D'YPRES ET OE L'ARRONDISSEMENT. No 5,077. 49me Année. REVUE POLITIQUE. Les impressions que nous recueillons sur la situation, en général, sur les efforts que va tenter le congrès en particulier, pour rétablir la paix, ont aujourd'hui un grand accord, soit que ces impressions nous soient transmisesdeFlorence ou deVienne, de Paris ou de Berlin. Un correspondant de Florence les résume en ces termes L'opinion que le congrès ne se réunira pas, ou que s'il se réunit, ce sera seulement pour constater son impuissance, devient chaque jour plus générale. C'est avec ce sentiment dominant que la Bourse de Paris s'est ouverte avant-hier aussi les ventes sur les valeurs de spécu lation et notamment sur la rente italienne se sont-elles précipitées de manière effa cer en partie la hausse de la semaine pré cédente. La difficulté qui paraît dévoir s'élever, au début, entre la Prusse d'une part, les représentants de la Diète germanique de l'autre, lorsque les membres du congrès se trouveront en présence, donnera tout de suite la mesure des difficultés de tout genre dont est hérissée l'entreprise conciliatrice. Pour son succès, il fallait, tout le monde le reconnaît, la plus entière sincérité et ce qui prouve qu'elle n'existe pas, c'est que les choses en soieot arrivées au point où elles en sont. Rien n'est sombre comme le langage que tiennent en ce moment leurs Etats assem blés ou les souverains, ou les premiers ministres des royaumes et principautés de l'Allemagne. L'affaire de la Roumanie semble destinée rester pendant quelque temps, peut-être pendant quelques jours, dans le slalu quo. La Turquie n'a pas modifié ses résolutions; LE PETIT BUCHERON. mais elle n'a fait entrer encore aucun sol dat sur le territoire moldo valaque. Tout en laissant la situation sa gravité et ses incertitudes, nous devons cependant signaler l'attention deux circonstances favorables au parti de la paix; ce sont un redoublement d'efforts de la part des diplo mates, des manifestations pacifiques cha que jour plus nombreuses en Prusse. Sur l'un et l'autre point nous ne croyons pas nous tromper, il y a progrès, et c'est pour cette raison que l'espérance semble par moment renaître. Quant aux manifestations l'intérieur de la Prusse, elles émanent surtout des conseils communaux de grandes villes. On se demande toujours après cela si M. de Bismark osera réaliser son projet de convoquer les électeurs et consulter le nouveau Parlement. Déjà l'idée de faire adresser par le Roi la nation un mani feste pour réveiller l'esprit guerrier a été abandonnée. Le roi de Saxe; l'ouverture de la ses sion extraordinaire des Chambres, a tenu ud langage très sage, très-noble,qui prouve qu'on peut atteindre la véritable grandeur sans être sur l'un des trônes les plus élevés du monde. Dans son discours d'ouverture le roi de Saxe justifie ses armements avec beaucoup de dignité; mais il a peur d'une invasion, qui bientôt se convertirait en annexion. C'est pour cela qu'il veut être prêt dé fendre ses Etats, malgré l'infériorité de sa puissance. Le Moniteur vient de publier un arrêté royal, en date du 26 mai, qui porte que la session législative de 1865-1866 est close. ÉLECTIONS PROVINCIALES. Messines.'Les candidats libéraux sont élus Wervick. Les deux candidats conser vateurs sont nommés. Dixmude. MM. Castelein et Vandrom- me ont été nommés. Roulers. Le parti conservateur l'a emporté une majorité de 127 voix. Thielt. Les deux candidats conserva teurs sont nommés. Courtray. La liste conservatrice a passé. Les voix se sont réparties ainsi MM. Buyse-Van Isselsteynmembre sortant, 1,087 voix; Louis Van den Bulcke, bourgmestre de Belleghem, 1.016; De- mulié Debien conseiller communal Courtray, 1.015; baron A. Delfosse, d'Es- pierres, 1.009; Ch. Soudan-Boulez, négo ciant, 1,018; J. Mullie Blangy, fabricant Mouscron1,010; Jules Lagae, avocat Courtray, 