D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
49me Année.
Mercredi 27 Juin 1866.
No 5,085.
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELCE.
REVUE POLITIQUE.
Deux dépêches, l'une du quartier géné
ral autrichien, l'autre du quartier général
italien nous apportent le résultat de la
bataille livrée le 24 courant dans le quadri
latère entre le Mincio et la ville de Vérone.
Suivant le bulletin italien, ce ne serait
qu'un échec; suivant le bulletin autrichien
ce serait une grande victoire pour l'armée
autrichienne.
Un des fils de Vic'or Emmanuel et plu
sieurs généraux italiens sont blessés; les
Autrichiens ont fait, en outre, deux mille
prisonniers. Ajoutons encore que les Ita
liens doivent avoir fait des pertes considé
rables.
Les Italiens ont voulu célébrer l'anni
versaire de la victoire de Solferino par
une grande bataille livrée dans le quadri
latère. Ils ont essuyé une défaite complète.
La journée du 24 est un véritable désastre
pour les armes de l'Italie. Voi& les détails
que nous recevons ce matin sur cette
affaire qui a été des plus meurtrières
Dimanche matin, les trois premiers
corps d'armée (généraux Durando, Délia
Rocca et Cucchiari) formant dix divisions,
sous les ordres immédiats du roi Victor-
Emmanuel et du général La Marmora,ont
franchi le Mincio sans coup férir, et se
sont portés de Goïio sur Roverhella et
Villafranca, cheval sur la grande route
de Mantoue Vérone. Ces trois corps
avaient avec eux une forte division de
cavalerie de réserve du général de Sonnaz.
Le premier corps, qui formait l'aile
gauche, devait occuper les positions entre
Peschiera et Vérone, de manière protéger
la marche en avant du 2' et du 34 corps.
Mais il ne s'est pas trouvé en forces et a
été rejeté sur le centre de l'armée, qui,
pendant ce temps, avait subir l'assaut
des troupes autrichiennes sorties de Vé
rone. Celles ci, qui suivaient la ligne de
Vérone Mantoue vers le sud, direction
que paraissait prendre l'armée italienne,
ont changé de front pour se porter la
rencontre des troupes du Roi et leur ont
immédiatement livré bataille. Les Italiens,
après avoir résisté quelque temps, ont
reculé jusqu'à Custozza, petite localité,
située entre Valeggio et Villafranca, un
peu vers le nord. Là, la lutte a recom
mencé avec un nouvel acharnement et a
duré toute la journée. Vers cinq heures
du soir, les Autrichiens ont emporté les
positions de Monte-Venlo et de Custozza.
A partir de ce moment, la lutte s'est
changée en une véritable déroute pour les
Italiens. Vivement poursuivie par les
Autrichiens, l'arméeitalienne a abandonné
ses positions, après avoir laissé deux mille
prisonniers, plusieurs canons et une quan
tité considérable de fusils entre les mains
des vainqueurs. Des deux côtés les perles
ont été nombreuses. Parmi les blessés se
trouve le prince Amedée de Savoie, le plus
jeune des fils de Victor Emmanuel.
A dix heures du soir l'armée italienne
repassait le Mincio.
Quant aux bandes garibaldiennes qui se
sout jetées élourdiment dans le Tyrol, il
ne serait pas impossible qu'elles fussent
déjà coupées s'il est vrai, comme une
dépêche de Milan l'annonce, que les Autri
chiens ont occupé Borraio, qui commande
un des principaux passages entre le Tyrol
et la Valteline.
Sur la frontière de Saxe et de Bohême,
les troupes prussiennes fortement massées,
et qui semblaient attendre ces jours der
niers un mouvement du général Benedek
sur la Silésie, ont décidément pris l'offen
sive et se sont reportées en force vers les
positions qu'elles venaient de quitter. Le
territoire de la Bohême s'avance dans
celui de la Saxe royale par deux points
culminants.
C'est sur ces deux parties du territoire
autrichien que l'armée prussienne opère
simultanément une double attaque. Des
détachements paraissent s'être mis en
mouvement par Stolpen, Neustadt et Rum-
burg, tandis que d'autres se portent par
Zittau et Friedland dans la direction de
Reichenberg. Cette partie de la Bohême
paraît la moins garnie de troupes, car elle
se trouve entre la position de Bodenbach
et Tœplilz où une partie de l'armée autri
chienne est réunie avec les Saxons, et celles
qu'occupe vers la Haute-Silésie le gros de
l'armée de Benedek.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES.
