de ce
dernier, le général respirait peine, mats il avait
encore l'énergie de se tenir debout il embrassa
avec ferveur le crucifix que lui présentait le véné
rable ecclésiastique puis il expira aussitôt daus les
bras de ce dernier.
Je sais de source certaine qu'il a fallu au géné
ral une grande résolution pour résister aux séduc
tions que l'on dépluya afin de l'ameuer rentrer
dans les cadres de l'armée active. Même eo t855,
alors qu'il était encore daos l'exille généralsur
un seul mol de soumission aurait été réintégré
daus son grade pourvu d'un commandement eu
Crimée, et le bâtou de maréchal,octroyéb plusieurs
de ses auciens lieutenants, deveoait infailliblement
la récompense de ses nouveaux faits d'armes.
An mois de mars i85t), lorsqu'on organisait
l'armée des Alpes, qui devint l'armée d'Italie, le
bruit courut dans Paris que le général allait être
appelé au eomniaudemenl d'un corps d'armée. Des
démarches furent faites auprès de M. de Lamori
cière, mais la glorieuse résolution qu'il prit l'aonée
suivauteexpiiquepourquoielles n'aboutirent point.
L'empereur Napoléon III portail uue estime par
ticulière au général de Lamoricière. Différents
officiers qui avaieot servi aux zouaves, sous les
ordres de ce dernier, et qui oot approché Napo
léon III, m'ont tous affirmé que l'Empereur, ayant
appris qu'ils connaissaient le général, les avait
longuement entretenus de sa personne et de ses
faits d'atmes.
Chose étonnante, et qui fait bien l'éloge de ce
grand homme, tous les journaux, sans distinction
d'opinion, sont unanimes b louer, en même temps
que ses admirables qualités militaires, la droitute
de ses sentiroeots et l'honnêteté de ses convictions.
Combien d'hommes aujourd'hui mériteraient cette
oraison funèbre? La postérité a déjà prononcé son
jugement sur Lamoricière; elle dira qu'il était un
de ces hommes dont la mort est un deoil public.
Voici quelques détails biographiques sur le
général de Lamoricière que la mort vient d'eole,(r
si subitement
Christophe Léon Louis-Juchault de Lamoriciè,,
étai: originaire de Bretagne; il oaqnil S Nnotej |t -
février 1806. Élève de l'école polytechnique
officier du génie, il fut envoyé eo Af'iqrie |or,
l'expédition d'Alger mais bientôt il abandonna
génie pour entrer dans les zouaves b la furm»|j0|1
de ces nouvelles troupes; son intelligence et ,0„
audace le firent remarquer parmi les plus braves-
en i853, il était directeur du premier bureau ir^
et chef de bataillon de zouaves; eo 1837, il éi,;t
colonel de ce régiment.
Rappeler la prise de Coostantine, c'est mettre m
relief les vertus guerrières du brillant ofln ier
dans cette circonstance, fut blessé par l'explostcc
d'une mine. Trois sds après, il se distinguait de
nouveau an col de la Mozaïa, et recevait le grade
de maréchal de camp; eo 1843il était promu
lieutenant général. Lamoricière fit i8campsg0(s
en Afrique; il secondaavecéclat legénéra!Bugeigd
la mémorable bataille d'Isly et termina glorieu-
sement sa carrière algérieone eo organisant la cj.
lèbre expédition de la Smala qui amena la reddi.
lion d'Abd el Kader. On se rappelle que c'est
eoire ses mains que l'émir voulut se coostitner
prisonnier.
Ce fut cette époqne qne le général de Liœo-
ricière, de retour en France, s'allia l'une des
familles les plus honorables de la Picardie, et
épousant M11' d'Aubeville digne de devenir la
compagne d'uu tel homme.
Citoyen intrépide en 1848 et 184g, comme tl
avait été vaillaot soldat, M. de Lamoricière .int,ao
milieu de l'émeute, et dans nos assemblées délibé
rantes, l'attitude qui convient b un bomniri égale
ment jaloux de seuvegarder l'ordre et la liberté.
L'Europe entière tait comment le général de
Lamoricière occupa les loisirs que lui avaient failj
les événements politiques de notre pays, et avec
quelle abnégation il offrit au chef de l'Église ci-
tboliqne son épée, son expérience militaire et m
renommée. Les catholiques n'oublieront pas Cas-
telfidardo et Aocône. Le généra! de Lamoricière
supporta avec uoe modestie vraiment chrétienoe
I injure du tort attendant pour la cause du Saial-
Siége des jours plus heureux qu'il ne lui aura pas
été donné de voir. Le cœur de Pie IX sera cruel
lement éprouvé par la mort inatteudoe dont il
nouvelle a dû déjb parvenir Rome.
Le général eo chef de Castelfidardo, le ministre
de la guerre de la République française el le com
mandant des gardes nationales de la Seine, impro
visé le a4 février i848, étaient le même homme,
toujours prêt b tirer l'épée pour la défense de ce
qu il croyait juste, toujours prêt b sacrifier sa fie
pour la cause qu il avait embrassée.
Daus une circonstance politique et militaire b l«
lois, on discutait b qui du général Cavaignac ou de
général de Lamoricière ou devait confier l'excco-
tion du projet
Cavaignac partira trop tard et Lamoricière
partira trop toi, dit quelqu'un qui les connsii-
sait bien tous les deux.
Le général de Lamoricière est toujours par»
trop toi, il n'a jamais su ménager les intérêts de»
carrière; il a toujours obéi b son eoenrelks»
convictions. Grave faute aux yeux des bomm»
qui subordonnent tout b leur ambition, mais qu'
restera I impérissable honneur de l'homme iIlostre
qne la France et l'univers catholique pleureol en
ce moment.
Dimaocbe dernier, b la fête de Saint Clood.
pendant la retraite aux flambeaux une dame q*
donnait le bras b son mari, je sentit soudaioe®cB!
enlevée par la foule. Elle pousse un cri et se re
tourne vivement, croyant qu'au moins son n>«fl
était encore derrière elle, mais elle reste saisie de
crainte en s'apercevant qu'elle est toute seule 1®
milieu de la cobue.
La personne que vous cherchez, madame, et'
b quelques pas devant vous, lui dit 00 motisieT
qui se trouvait aoptès d'elle. Je la vois qui
fait signe.
Où doue, monsieur? demanda la dame *'ft"
meut. Je oe vois rieo.
Lb..,, Ib! fit le monsieur en désig»*"'