D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 49me Année. A» 5,062. REVUE POLITIQUE. Que devient M. de Bismark, que devien nent ses projets d'annexion Voilà le point sur lequel portent les questions, après qu'on a lu les dépêches transmises ou de Berlin, ou de Vienne. M. de Bismark, ajou tent quelques personnes, n'est donc pas l'homme audacieux qu'on supposait et qu'on craignait? A cela nous répondons M. de Bismark est un homme audacieux; mais, non atteint de démence. Il avait cal culé qu'il intimiderait l'Autriche et sous ce rapport il s'est complètement trompé. L'Autriche, qu'on dit si lente, a devancé la Prusse dans les premières démonstrations militaires qu'il faillait faire, pour que cha cun pût acquérir la certitude que, devant les exigences de la Prusse l'empereur François Joseph avait résolu d'aller jus qu'à la guerre. M. de Bismark s'est tourné du côté des Etats secondaires de l'Allemagne et a fait auprès d'eux une autre tentative désespé rée. Ne réussissant pas davantage dans sa seconde tentative que dans sa première, le ministre prussien a eu encore assez de sang froid pour comprendre qu'il ne pou vait pousser la folie jusqu'à jeter la mo narchie prussienne dans une lutte d'un contre six ou sept. L'Italie, objecte-t-on, était prête descendre avec M. de Bismark sur ce champ de bataille. Nous commen çons en douter; et, d'ailleurs, l'Italie l'offrit elle, du moment qu'elle se séparait de la France, elle perdait tout prestige moral et n'apportait qu'un secours bien léger la Prusse. La réflexion a donc fini par l'emporter Berlin, et c'est ainsi que nous sommes conduits peu peu vers ce dénoûment qui ne sera ni avantageux ni glorieux pour M. de Bismark, mais qui sauvera du moins sa mémoire bien des malédictions. Le Moniteur universel nous apporte sur l'occupation désormais limitée du Mexique L'HÉRITAGE D'UNE MÈRE. par les troupes françaises une décision qui va être, l'on doit s'y attendre, un texte fécond aux commentaires de toute espèce des hommes politiques et des hommes de Bourse. La convention dont M. le baron Saillard est porteur ne commencera pas par rassu rer les porteurs de titres de fonds mexi cains, malgré la promesse que renferme la note du journal officiel. On ne voit pas bien de quelle manière pourraient être garantis les intérêts finan ciers dès que les intérêts politiques per dent leur sécurité. Un Etat lointain, mais sur lequel les Anglais ont constamment les yeux, est en ce moment le théâtre d'une série de faits sanglants L'iman de Mascate a d'abord péri dans une conspiration que son pro pre fils avait conduit. Devenu son tour le chef de l'Etat, celui-ci n'a plus songé qu'à se défaire de ses complices mais une nou velle conspiration, tramée contre le jeune iman, vient de lui enlever le pouvoir et de plonger ce pays dans l'anarchie. Les pos sessions qu'embrasse l'imamat de Mascate se composent d'îles et de côtes étendues sur les frontières de l'Asie et de l'Afrique. L'esclavage et tout ce qui constitue la civi lisation la plus grossière servent de base ce gouvernement. COURRIER SU MEXIQUE. L'Ere nouvelle, de Mexico, publie, sous la date du 10 mars, les nouvelles que voici sur l'agression dont la mission belge a été l'objet sur la roule de Mexico la Vera- Cruz Un tragique incident, survenu le 4 mars sur la route de Fuebla, est venu jeter, dimanche soir, l'émoi et la conster nation dans la capitale. La diligence qui emmenait les membres de la mission ex traordinaire envoyée par le roi des Belges a été attaquée, un des voyageurs tué, trois autres blessés. Dans le premier moment on allait plus loin encore: on disait la mission entière enlevée, emmenée dans la montagne par les bandits. On portait le nombre de ceux-ci soixante. On racon tait enfin les choses de manière faire supposer un coup de main préparé tout exprès contre les envoyés belges. Ramenés leurs proportions réelles, les faits ne sont pas si graves; ils ne sont encore que trop tristes. La diligence était occupée par M. le général Foury, son aide de camp, M. Marchai, le major Altwies et deux autres personnes. M. le baron d'Huart, était sur l'impériale avec un domestique. MM. de Dorlodot et d'Alcantara avaient pris les devants, préférant voyager cheval Cette voilure était suivie d'une autre, occupée par des passagers étrangers la mission. Deux ou trois d'entre eux étaient sur l'im périale, notamment le capitaine Turner, du vapeur américain Manhattan, qui allait la Vera-Cruz rejoindre son navire. Les deux diligences, voyageant de conserve dans les conditions