V D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 49me Année. ^Iercredi 27 Décembre 1865. No 5.033. Y a-t-il bien sur mille esprits forts deux ou trois qui sachent réellement ce qa'ils veulent dire, quaud ils se mettent en frais de verbiage pour expliquer l'absence do principes qui caractérise celte sorte de gens laquelle ils appartiennent. Ils osent parier de religion universelle, quand ils ignorent môme le sens qu'on attache au mol de religion; d'universel, quand ils ne sodI pas môme maîtres des semblants d'idées qui naissent dans le cerveau fêlé de leur petite personnalité! En vérité! mieux vaut se laire. Ils y gagneraient double ment, parce qu'ils ne s'exposeraient pas dire des niaiseries et parce qu'ils devraient savoir quequand on songe battre en brèche un édifice aussi vieux et aussi solide que celui de l'Église catholique, on doit disposer d'autres engins de destruction que ceux qui sont la disposition d'apprentis dans l'art de l'attaque des places fortes. En vérité, considérer les prétentions de tels écrivassiers, on serait tenté de croire de longues et puissantes investigations de leur part. On rougirait de supposer qu'ils ont osé parler de faits métaphysiquesde principes généraux, sans en rien com prendre. Cela n'entre pas, tout d'abord, dans l'esprit du commun des lecteurs. Et, cependant, si ceux-ci voulaient se donner la peine de faire des recherchesils ap prendraient sans peine et seraient bientôt convaincus que de tels écrivains étaient les derniers qu'il aurait fallu prendre pour traiter de pareilles matières; ils seraient ébahis de reconnaître que ce sont des en fants plus ou moins grands, de frivoles jeunes hommes qui envoient aux lecteurs de ces graves exposés de doctrines nou velles; ils s'extasieraient s'ils voyaient la préparation ces travaux de controverse religieuse et morale. Ils trouveraient entre deux orgies quel ques heures d'une agitation fébrile, où ces auteurs sans nom ont épanché les rêves d'une imagination dévergondée. Enfin si les lecteurs cherchaient les motifs du tra vail de ces esprits fortsils n'en trouve raient pas d'autres que le caprice ou l'am bition. El ces auteurss'ils ont quelque avantage sur leurs lecteurs, même les plus misérables, c'est uniquement celui de con naître au juste la valeur de leurs écrits, et de se rendre justice dans leur âme c'est l'avantage de ceux qui trompent sur ceux qui sont trompés. Une lettre de Bruxelles adressée la Patrie, de Paris, confirme en ces termes le fait suivant Vous vous rappelez qu'au milieu des orageux débals soulevés dans le Parlement belge par la brochure de M. Decbamps, et l'altitude des catholiques, un membre de la droite, M. Nothomh, ancien ministre de la justice sous le cabinet Vilain XII11, se leva pour défendre son parti contre ceux qui l'accusaient de manquer de patriotisme et de comploter la ruine des institutions du pays. Répondant aux orateurs qui lui re prochaient, ainsi qu'à ses amis politiques, d'avoir soulevé la question belge, il rappela les paroles suivantes qu'il avait prononcées déjà la même tribune: Ce discours produisit une vive im pression sur l'assemblée; il eut un grand retentissement dans le pays et contribua calmer l'agitation et l'inquiétude générale. S ^3Ï^ FOI CATHOLKILE. - CONSTITUTION BELGE. REVEE POLITIQUE. La réconciliation est do seDtiment qui se propage par l'exemple. Qui sait si lorsqo'on a vu qu'en Belgique les partis désarniaieot, saos doute pour se réconcilier ou oe se serq pas dit au delà de nos frontières: Pourquoi oe nous réconcilierions-nous pas également? Nous venons d'assister la réconciliation dans une famille impériale le prince Napoléon et l'em pereur des Français n'oot jamais été eu meilleurs termes. Autre extsmple citer! No»s en aurons bientôt un troisième. En Hongrie, d'excellents germes ont été semés; ils se développent; bientôt on aime le croire, ce sera un résultat consommé. Bien des peuples peuvent encore après cela se réconcilier avec leurs gouvernements; Il eu restera toujours un certain nombre ponr lesquels pareilU satisfaction est impossible. fi {I r •D|J>1? 