D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 5,079
40""' Année.
Le calme fait défaut presque partout
aujourd'hui. La nouvelle panique qui se
déclare dans le monde financier, l'agitation
du monde politique le prouvent surabon
damment. La Bourse de Paris nous envoie
des cours de fonds publics qu'une déclara
tion de guerre justifierait peine. On
prend peur parce que l'Autriche, avant de
s'engager dans une conférence où elle sait
d'avance que des pièges l'attendent, a
réclamé des éclaircissements.
Les hommes politiques qui ont conçu
l'idée d'une conférence ne resteront pas
court probablement devant pareil détail.
Die sont ce pas les têtes les plus puissantes
de notre époque? N'est ce pas une ambition
des plus nobles qui les inspire et les son.
tient? Assistons sans défaillance ce travail
difficile, et surtout, ne nous hâtons pas
trop de condamner les uns et d'applaudir
les autres.
Les nouvelles de Berlin nous montrent
le parti féodal mécontent de M. de Bismark
et de sa politique. L'alliance de la Prusse
avec l'Italie blesse ce parti. Dans une réu
nion laquelle près de 300 membres ont
pris part, le comte de Blanckenbourg a été
le .principal orateur entendu. Aux applau
dissements de ses auditeurs, il s'est très-
nettement déclaré contre toute guerre
révolutionnaire; or, a-t il dit,-celle que M.
de Bismark est sur le point d'entreprendre
a ce caractère au plus haut degré.
Dans les duchés de l'Elbe nous voyons
le général autrichien, comte de Gahlenz,
dîner avec le général prussien, comte de
Manteulîel.
A Berlin, on convoque enfin les électeurs
pour la formation du Parlement.
A Vienne on nie qu'il y ail eu aucune
démarche faite par l'impéralriced'Autriche
auprès de l'impératrice Eugénie en faveur
de la paix, mais on s'occupe très-sérieuse.
ment du départ prochain pour Paris du
comte de Mensdorff et des personnes qui
doivent l'accompagner ce qui prouve
qu'on est fort loin de se refuser dans cette
capitale l'idée d'un essai de conférence.
On pèse le talent et les qualités de cha-
cun des membres qui prendront part ces
négociations. On reconnaît que pour com
battre les intrigues d'un Bismark ou d'un
Nigra, et la finesse du président éventuel,
il faudrait une habitude de parole que
n'ont ni le prince de Melternich, ni le
comte de Mensdorff. Ce dernier est cousin
de la reine Victoria, ce qui ne doit pas être
mésestimé, mais il y a des circonstances
où la promptitude de la riposte présente
beaucoup plus de ressources.
La Fête-Dieu a été célébrée Vienne
avec une pompe extraordinaire. L'Empe
reur les archiducs François Charles
Charles-Louis, Ferdinand, le grand-duc
de Toscane Charles Salvalor Charles*
Ferdinand, Léopold,Sigismond et François,
le duc de Modèneont suivi la procession
dès sept heures du malin,depuis lechâteau
du Bofborg jusqu'à la cathédrale de Saint*
Etienne, où les reçut le cardinal prince
archevêque, qui célébra ensuite la grand'*
messe laquelle assistèrent les autorités,
les dignitaires les plus élevés de l'Empire.
Sur tout le parcours se tenait une foule
recueillie.
Les armementsles mouvements de
troupes, n'ont jamais été ni plus actifs ni
plus nombreux.
La garde royale prussienne, ce corps
d'élite de 40 mille hommes, est en ce mo
ment dirigé vers les frontières de la Saxe.
Desoncôlé l'Autriche concentre en Bohême
l'une des plus redoutables armées que
l'Europe ait vues sous les ordres de l'un de
ses plus habiles généraux.
Et malgré cette armée, dont on évalue le
LE PETIT BUCHERON.
nombre près de 300 raille hommes, il en
est une autre que l'on appelle l'armée du
Sud. Voici quelques détails sur la compo
sition de cette dernière qui réunit le 5"
corps, général Harlung, et le T, général
Marcicich, d'après une correspondance de
Vienne Chacun de ces corps d'armée a
80,000 hommes, en 55 régiments de ligne,
12 régiments frontière, 17 bataillons de
chasseurs, 7 régiments de cavalerie. Les
régiments de ligne ont 4 bataillons, les
régiments frontière seulement 3.
L'armée du Nord (celle de Bohême) est
extrêmement forte en cavalerie elle
compte 10 régiments de hussards, 10 idem
de hulans, 12 régiments de cuirassiers, 2
régiments de dragons.
