D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
49me Année.
No 5,072.
REVUE POLITIQUE.
Chaque jour se détachent plusieurs
pierres de cet édifice de la paix, dont na
guère tant d'hommes qui passent pour
profonds vantaient la solidité. Cet édifice
si solide tombe sous les coups de M. de
Bismark et sous ceux de Victor-Emmanuel.
Dans sa séance du 9, la Diète germani
que s'est prononcée pour la Saxe contre la
Prusse, sur la double question que M. de
Beust lui avait soumise.
De Florencede Berlin de Vienneles
nouvelles ont le même caractère La
guerre! tout le monde y court. De la paix,
personne semble n'en plus vouloir.
On remarque, en outre, une absence que
le roi de Prusse va faire pour sa santé. 11
se rend aux eaux de Bade. Cette absence
paraît devoir durer plusieurs semaines. Il
se rencontre Berlin bien des gens qui af
firment qu'en ce moment le toi Guillaume
se refuse croire que la guerre soit immi*
nente; mais d'un autre côté, rien ne peut
ébranler sa confiance en M. de Bismark.
A Paris, on raconte ce mot de M. Emile
Pereire, en réponse une question que le
maréchal Vaillant lui avait posée, dans la
dernière séance de la commission d'indus
trie. Que dites-vous des paroles d'Au-
xerre? aurait dit le maréchal. Ces paro
les coûtent en ce moment la France a
répondu M. Pereire deux milliards et
bientôt beaucoup plus.
Il se confirme que si l'Autriche fait un
LE PETIT BUCHERON.
h.
nouvel envoi de volontaires au Mexique,
les Etats-Unis sont décidés faire une
manifestation hostile celte puissance; or,
l'avis arrive trop tard. Un nouvel envoi de
1,000 hommes a dû avoir lieu, Triesle,
le 10 courent.
Le Parlement prussien est dissous. Un
nouveau Parlement sera, dans un délai
rapproché, élu et réuni.
L'arrêté royal qui prononce la dissolu
tion du Parlement, se tait, nous le recon
naissons, sur la formation du nouveau
Parlements; mais qu'importe, puisque
dans le rapport au Boi, signé par les mi
nistres, le fait est très-formellement an
noncé. Il est dit dans ce rapport que
dans les circonstances actuelles la nation
prussienne doit exprimer la pensée qui
l'anime. Elle doit faire connaître légale
ment sa résolution de maintenir l'indépen
dance et l'honneur du pays.
Sur cette mesure, sur cet acte vraiment
solennel, la Gazette de Cologne publie im
médiatement des réflexions dans lesquelles
nous remarquons le passage suivant
a S'il est nécessaire de tirer l'épée pour
l'indépendance et l'honneur du pays, la
nation prussienne est toute prête dé
ployer le même enthousiasme qu'en 1813
elle accourra comme un torrent autour de
l'étendard blanc et noir; mais elle conserve
de grands doutes sur celte nécessité. La
grande majorité ne peut encore se con
vaincre qu'une guerre fratricide avec la
moitié de l'Allemagne soit inévitable.
On sait déjà d'une manière peu près
certaine que la Saxe sera le théâtre des
premiers engagements entre les Austro-
Saxons et les Prussiens. C'est Dresde
que se forme un camp retranché, où, dit-
on, les Autrichiens, unis aux Saxons, se
sentent en mesure de tenir tête l'ennemi
quelque puissant qu'il soit.
A la fin du mois d'août 1813, Napoléon
livra devant Dresde une bien mémorable
bataille car l'armée qu'il combattait se
trouvait commandée par le général qui
pouvait le mieux lui disputer la victoire.
L'armée combinée des Autrichiens, des
Russes et des Prussiens avait pour chef le
général Moreau, débarqué sur le continent
depuis un mois seulement. Elle soutint
pendant deux jours les efforts de l'armée
française; mais la fin de la seconde
journée, l'empereur Napoléon aperçut dans
le lointain un groupe d'officiers supérieurs
contre lequel il fit pointer une batterie
d'artillerie. Armé de sa petite lorgnette, il
vit de suite qu'un des coups avait porté.
En effet, un boulet de canon venait de
renverser Moreau et de lui briser les deux
jambes. Ce général supporta la double
amputation, sans s'émouvoir, sans laisser
percer le moindre signe de douleur. II ne
cessa pas de fumer un cigare; mais il ex
pirait au bout de peu de jours, en disant
Ce Bonaparte, il aura jusqu'à la fin plus
de chance que moi. L'armée des alliés
avait dû faire retraite, ce fut la dernière
bataille gagnée en Allemagne par Napo
léon^
dépêches télégraphiques.