ordinaires, n'avaient pas d'escorte particulière. A Venta de Cordova, elles avaient pris l'es corte mexicaine habituelle, qui les avait accompagnées jusqu'à l'entrée du ravin dit Barranca de Juanes Là, elles auraient dû rencontrer un détachement semblable, venu de Rio Frio; mais pour un motif encore inexpliqué ce détachement.se trou vail en retard. On gravissait la côle qui précède la station de Rio Frio, lorsque parurent sur le bord de la route une douzaine d'indivi dus pied, qui ordonnèrent au premier conducteur d'arrêter. M. d'Huart répondit cette injonction en faisant feu. Les bandits ripostèrent et il tomba tué raide par une balle qui vint le frapper au milieu du front. Une sorte de combat en règle s'est alors engagé entre les autres voyageurs et les bandits, qui se dérobaient aux balles en se réfu giant derrière la diligence. Voyant ce ma- LE PROPAGATEUR FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE. Dans l'hi ver qui suivit la (évolution de t 83o, I) Paris, b l'étage supérieur d'une maison située daus on des quartiers les plus retirés de la vaste capitale, une pauvre femme se mourait. !,e délabrement des mors de l'étroite mansarde qu'elle occupait, l'ab sence presque complète de mobilier, le grabat sur lequel elle gi'ait, a peine garantie des rigoeors de la saison par quelques débris de vêtements, attes taient la profonde misère de l'infortunée. Un jeuue homme, qui paraissait avoir dixhuit ans, grelottait de froid et pleurait assis son chevet. Le spectacle de celte détresse était d'autant pins douloureux contempler que les habitants de la mansarde avaient connu des jours meilleurs. Mais, hélas! la prospérité ici-bas tient peu de chose, et le moindre orage suffit pou.r renverser et détroire celte séduisante illusion qu'on appelle la fortune. Il y avait quelques mois seulement, ces malheu reux, maintenant privés de tout, jouissaient de cette aisance qui n'a point l'éclat éblouissant du laxe et de l'opuleuce, mais qui embellit la vie comme'uu soleil tiède embellit une belle journée d'automne. L'orage de t83o avait soufflé, et ce bonheur s'était évanoui comme un rêve... Le chef de la famille, attaché au gouvernement déchu,et redoutaut plus la déloyauté que la misère, avait dû, pour rester fidèle sa conscience, aban donner l'emploi lucratif qui constituait toute sa fortuue. L'éducation honorable donnée a son bis, et les dépenses exigées par sa position, avaient absorbé jusque la ses retenus, et ne lui avaient pas permis de réaliser des économies. Le serviteur de la rovauté exilée, condamné a pssser ainsi, saus transition d'un bteu - être enviable une misère voisine du déuûmeiit, brisé par les chagrins et les privations de tous genres avait quitté la vie peu de temps après sa disgrâce, laissant a sa fennue et son jeune fils uoe riche tradition d'honneur et une misère toujours croissante. Le mobilier et les hardes de la famille, durant la maladie do père, étaient allés s'engouffrer pièce pièce, sans espérance de les voir on jour revenir, dans cette banque du paovre qu'on appelle Mont- de Piété. A travers ces épreuves, la femme avait usé ce qui lui restait de santé et de force physique et quand son mari eut quille le grabat de la man sarde pour aller reposer dans le champ des nioris, exténuée par ses longues veilles et pins encore par ses donleurs morales, elle dot s'étendre la place qu'il laissait vide, et dès lors elle eût pu concevoir l'espérance de rejoindre bientôt, dans les régions où Dieu recueille les âmes saintes celui qu'elle venait de perdre. Mais hélas semblable au navi gateur placé entre deux courants contraires qui l'entraînent vers deux rivages opposés, d'où l'ap pellent des voix également chères, elle ne savait de quel côté diriger ses aspirations!... De la vie où de la mort que devait-elle désirer?,." De l'autre côté de la tombe, l'âme de son mari lui apparaissait, la conviant ce calme et ce repos qui est l'éternel apanage de ceux qui meurent eo Dieu; de ce côté, elle voyait son fils laissé toutes les rigueurs de la misère, exposé par sa mort, si jeune et seul, s toutes les teotations d'uoe existence tourmentée de tous les besoins, privée de tous les secours humains. Son âme eût été sans doute longtemps s'agiter dans cette perplexité cruelle, si elle eût été moins profondément chrétienne. Mais les âmes chrétien- nés jouissent de cet ineffable privilège de pouvoir opposer aux tortotes qui anéantissent les plus fiers

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Le Propagateur (1818-1871) | 1866 | | pagina 1