D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMEHT.
49me Année. Samedi 2 Juin 1866. N° 5,078.
REVUE POLITIQUE.
On peut accueillir comme un symptôme
rassurant la certitude maintenant acquise
qu'il n'y aura d'agression, ni de la part de
la Prusse, ni de la part de l'Italie, ni de la
part de l'Autriche, pendant que va se faire
Paris la dernière tentative de rappro
chement. Ce qui paraît manquer plus que
jamais aux puissances neutres, c'est l'in
demnité territoriale offrir l'Autriche.
A Vienne, le sentiment très-profond de
celte impossibilité est répandu dans toutes
les classes; aussi ne regarde-t-on l'essai
qu'on va faire que comme un armistice
tout fait temporaire, pendant lequel
aucun travail de fortification, aucun arme
ment, ne doit être suspendu.
L'empereur des Français continue de
prodiguer autour de lui les assurances de
paix. Il est allé en dernier lieu visiter les
travaux du Champ de Mars, c'est*? dire
ceux qui concernent le futur palais de
l'Exposition universelle; sur les lieux
l'empereur Napoléon, on voyant le progrès
des travaux, aurait annoncé que l'exposi*
tion ne serait par remise, et qu'elle s'ou
vrirait au milieu de la paix universelle.
Quelle magnifique prédiction, qui nous
rappelle un peu celle que le même souve
rain faisait au commencement de l'aunée,
en ces termes Les peuples et les rois se
rapprochent; la paix se consolide.
C'est peut-être parce que l'on se rap
pelle la première prédiction, qu'on ne se
fie pas trop la seconde; car entre les
deux il faut malheureusement placer la
rupture éclatante, la rupture avouée de
l'Autriche et de la Prusse, l'armement de
2 millions d'hommes. En Italie, le peuple
et le gouvernement se rapprochent, mais
c'est pour être une occasion de trouble
plus profond, en Europe.
LE PETIT BUCHERON.
La réponse faite par le gouvernement
prussien l'invitation qu'il a reçue de
prendre part aux délibérations proposées
est déjà connue du monde parisien. Cette
réponselorsqu'on songe qu'elle est faite
par un homme comme M. de Bismark, est
bien doucereuse; elle n'est que miel! On se
demande si c'est bien le ministre qui ne
s'entend avec personne qui peut écrire de
pareilles lettres. Daus sa correspondance,
M. de Bismark est l'bomme du monde le
plus malheureux. Ne cherchant querelle
personnene demandant qu'une seule
chosela paix ne voulant jamais que la
liberté pour tous, le respect de tous les
droits,comment se fait-il que tout le monde
lui déclare la guerre? A l'intérieur, il est
en guerre avec les représentants qu'il
congédie, avec les électeurs qu'il n'ose pas
convoquer, avec toutes les grandes villes
qui ont peur de sa politique. A l'extérieur,
il est en fort mauvais tefmes avec l'Autri
che, avec tous les Etats secondaires de
l'Allemagne.
A la vérité, M. de Bismark est au mieux
avec l'Italie; c'est son allié le plus intime;
mais il se trouve que l'Italie veut la guerre
tout prix! N'admirez vous pas M. de Bis
mark? C'est lui qui sans doute va se
charger de faire entendre raison l'Italie,
el tout se pacifiera, grâce II. de Bismark.
L'empereur Napoléon, grâce ce ministre,
sera bon prophète.
Voici le résumé des élections provincia
les Les libéraux sont parvenus éliminer
3 catholiques Tournay, 2 Matines, i
Herve et 2 Beauraing. Total 8.
Les catholiques ont remporté la victoire
dans treize localités, où ils ont gagné, sa
voir 6 voix Courtray; 4 Tbourout; 1
Dixmude; 1 Oosterzeele; 1 a Vilvorde;
1 Hal; 2 Hasselt; 2 Beeringen; 1
Maeseyck 1 Bilsen; 1 Dinant; 2
Erézée; 1 Etalie et i Philippeville.
Total 25.
De sorte que l'opinion catholique a une
supériorité de 17 voix. De plus, elle devient
absolument majorité au conseil provincial
de la Flandre occidentale et de la députa-
tion permanente. Il en est de même de la
députalion permanente de l'autre Flandre.
Le chef-lieu de la province de Limbourg
accuse également un retour vers l'opinion
catholique.
Par arrêté royal du 29 mai, M. E. Iweins
est nommé bourgmestre de la commune
de Zonnebeke, arrondissement d'Ypres, en
remplacement de M. J. Van Eecke, décédé.
