D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
49,ne Année.
No 5,019.
PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELGE.
REVUE POLITIQUE.
Une insurrection de noirs la Jamaïque
a été annoncée par le télégraphe, il y a peu
de jours. Les journaux de Londres parais
sent y attacher de l'importance, nous de
vons accepter leur manière de voir.
D'Italie, la vérité nous arrive peu peu.
Ce n'est pas notre jugement que nous
voulons qu'on accepte; c'est celui d'un
correspondant notoirement dévoué la
cause de Victor-Emmanuelet qui n'a
jamais voulu douter de son succès, il parle
en ces termes
Le nombre des députés élus est d'en
viron 400 cause des doubles élections
qui sont assez nombreuses. Sur ce nom
bre 135 appartiennent l'opposition de
gauche, 15 l'opposition de droite, 250 au
parti gouvernemental; malheureusement
le parti modéré n'est pas uni. La fraction
qu'on appelle la consorieria et celle qu'on
désigne sous le nom de tiers parti sont sé
parées par des antipathies personnelles
qui ne sont pas près définir.
C'est dans la correspondance de Floren
ce du Journal des Débats que se lisent les
lignes qui précédent. Peut on dire plus
clairement que la situation de l'Italie est
en grand péril?
On avait prématurément annoncé de
Paris le départ de M. de Bismark. Ce mi
nistre a dîné dimanche au ministère des
affaires étrangères; quoiqu'il reste dans la
capitale de la France plus longtemps qu'il
n'avait cru devoir le faire, il n'a pas lieu
d'être trop satisfait de ce qu'il entend dire
autour de lui. M. de Bismark trouve que la
presse napoléonienne est envers la Prusse
et envers lui d'une sévérité qui dépasse
toutes les bornes. La naïveté de cet hom
me d'Étatquoique très-sérieuse, frise le
comique. Dans l'affaire du meurtre de
Bonn, il pense que le devoir de la presse
officieuse française est d'attendre, mais de
se taire. Et dans l'affaire des duchés, il
faut encore se taire jusqu'à ce que l'anne
xion soit consommée. Voyez-vous ce rôle
niais que M. de Bismark prétend imposer
des journaux qui représentent un peuple
susceptible et impressionnable?
L'opinion dominante, dans les cercles
bien informés de Paris, est que M. Drouyn
de Lhuys et M. de Bismark se serreront la
main en se séparant, mais que la sépara
tion entre les deux gouvernements est dé
finitive, parce que M. de Bismark est bien
résolu ne pas faire le sacrifice de ses
projets d'annexion.
La lutte continue dans les régions mi
nistérielles entre ceux qui veulent les
économies et ceux qui n'en veulent pas.
On est pour ou contre M Fould. Si M.
Fould gagne cette bataille, d'où dépend la
position de plusieurs milliers d'employés,
"ous le comparerons un grand capitaine.
11 a déjà trouvé, dit-on, le moyen d'intro
duire 75 mille fr. d'économie dans son
ministère et l'on applaudit ce magnifique
résultat. Soixante quinze mille francs,
Quand le budget est de deux milliards, cela
promet
Un meeting a en lien a Bruxelles vendredi soir;
les membres de l'association do Peuple, les mem
bres de l'association des Solidaires, les rédacteurs
de la Liberté composaient l'auditoire c'est le
journal la Rive Gauche qui nous l'apprend;
nous devons cette feuille, ainsi qu'on va le voir,
de précieuses révélations:
Le citoyen Bris ru ée i I n'y avait daos cette rén-
oion que des citoyens) s'est exprimé ainsi
u On nous prêche la tolérance; pas de tolérance!
Quand on nous attrappe, on nous lue. Le jour où
nous serons les maîtres, il faut que nous usioos de
notre force pour fonder la République.
De tout temps, nous avons eu des lâches, des
traitres parmi nous; qu'ils le sachent bieo, nous les
briserons. S'il est besoin de la guillotine, nous ne
reculerons pas.
Citoyens, c'est a cette condition seulement,
que nous ne verroos plus des gredins crier aujour
d'hui Vive la République, demain la trahir,
l'étouffer, l'assassiner.
Sachons bien ce que nous voulons on parlait
tout a l'heore de la bourgeoisie de 1848, qui a
affamé le people en lui refusant do travail, en
fermant ses ateliers. Allons donc! Comme si la
propriété inutile pouvait exister; comme si le
people o'avait le droit absolu de s'emparer des
ateliers qu'on lui ferme.
Si la propiété résiste b la Révolution, il faut,
par des décrets du people, anéantir la propriété
si la bourgoisie, il faut tuer la bourgeoisie.
Citoyens, vous le savez, aujourd'hui les bour
geois sont des assassins et des valeurs. Assassins!
oui, je le dis, le riche qui profile du pauvre, qui
perçoit la plus grande masse de son travail, est on
assassio.
