YPRES.
La Chambre des représentants a con
sacré sa séance d'hier l'examen de rap
ports sur des pétitions, au nombre des
quelles il en est une qui concerne les
lenteurs de la procédure en matière
d'expropriation.
Au début de la séance, M. le ministre de
la justice, interpellé par M. Ilymans, a
donné quelques renseignements sur l'af
faire des Polonais récemment arrêtés pour
émission de fausse monnaie.
Les nouvelles qui nous arrivent d'Angle
terre sur la situation de la maladie du
bétail ont le caractère le plus rassurant.
On se rappelle que le nombre des bêles
atteintes s'élevait par semaine, en Février
dernier, jusqu'à 17,000.
Ce nombre est tombé en Mars
Semaine expirée le 19 6,261 têtes.
24 4,704
31 3,936
La diminution est rapide.
Jusqu'au 31 Mars, le nombre officiel des
bêles attaquées s'élève 213,675 dont
121,000 sont mortes et 48,000 ont été
abattues.
On ne compte pas tout fait 30,000
têtes recouvrées; et l'on ne peut pas dire
encore l'heure qu'il est qu'un traitement
vaille mieux que l'autre.
Le comité anglais chargé de suivre
et d'étudier les effets de la peste bovine a
publié celte semaine des résultats moins
fâcheux que les précédents. Il y a en An
gleterre, en Ecosse et en Irlande, 32 com
tés libres de la maladie. Dans 49 comtés il
n'y a pas eu de cas la semaine dernière;
6 comtés et le district de police métropoli
tain ont seuls éprouvé une faible augmen
tation de 183 cas, tandis que dans 37 com
tés il y a une diminution de 1,740 cas. On
voit que le mal est heureusement en pleine
décroissance.
On lit dans la Patrie de Paris
Nous avons par la voie de New-York
des nouvelles de Mexico, postérieures de
quatre jours celles apportées par le Pa
nama. Elles sont du 12 mars et nous ap
prennent un fait important.
11 paraît qu'on est parveou connaître
les auteurs de l'attentat commis sur les
membres de la légion belge, et que trois
des coupables ont été arrêtés, le 11, dans
la capitale même. Les indications pour ar
river la découverte de la vérité ont,
dit-on, été fournies la justice par deux
individus faits prisonniers quelques jours
après, dans un combat livré par nos trou
pes. Ces individus avaient été conduits
dans les prisons de Puebla.
On assure qu'il résulte, en outre, de
leurs révélations, que les principaux chefs
de bande ont tous des intelligences dans
la ville de Mexico, et qu'ils sont parfaite
ment renseignés sur ce qui s'y passe.
On lit dans une correspondance fran
çaise de la Belgique datée de Paris le 11
avril
Les nouvelles vraies du Mexique ne sont
décidément pas de nature faire espérer,
malgré la note récente du Moniteur, une
évacuation prochaine. Le baron Saillard,
qui arrive de Mexique, ne dissimule point
les tristes impressions qu'il en a rappor
tées, et il s'exprime même ce sujet avec
une franchise assez rare chez les diploma
tes. Il est vrai que le baron Saillard est
jeune et qu'il n'a pas encore eu beaucoup
de temps d'apprendre la réserve. En pré
sence des révélations qui se produisent
sur la fragilité et l'impopularité de Maxi-
milienl'opposition se prépare au Corps
législatif, saisir l'occasion de la loi du
contingent pour demander des explica
tions, et elle, envisagerait le maintien de
nos soldats au Mexique un point de vue
nouveau elle invoquerait les termes mê
mes de la loi sur le recrutement, qui pro
clament que l'armée ne peut être employée
la défense d'un pays et d'un gouverne
ment étranger, et elle demanderait si la
politique, qui met indéfiniment 35,000 de
nos soldats et une partie de notre matériel
naval an service de l'empereur Maximilien,
ne méconnaît pas la loi et ne dépasse pas
les limites assignées par elle l'action du
pouvoir exécutif.
correctionnel de Mons a repris mardi
l'affaire de distillerie clandestine charge
du baron de Saint Sympborien. On a en
tendu dans cette audience la plaidoirie du
défenseur, M" Dolez père, qui s'est attaché
établir que M. de Saint-Symphorien
était le propriétaire de l'usine, mais que la
distillerie marchait pour le compte de M.
Coutelier, son ancien régisseur.
M* Dolez père ayant terminé, M' Jules
Dolez donne une nouvelle lecture des
conclusions présentées au nom de l'admi-
nistration des finances, et qui réclament
la condamnation de M. le baron de Saint-
Symphorien une amende de quatre cent
quarante-quatremille, huit cent cinquante-
neuf francs, quatre-vingt centimes.