La députalion permanente de la Flandre
orientale vient de décider, contrairement
l'arrêt de la cour d'appel de Bruxelles du
25 janvier 1840, qu'officiers et soldats ont
leur domicile réel au lieu où se trouve
leur régiment, et qu'ils peuvent y exercer
leurs droits électoraux.
Mardi matin s'est ouverte Bruges
la lr* série de la 2" session de la cour d'as
sises de la Flandre occidentale, par une
affaire d'infanticide. L'inculpée est la
notnmée Juliettne D'Hoop, âgée de 24 ans,
servante, née Ansegbem, et demeurant
Courtray.
C'est le 25 mars dernier que fut trouvé
dans le trou aux cendres de la maison
qu'habitait Julienne D'Hoop le cadavre
d'un enfant nonveau-né, noué dans un
essuie mains, la bouche ensanglantée et
remplie de cendres. Julienne étant inter
rogée ne s'efforça pas de nier son crime;
mais elle soutint avoir rais seulement un
mouchoir sur la bouche pour l'empêcher
de crier, et qu'ayant enveloppé le nouveau-
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
Suite. Voir notre numéro de mercredi dernier.
Oo était alors arrivé; la marquise descendit,
elle prit Antonio par la main, et s'avança avec lui
sons le péristyle, elle n'eut qu'à décliner son nom
pour que les portes lui fassent aussitôt ouvertes
par te vieux serviteur, qui la conduisit respectueu
sement jusqu'à l'atelier, où le maître était seul, les
élèves s'étant retirés.
Maître Fraoçois Biaocbi, je vieos vous de
mander votre protection ponr ce petit Corrége, loi
dit-elle en entrant.
Ah ce petit est de Correggio demanda le
Frari, regardant Antonio comme s'il le voyait
pour la première lois, du pays de madame la
Warqnise
Oui, maître, dit la marquise, je m'intéresse
loi, il a quelques ootioos de dessin, de peinture,
®ettex-le l'œuvre, signor, je vous prie c'est
«vec moi qu'il faudra s'entendre pour son appren
tissage, la table et le logement... car je vous le
laisse, maître, je retourne demain Correggio...
ngt o Q A
j'ai comniaodé Antonio uo tableau... je veux
qu'il le fasse sous vos yeux, et d'après vos conseils,
maître.
Commander nu tableau cet enfant s'écria le
Frari ouvrant de grands yenx... j'ose dire...
Que c'était au maître et non l'élève qu'il fal
lait s'adresser, acheva la marquise; je le sais,
maître... il faut me passer ce caprice.
Il est trop louable, madame la marquise, pour
que je n'en aie pas un, moi aussi, l'endroit de ce
demain, je le mets l'œuvre, et s'il a les
dispositions que je crois remarquer dans ses yeox
et eotre les lignes de son froot... au lieu de le
prendre comme apprenti et lui faire passer soo
temps broyer des couleurs... comme ça se pra
tique ordinairement dans tous les ateliers de mes
confrères les grauds maîtres, je le recevrai toot de
suite, élève... Ça convient-il madame la mar
quise
Et toi, Antonio dit la marquise qui n'avait
répondu au peintre que par uo signe de tête plein
de gratitude.
Antonio avait des larmes dans les yeux il ne
put que prendre le bas de la robe de la marquise,
et y poser ses lèvres.
ACTES OFFICIELS.
CHRONIQUE JUDICIAIRE.
A bientôt doue, mou petit Corrége, dit la
marquise se levant... quand ton tableau sera fioi
porte-le au palais Gambara.
Puis, prenant congé du Frarila marquise se
retira.
Voilà doue Antonio Allegri au comble de ses
vœux, daos uu atelier de peinture, uo véritable
atelier rempli de chevalets, de tableaux commen
cés, de toiles de toutes les grandeurs. Précisément
ce fut daos cet endroit-là qu'on lui établit un lit,
il n'ea dormit pas de tonte la onit.
A peine jour, il était levé, il avait choisi un
chevalet, une toile, il avait garni sa palette et il
était l'ouvrage.
Au momeot où les élèves el le maître entrèrent
dans l'atelier, Allegri, qui se croyait seol, sautait
devant soo tableau ébauché, en chaotant, sur nn
air de son pays
Bravo, Corrége courage, Corrége
Corrége répétèrent en cbœnr les élèves en se
groupant autour du pauvre enfant, si bonteox
d'être surpris ainsi, qu'il ne savait où se cacher.
Corrége! loi dirent-ils si souvent, tant et si
bien que le nom lui en resta.
[Pour être continué.)