Ce n'est pas la petite bourgeoisie que j'attaque,
elle est esclave, et souvent plus esclave que les
travailleurs. J'en veux A la bourgeoisie capitaliste,
aristocrate et bancocrate, celle qui fait des lois et
notre misère.
Celle là droit périr.
Le citoyeo Lafargue a succédé au citoyen Bris-
mée; cet étudiant français, avec la franchise qui
a caractérisé les étudiants de cette nation, daos le
congrès de Liège, a dit
Les hommes sont solidaires, il doivent s'unir
dans le grand principe de la mutualité, et repous
ser tonte idée extra-humaine qui n'a defondemeots
nulle part. Guerre Dieule progrès est là.
Le citoyen Losson succède au citoyen Lafargue
et dit
Qu'avons-nous a attendre plus longtemps la
Révolution Nous avons la force, nous sommes le
peuple. C'est sur le champ de bataille qu'il faut
nous donner renJez-vous. Je n'ai qu'un mot a
dire Aux armes!
Le citoyen Jacquelard, autre étudiant français:
La Gazette de Liège m'a appelé cynique, je
vais vous donner, le moins cyniquement possible,
un conseil pratique. La misère du peuple est tin
obstacle h l'instruction gratuite, on voos l'a dit;
voici le moyen d'en sortir, car il ne suffit pas de
montrer le peuple opprimé par la bourgeoisie,
il faut la vaincre. Or, il est un congrès que nous
hâtons de tous nos effurts, et qui sera d'une autre
nature que celui de Liège. Il se tiendra dans la rue
celui Ib, et nos fusils conclueront.
Citoyeo, pour instruire le penple, il est iuutile
de lui parler de Taine, Comte ou Littre. Il sent sa
misère et vent y échapper. C'est assez
Le citoyen Pellerin, (il est belge et connu depuis
assez longtemps) s'exprime b son tour
Il est vrai, citoyens, que le travail doit ap
partenir exclusivement au producteur, mais n'ou
blions pas qu'une partie doit être la collectivité.
Les hommes sont frères, le travail doit souteni r
les invalides comme les valides. On a parlé de
guillotine, nous ne voulons que renverver les
obstacles. Si cent mille têtes font obstacles,
quelles tombent, ouimais nous n'avons que
de l'amour pour la collectivité humaine.
Nous sommes en majorité; insistons lb-dessus,
nous sommes les plus forts; nous sommes surs de
vaincre; ayons pour guides la liberté, l'égalité, la
fraternité, la justice
L'amour de M. Pellerin pour la collectivité hu
maine est chose bonne b noter.
Le citoyen Mnyson, dit
Quelquefois les Flamands passent pour rétro
grades, b l'étranger. Oo vous l'a dit, notre petite
collectivité est faible. Pourtant, nous ne l'oublions
pas, nous sommes les fils de ces communes, qui ont
fondé la souveraineté populaire.
u Avec notre franchise flamande, je vous dis
que la Révolution est une et s'alfirme comme elle
peut. Serrons nous la main.
Le citoyen Brismée dit
Il faut finir, l'heure s'avance et demain nous
devons travailler. Quand j'ai parlé de guillotine,
j'ai vu quelques yeux se fixer sur moi. Je sais qu'il
y a ici des motichards, pour parier net. Que nous
importe? Ces gens-lb ne peuvent souteuir le re
gard d'uu homme de cœur sans baisser les yeux.
Il ne doit pas y avoir ici d'équivoque je dis
donc qu'il faut se défier des républicains du lende
main; noo-seoleruen: s'en défier, mais les forcer
reotrer dans leurs maisons, l'oreille basse; s'ils en
sortent réactionnaires, il faut les fusiller, comme
fit au 2 décembre l'illustre empereur des Français;
rien de plus.
Décidément, l'éloquence la plus sauvage est celle
du citoyen Ërismée. Il n'aime pss les bourgeois, et
il le dit; il se défie des républicains du lendemain,
et il le dit eucore Pour tons ces gens-lb, le citoyen
Brismée a une guillotine ou des fusils chargés b
balle. C'est très-clair, c'est très-énergique!
Il n'y aura pas de séance royale le mardi
14 novembre, jour de l'ouverture delà
session parlementaire. La santé du Hoi,
qui paraissait raffermie pendant qu'a duré
la belle saison, a reçu, des premiers jours
du mauvais tempsune atteinte qui a
éveillé l'attention des médecins et néces
sitera des précautions, parmi lesquelles se
trouve l'abstention de toute fatigue, mais
surtout de toute contention d'esprit. Les
travaux soutenus sont interdits. La lecture
et la musique sont permises comme dis
traction.
Des émotions fâcheuses, peut-être même
des crises, dans l'état de l'auguste malado