D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
50me Année. Samedi 13 Avril 1867. J\o 5.168.
LE PROPAGATEUR
REVUE POLITIQUE.
La déclaration lue au Cèrps Législatif de France
par lè ministre (Tes affaires étraogèfes, quelqn'in-
signifiante qu'elle fût, a atteint un double but
bien qu'elle n'ait pas arrêté les demandes d'inter
pellations sur la question de la cession du Luxem
bourg et l'éttacuaiion de sa forteresse par la garni
son prussienne, elle a du moins fait.rejeter par les
oeuf bureaux do Corps Législatif la demande d'in -
terpellatioos faite par MM. Jules Fa.re et Lam-
brecbt, et a engagé les sénateurs qui a.aient déposé
uoe semblable demande b la retirer.
La déclaration du ministre des affaires étrangères
a eu encore pour effet sinon de calmer les esprits,
do moins d'éloigoer les perspectives d'une guerre
regardé comme imminente.
Le cabinet dès Tuileries a compris qoe,' promo
teur incessant de coogrès et de conférences pour
tootes les questioos qui, depuis ces «ingt dernières
années, oot par trois fois fai,t éclater la guerre dans
diaerses parties de i'Eorope, il ne pouvait refuser)
l'application do procédé le jour où ses propres
intérêts étaient en cause. Do moment que la Prusse
invoquait les traités de «839 et le jugement des
puissances sigualairesdeces actes, il détail la suivre
sur ce terrain et assurer ainsi sinqu le maintien de
la paix, du moius oo ajouruemeut de la guerre.
Que les puissances coosoliées délibèrent en com
mun ou qu'elles échangent leur opinion par voie
de correspondance, leur tâche priucipale sera de
trouver uoe combinaison qui doDue a la Prusse
comme b la France des garanties réciproques de
sécurité. Le projet de cession du Luxembourg
jouera dans ces arrangements un tôle secondaire.
La question priucipale b résoudre sera celle de
l'occupation de la forteresse. L'idée de la. neutraliser
est de toutes les combinaisons celle qui gsgue le
plus de terrain, elle peut être acceptée par les
deux parties en cause sans compromettre leur
dignité; elle compléterait l'œuvie de la couléieuce
de Loodres de i83i. Mais quelque soit le tésulial
des délibérations des puissances, la paix ne sera
réellement assurée que lorsque les cabiuets de Paris
et de Berlin voudiont sérieusement la conserver, et
qu'aox sentiments de jalousie et de méfiance qui se
manifestent maintenant dans leurs pays respectifs,
ils auront substitué ceux d'ooe entente réciproque,
non-seulement sur leurs intérêts, mais encore sur
les intérêts généraux de l'Europe, en dehors de
toute idée de conquèteset d'annextODS personnelles.
Un mot sur l'histoire rétrospective des pour
parlers engagés entre !a France et la Hollande.
Le Mémorial diplomatique disait hier que les
négociations entre le cabiuet de La Haye et celui
des Tuileries n'avaient point encore abouti a uo
traité de cession proprement dit, lprsque la Prusse
a élevé des difficultés sur ce sujet La Haye. I ou-
tefoison pense que la solution b intervenir est
fixée dans des préliminaires qui seront convertis,
b 1 occasion, eo un instrument définitif.
Le ministère italien paraît définitivement con
stitué. Il est plos favorable b la France, et il sera
moins hardi dans la qoestioD romaine que le mi
nistère précédent. Au point de vue des questions
intérieures, il est sans caractère. On avait annoncé
un ministère de conciliation choisi dans tous les
partis A 1 exception de M. Rattazzilè cabinet
actuel ne compte aucon nom saillant. Au snrplos,
en Italie, les noms propres, maintenant, importent
peu. La solution des affaires ne dépend plus des
hommes, elle est, tout entière dans les choses, ce
qui revient b dire qu'elle est fatale.
La questioo financière sera la pierre d'achoppe
ment do nouveau royaume. Tout le moude s'en
préoccupe toot le monde eu parle. Le Roi a dit
qu'il eo faisait l'objet continuel de ses méditations.
Malbeoreusement il ne suffit pas de méditer sur des
dettes pour les payer. Les sources de la richesse
publique ont été notablement amoindries par la
multitude des petits bouleversements locaux dont
s'est composée la révolution italienne. Eo même
temps, les dépenses se sont notablement accrues.
Une révolotioo coûte cher, surtout qnaod elle
porte cooronue, car elle doit satisfaire b la fois aux
exigences de la cour et aux passions de la rue et
de plos il faut payer deux gouvernements, deux
administrations, deux diplomaties, les nos officiels,
extéiieurs, publics, les autres souterrains, secrets,
occultes mais tous deux alimentés uar le même trésor.
Enfio, une lévolution désorganise-un pays, et ce
qui s'eu ressent tout d'abord, c'est le système des
institutions financières: les canaux par lesquels
circule la richesse publique, de la poche du contri
buable au trésor ceutral, et du trésor central aux
divers services, se disjoignent l'atgeot se perd en
route. Il reste ou ne sait où; mais cela suffit pour
que le tiésor soit b sec, et que les services souffreul
faute d'être alimentés.
