D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
50me Année.
No 5,149.
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
REVUE POLITIQUE.
Le télégraphe annonçait hier et les correspon
dants de Vienne confi>meot aujourd'hui que la
crise ministérielle qu'on considérait depuis long
temps comme une conséquence iné.iiable de la
silaaiion nouvelle en Autriche, a enfin éclaté.
Le débat s'agite entre le ministre d'Etat, comte
Belcredi et M. De Deust, ministre de la maison
impériale et des affaires étrangères; c'est ce dernier
qni l'emporte. \1. De Belcredi a offert sa démission
que l'Empereur hésite a accepter. M. De Beust le
remplacera propablement comme ministre «l'Étal
et présideot do conseil des ministres. Nous ne
pontons pas encore affirmer eu ce moment les cau
ses réelles et toute la portée de cet é»énemeiii
mais il est certain dès 4 présent qu'il s agit de l'or
ganisation défioilite des destinées futures de la
ranarchie des Habsbourg.
On connaît maintenant, a l'esceplinn d'un seul,
l'opinion de tous les bureaux de la Chambre des
Députés de Florence sur le projet Scialnja, et cette
opinion loi est décidément défatorable. L Opiniune
assure néanmoins que le minis'ère est résolu A ten
ter l'épreuve de la discussion publique, et la Na-
zione démeut les bruits qui couraient d une crise
ministérielle; enfin, d'autre part, le Nuovo Diritto
préteod que le ministère n'aura pas recouts une
dissolution de la Chambre. Mais alors b quoi s'arte
lera le ministère et comment sortira -1—il d nue
sitoalioo qu'il serait impuissant modifier C'est
ce que les journaux de Florence ne nous appren
nent pas.
La Gazelle Officielle de Florence donne nu
enseignement curieux sur le foie du Sénat, sié
geant comme hante cour de justice dans le procès
de l'amiral Persano. Cette assemblée se compose
de 282 sénateors; la majorité est donc de i42.
Or, dans !a séance du 29 janvier, où il a été décidé
qoe le procès aurait son cours sur les deux derniers
chefs d'accusation, irupériie et désobéissance, t3i
sénateurs seulement oui pris part au vote, de sorte
que la minorité seulement de ce corps politique,
s'est prononcée ponr la cootiuuatioo du procès.
Oo pourrait se demander si les deux questions
sur lesquelles l'amiral a succombé ont biea reçu
une solation légale, et si, eu dernière analyse, la
majorité ne se trouvera pas d'accord pour l'absou
dre.
nisation de la défense nationale est plus
que jamais l'ordre du jour. En dehors de
la Garde civique et de l'armée, la Belgique
compte encore un grand nombre de ses
enfants qui. en cas de besoin, pourraient
lui rendre des services incontestables. C'est
de celle catégorie d'hommes que l'auteur
de la brochure propose de tirer partie,
o Pour que des combattants, dit-il, subi
tement adjoints l'armée permanente en
cas d'invasion soudaine, puissent lui don
ner un concours efficace, au lieu de gêner
son action, la première condition est qu'ils
soient porteurs d'qn fusil ou d'une carabine,
et qu'ils sachent s'en servir. Il propose
donc un système d'organisation d'un corps
de tireurs d'élite, l'instar de la Freiscliulz
suisse. Si les idées qu'il développe pou
vaient être admises, le Gouvernement dis
poserait pour la défense du pays, d'une
forte armée supplémenlairecoraposée d'un
régiment par province, soit de neuf régi
ments pour le pays. Familiariser, en temps
de paix, le citoyen avec le maniement de
la carabine, et tirer de cet exercice toute
l'utilité possible, en temps de guerre; voilà
en deux mots, le projet de l'auteur.
ACTES OFFICIELS.
On annonce que M. Langrand-Dumon-
ceau, qui vient de signer un traité avec le
gouvernement italien pour l'aliénation des
biens ecclésiastiques italiens, négocie en
ce momentavec l'Aulricheune autre grande
opération financière. Il ne s'agirait de rien
moins que du rachat de la dette autri
chienne, qui on le sait, est considérable.
M. Langrand-Dumonceau se substituerait
l'Etat débiteur, moyennant la session
temporaire d'une partie des biens fonds
nationaux et l'assignation son profit, pen
dant un certain nombre d'années, du pro
duit de quelque impôt. (Gaz. de France.)
Projet d'organisation de neuf régiments de
Francs Tireurs belges, formés en dehors de
ta Garde civique et de l'armée. Tel est le titre
d'un opuscule qu'un ancien capitaine de
l'armée vient de livrer la publicité au
moment où, par suite des événements mi
litaires et politiques dont l'Allemagne vient
d'être le théâtre, la questioa de la réorga
Par arrêté royal du 3 février
Les foires et marchés de bêtes bovines
sont iulerdils, jusqu'à disposition ulté
rieure.
Par arrêté royal du 31 janvier, M. Pec-
steen, est nommé lieutenant colonel com
mandant la garde civique de Bruges.
CHRONIQUE JUDICIAIRE.
L'ouverture de la première session de la
cour d'assises de la Flandre occidentale
pour i8G7, aura lieu Bruges, lundi 23
février, sous la présidence de M. le conseil
ler Delecourt.
La question de savoir si l'arrêté du 4
novembre 1814, imposant aux citoyens
appelés déposer en justice l'obligation de
prêter serment en invoquant la divinité,
est encore en vigueur en Belgique, ques
tion qui, en ces derniers temps, a si vive
ment préoccupé la presse, a été portée
mercredi malin devant la 4* chambre du
tribunal de Bruxelles, présidée par M. le
vice président Berden.
