régnante, a décidé d'ajourner la kermesse
an 21 octobre prochain.
Un journal flamand de Malines rap
porte qu'en un seul jour tous les membres
d'une même famille ont succombé au cho
léra Zelzaete. Personne ne voulut con
sentir ensevelir ni mettre les cadavres
dans les cercueils même au prix de fortes
offres n'argent, tant la terreur s'était em
parée des esprits. Ce que personne ne
voulait faire par peur, prix d'argent, un
Frère de Charité du couvent de l'endroit le
fit sans crainte et gratuitement. Cet acte de
charité d'abnégation a été apprécié.
Il y a huit jours, c'est la même feuille
qui le dit, un fait peu près semblable
s'est produit dans la commune de Meysse,
dont M. le baron Léon d'Hooghvorst est
bourgmestre. Un laboureur s'était trouvé
fortement atteint du choléra pendant son
travail aux champs, et personne ne voulut
se chargerde le transporter son domicile.
Là il n'y avait ni religieux ni religieuses
pour se dévouer; mais, heureusement, M.
d'Hooghvorst se chargea de remplir la mis
sion qui faisait reculer ses administrés. Le
digne bourgmestre transporta le malade
son domicile, le coucha et lui fit donner
tous les objets dont il avait besoin. La nuit
venue, il fallait quelqu'un pour veiller et
soigner le cholériqueet ici encore per
sonne ne voulut se charger de ce soin
c'est en vain que M. le docteur Windelinckx
promit, au nom du collège échevinal, une
sommede 15 francsà celui qui consentirait
se faire garde-malade pour une nuit.
Voyant cela, M. d'Hoogvorst s'est décidé
passer la nuit auprès de l'infortuné dont la
maladie inspirait tant de crainte toute la
commune. Si tous les bourgmestres agis
saient ainsi, la terreur serait moins grande
parmi les populations, car. le bon exemple
qui vient d'en haut porte presque toujours
ses fruits. Comme la feuille de Malines,
nous demandons pardon M. le bourg
mestre de Meysse d'avoir divulgué son
double acte de charité. Le malade dont il
s'agit est guériet c'est un fait que nous
constatons avec bonheur.
L'eau de-vie. Au 15' siècle, l'eau-
de-vie n'était encore qu'un médicament.
On peut lire dans un manuscrit de cette
époque, sous le n° 7478 de la Bibliothèque
impériale de France, un chapitre ainsi
intitulé Cy après s'en suyt les vertus et
proprielez de l'eau-de vie
Eau de-vie vault toutes manières de
douleurs qui peuvent venir par froidure et
par trop grande abondance de fluide.
Et ladite eau vault aux yeulx qui lar-
moyent et pleurent souvent, et font grant
douleur pour raison des larmes. Elle vault
aussi qui onthaleyne puante et corrompue.
Elle est souveraine contre hydropisie qui
procède et vient de froide chose; contre
maladies qui sont incurables; contre plaies
qui sont pourries; contre apostème qui
peut survenir la main des dames; contre
morsure de bestes vénimeuses, etc.
Vers la fin du 16° siècle, de médicament
l'eau-de-vie est devenue boisson d'un usage
général.
Dans les contrées où la vigne ne pros
père point, comme dans le nord de l'Alle
magne, la Suède et la Russie, l'eau-de-vie
était d'un prix fort élevé. Aussi la prépa
ration de l'eau-de-vie de grains y naquit
et s'y développa rapidement. Angélus Sala,
Italien, qili exerça la profession de méde-
i in dans le courant du 17° siècle en Ba
vière et en l'russe, a consacré plusieurs
ouvrages la préparation des eaux de vie
de grains l.a fabrication de cette eau de vie
élan déjà, avant la guerre de Trente Aus
(1618), une branche d'industrie importante
dans le district de Magdebourg et surtout
dans la ville de Wernigerode. La fabrica
tion de l'eau-de-vie de grains, loin d'être
alors encouragée par les gouvernements,
fut l'objet d'une proscription par de cer
tains scrupules religieux, comme étant un
emploi profane de la matière qui constitue
le pain quotidien.
Vaisseau blindé construit en 1530.
On croit généralement que la construction
des vaisseaux cuirassés est une invention
toute moderne; aussi pourra-t on entendre
parler avec intérêt d'une caraque ou galère
de guerre équipée par les chevaliers de
Saint Jean de Jérusalem, et décrite par
Bosio, l'historien de l'ordre, laquelle avait
été blindée en plomb pour la défendre
contre les boulets. Ce navire fut construit
Nice en 1530, et faisait partie de la
grande escadre envoyée par l'empereur
Charles Quint contre Tunis, afin de secou
rir contre le pirate Barberousse Muley*
Hassan détrôné. Le célèbre André Doria
commandait l'expédition. Après un siège
de quelques joursTunis fut enlevée d'as
saut. La caraque, nommée Santa-Anna,
dut contribuer beaucoup la prise de la
ville; elle avait six ponts, une nombreuse
et puissante artillerie; son équipage se
composait de trois cents hommes. Il y
avait bord une chapelle spacieuse une
sainte-barbe, une salle de réception et une
boulangerie où l'on cuisait quotidienne
ment, ce qui, dit Bosio, permettait d'avoir
sans cesse du pain frais. Mais, ce qu'il y
avait de plussingulier danssa construction,
c'était sa cuirasse de plomb fixée par des
boulons d'airain, appareil auquel le chro
niqueur attribue la sécurité du navire, qui
ne fut pas endommagé par les projectiles,
quoique souvent engagé dans l'action. Une
image de cette grande caraque se voit en
core de nos jours au milieu des anciennes
fresques du palaisdesHospitaliers Rome.