1,008. Thourout. Les quatre candidats catho liques ont passé une grande majorité. Fumes. Les deux candidats asser mentés l'ont emporté une voix de majo rité. Ostende. Il n'y avait pas de lutte. Ont été élus MM. Janssens et De Brauwer. bulletin de la guerre et de la paix. Le bulletin de la guerre est toujours plus gros que celui de la paix. Le prochain congrès n'arrête pas un seul régiment qui s'avance vers la frontière, ne retient pas un seul milicien dans ses foyers. Le roi Victor-Emmanuel donne rendez- vous pour le 31 mai Garibaldi, qui ira le trouver son quartier général. LE PROPAGATEUR FOI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELGE. Suite. Voir notre numéro de samedi dernier. VI. LY MARQUISE GAMBARA. Combien de temps Antonio resta—t-il ainsi, c'est ce qo'il ignore, le premier sentiment qu'il éprouva vn revenant lui, fut une sensation douce et agréa ble; le marbre nn ne froissait plus ses membres, il était couché sur one étoffe soyeuse et molle, une •nain caressante et embaumée bassinait ses tempes d'une eau fraîche qni semblait chasser, b force de libations, les vapeurs noires qui alourdissaient son cerveau. Quand il entr'ouvrit les yen*, il vit une jeune femme, vêtue de noir, h genoux devant lui. N'est tu pas deCorreggio, mon petit? lui dit- elle d'une voix flatteuse et bienveillante. Oui, signora, répondit Antonio, la voix si faible flne la jeune dame crut qu'il allait retomber en faiblesse, et lui remit son flacon sous le nez. Et le fils de Marietla Allegri? demanda-t-el!e encore. Oui...marquise...dit l'enfant oatraul davaolage les yeux. Ah tu me recoooais... n'est-ce pas?... moi aussi je t'ai reconnu ce matin, quand tu demandais l'adresse du Frari... c'est-à-dire je l'ai reconnu quand tu as été loin... pourquoi as-to quitté ton pays, ta mère, ta famille? que fais-tu b Modène?... Eh bien, qu'as-tu doue... ajouta la marquise, s'apercevanl que les forces quittaient une seconde fois le petit Allegri. Qui sait... peut-être la faim?... dit une autre femme en s'approchant. La lairn! cria la marquise avec cet étonnement incrédule d'une personne riche qui n'a pas même l'idée qu'on peut avoir faim. Dain,ca se pourrait, dit une troisième personne, que la curiosité fit avancer. A celle-ci s'en joignit one autre, puis une autre, bientôt la petite chapelle se trouva encombrée; dans cette foule qui se pressait autour de la jeooe dame et du pauvre enfant malade, se trouvait la marchaode d'oranges du matin. Et il n'y aurait rien d'élonoaot b ça dit cette marchande, répondant b la troisième femme qui avait parléqui sait depuis quand il n'a pas FLANDRE OCCIDENTALE. mangé... cet enfaot... Il paraissait déjb fatigué et souffrant ce matin, lorsque j'ai étalé sur la place... Si madame la marquise Gambara voulait permettre qae je fisse sucer une de ces belles oranges de Mallebcet enfant... ajouta-t-elle avec celte'obsé- quieuse politesse d'une marchande s'adressant nue pratique? Donnez... oh! donnez... dit la marquise, qui ssns égard pour sa robe de satin noir pour son carreau de veloors ronge sur lequel la tête d'An tonio se détachait si blonde et si blanche, prit une orange, la creva de ses deux niaios et expiitna délicatement le jus sur les lèvres pâles et entrou vertes de l'enfant expirant. Ce jns bienfaisant ravira ce visage si défait Antonio ouvrit nne seconde fois les yenx, et par nn de ces instincts naturels b tout être qui n'a pas mangé depuis longtemps, il saisit avec avidité l'orange, et la dévora peau et tout. Oh! mon Dien, c'était vrai, il avait faim... dit la marquise avec one conviction triste et péni ble... pauvre petit... vite... Paolo, dit-elle b un grand laquais qui se teoail debout derrière elle, et qni avait posé b terre le carreau de velours pour que sa maîtresse ne s'agenouillât pas sur le marbre.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1866 | | pagina 1