On venait d'entamer l'instruction d'une
prévention de coups charge de deux per
sonnes, lorsque le plaignant. Simon
Slaelje, ouvrier menuisier, témoin prin
cipal, invité prêter le serment imposé
par l'art. 155 du Code d'instruction crimi
nelle Je jure de dire la vérité, toute la
vérité, rien que la vérité refusa d'ajouter
le restant de la formule a ainsi m'aide
Dieu et ses saints, ajoutant qu'il était
prêt prêter serment en remplaçant l'in
vocation la divinité par ces mots Je
jure sur mon honneur et ma conscience.
Le témoin, interpellé par M le président
sur la question de savoir quel culte il
appartenait, répondit Je ne professe
d'autre culte que celui de l'honnête hom-
me; je sais bien qu'en agissant de la sorte,
je puis me faire du tort, mais je m'appuie
sur la liberté de conscience garantie par
b la Constitution.
M. le président fit observer au témoin
que s'il lui demandait a quel culte il appar
tenait, c'était pour lui proposer le serment
suivant la formule prescrite pour les per
sonnes professant telle ou telle religion; le
témoin persista dans son refus d'invoquer
la divinité et les saints.
M. le président ayant donné la parole au
ministère public, celui-ci, représenté par
M. Crets, substitut du procureur du Hoi,
a déclaré qu'il croyait de son devoir de ne
requérir contre le sieur Slaelje.
Le tribunal, après une longue délibéra
tion, a passé outre l'audition du témoin,
sans exiger de lui d'autre serment que celui
qu'il avait offert de prêter.
TROUBLES A NI A RCIIINIYLS.
De tristes nouvelles nous arrivent de Marchiennes. Une
émeute très-grave a éclaté dans cette localité la suite d'une
grève des ouvriers des hauts-fourneaux de la Société la Tro-
videuce. Pour réprimer ces désordres, des troupes ont été
envoyées de Narour. Une pépéche télégraphique apprend que
la troupe a dû faire usage de ses ai mes et que trois personnes
ont été tuées.
La crise financière de l'élévation du prix de la houille ayant
déterminé les industriels de oette localité éteindre trois
hauts-fourneaux pour diminuer la productiou du fer et de la
fuuteles ouvriers de trois établissements ont été reuvoyés.
Les autres établissements out continué travailler, mais le
salaire des ouvriers a été abaissé. Cette réduction a d'abord été
acceptée par les ouvriersmais vendredi uu certain nombre
d'entre eux ont refusé le travail oes conditions, se sont mis
grève, et ont oberebéà eulraiuer ceux de leurs camarades qui
u'avaient pas cru devoir suivre leur exemple.
L Union de Charleroidu dimanche, donne les renseigne
ments suivauts
Les plus graves événements se sont passés hier Marchienne-
au-Poiit. La grève y a revêtu soudaiuemeut une physionomie
des plus menaçantes Sou carsotère avait été calme, on pour
rait presque dite joyeux, daus la journée de veudredi j il est
devenu tout fait sinistre daus celle de samedi. Ce n'étaient
plus quelques baudes de forgerons parcourant les rues eu
chantant et réclamant, sous l'empire de l'ivresse, le maintieu
de leurs salaires; une autre partie de la population entrait eu
scène, accusant daus ses procédés des internions d'une nature
ouvertement hostile aux forgerous et aux ouvriers métallur
gistes avaieut succédé les ouvriers bouilleurs du charbouuage
de Sacré-Madame.
Ces malheureux égarés sont entrés Marchienne, vers dix
heures du matiu, au nombre de deux trois cents. Ils parais
saient ue se piéoccuper en aucune façon de la querelle des
forgerons et des métallurgistes, première cause de la grève; le
motif uettemeut précouçu qui les amenait sur le théâtre'de
1 euieute était le dessein d'attaquer et de piller le mouliu
vapeur.
Le moulin de Marchienne était défendu par des gendarmes
et par uu peloton d'infanterie. Mais que pouvait cette poi-uée
hommes contre le Ilot impétueux des envahisseurs En uu
instant les insurgés furent maîtres de la place Les vitres sout
bnsees et L foule comme un torrentse rue, travers portes
et fcuélres, dans l'intérieur de I usine. Exaspérée par la résis
tance qq elle avait éprouvée, elle tourne sa fureur contre tout
çe qui se Uopve sa portée. Les feuétres volcuts eu éclats-
tables, ohaises, pupitres, tous les meubles sout brisés e n nulle
pièces, fuis les pillards se piécipiteut la curée: les sacs de
graïus et de fariuessout enlevés jusqu'au dernier; des homme,
des femmes, charges 4e provisions, traversent les rangs presses
de la foule et jusque sous les yeux de l'autorité avec unca.me
un saug-froid qui tient du cyuiame et s'en vont déposer iei r
butin en lieu sur. Les émeutiers péuètreut ensuite dans les
bureaux et poursuivent leur œuvie de dévastations. Livres
Papiers registres s-mt mis eu lambeaux; tout devient pmiè
aux miaus de ces furieux qui ne peuveut assouvir leur rage.
Il ne restait plus rieu de tout ce qui pouvait être ou brisé ou
déchiré, le sol était jonche de débris de meubles, de vitres et
de papiers les murs seuls Ue l'usine étaient eucorç debout-
mai» la fureur de ces Vandales n était pas apaisée ils appelè
rent le feu au seoours de leur impuissance; quelques boites rie
paille qui se trouvaient la par hasard aidereut communiquer
incendie. Déjà les tlamoies s'élevaient en épais tourbillons et
aux scenes de pillage et de dévastation allait succéder une
sceue non moins lugubre, lorsque des secours fuient apportés
qui préservèrent l us.ue d une instruction complète.