Ce M. Librecht est né Aelbcke. Il n'y
pas bien longtemps, il était garçon de
table l'hôtel Fontaine, Ostende. Un
riche valaque le prit son service et l'em-
mena dans son pays.
Librecht se lit remarquer du prince
Couza, dont il devint le confident, et il fut
nommé directeur-général des postes et
des télégraphes. On voit quel usage il a
fait de sa position. Sa femme, dont il était
séparé depuis plusieurs années, a fait des
démarches pour que le gouvernement
belge intervienne afin de lui faire obtenir
sa grâce.
Une curieuse affaire devait se dérouler
samedi devant le conseil de guerre du
Hainaut. Il s'agit d'injures adressées au
colonel du régiment de lanciers, Mons,
par un officier en garnison Tournay.
La suite de cette affaire a été remise au
16 de ce mois, sur la déclaration, faite au
début de l'audience de lundi par M. Dolez,
qu'un deuil de famille empêchait M. Ver-
voort d'assister l'audience.
Lundi a été appelée d'urgence devant la
l,e chambre de la cour d'appel de Bruxel
les, présidée par M. le premier président
De Page, l'appel interjeté contre le juge
ment du tribunal d'Anvers qui a décidé
qu'il y avait lieu, par suite de la mort de
l'avocat Valentyns, reprise d'instance du
procès De Debuck contre Valentyns. L'af
faire, après être retenue pour cette au
dience, a été remise aujoud'bui.
On annonce la mort Garrison (Etats-
Unis), du colonel Bowers, chef d'état-major
du général Grant, ancien compositeur
d'imprimerie. M. Bowers a été tué en
tombant entre les wagons d'un train en
partance de la station de Garrison, chemin
de fer de l'Hudsou; il n'avait que vingt
neuf ans.
Le roi Léopold II a accompli avant-hier
9 courant, sa 51* année Sa Majesté est née
au palais de Bruxelles, le 9 avril 1855.
On sait que cet anniversaire n'a pas été
fêté, conformément au désir exprimé par
le Roi, mais sa fête patronale (la Saint-
Léopold) sera célébrée le 15 novembre,
qui est encore une date mémorable, car
elle rappelle les premiers travaux du Con
grès naiional de 1850, qui devaient aboutir
la confection de la Constitution belge,
promulguée le 7 février 1851.
S. A. R. le comte de Flandre a adressé
M. le baron d'Huart, de Villemont, un
télégramme pour lui exprimer la part qu'il
prend au coup cruel qui vient de le frapper.
Nous apprenons qu'une nouvelle ar
restation vient d'être effectuée Bruxelles
au sujet de la poursuite criminelle du
chef de fabrication ou d'émission de faux
assignais de Russie. La personne arrêtée
encore un Polonais a été écrouée
sous maudat de dépôt, après interrogatoire
subi devant le juge d'instruction. L'infor
mation se poursuit toujours très-active
ment.
A Wyneghem, un garçon de ferme a
été tué par un bœuf, qui lui avait porté un
coup de corne en pleine poitrine.
On écrit de Willz, le 5 avril, un
journal d'Arlon Toute la contrée est dans
la désolation. Le choléra exerce les plus
cruels ravages Diekirch et dans les villa
ges environnants.
De dimanche soir mercredi matin,
le chiffre des décès s'élevait plus de cent
et cela sur une population d'environ deux
mille âmes!
Tous les moyens employés pour com
battre le fléau sont impuissants. Pour
purifier l'air, on allume de grands feux
daDS les rues, ou iuonde les maisons d'eau
saturée de chlorure de chaux. Rieu n'y
fait. La démoralisation est au comble; tout
le monde fuit.
II paraît que cette terrible maladie,
qui a pris naissance Clémency, près
d'Arlon, a été importée là par un ouvrier
venu de Paris. De là elle s'est dirigée vers
Marner, Eich, Dommeldange, Weymers-
kircb, Luxembourg et Diekirch, eu suivant
les bas fonds et les cours d'eau.
D'ici quelques jours, disait récem
ment l'Ost Deutsche Post de Vienne, une
cargaison d'une nature particulière partira
pour l'Australie. La Société d'acclimatation
de Melbourne a demandé une grande
quantité de moineaux destinés extirper
les chenilles qui se multiplieut extraordi-
naireraent dans la colonie, au grand détri
ment de l'agriculture.
Nous avons rapporté, il y a quelque
temps, qu'un riche hollandais venait de
mourir laissant une fortune d'environ 15
millions, dont 5 millions sont représentés
par des immeubles situés Feluy. Cet bol.
landais se nomme M. Desendorm de Blois.
Il a légué l'usufruit de son énorme fortune
sa femme et la nue-propriété une de
ses sœurs ebanoinesse Liège. Celle-ci
vient de mourir son tour; elle n'aura
Eas joui longtemps de sa fortune. Les
ériliers de cette chanoinesse sont, nons
dit-on, les comtes de Benesse.
La propriété de Feluy se compose de
464 hectares de terre arables d'une valeur
moyenne de fr. 4,000, plus de 150 hec
tares de bois où l'on remarque une grande
Suantité de chênes de 50 centimètres
e pourtour et dont la flèche a 10 mètres
d'élévation ce sont des arbres de toute
beauté.
Sur cette étendue de terrain se trouvent
un château, 5 corps de ferme, 2 moulins
et plusieurs métairies.