La parole est ensuite donnée M" Bour-
lard, pour la défence du prévenu. Après
cette plaidoirie, le tribunal a remis l'affaire
au 24 avril, pour la continuation des
débats-
Hier soir, un violent orage s'est déchaîné
sur la ville. La pluie est tombée par tor
rents. Nous ne sachions pas jusqu'à pré
sent si, dans les communes environnantes,
il y ait eu des malheurs déplorer.
Le révérend Père Liefmans de la com
pagnie de Jésus, prêchera lundi prochain,
5 heures du soir, en l'église de Saint-
Martin, un sermon de charité au profit des
pauvres, secourus par la société de Saint
Vincent de Paul de cette ville.
Les dernières messes pour le repos de
l'âme de Messire Henri Iweins, décédé en
son château Zonnebeke, ont été célébrées
mardi dernier en l'église de celte com
mune.
Madame la douairière Iweins, voulant
témoigner aux habitants de la commune
de Zonnebeke, sa reconnaissance pour la
part qu'ils avaient pris dans la perte si
sensible qu'elle vient de faire, avait invité
un repas deux membres de chaque fa
mille des habitants de la commune. Le
nombre des invités s'élevait sept cents.
gm—m—i
COURRIER DU MEXIQUE.
je sois entré chez vous saos pins de cérémonies.
Merci, mon père, dit l'officier d'une voix
émue; vous avez bien pensé et bien fait. Et il
tendit au piètre qui la serra affectueusement dans
lessiemies, sa main qui tenait encore le chapelet.
Ah!' vous récitez le chapelet!... Jusqu'ici,
commandant, vous passiez dans l'armée pour la
fine fleur des braves; mais, juste ciel je ne sache
pas que personne eût osé vous compter parmi les
dévots
Je comprends votre étonnement, mon père...
Voyez-vous, c'est lh toute une histoire, et, si vous
le permettez, je suis disposé vous la raconter.
Vite, commandant, je suis tout oreilles
votre récit.
Voilà vingt-trois ans que je n'ai pas laissé
passer un jour, un seul jour sans réciter mou cha
pelet...
Est-ce possible s'écria l'aumônier de plus
en plus surpris.
11 est vrai, reprit Alphonse, que depuis plus
de vingt ans, c'est le seul acte que je me sois per
mis... et je l'ai fait uniqueiueut eo mémoire de ma
mère...
N'importe, ajouta le piètre, cette fidélité
prier Marie ne peut manquer d'avoir sa récompense.
L'officier racouta alors, qoq sans verser des lar
mes, l'histoire que nous avons déjà fait counaître.
Quand il eut terminé, l'aumônier, vivement ému
lui-même, s'écria en serrant la main d'Alphonse
Et maintenant, mon ami, êles-vous encore
décidé renvoyer demain la solution du pro
blème qui vous occupait tout l'heure
Non, la question est tranchée désormais.
-, Comment et dans quel sens reprit l'aumô
nier avec un tressaillement d'espoir.
Dans le sens de la Providence qui a arrangé
tout ceci et vous a envoyé vers moi pour que la
prophétie de ma mère mourante eût son accomplis
sement... L'héritage de la sainte femme ne man
quera pas son but; et après avoir eu dans mes
mains la clef du paradis, je n'irai pas brûler dans
l'enfer... Mon père, vous allez me confesser
L'officier était tombé aux pieds du prêtre et
quelques iustaots après, la sentence d'absolution
réconciliait son âme avec Dieu, et loi rendait cette
sévie de foi et de vertu qu'elle avait possédée na
guère et que les soffies stérilisants du scepticisme
avaient flétrie et desséchée.
Avant de se séparer le prêtre et le soldat s'em
brassèrent en pleurant.
chronique judiciaire.
AFFAIRE SAINT-SYMPHORIEN. Le triblMa?
NOUVELLES DIVERSES.
Quel riche he'ritage vons avait légué votre
pieuse mère dit l'aomôoier... Moo ami, je savais
déjà qu'on De prie jamais en vain la Reine do ciel...
Je viens d'en acquéiir une nouvelle preuve... Vive
le chapelet!... et vive aussi le culte des mères.
Et viennem maintenant, ajouta Alphonse,
les boulets et les balles de l'ennemi... Mes passe
ports sont signés... Je montrerai ma clef du para
dis, et j'espère bien qu'on la reconnaîtra là-haot
comme vous l'avez reconnue ici... Adieu, mon père.
L'officier dut sans donte consacrer quelques in
stants encore une prière d'actions de grâces des
pins ferventes
Le lendemain, le soleil d'Inkermann, qui se
leva au milieu des brouillards et de la fumée de la
poudre, fut témoin d'une lotte horrible. La France
coeillit dans ses champs one grande gloire et les
arrosa de son sang le pios por. Alphonse y était et
n'en revint pas... On le trouva parmi les morts. Sa
main droite serrait encore la poignée de son sabre
et son chapelet. Ce dernier n'avait-il pas été pour
loi la clef do paradis
Ange Vigne.