D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 50me Année. Mercredi 29 Août 1866. N° 5,103. REVUE POLITIQUE. Les négociations entre la Prusse et la Saxe présenteront de sérieuses difficultés. Le Moniteur universel a fait une remarque dont l'importance ne doit échapper personne: Aux termes des préliminaires de paix, l'intégrité du royaume de Saxe est assurée. Par là que faut-il entendre? Si la Prusse se réserve le droit d'occuper mili tairement le territoire saxon, y a t-il encore intégrité? Non, doit on dire, car le mot intégrité comporte le respect du territoire. Celui qui l'occupe militairement ne le respecte pas. Il est notoire que l'Etat qui est militairement occupé par un autre Etat perd toute espèce d'indépendance politi que. Les autorités civiles doivent obéir la force armée. On ne le sait et on ne l'a vu que trop bien dans ces derniers temps. Si nonobstant le droit d'occuper militai rement la Saxe comme et quand bon lui semblera, la Prusse demande incorporer l'armée saxonne dans la sienne, si elle exige le serment de fidélité des officiers saxons, il faut le déclarer tout de suite, l'existence politique du royaume saxon n'est plus qu'une dérision. Ces deux con ditions étant admises, la déchéance du roi de Saxe est on fait qui s'accomplira, et qui, dès présent, né fait plus doute pour per sonne. Où donc est la garantie que la France avait promise? Toutes les réfiexiohs qui précèdent sont confirmées par les nouvelles de ce matin. L'Autriche appuyé la .Saxe dans sa résis tance aux prétentions prussiennes; elle a envoyé des instructions M. le baron de Brenner Berlin, dans ce sens. On annonce la Nouvelle Presse librede Vienne, que la déclaration de cession de la Vénélie l'Italie, comme fait légal et qui a trouvé sa place dans le traité austro-^ prussien, a reçu de îa part du plénipoten tiaire de la Prusse une forme si absolue qu'il reste peu de chance que l'Italie paye une indemnité pour les places du quadri latère D'après les dernières nouvelles de Ber lin, la commission chargée du rapport sur le projet de loi des annexions a arrêté, dans sa séance du 26, un amendement unique substituant l'incorporation immé diate des pays annexés, conformément 1 article 2 de la Constitution, l'état de transition proposé par le gouvernement. L'extension des frontières de la Prusse serait votée immédiatement; l'application complète de la Constitution prussienne aux pays annexés pourrait être retardée jusqu'au i" octobre 1867. On ne doute pas que le gouvernement et la Chambre des seigneurs ne se rallient cette proposition. Nous trouvons dans la Paix, l'occasion du prochain recensement, les observations qu'on va lire Un fait assez grave se produira l'an prochain dans notre monde parlementaire, c'est une réduction du nom bre des représentants et des sénateurs. La population de la Belgique se trouve déjà diminuée de i50,000 âmes; le déficit sera vraisemblablement de près de 300,000, au Ier janvier 1867. Dans cette hypothèse il y aurait supprimer sept représentants et trois ou quatre sénateurs, réforme qui ne pourrait s'accomplir qu'au moyen d'une dissolution générale et après le recense ment des populations par arrondissement. A cet égard le précepte constitutionnel ne comporte pas deux interprétations. Le nombredes représentants ne peut dépasser la proportion d'un pour 40,000 habitants. VOYAGE DU ROI ET DE LA REINE. L'Escaut nous rapporte le fait suivant, propos du voyage du Roi Anversdans la journée de samedi Pendant la visite royale l'hôtel de ville d'Anvers, MM. Van Put et d'Hane, ne croyant pas être entendus par le Roi écbangeaientquelques paroles en flamand. Le Roi, cependant, s'adressant inopiné ment ces deux membres du collège, leur dit: Messieurs, ne commettez pas d'indis crétion; car je comprends votre langue. Et aussitôt S. M. se mit lire les vieux textes de nos coutumes anversoisesins crits en langue flamande sur le plafond de la salle Leys. S. M. ajouta La Reine, Elle, parle parfaitement le flamand. Le Roi s'est déclaré, diverses reprises, charmé de l'accueil qui lui a été fait. En s'adressant M. Van Put, il l'a nommé plusieurs fois Mon cher