Le Times reconnaît que l'armée autri
chienne de la Bohême est l'une des plus
belles qu'il soit possible d'assembler.
La guerre dont nous allons être les
témoins, dit-il. sera l'une des plus calami-
teuses dont l'histoire fasse mention.
C'est pour cette raison que nous voyons
s'unir tant d'efforts pour rétablir la bonne
harmonie.
Qu'elles réussissent ou qu'elles ne réus
sissent pasl'histoire gardera le souvenir
des femmes généreuses, des reines on des
impératrices qui se sont coalisées en faveur
de la paix. Nous pouvons annoncer qu'en
ce moment encore leurs efforts n'ont pas
cessé. Des lettres s'échangent entre Vienne
et Berlin, entre Paris et Londres, dit on.
Ces lettres royales expriment les pensées
les plus généreuses et la politique la plus
digne de notre temps.
Comment jusqu'ici n'ont elles rien obtenu?
L'empereur des Français, des correspon
dances l'assurent.est acquisà la paix. Nous
craignons bien que cette conquête n'ait été
tardive. Ce souverain aurait dû agir plus
tôt, son intervention eût été efficace.
PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELCE.
LE
REVUE POLITIQUE.
BULLETIN DE LA GUERRE ET DE LA PAIX.
Suite. Voir notre numéro de samedi dernier.
VIII
LES CBNT ET UNE TÊTES.
En mémoire de sa Madone de bois, grossièremeot
sculptée, et qui avait déterminé sa vocation, en
mémoire aussi de la Madone de marbre de l'église
de Sainte-Marguerite, et peut-être aussi parce
Tu 'I savait la dévotion de sa noble protectrice poor
'a sainte Mère de Notre-Seigneur, le premier
'ablean d'Antonio représeota 11 Assomption de la
sainte Fierge (tableau qu'il refit plus tard, en
!53o, et dans de plus grandes dimensions pour le
dôme de l'église de Parme) il mit deux mois b le
faire le jour où il l'acheva, sa joie fut complète,
'1 demanda an maître si ce tablean lui appartenait,
el> sur sa réponse affirmative, il le prit, le passa
sous soo bras et sortit.
C était par one des plas chaudes matinées do
mois d'avril le soleil était si ardeot, qu'à peioe si
Antonio rencontra dix personnes dans le trajet de
l'atelier an palais Gambara.
Madame la marquise y est-elle? deroanda-
t-il a no mousieur assez bien mis qui sortait du
palais comme il y entrait.
Madame la marquise voyage; elle est, je pense,
b Paris daus ce moment, répondit ce monsieur, qui,
voyant un si grand désappointement se peindre sur
le visage de l'enfant, ajouta vivement mais qui
êtes-vous, mon jeune ami que lui voulez-vous
je suis sou intendant, et si c'est quelque chose que
je puisse lui écrire
Hélas monsieur, dit Antonio versant quelques
larmes, je suis le petit Allegri de Corrége.
Précisément j'ai des ordres pour vous; entrez
Antonio étonné suivit cet bomme, qui le con
duisit dans une chajnbre qu'il occupait au palais
même. Lb, s'asseyant devant no bureau, il ouvrit
ou tiroir où il y avait de l'argent, et dit
Vous veuez chercher ce qui est dû b votre
maître, François Biaochi.
J'ignore si madame la marquise doit ou ne doit
pas au naître, répondit Allegri. J'étais venu sim
plement offrir b ma protectrice le premier fruit de
moo travail, de même que les Hébreux jadis of
fraient b Dieu les prémices de leurs jardins et de
leurs vignes.
Ah! lu sais l'Ecriture Sainte, dit l'homme d'af
faires en souriaut eh bien cela le portera bon
heur, car j'ai ordre de ma noble maîtresse, si par
hasard tu lui apportais un tableau, bon on mauvais,
de le prendre, et de te le payer... Voici le tableau
Oui, monsieur, dit l'enfant.
Ah ah dit l'intendant posant le tableau sur
sou borean poor mieux voir, et qu'est ce que ça
représente
L'Assomption de la saiute Vierge, monsieur.
Ah ah et qu'est ce que c'est que ces messieurs
qui ont l'air étonné, ici, en bas
Ce sont les apôtres monsieur.
Ah! ah! et ceux ib, Ib haut, qui ont l'air de
bienheureux.
Vous l'avez dit, inousieor, des bienheureux.
Ah Ah et tous ces enfants qui dansent autour
de cette femme que je devine être la Sainte
Vierge.