Marseille, 22 juin. Les lettres de Rome
du 20 juin rendent compte des félicitations adres
sées par les cardinaux au Pape, l'occasion de
l'aimitersaire de sou élection. Le cardinal Patrizi,
sous doyen du sacré collège, a,dansson allocution,
exprimé sou regret de l'absence d'un cardinal in
considéré et oublieux des devoirs de la reconnais
sance. Il a exprimé en mêiue temps l'espoir que
l'Eglise tiiuutpherait après les épreuves de sou
pilote.
Le Pape a remercié les cardinaux. Il a déploré
les actes du Parlement italien, la suppression des
ordres monastiques, qui, malgré les défauts de
certains membres, étaient l'ornement et la force de
religion. Il a lancé d'une voix vibrante l'anatbètne,
mais en ajoutant Prions.pour leor conversion,
afin de dire comme le Christ au compagnon de son
supplice «Tu seras demain avec moi.
Le Pape a adressé des paroles de consolation
anx éiêques exilés. La plupart des assistants pleo-
raieot.
Les paroles du Pape ont été coavertes d'accla
mations.
Copenhague, 25 juin. Le czare»itch et la
princesse Dagtnar de Danemark se sont fiancés le
22 juin.
Madrid, 25 juin. La tranquillité règne
dans toute l'Espague.
Les officiers des régiments insurgés Madrid
ont fait bravement leor devoir. Treize ont été
tués et neuf blessés en cherchant ramener les
troupes l'obéissance. Aujourd'hui les sergeuts et
caporaux insurgés seront fusillés.
Bayonne, 25 juin. Des uouvelles de Ma
drid du 23 join au soir portent le nombre des
tués et des blessés une centaine.
Vienne, ib juin. L'archiduc Albert mande
aujourd'hui que l'armée italienne, refoulée par
l'armée autrichienne, a repassé le Mincio, le 24 au
soir.
L'armée autrichienne est dans le meilleur état
et daos d'excelleutes dispositions.
THÉÂTRE DE LA GUERRE.
On aura une idée des obstacles qui atten
dent l'armée italienne son entrée en Vé-
nétie, lorsqu'on saura que, les Autrichiens
sont là avec 200,000 hommes et que dans
un espace de 250 kilomètres carrés, ils ont
deux camps retranchéssix places fortes
de premier ordre, six ou sept de second
ordre, des rivières et des canaux. L'Adige,
la Brenda, le Piave et le Tagliamento sont
les principaux cours d'eau franchir.
Un correspondant anglais qui écrit au
Times d'Olmutz, en Bohême, porte le juge
ment suivant sur l'armée autrichienne
Les hommes ont bonne mine et sem
blent animés. En générall'état de santé
de toute l'armée ne laisse rien désirer.
Les soldats attendent avec impatience
l'heure du combat.
D'après des documents authentiques
les premiers coups de feu échangés entre
les belligérants ont été tirés dans la mati
née du 18 Guhrau. bourg prussien situé
environ 500 mètres de la frontière de la
Gallicie. Deux compagnies ont tiré l'une
sur l'autre, mais sans résultat.
L'Empereur d'Autriche vient d'adopter
une règle introduite par la France, qui en
a reconnu tous les avantages; il a autorisé
le maréchal de Benedek nommer sur le
champ de bataille ou en cours de campa
gne aux grades supérieurs les officiers et
les soldats qui se seront distingués et leur
conférer les décorations et les autres ré
compenses honorifiques. L'Empereur se
réserve seulement la ratification des nomi
nations faites par le maréchal.
Une correspondance particulière de la
Presse de Paris nous donne des détails
circonstanciés et très-intéressants sur la
conduite tenue Dresde par le 7' corps
d'armée prussien, fort de 72.000 hommes
et qui a occupé celte ville pendant deux
jours.
Jusqu'au 20 au matin, mande cette cor
respondance la discipline de ces troupes
n'adonné lieu aucune plainte sérieuse:
mais partir de ce moment elle s'est tel
lement relâchée que, dans l'après-midi et
vers le soir, les habitants ont été sérieuse
ment menacés dans leur propriété privée.
Les soldats prussiens se rendaient par
troupes de dix vingt hommesavec la
baïonnette au bout du fusil et un officier
ou un sous officier en tête, chez les char
cutiers, les bouchers les boulangers, les
marebandsde denrées colonialés, etc., etc.,
où ils faisaient main-basse sur tout ce qui
se trouvait sous la main en fait de viande,
de pain, de bière, de vin, de café, de spiri-
lueux, do riz, etc., etc. On cite, en parlicu-