D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
50me Année.
Mercredi 28 Novembre 1866.
No 5,129.
FOI CATHOLIQUE, r- C0N8TITUTI0» BELGE.
REVUE POLITIQUE.
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La Chatnpre des représentants, après
avoir adopté hier, sans débat, le budget des
dépenses et des recettes pour ordre de l'ex-
ercise 1867, s'élevant 59,542,000 francs,
s'est occupée de rapports sur un feuilleton
de pétitions. Les conclusions présentées
ce sujet par M. Bricoult n'ont donné lieu
aucune observation.
La séance s'est terminée par divers scru-
tins relatifs la prise en considération de
demaudes en naturalisation ordinaire.
Des lettres particulières de Trieste an
noncent que fétat de la malheureuse
impératrice Charlotte est désespéré; sa
maladie morale est venue se joindre une
violente affection tuperculéuse de la poi
trine. Un dénoument imminent n'est mal
heureusement que trop craindre.
(Indépendance.)
Nous avons annoncé, il y a quelques
jours, qu'un comité s'était formé, Brux
elles, pour la défense nationale par la
création de corps de volontaires. Ce comité
est provisoirement composé de |llM. Alph.
Notbomb, Van Overloop, Vanhumbeeck,
Orls, représeatants, Renard fils, De l'Eau
d'Andrimont, Dubois, bourlart et Brial-
mont, lieutenant colonel.
Qe comité, qui n'est pas encore au com
plet, désire s'adjoindredes délégués de tou
tes les provinces et de toutes les nuances
politiques.
Toutefois, comme c'est là une question
du plus haut intérêt, il conviendrait de pro
céder une organisation qui embrasserait
toutes les provinces et ne laisserait pas une
seule localité en dehors de l'élan de patrio
tisme qui pousse nos populations profi
ter d'un système d'armement national dont
les Anglais nous ont donné l'exemple et
qui a suffisamment prouvé l'excellence de
ses résultats dans le dernier tir internatio
nal de Bruxelles.
A cet effet, il faudrait se mettre résolu
ment l'œuvre sur tous les points du pays.
Dans toutes les villes et communes où il
n'existe pas encore de comité de défense
nationale, quelques citoyens zélés ne man
queraient pas sans doute de combler cette
lacune et de s'entendre avec le comité cen
tral surlamanièredont il faudrait s'y pren
dre pour propager l'idée qui a donné nais
sance au mouvement et pour en assurer
le succès le plus prompt et le plus com
plet.
Parmi les moyens que l'on peut emplo
yer pour atteindre ce résultat, il nous
semble devoir mentionner en premier lieu
comme le plus efficace en même temps,
un pétitionnement général ayant pour but
d'obtenir la révision de la loi sur la garde
civique et la réorganisation de cette insti
tution sur des bases plus larges et plus po
pulaires.
On supprimerait les légions actuelles de
la garde civique, et on les remplacerait
par des divisions et des subdivisions com
prenant indistinctement toutes les commu-
nesdu royaume. Qn décréterait l'obligation
pour tous les citoyens de s'instruire dans
le maniement des armes et de contribuer
en cas de besoin la défense du pays. On
adopterait pour celte nouvelle milice ci
toyenne un uniforme dans le genre de celui
des riflemen tunique en drap gris, sac en
toile cirée, boutons bronzés, képi visière
ou bonnet de poliçe- Pour l'armement, on
choisirait on fusil perfectionnésechargeant
par la culasse, tel que le fusil Chassepot,
et le revolver. Les corps spéciaux qui exis
te^ actuellement sous la dénomination de
chasseurs éclaireursd'artillerie, de cava
lerie, etc., pourraient être maintenus avec
certaines modifications de détail. Le com
mandement supérieur de toutes les forces
citoyennes serait dévolu S. A. R. Mgr le
comte de Flandre.
Voilà, grands traits, les bases d'une or
ganisation £ui permettrait la Belgique de
compléter et d'accroître considérablement
sa défense nationale et d'ajouter une ga
rantie flouyel|e et significative toutes
cèlies que les traités ont déjà données son
existence indépendante.
Les idées que nops venons d'exposer se
rencoOtrentsur plusieurs points avec celles
que M. le lieutenant d'infanterie Em. Ver-
straele, attaché la maison militaire du
Roi, a récemment développées dans une
brochure intitulée la Garde civique et la
Réorganisation des forces militaires belges.
