D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
50me Annee.
Mercredi 3 Avril 1867.
5,165.
M. de Beningsen a fait avant-hier des
interpellations au Parlement allemand, au
sujet de la cession du grand duché de Lu
xembourg la France.
Après avoir rappelé que le Luxembourg
est un pays allemand habité par une popu
lation allemande, qui a donné des Empe
reurs l'Allemagne et qui possède une
forteresse couvrant les frontières de la
Confédération, l'orateur, conformément
aux résolutions prises par le parti au nom
duquel il parlait, a déclaré que la question
telle qu'elle se pose intéresse l'intégrité et
l'honneur de l'Allemagne; il a ajouté qu'il
faut y donner une réponse prompte et dé
cisive sans provocation l'endroit de la
France, mais aussi sans faiblesse, ni crain
tes et avec la ferme résolution de prouver
que l'Allemagne est unie et qu'elle ne veut
rien sacrifier de ses droits.
M. de Bismark a répondu sur le champ
celte interpellation.
Il ne croit pas qu'il y ait déjà un contrat
conclu entre l'Empereur des Français et le
Boi des Pays Bas, mais il n'est pas cepen
dant en mesure d'affirmer le contraire.
Ce qu'il y a de certain, c'est que le Boi
des Pays Bas a pressenti le ministre de
Prusse La Haye sur l'accueil qui pourrait
être fait éventuellement par le cabinet de
Berlin la cession du Crand-Duché. A
cette ouverture, M. de Bismark a fait ré
pondre que la Prusse devrait laisser au
souverain du Grand Duché I entière res
ponsabilité d'un tel acte.
Les premières dénégations opposées la
nouvelle du fait accompli de la cession du
Luxembourg ont jeté un certain désarroi
dans les cercles politiques de Paris. On y
croyait si bien l'affaire terminée, du moins
avec le Boi grand duc, qu'on a été jusqu'à
contester l'autorité des informations con
traires. Mais aujourd'hui il faudra bien se
résigner reconnaître que l'affaire subit
au moins un temps d'arrêt, et peut être ce
temps d'arrêtcombiné avec l'effet produit
eu Allemagne par les transactions proje
tées, suffira t-il pour montrer la France
qu'en somme, en achetant le Luxembourg
au prix de cent millions avec une guerre
en perspective, elle ferait une assez mau
vaise opération.
Nous trouvons dans la Paix quelques
réflexions très justes sur la proposition
que l'on attribue au comité militaire des
28 et qui tend a changer le mode de recru
tement.
On le sait, cette proposition consacre le
principe de l'exonération avant le tirage
au sort, c'est a-dire l'obligation imposée
aux chefs de famille, qui ne veulent pas
que leurs fils servent en personne, de ver
ser au trésor, quelques jours avant la loterie
militaire, une somme a fixer chaque année
par le gouvernement, mais qui ne pourra
être inférieure 1,000 fr.
Ce sacrifice, qui devra se répéter pour
tous les fils, quelqu'en soit le nombre, sera
des plus lourds pour les modestes ménages
et ne laissera pas que d'en détruire l'équi
libre.
En effet, pour en bien apprécier la por
tée, marquons les différences essentielles
du-nouveau régime avec le système actuel
lement en vigueur.
En vertu de ce dernier, le fils aîné tirant
un mauvais numéro exemple le deuxième
en cas de service personnel ou de rempla
cement, et le troisième l'est également s'il
n'y a pas de quatrième. Ainsi le père de
trois fils a la chance de ne rien payer pour
le recrutement militaire si tous les trois
prennent des numéros favorables; dans
l'hypothèse d'un mauvais sort, il en est
quille pour la somme de 1,000 fr., prix
d'un remplaçant. Désormais, (je suppose
adopté le système de l'exonération) ce mê
me père aura payer pour la première
fois 1,000 fr., pour la deuxième fois 800 fr.
et pour la troisième fois 000 fr. En tout
2,400 fr. et ceci dans toutes les hypothèses,
que les numéros soient bons ou mauvais.
Car, quiconque n'aura pas payé avant le
tirage le prix de l'exemption, devra servir
en personne et sera constamment empêché
de se faire remplacer.
