D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
REVUE POLITIQUE.
LA PRÉSOMPTION
La Chambre des représentants s'est oc
cupée hier de la discussion sur la prise en
considération de la proposition de M. Orls,
qui, comme on sait, a pour but de mettre
le nombre des représentants et des séna-
leurs en harmonie avec le chiffre aeluel de
la popuialion.
La prise en considération de celte pro
position a été combattue par M. Jacobs, qui
a proposé d'ajourner la proposition de M.
Orls jusqu'après le recensement du 31
décembre 1866, ainsi que par MM. de
Theux et Dumorlier, tandis qu'elle n'a été
défendue, indépendamment de M. Orts,
que par M. Bouvier.
Cependant, la gauche a pris sa revanche
de ce silence calculé, en votant comme un
seql homme contre la motion de M. Jacobs,
qui a été rejetée par 52 voix contre 38.
Après ce vote, la prise en considération
de la proposition de M. Orts a passé comme
une lettre la poste, et cette proposition a
été renvoyée aux sections. Grâce M. le
comte de Theux, il a été décidé, toutefois,
que l'onne s'occupera de l'examen en sec
tions qu'après que M. le ministre de l'inté
rieur aura déposé le résumé des registres
de population au 31 décembre 1865, par
provinces et par arrondissements.
Au début de |a séance, M, Iç ministre de
l'intérieur a déposé un projet de loi auto
risant le gouvernement prendre les
mesures nécessaires pour empêcher la
propagation de la peste bovine. De son
côté, M. le ministre des finances a déposé
un projet de loi accordant au ministère de
la justice un crédit de 500,000 francs pour
la continuation des travaux d'ornementa
tion et d'ameublement de la nouvelle
église de Laeken.
Le Sénat est convoqué pour lundi, 27 de
ce mois.
Nous trouvons dans plusieurs journaux
la nouvellesuivante, que nousreproduisons
toutefois en ne nous prononçant pas sur le
degré d'authenticité qu'elle peut avoir
D'après une correspondance de Rome,
49me Année. Mercredi 23 Janvier 1866. N° 5,041.
LÏ PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELCE.
Le discours impérial de celte aunée accentue
avec netteté le senlimeot pacifique qui depuis
quelque temps se reocontie au fond des actes,
comme des dépêches du gouvernement français. Le
langage actuel de l'empereur Napoléon, eo répouse
aux instances que font les Etats Unis, ne détruit
en aocuoe façon cette attitude. Sans doute le refus
d'évacuer immédiatement le Mexique est tres-
formel, mais pouvait-on y mettre moins de forfan
terie? Etait-il possible de raisonner avec plus de
calme sur une question qui, nous le supposons, va
sobir uoe phase brûlante, b l'arrivée du discours
impérial, pendant que le Congrès américain sera
tout entier livré b ses travaux législatifs b Was
hington.
Mais quelle est la physionomie do Corps légis
latif au moment de sa réunion? C est ce qu il serait
téméraire de vouloir déterminer aujourd'hui même.
Le Corps légilatif est composé d'hommes pour
lesquels l'empire est devenu one institution sérieuse
et durable. Dans l'intervalle des deux sessions nous
ne voyous aucuu événement considérable qui ail pn
produire quelque changement profond au milieu
de la majorité.
La majorité, peut-on objecter, se montrait
dotante, l'année dernière,sur la question mexicaine.
Nous n'en disconvenons pas; mais ce qu'elle était
disposée, agissant librement, il conseiller comme
Iétant le parti qu'inspirait la sagesse, elle De peut
plus le conseiller celle auoée, parce que ce serait le
parti qu'inspirerait la peur de l'étranger.
Les nouvelles d'Espagne nous paraissent positives
aujourd'hui. Nous avons jusqu'au dernier moment
redouté l'un de ces retours inattendus de fortune,
quelqoe violent caprice populaire, comme l'on en
a vu plus d'un en Espagne.
Prim doit être entré sur le territoire portugais,
dans l'après-midi du 20 janvier. Il ne faut pas
seulement féliciter l'Espagne de ce dénouaient;
c'est l'Europe tout entière qui participe ce
triomphe. L'esprit révolutionnaire est vaincu dans
la personne de Prim; il est vaincu, mais avant de
succomber, il a fait ses adhérents un appel que
ceux-ci ont paru ne pas vouloir entendre. Depuis
OU LE DANGER DE SE FIER A SOI-MÊME.
Suite. Voir notre numéro de samedi dernier.
On De sera pas étonné que dédaignant de sem
blables avis, Léonie écoutât peu et ne suivit guère
ceux de son père, qui depuis sou enfance avait
travaillé vainetneot lui donuer des idées plus
justes, et l'amener penser que les vertus les
plus douces sout toujours celles qui couvieriDeul
le mieux aux femmes. Inquiet de l'avenir, et pré
voyant que le caractère présomptueux de Léonie
lui préparait bien des peines, l'exposait a bien des
dangers, M. de Balinville se décida lui proposer
pour époux le comte de V***, homme d'un âge
mûr, d'une excellente réputation, et son plus in
time ami. Le comte connaissait Léonie depuis son
enfance, et quoiqu'il ne s'aveuglât pas sur ses dé
fauts il espérait parvenir b l'en corriger et se
flattait d'ê're heureux avec la fille de son ami.