Le système de ta landwehr jugé dans
ses effets. Le chroniqueur de VEvénement
raconte ce qui suit 11 y a dans les envi
rons de Bonn le charmant village Godes-
berg, où les habitants riches de Cologne
et dé Bonn font construire des villas pour
la saison d'été. Dans cette agglomération
de petits châteaux on remarquait sur une
colline une maison en briques rouges
cachée presque sous la vigne folle qui
couvrait tous les murs.
On appelait cette villa la maison du
bon Dieu, et jamais titre ne fut mieux
mérité, car là-bas vivaient dans une heu
reuse intimité quelques âmes d'élite, et la
maîtresse de la maison, madame veuve
Z..., était la providence de tous les mal
heureux qui souffraient.
Toutes les fois que je venais sur les
bords du Rhin, j'allais frapper celte
porte hospitalière où j'étais reçu par une
femme remarquable et sa blonde fille de
seize ans. Les deux fils étudiaient l'uni
versité de Bonn; ils servaient en même
temps dans un régiment de hussards qui
était en garnison dans la ville. Le soir, les
deux braves garçons venaient la villa, où
le souper réunissait toute la famille, les
invités intimes et le fiancé de la jeune
demoiselle. On respirait dans le château
comme un parfum d'honnêteté; c'était la
vie de famille dans sa plus noble pureté et
avec ses plus tendres épanchements; les
hussards caressaient leur vénérable mère
comme des petits collégiens qui se seraient
échappés de leur pension.
Il y avait dans celle maison une exu
bérance de jeunesse, une abondance de
bonté qui charmait et enivrait.
J'avais passé deux jours dans cette
famille distinguée, au mois de mars, alors
que je me proposais de suivre les armées
belligérantes en cas de guerre. La mère
s'inquiétait de l'avenir de ses deux hus
sards adorés, la jeune fille tremblait pour
son fiancé, lieutenant de la landwehr. Bien
souvent, pendant la guerre, j'ai pensé
ces braves êtres, que j'ai voulu revoir un
de ces derniers jours.
Je me suis dirigé vers la maison du
bon Dieuet mon cœur battait d'émotion
et de peur; j'avais un pressentiment sinis
tre l'entrée du jardin, je rencontrai un
vieux domestique qui me reconnut, secoua
tristement la tête et me fit signe d'entrer
au salon.
Le doute n'était plus permis... le
malheur s'était abattu sur cette famille,
mais dans quelles proportions?
Au bout de cinq minutes de cruelle
attente, je vis arriver la maîtresse de la
maison, et en l'apercevant mon cœur se
serra; celte femme, que j'avais connue
resplendissante de bonheur et de conten
tement, n'était plus qu'une ombre; un
bonnet noir encadrait son visage livide et
amaigri... Elle vint moi et me tendit la
main; je ne trouvai pas une parole... Je
n'osai interroger cette malheureuse mère,
qui m'entraîna dans une chambre voisine.
L'aumônier était en prières au pied d'un
lit sur lequel dormait d'un sommeil fié
vreux la blonde enfant qui se meurt depuis
le jour où son fiancé tomba devant Aschaf-
fenbourg, où une balle fédérale le frappa
dans l'œil droit. iMoodV
Voilà tout ce qui me reste, me dit
la mère d'un ton qui me glaça d'effroi en
désignant sa fille. Mon fils aîné est mort
Sadowa... le choléra vient d'emporter le
cadet Brunn... Bientôt je resterai seule...
mais pas pour longtemps! b
Le Gulf Stream. Chacun se plaint
dp la pluie, le citadin qui ne peut aller
la campagne, le campagnard qui ne voit
pas mûrir sa récolte, le chasseur qui voit
retarder l'ouverture, le propriétaire de
bains froids qui ne fait pas ses frais; ce
n'est qu'un cri, qu'une lamentation géné
rale.
Eh bien, voulez-vous que je vous dise
quel est le coupable, quel est celui qui
doit porter toute votre colère, supporter
toutes vos malédictions
C'est le nommé Gulf Stream.
J'étais bien sûr, s'écriera aussitôt un
anglophobe, qu'il y avait là dessous quel
que machination de la perfide Albion le
Gulf Stream, rien que son nom, dévoile sa
qualité d'Anglais.
Vous êtes dans l'erreur. L'Angleterre
est innocente comme vous des méfaits de
ce drôle, et elle en souffre encore plus que
nous.
Quel est donc ce misérable?
C'est tout simplement un grand cou
rant d'eau chaude qui part du golfe du
Mexique pour se rendre dans l'océan Arc
tique. Il paraît que cette année, comme en
1817, il a rencontré dans son cours une
immense banquise détachée du Spilzberg,
qu'il l'a entraînée a;;«c lui jusque dans nos
parages, et que c'est la fonte de cette
énorme montagne de glace qui répand
dans l'atmosphère l'immensequantiléd'eau
que l'atmosphère s'empresse son lourde
répandre sur nous sous forme de pluie.
Si vous voulez savoir maintenant, et
dans tous ses détails, comment la chose
s'est passée, veuillez me prêter un peu
d'attention.
Le courant qui amène dans nos parages
les eaux tièdes des tropiques sort du gplfe
du Mexique en un fleuve qui n'a pas moins