9| (910 r JIIOU J AI il UsJ lUUH En parlant ainsi nous pensons aux populations italiennes, aqx populations de la Pologpe, d'an tres encore qu'il serai| superflu de rappeler ici. Quant présent, il semble que le besoin d'éta blir son bilan, d'étaler, ceux-ci leurs ressources, ceux-là leurs nécessités, soit le devoir le plat pres sant de chaque gouvernement. Aux Etats Unis, nous avons eu le rapport do secrétaire du trésor public. A Florence, M. Sella a fait coruialre de combien de millions son budget aurait besoin pour arriver eofin ce bienheureux mais trop rare équilibre. M. Fould vient, b sou tour, de parler au nom de la France. Il ne s'agit que du budget de 1867, et M. Fould n'a eucore que des espérances com muniquer au monde financier. Si la France consent a supprimer moins 5o millions de fraocs le fonds qu'elle afTec'ait l'a- mortissemeot de la dette publiqueelle se retrouve en équilibre; mais est-on bien sûr que cette sup pression soit uu acte bien loyal? Les économies introduites par M. Fould dans les divers budgets de l'empire ne s'élèvent qu'à 26 millions de francs e« total. Cette somme n'est pas en rapport avec tout le bruit qu'oo en a fait. D'ail leurs, si la question mexicaine n'apporte pas de modification trop profonde dans la situation, il ne serait pas juste de médire de la situation financière de la France. Cet Étal, s'il persévère, marche grands pas vers la restauration de son équilibre financier. Malheureusement, la question mexicaine ne par vient pas b se dégager des gros uuages qui l'enve loppent et la troublent. Les dernières nouvelles des Etats Unis, sous la date du i3 décembre, nous oot reudo nos dootes. Le Congrès ne paraît pas vouloir s'associer aux idées modérées dn message présidentiel. On se demande s'il ne sortira pas prochainement ou dn Sénat, ou de la Chambre îles représentants améri cains, un vœu, ou une injonction qoi renverserait toutes les prévisions rassurantes qu'on aimait b établir sur le langage si conciliant, par rapport aux affaires de l'extérieur, tenu par le président Johnson. Soyons avant tout exacts, le président Johnson avait été d'une froideur glaciafe pour la France il avait b peine prononcé le nom de ce pays. Évi demment, le but do premier magistrat de la répu blique était de laisser au Congrès toute sa liberté d'opinion. 1 Pourrions-noos croire que la nation qui est desceodoe naguère eu Italie, au nom de l'affran chissement des nations; pourrions-nous r.roii e que le monarque illustre qui a vaiocu b Solfetino et a Magenta nourrisse contre nous des projeta perfides ou hostiles Pour moi, je ne le crois pas, je ne l'ai jamais cro; je n'ai jamais dissimulé ma pensée b cet égard. La politique entière de se souverain dément ces suppositions, et le récent traité avec la France es: la meilleure preuve qu'il pût donner de ses sentiments envers la Belgique. (Séance du 3o no vembre 1865-b b L'orateur déclarait ensuite, avec M. Decbamps, que, de la part de la puissance laquelle on faisait sans cesse allusion, vouloir envahir et conquérir la Belgique serait un véritable anachronisme, et il terminait par ces mots: Voulez-vous que je vous dise toute ma peosée? La voici c est que de tous les gouvernements qoi peuvent se soccéder en France, celui qui peut le mieux résister b certaines idées d'auDexion, c'est le gouvernement de Napoléon III. b Les événements qui viennent de s'ao complir ont confirmé les prévisions de M. Nothomh. On ne parle aujourd'hui dans les cercles politiques que d'une lettre qui aurait été adressée cet homme d'Etat par l'empereur des Français, pour le remercier gracieusement d'avoir aussi bien exprimé ses sentiments et ses intentions Jegard de la Belgique, s Voici le portrait qu'un chroniqueur parisien fait de Léopotd II J ai eu honneur de m'asseoir, l'an dernier, b la table autour de laquelle le duc de Brabatn avait convie MM. Beynens, d'Harmnys et Getaert et je me rappelle que je fus frappé tout d'abord de la curieuse ressemblance de Sou Altesse Royale avec le doc de Nernonrs. [.es gens qui ont approché ces deux princes sool d'accord avec moi sur l'analogie des traits de leurs visages, et ceux qui ont été honorés de leur commerce s'accordent b troover également une certaine homogénéité daus leurs caractères. Cepen dant ils reconnaissent que le fils cadet de Loois- Philippe avait une timidité qui manque au fils aîné de Léopold 1". Le prince qui gouverne actuellement la Belgique a les yeux bleoa; il porte tonte sa barbe, qui est fine et soyeuse et encadre de ses tous fauves un visage d'uo ovale allongé. Son nez bourbonnien achève de donner b sa figure une distinction et one élégance que ne déineoient ni ses façons ni l'ha bitude de sod corps. Le jour où je vis le duc de Brabant il avait des babils de couleur sombre qui emprisonnaient sa longue taille. Il parla beaucoup et fort bien, et ses paroles révélèrent clairement

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Le Propagateur (1818-1871) | 1865 | | pagina 1