L'aggravation du mode de recrutement
sera manifeste, ce simple exposé le montre
clairemeut. Cette innovation est arbitraire,
injuste et constitue d'ailleurs un privilège
pour les classes riches. En effet, une somme
2,400 fr., que paiera un père de famille
riche pouraffianchir ses trois fils du service
de la milice, lui sera peu sensible, tandis
que pour le petit bourgeois, elle prendra
les proporlious d'une ruine.
Le sort des miliciens pauvres se trouve
tout aussi empiré que celui des miliciens
des classes moyennes, attendu que le nom
bre des numéros appelés, c'est-à dire que
le nombre des miliciens pauvres et forcés,
sera d'autant plus considérable que celui
des exonérations sera plus grand. Cela
saule aux yeux. S'il y a 5,000 exonérés sur
10,000 seulement, il faudra bien obliger
au service 5,000 malheureux en plus, puis
que les exonérés ne fournissent pas de
remplaçant. Il y aura profit pour le trésor
ou si l'on veut pour la caisse de l'armée;
mais il y aura dommage la fois pour les
familles des exonérés et pour les familles
des miliciens forcés.
Le système préconisé par nos 28 soi-di
sant réformateurs militaires est donc pour
les classes pauvres comme pour les classes
moyennes une aggravation considérable et
injuste de l'impôt du sang.
Onécritde Bruxellesà une feuille minis
térielle de Liège
l>a commission mixte chaigée d'étudier
la réorganisation de l'armée poursuit acti
vement ses travaux, et il paraît propable
que les Chambres auront, après les élec
tions pour le Sénat, une session extraordi
naire cet été. Il va de soi que, tandis que
la commission s'occupe d'établir, sur des
bases nouvelles et permanentes, notre
organisation militaire, le gouvernement
ne se croira pas obligé d'attendre ses réso
lutions, le cas échéant, pour prendre au
besoin des précautions extraordinaires.
Nos relations avec nos voisins sont des plus
amicales, mais, par le temps qui court, il
importe que chaque pays songe sa propre
sûreté, et il y a trop d'éléments de trouble
en Europe pour que l'on s'endorme dans
une confiance absolue.
La première sous commission chargée
par la commission militaire de l'examen
de toutes les questions se rattachant l'or
ganisation de l'armée, l'exception de la
question de recrutement, vient, son tour,
de terminer son travail. Elle s'est principa
lement occupée de la question de savoir si
et jusqu'à quel point le système de défense
définitivement adopté en 1859 et l'intro
duction des canons rayés se chargeant par
la culasse rendent désirable la modifica
tion de notre organisation militaire.
Cette question a été résolue affirmative
ment, et la sous commission signale les
points suivants comme résultats de son
examen: 1° création d'une réserve natio
nale destinée coopérer la défense des
places fortes conservées et former la
garnison permanente des forts du camp re
tranché et de l'enceinte d'Anvers; 2* com
plètement des cadresdes quatrièmes batail
lons des régiments d'infanterie; 5° augmen
tation notable du nombre des batteries de
siège et modification dans l'organisation
des batteries de campagne; 4' création de
trois compagnies spéciales de sapeurs-
mineurs.
Ces divers points et plusieurs autres qui
ont fait l'objet des délibérations de la pre
mière sous-commission, sont développés
et démontrés dans un rapport fort étendu
qui a été approuvé parcelle sous commis
sion, et qui, dans peu de jours, sera com
muniqué la grandecommission militaire.
C'est M. le lieutenant général Renard qui
est l'auteur de ce remarquable document.
(J. de Bruxelles.)
Par arrêté royal en date du 50 mars,
sont nommés dans les différentes armes,
savoir
Lieutenant-colonel commandantde place
de 2' classe. Le major L. Fraipont, du 1e'
lanciers.
Adjudant de place de 5' classe. Le lien-
tenant F. Le Cocq d'Armanville, du 6e de
ligne.
Capitaine quartier maître de 5" classe.
Le lieutenant officier payeur E. Van Doorne,
du 4' lanciers.
Capitaine de 1" classe. Le capitaine de
2" classe, H. Dedoncker du 10' de ligue.
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELGE.
REVUE POLITIQUE.
L'EXONÉRATION MILITAIRE PROPOSÉE.
ACTES OFFICIELS.
DANS L'ÉTAT-MAJOR DES PLACES.
DANS LE SERVICE ADMINISTRATIF.
DANS L'INFANTERIE.