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
Suite. Voir notre numéro de mercredi dernier.
ce que le petit bucheron avait fait trois
jours dans la foret.
Au grand étonnement de Marietta et de Laurent,
qui ne l'avaient pas vu entrer, Antonio sortit de sa
cachette, et s'avança lentement vers son père.
Antonio, où es-tu allé depuis trois jours
demanda Allegri. n
L'enfant répondit, la tête baissée et en hésitant
A la foiêt, mon père.
Marietta, leva les yeux sur son fils avec une
inquiétude maternelle marquée.
Si tu es allé la forêt... tu as coupé dn bois,
si tu en as coupé... c'est aujourd'hui samedi, on
doit l'avoir payé, où est l'argent
C est qu'il m est anivé un accident, mon père,
dit Antonio.
Un accident répéta Allegri.
A oici, dit Antonio il y a trois jonrs que, tonché
des reniootrauces de ma mère, je me dirigeais vers
a forêr, bien décidé a couper du bois toute la
journée, et vous rapporter le soir le produit de
mon travail, mais, comme dit souvent mon oncle
Laiiient, l'homme propose et Dieu dispose... et...
Après, du le père, voyant que sou fils ne çpu-
ttnuait pas son récit.
Après, Antouio dit Marietta d'an accent en
courageant.
Après donc, neveo dit l'oncle Laurent avec
impatience.
Bah c'est que c'est le plus difficile dire, dit
Antonio jetant un regard b son oncle et b sa mère.
Et... tu n'as pas coupe de bois dit Laurent.
Si, mon oncle, dit Antonio.
Alors on t'a payé, et tu as perdu l'argent, ré
pliqua sa mère.
Non, ma mère.
Achève donc... dit le père,
Donc, dit Antonio s'enhardissant, en voyant
tous les visages s'adoucir autour de lui... donc,
j'arrive la foiêt... il faisait un peu froid. Je
prends ma cognée, mon maillet... et je frappe ici...
je frappe la... ça allait bien... si bien que les autres
disaient Coorage, petit... si tu continues, tu
fera d'aussi bonnes journées que too père... voilb
que par malheur l'heure du dîner arrive... je
m'assieds par terre, je prends mon couteau, mon
pain, et je uiange tout en mangeant, j'avais avisé
une grosse branche de l'arbre contre lequel j'étais
assis, et... avec mon couteau, je faisais... comme
ça... en pensant a des choses... de ces choses qui
parfois sautent au cerveau... le prennent, et font
que l'on ne pense plus b rien qu'à ça... ça n'est
pas ma faute... je vous assure, mon père... avec
mon couteau... donc... je donnais de petits coops..
puis... ça a duré trois jouis... j'ai fiui ce soir b la
nuit...
j
S'- Pétersbourg, 11 mai. - D'après des bruits
dont je ue puis eucore garantir l'exactitude, mais
Fini, quoi damandèreut b la fois, le bûcheron,
le peintre et Marietta.
Ceci, dit l'enfant allant et revenant du coin où
il s'était assis en entrant, et montrant aux assis
tants étonnés, une madone de bois, assez grossière
ment sculptée, et tenant l'enfant Jésus dans ses
bras.
Parfait d'honneur, parfait dit l'oncle Laurent
avec l'exaltation de l'artiste qui devine un éclair
de génie Ib où le commun des mortels ne verrait
qu'un morceau de bois grossièrement sculpté
Per Bacco I parfait
Stupide! dit le bûcheron sans regarder l'ouvrage
de son fils; stupide! nu fagot de bois bien fait,
bien attaché, vaudrait cent fois mieux.
Antonio, dont les yeux s'étaient allumés et
lévés b l'exclamation de son oncle, les abaissa
presque éteints sons les dures paroles de son père.
Pourtant, mon ami, dit Marietta avec cette
timidité de la femme soumise, dans laquelle ce
pendant perçait tout un orgueil maternel, immense,
empreint d'one joie ioeffable, ceci n'est pas trop
mal... je prierai avec ferveur, il me semble...
moi*** devant cette madone de bois... ne te fâche
pas, Allegri, et regarde-la... vois comme elle
penche bien son front vers son enfaut divin...
Quand cela serait... reprit brusquement le
bûcheron... certes, Marietta, je suis tout autant
fervent que toi, b l'endroit de la madone... mais il
faut vivre... il fant manger... je suis étendu sur ce
grabat, sans pouvoir te gagoer du pain, et pendant
que tu te tues b nous en gagner b tous trois, toi,