bourgmestre. POLITIQUE DE LA FRANCE. Le Siècle propose, comme moyen de conciliation et de rapprochement entre la France et l'Allemagne, une combinaison que nous avons déjà mise en avant v La France, tout en désapprouvant formellement des annexions consommées en vertu du prétendu.droit de conquête et contre le gré des populations, verrait sans regret la Prusse en possession du coraman. dement militaire du nord de l'Allemagne, si la Prusse consentait faire des provin ces rhénanes un Etal allemand, mais neutre et indépendant de l'hégémonie prussienne- L'Allemagne ainsi ne céderait point la France ce qu'elle considère comme alle mand; elle s'ôterait seulement les moyens de s'en servir ofTensivement contre la France. Celle-ci serait satisfaite, et l'al liance sincère et définitive desdeux nations serait consommée. La solution de la grande question du Rhin absorberait, dans ce cas, la question secondaire de la frontière de 1814. En considérant isolément celle ci, nous nous bornerons faire remarquer 1° qu'il est incontestable que les forteresses tout offensives de Luxembourg, Sarrelouis et Landau, dans les mains d'une grande puissance militaire, ne sauraient être qu'une menace permanente pour la France et qu'une cause perpétuelle de défiance et de mésintelligence; 2° que les places de la Sarre et Landau étaient françaises depuis FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE. un siècle et demi quand on nous les a pri ses sans les consulter^ et que ce serait bien le moins, question militaire part, que de leur demander ce qu'il leur convient d'être; 3° qu'enfin, Luxembourg, les dispositions négatives de la population vis à-vis de la domination prussienne ne sont un mystère pour personne. En résumé, une solution pacifique et prompte est nécessaire aux deux nations. t> Le correspondant C. M. du Journal de Bruxelles, qui l'a très-rapidement informé des revendications territoriales de la France; la Prusse, lui transmetune communication nouvelle dans laquelle nous remarquons les lignes suivantes a En somme, ou le travail diplomatique, des préparatifs, l'attente d'une opportunité et la guerre au bout; ou un événement dé cisif et la guerre prompte; mais dans l'une et dans l'autre hypothèsetoujours la guerre certaineinévitable telle est la perspective qui s'ouvre devant nous et que Dieu seul peut changer. Je ne vous parle pas au hasard, je vous rapporte l'opinion des gens les mieux informés, j'oserais presque affirmer la conduite adoptée par notre gouvernement. On peut''trouver le jugement un peu hardi, alors que nous avons pu faire l'ex périence récente de la difficulté de lire dans l'avenir même en prenant vingt- quatre heures pour la portée de l'horizon mais il est parfois plus facile de voir une distance éloignée qu'à une distance qui nous touche presque. LE ROI DE PRUSSE. L'Europe nous apporte de curieux détails sur la réception faite parle roi Guillaume la députation deiaChambredesseigneurs, qui est venue lui apporter l'Adresse de cette assemblée. Le président ayant de mandé la permission de la lui lire, le roi a répondu que c'était inutile, attendu qu'il venait d'en prendre lecture l'instant même. Puis, Sa Majesté, abondant dans les sentiments religieux qu'on lui connaît, a de nouveau reporté en toute humilité la grandeur des résultats obtenus la pro tection divine. Le roi a dit ensuite Je suis un fils de prince. Cela seul peut faire comprendre combien il m'en a coûté pour dépouiller des princes de leurs possessions. Et ce sujet, le roi a dépeint les grands combats intérieurs (et très réels, chacun le sait) auxquels il avait du se livrer avant d'en venir prendre des mesures pénibles, mais nécessaires, a-l-il ajouté, au pays. Les joies des princes sont, on le voit, assaisonnées d'amertumes. Ne semble! il pas quelque peu voir et entendre actuelle ment dans Sa Majesté prussienne l'empe reur de Russie Alexandre 1er, contraint d'assister, presque dominé et pétrifié par la raison d'Etat comme par l'audace des conjurés, I'égorgement, non de ses frères, mais de son père Paul 1er, et restant comme

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1866 | | pagina 1