M. Desendorm est universellement re
gretté de tous ses fermiers auxquels il
louait ses terres des prix modérés.
La Société vétérinaire du Brabant se
réunira dimanche 15 avril courant, midi
et demi, l'Ecole de médecine vétérinaire
de l'Etat, Cureghem (Bruxelles). A l'or
dre dn jour figurent l'inoculation, d'après
le système de M. Willems, comme moyen
préventif de la pleuropneumonie exsuda-
tive, et des démonstrations microscopiques
des trichines dans la chair du lapin, ainsi
que d'autres objets non moins importants.
La ville de Wiesbaden possède un
monument commémoratif de la bataille
de Waterloo, monument sur lequel sont
inscrits les noms de tous les soldats du
contingent de Nassau qui ont succombé
dans la mémorable journée du 18 juin
1815.
Dernièrement, un vieillard s'arrêtait
devant ce monument et poussait une ex
clamation de surprise.
Je proteste, dit-il.
Pourquoi cela? lui demanda un
passant.
Parce que je ne suis pas plus mort
que je n'ai envie de mourir.
Qui le prétend
Eh! parbleu! mon nom de William
Wust inscrit sur cette pierre parmi les
victimes de Waterloo.
William Wust, en effet, avait pris part
la bataille, après laquelle il s'était réfugié
en Angleterre, pour passer de là en Amé
rique.
CHRONIQUE JUDICIAIRE.
AFFAIRE CLAES DE LEMBECQ.
AFFAIRE DE BUCK.
NÉCROLOGIE.
NOUVELLES DIVERSES.
isolemeol et sa misère, le jeune homme dut son
ger h se procurer le paio de chaque jour. Une seule
carrière semblait lui offrir quelques chances de
succès. C'était celle d'ailleurs qu'il avait rêvée de
puis son enfance, la carrière militaire. Le métier
de soldat devait lui épargner les humiliations que,
dans sa position de fortune, il eût essuyées partout
aillenrs. 11 est toujours beau de servir son pays, se
dit-il, quelque rang qu'on occupe dans la hiérar
chie militaire... An reste, son éducation avait été
soignée, et son imagination n'était point folle
quand elle lui montrait dans l'avenir, de brillantes
épaulettes comme pris de ses labeurs et de ses ef
forts. C'est, en effet, sous l'uniforme de chef de
bataillon d'un régimeot de ligne que notre histoire
le retrouve, vingt-trois ans après la mort de sa
mère.
Nous avons besoin, pour rejoindre Alphonse, de
franchir les mers et de nous transporter sur ce sol
héroïque de la Crimée, où les soldats de la France
ont moissonné autant de gloire et arrosé de leur
saog les pins beaux lauriers de uotre histoire con
temporaine.
Noire jeuoe homme d'autrefois vient d'attein
dre sa quarante-deuxième année; son teint a été
bronzé par le soleil de l'Algérie, où il a passé de
longs jours et pris pari b mainte glorieuse expédi*
lion. C'est sur celle terre, longtemps la seule école
de la bravoure française, qu'il a conquis un a un
tons ses grades et qu'il a vu, après uoe journée
mémorable dans les plaines d'Isiy, l'étoile de
l'honneur s'arrêter sur sa poitrine. Sa vieille re
nommée de valeur et d'intrépidité, scellée de plus
d'une noble cicatrice, l'a suivi dans les champs de
la Crimée. A l'Aima il fut distingué parmi les plus
braves dans une action où tous les soldats parurent
autant de héros.
Mais, hélas si la vertu militaire avait grandi en
loi chaque jour, il u'en avait pas été de même des
sentiments religieux de son enfance ils s'étaient
étiolés au milieu des labeurs des camps, qui cepen
dant, nous en avons de nombreux exemples, ne
sont pas contraires a leur fécond épanouissement.
Alphonse avait diminué peu b peu ses pratiques
religieuses, b mesure que son cœur s'était refroidi
et que sa foi s'était affaissée sous de fatales in
fluences. Uo hasard funeste l'avait mêlé b quel
ques hommes impies, et, respirant auprès d'eux on
air vicié, son âme avait éprouvé les atteintes de
cette maladie affreuse qu'on appelle l'incrédulité.
Toutefois, quelle que fol la coofiance qu'il accor
dât aux apôires du scepticisme qui l'entouraient,
elle o'alla jamais jusqu'à loi faire oublier la pro
messe faite b sa mère mourante.
L'he'ritage maternel l'avai: suivi partout, placé
sur soo cœur, et dans ses heures rêveuses il loi ar
rivait parfois de se demander s'il n'avait pas dû
son bonheur dans les chances de la guerre, et
même son avancement dans l'armée, b la fidélité
scrupuleuse qu'il avait mise b réciter chaque jour
sod rosaire, dans la garnison comme sous la tente
et au bivouac. Il est vrai qu'ensuite il riait de ce
qu'il appelait une vaine superstition, mais il n'en
continuait pas moins b demeurer fidèle b son ser
ment. Depuis de longues années, ce culte était le
seul qui Ici restât au milieu des débris de ses
croyances jetées au vent mais, semblable b ces re
jetons qui survivent au tronc renversé, il devait,
dans les desseins miséricordieux de la Providence,
faire un jour renaître l'arbre dont la tempête avait
flétri et éparpillé les rameaux.
Pour être continué.)