Cell e ci, séduite par le titre de comtesse, aurait
probablement fermé les yeux sur la grande dis
proportion d'âge qui existait entre le comte et elle,
si un léger incident qui blessa son amour-propre,
n'eût renversé les projets de M. de Balinville.
C'était le jour de la fête de Léonie; son père
5i5Si—-t-—t—
le a josqu'au 20 janvier, pendant dix huit jours,
Prim s'est promené de Tolède A'cala, d'Alcala h
Madredijos et b Coença, puis bientôt après du Tage
h la Guadiana, de la GuadiaDa jusqu'en Estrama-
dure, et il s'est senti si complètement abandonné
qu'il n'a pas essayé de prolonger la lutte dans les
mootagnes presque inaccessibles qui sont lés rem
parts naturels de la fertile Andalousie. Souhaitons
actuellement a l'Espagne un gouvernement qui
sache profiler de sa victoire pour rétablir les finan
ces du pays et faire jaillir au profit de tous les
abondantes sources de prospérité que l'Espagne
possède, mais qu'elle ne sait pas exploiter.
Les nouvelles des Etats-Uuis sont contradictoi
res. Oo assure que M. de Montboloo, le ministre
de France, continue de transmettre des informa
tions rassurantes.
L'attention devra pendant quelque temps se
porter sur l'espèce de lutte qu'il faut prévoir entre
le Congrès et le président de la république Was
hington.
On le sait déjà, le président Johnson ne songe
en aucune façon b rompre avec !a France b propos
du Mexique; mais le Congrès parait avoir des ten
dances contraires. S'occupaDt de la dernière cor
respondance diplomatique livrée b la publicité sur
la demande du Congrès américain, le Morning-
Pusl, journal de Londres, assez important, y voit
la preuve que M. Seward, d'accord avec le prési
dent Johnson, né veut pas exiger de la France uo
arrangement qui soit incompatible avec son hon
neur. Le Times ue se prononce pas trop ouverte
ment sur l'opinion qui pourrait finir par prévaloir
dans le Congrès; mais il croit qu'en dehors du
CoDgrès le pays est opposé toute guerre nouvelle.
Il paraît constant qu'au Mexique l'armée fran
çaise se grossit sbus bruit et qu'on prend toutes les
dispositions nécessaires pour être prêt 'a tout évé
nement.
—M—qpNMM———N———M—
rassembla quelques amis, et parmi des fleurs char
mantes, lui fi: cadeau de plusieurs bijoux qu'il avait
su qu'elle désirait. Comme les soins du comte de
V*** ne paraissaient pas lui déplaire (ce qui était
beaucoup pour elle), M. de Balioville l'autorisa b
offrir aossi un cadeau a sa future épouse ce fut un
Souvenir du travail le plus fini, entouré de perles
fines, ayant le chiffre de Léonie répété de la
manière la plus élégante. Elle parut satisfaite en
recevant ce joli Souvenir, et son premier mouve
ment étant de l'ouvrir, elle y lut les quatre vers
que voici (1)
Aux autres indulgente, toi-même sévère,
Piatique les vert us sans faste et sans aigreur;
Sois franche sans blesser, sage sans être austère,
Sensible sans faiblesse, et juste suus rigueur.
A peine la jeune orgueilleuse eut elle jeté les
yeox sur ce quatiain, que blessée de la leçoo qu'il
renfermait, elle tendit le Souvenir b son père, avec
un mouvement d'humeur qu'elle déguisait mal, en
le priant d'observei son ami qu'on si beau présent
ressemblait a un cadeau de noue; elle saisissait cette
occasion, ajoutait elle, d'annoncer positivement
que jamais cet événement n'aurait lieu. M. de Ba-
lioville qui la connaissait, sentit bien que son ami
avait commis une faute irréparable, et dès cet
(1) Ces vers suul de M. P. de X***, aucieu militaire.
instant renonça b cette union. Ce fut avec d'autant
plus de regrets, qu'il prévoyait que dans peu il
quitterait sa fille: t»n voyage b Saint-Domingue, où
il avait des habitations, devenant indispensable, il
tenta, niais en vain, de faire valoir ce motif;
Léonie refusa positivement d'enchaîner sa libeité.
Le départ de M. de Balinville ayant été accéléré
par des lettres qu'il reçut de son géraDt de Saiot-
Domingue, il ne chercha plus b dissimuler b sa fille
les ioquiétudes qu'il emportait sur son sort. Il la
laissait sans guide, sans protecteur. C'était bien lui
dire, suivez moi. Mais il ne voulait pas y mettie
d'autorité, et il craignait sur tout de l'exposer aux
dangers d'un semblable voyage. Léooie qui se
répétait que cette absence serait de peu de dutée,
et qui avait pris l'habitude de ne jamais considérer
ses devoirs sous des rapports religieux, se laissa
séduire par les charmes de l'indépendance quant
aux convenances, elle pensa qu'elles seraient par
faitement observées eo prenant avec elle une
cousine b un degré très éloigné dont la pauvreté
lui assurait la contplaissance, et dont l'âge et la
réputation lui serviraient d'égide. M. de Balinville
trouva cette idée fort bonne; il fi: venir du fond de
sa province cette parente peu fortunée, afin de
servir de compagne et de mère b sa fille pendar t
son absence, et il la lui recommanda avec too'e la
sollicitude d'un coeur paternel. Le moment du