D'après une lettre que ce jeune officier
vient d'adresser un journal de Bruxelles,
la population mâle de notre pays de plus
de 20 et de moins de 60 ans était de 1 mil
lion 182,565 âmes l'époque du dernier
recensement (51 décemhre 1856.) U y au
rait là sans doute des éléments suffisants
pour l'adoption d'uo système militaire
propre garantir efficacement notre indé
pendance nationale.
Une singulière question de droit été
tranchée mercredi par le tribunal correc
tionnel d'Anvers. Un libre-penseur a-t-il le
droit de refuser de prêter serment en jus
tice suivant la formule déterminée par le
législateur; Ainsi Dieu me soit en aide
en se basant sur ce qu'étant libre- penseur,
il ne croit pas en Dieu?
M. E. Malfaison, de cette ville, avait été
cité comme témoin la reqéte de plusieurs
courtiers de navires dans une affaire char-
ge du sieur Boodahll, du chef d'immixtion
dans les fonctions de courtier de navires
Anvers. 1,1 a refusé de prêter le serment
dans les termes prescrits par la loi, c'est-
à-dire celui de dire la vérité en invoquant
Dieu, par je motif que cela était contraire
ses opinions, puisqu'il n'avait ni culte, ni
croyance religieuse quelconque.
En présence de ce refus, dont les obser
vations de M. le président n'ont pas pu
triompher, ja partie civile, représentée par
M* Van Spilbeeck, son avocat, a pris des
conclusions tendant la condamnation du
témoin dont le refus de témoigner lui cau
sait préjudice.
Le tribunal, après avoir entendu le mi
nistère public, qui a déclaré s'en référer
l'appréciation du tribunal quant l'appli
cation de la loi, et après en avoir délibéré
en cbambre du conseil, a rendu un juge
ment qui condamne ce témoin, du chef de
son refus de serment, une amende de
400 fr. et subsidiaireraent, en cas de non-
paiement de cette amende, uu emprison
nement d'un mois.
LE PROPAGATEUR
Demain peut-être, nous serons éclairés sur les
derniers étéoemeots du Mexique, sur le retour de
M. de Bismark Berlin sur tes négociations qui
sont la veille de s'ouvrir entre Rome et l'Italie
pour la question financière, sur les résolutions du
parti national hoogrois, sur la véritable situation
des insurgés en Crète; qoant k présent, nous n'a
vons sur tous ces points que des conjectures.
Sur les résolutions que l'empereur Maximilien
peut avoir prisesétant k Origaba il ne semble
plus permis de conserver quelque doute; il o'y a
pas lieu de croire qu'il soit rentré k Mexico, mais
le doute existe sur la qoestioo de savoir s'il s'est
arrêté pendant les derniers jours d'octobre k Ori-
zaba, on s'il a continué sa route vers l'Europe.
La Patrie déclare ce matin qoe l'empire mexi
cain s'écroule sous les efforts continus de la
calomnie.
Hier oDt dû se faire k Venise les élections de
trois députés. Et pour marquer le retour k la vie
politique de cette popolatioo la lotte a pris im
médiatement on caractère presque violent. Les
islaélites ont toujours en k Venise une infloeoce
prépondérante; ils ont voulo essayer d'avoir leur
caodidat et ont dû porter leurs voix sur le baroo
Levi, l'agent de la maison Rothschild; mais l'an»-
tocratie de naissence, puis des professeurs ont
entendu faire obstacle k ce riche israélite. En se
divisant entre eux, ils ont peut-être assuré le succès
de celui qu'ils voolaieot écarter de l'urne.
Des difficultés surgissent déjk entre la Prosse et
la Saxe pour l'exécution des conventions du traité
de paix. La Prusse a compris que l'entretien des
troupes d'occupation qu'elle laisse en Saxe devait
être k la charge du pays occupé; la Saxe a compris
toot le contraire. On discute Ik-dessus; et déjk il a
fallu ootnmer de part et d'autre des commissaires-
négociateurs.
On reconnaît que si M. de Bismark arrivait au
jourd'hui k Berlin, il trouverait déjk la situation
bien autrement tendue qu'il ne l'a laissée.
Les correspondances de Hongrie nous montrent
le véritable chef du parti national, M. Deak, don
nant k tout le monde des conseils de modération.
Les grecs-unis, qui aux yeux des Russes ne sont
aotres qoe des catholiques, sont l'objet des mêmes
persécutions que ces derniers. Sur de simples soup
çons, leurs prêtres sont enlevés k leur église, jetés
en prison, ou déportés.
CHRONIQUE JUDICIAIRE.