Les journaux anglais publient les nouvelles sui
vantes du Mexique, qu'ils donuent comme puisées
b des sources républicaines
Des nonvelles reçues ici du Mexique portent
que l'Empereur Maximilien aurait offert de capi
tuler b la condition qu'une amnistie fût accordée
b tous les Mexicains ao service de l'empire, a
Le bruit qui a couru de l'abdication do Roi de
Hollande, comme grand duc de Luxembourg, est
déineuli par la France.
Le monde est de nouveau en émoi on
craint de voiria guerre exercer ses ravages,
le sang couler, le deuil et la ruine se ré-
pandre parmi des populations, qui n'ont
pu commettre aucune faute, et qui doivent
expier toutes celles et elles sont nom
breuses de leurs gouvernants.
Voilà ce qui nous révolte le cœur il y a
là des millions d'hommes paisibles, ou
vriers de la première et de la dernière
heure, bon9 citoyens, bons pères de famille,
bons frères; ils ne demandent qu'à remplir
leur tache en paix; ils paient, souvent au
préjudice de leur santé, les sommes énor
mes qu'absorbent les gouvernements, et
quand ceux-ci, soit par ambition, soit par
politique, soit par un calcul égoïste, ont
mis le feu aux poudres, ce sont les bons
citoyens qui deviennent les victimes des
fautes de leurs souverains, Rois ou Empe
reurs. Le fusilqu'il soit aiguille, qu'il se
nomme Cbassepot ou Aldiui, les tue, et
leurs veuves, leurs enfànts tombent dans
le malheur, dans la misère et très souvent
dans le vice!
Oui, cela nous révolte, et si les auteurs
de ces maux affreux échappent la res
ponsabilité de leurs fautes pendant la vie,
coup sûr, Dieu, qui est juste, les leur fera
expier après leur mort.
Dans les temps ou nous vivons, on n'en
treprend plus des guerres pour faire triom
pher de grandes, de justes et généreuses
idées: tantôt tel souverain, sans motif plau
sible, veut abattre la puissance de tel autre;
tantôt il prête la main aux viles passions
révolutionnaires pour leur donner une
prépondérance délétère; tantôt il làcbe la j
FOI CATHOLIQUE. - CO'STITl'THLN BELGE.
bride celles ci au point qu'elles se retour
nent contre lui et lui font, une position,
intolérable. La France a fait la guerre à.fa
Russie et l'Autriche; elle a laissé massa
crer la petite, et brave armée pontificale;
ellea souffertque le Prussienallàtjusqu'aux
portes de Vienne, et la voici aujourd'hui en
proie aux,conséquences de ses fautes et de.
sa coupable indulgence. Mal l'aise, elle
ne sait plus de quel côté se retourner, et la,
voici la. veille d'entreprendre une guerne
pourquoi?
Parce qu'on ne lui permet pas de faire
la traite des blancs, elle qui a empêché la
traite des nègres-! Elle s'en,va trouver le
Roi de Hollande, qui paraît avoir besoin
d'argent etlui diC: Cédez moi 200,000 Lu
xembourgeois et je vous les payerai raison
de cent millions de francs. Gela est il digne
de la France?'Elle ne peut le croire, et ce.
n'est pas coup sûr celte traite des blancs
qui la sauvera de la fausse et triste position
où elle se trouve. (La Patrie.)
La Chambredes représentants acontinué
aujourd'hui la, discussion ces derniers ar
ticles du projet de loi sur la réforme élec
torale. Ces articles ont été adoptés avec de
légères modifications.
Après avoir décidé que-le second'vote
aurait lieu le mercredi quisuivra la rentrée
des vacances de Pâques, la< Chambre s'est
ajournée au mardi 30 avril.
La commission militaire, dans sa séance
d'avant-hier, a nommé une sous-commis^
sion chargée de proposer une organisation
du premier ban de là garde civique.
Le Journal de Mayence rapporte une corres
pondance curieuse du Hanovre sur les machinations
des Francs-maçons
Il n est pas sans intérêt, dit ce journal, de savoir
comment le Roi Georges V a été gagoé h la Loge,
et comment ses fideles frères savent s'accommoder
de la nouvelle siluatioo politique. En 1859, le
ministère Borries voulait rétablir les finances du
Roi et soumettre une loi snr la liste civile b la
Diète. De nouvelles élections devaient avoir lien,
et fournir un autre résultat qoe les précédéntes, si
la loi passait. Comment faire? Sur le conseil du
mioislère le Roi dut s'astreindre b devenir franc-
maçon dans l'espace d'une heure il passa par
tous les grade* et sortait vénérable; la mort d'un
frère, il envoyait des palmes pour le cercueil. Les
élections fournirent le résultat désiré. Les Chambres
sanctionnèrent la loi,sivr I» liste civile et la sépara
tion des domaines royaux d'avec les propriétés
fiscales. Les mêmes hommes qui attaquent mainte
nant ces mesures, les votaient alors. Après les été
nements de l'an dernier on ne s'occupa plus en
rien du Roi Georges, avec lequel on rompit tootes
les relations pour ne pas déplaire Berlin. Un
nouveau Vénérable fut élo, et maintenant ces
mêmes hommes qui se pressaient encore l'an der
nier aux dîners organisés par le Roi dans les
Lnges, et qui obtenaient de loi des déeoraiioos et
des faveurs, blâment loainienaut, dans les jour naux
et réunions publiques, le gouverneraeert guelfe et
exa lent lè, gouvernement prussien cumme un
gouvernement modèle.