D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
50me Année.
Mercredi 3 Juillet 1867.
No 5,191.
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
REVUE POLITIQUE.
Aujourd'hui, c'est Paris qui sert d'e'cbo aux dis
cours prononcés du haut d'un trône, c'est la fêle
de l'industrie uuiterselle.
Aux Champs-Elysées, le lourd palais de 1855
s'est transformé eu une salle immense, ruisselant
d'or, étincelant de velours, tapissée de plantes
rares, de feuillages exotiques et de plantes parfu
mées. Il v a je ne sais quoi de babylonien dans les
pompes de celle cérémonie. Les princes s'y sont
comptés par dixaines et de tons les États do monde.
Pour comble, le Commandeur des croyants a
ajouté aux merveilles de la solennité l'éiortnemeot
de sa présence.
L'art n'a pas été absent. C'est Rossini qui a don
né la cantate; seulement, l'accompagnement de
coups de canon, assez bizarre ornement d'une
fête de la paix, a-t il !rou»é sa place et ses ioter-
prêtes? C'est Meyerbeer, c'est Mébal, c'est Cluck,
c'est Haeudel dont les chefs d'œime ont été
exécutés eu intermèdes.
Et la politique, cette souveraine qni prend sod
rang là même où l'on serait tenté de l'oublier, la
politique n'a pas été oubliée. Quoiqu'on fasse, elle
est toujours de toutes les cérémonies, en ce temps
invisible et présente, elle s'impose partout et
elle n'est jamais plus dominante que quaod on
semble l'écarter.
Il y a eu un discours de l'Empereur, qui est uo
manifeste de paix greffé sur la glorification du
tra«ail et des progrès de l'art.
A côté de cette pensée fondamentale le discours
renferme deux idées qui méritent d'être relevées
Par l'une l'Empereur, se séparant noblement et
courageusement des politiques courte vue de
l'ancienne école, qui recherchent la grandeur de
la Francedaosla faiblesse des États qui l'entonrent,
élève la hauteur d'un axiome politique celle
vérité proclamée depuis si longtemps par la
scieoce économique que la prospérité de chaque
pays contribue la prospérité de tous
Par l'autre il déclare que la France est oon-seo-
lemeot grande et prospère, mais qu'il faut mé
connaître ses institotioos qui parfois tolèrent jus
qu'à la licence pour ne pas y voir la liberté.
Cette licence, cette liberté même, oo nous per
mettra de le dire, nous ne les avons nulle part
L'AUBERGE DES
DIX-SEPT PROVINCES.
Dans la petite ville de Cambrai, au coin de la
place et de la rue Saint-Nicolas, eo face de l'an-
cienneéglise sons l'invocatioD du bieobearenx que
noos venons de nommer, et noo loin de I abbaye
do Saint-Sépulcre, se trouvait encore, il y a envi
ron on siècle,une de ces maisons bâties la maniéré
espagnole, comme tontes les constructions flaman
des qui datent du quiozième et du seizième siècle.
Soos un pignon pointudont l'angle enfermait, daDS
sa partie la plus étroite, deux petites fenêtres sem
blables deux yeux, descendaient, en reculant les
uns sur les autres, trois étages bas et petits cuiras
sés de planches noires et damasquinés d'innom
brables vitres étincelantes au soleil comme des
écailles d'acier. Uue enseigne de bois vermoulue,
et dont les figures raides, peignées et froidement
coloriées annonçaient l'œuvre surannée d'un artiste
do moyen âge, faisait lire, en caractères de pour
pre, ces trois mots triomphants
îttx sept prootnrra.
rencontrées. Espérons que les promesses contenues
dans la lettre impériale dti 19 janvier se trouve
ront confirmées par le discours do 1" juillet.
D'ailleurs cette haraogue doit être examinée
loisir.
Cette circonstance a été belle et solennelle pour
rendie un juste tiibntaux œuvres du génie humain,
mais elle l'est aussi pour s'élever dans les sphères
supérieures de l'autorité morale, des principes
sociaux, de la liberté, de la dignité et de la foi.
Comme Dieu apparaît maître et Seigneur de
toutes choses au-dessus de ces étalages de puissauce
humaine! Comme la religion plane, avec son em
pire nécessaire et fécond, sur ces forces de la ma
tière Hout, seule, elle peut régler, harmoniser,
sanctifier la dirertiori et l'emploi! Comme la pen
sée, tout émerveillée des prodiges do travail, se
reporte a«ec bonheur et se réfugié avec empres
sement vers ce Christianisme qni l'heure qu'il
est, tient aussi ses assises et par la bouche de Pie IX,
enseigne au monde les voies delà justice, de la
vérité et du saint
Le Journal de Liégr. dit que rien n'est
encore décidé quant la question des con
vocations des Chambres. 11 ajoute que,
d'après un on dit, s'il n'y a pas de session
d'été, la session d'hiver commencera un
mois plus tôt que d'habitude, de manière
qu'il puisse être pourvu en temps utile
aux vacances de la magistrature.
La Meuse annonce que, selon toutes les
probabilités, les Chambres ne seront pas
convoquées en session extraordinaire. Le
Sénat, ajoule-l elle, aurait seul se réunir
pour la présentation des candidats la
Cour de Cassation.
Enfin le Journal de Bruxelles dit a Nous
pouvons annoncer avec certitude qu'il n'y
aura pas de session extraordinaire de nos
Chambres, comme on l'avait cru jusqu'ici
La solution des questions relatives la
réorganisation de notre armée et notre
défense nationale est donc ajournée jus
qu'à la session législative ordinaire de
1867-1868, qui s'ouvrira le deuxième
mardi de novembre prochain.
Il y a uoe trentaine d'années la vieille rnaisou a
fait place uo batimeut d'apparence vulgaire, et
de l'ancienne auberge il ne reste que des écuries
souterraines et les trois mots de l'enseigne.
Parmi les nombreux Flamands qui passent de
vant la maison dont je parle, parmi les étrangers
qui lisent son enseigne taudis que la diligence en
ébranle en passant les fenêtres, parmi lesvoyageurs
qui viennent y chercher on gîte et un repas, il ne
s'en tronve sans doute point uo seul qui sache que
là est venu au monde on homme dont la main a
jeté schisme de plus parmi les chrétiens et con
tribué puissamment changer l'aspect de l'Europe.
Cet homme, c'est Calvin.
L'auberge des Dix-sept Provinces était, en
i5o8, le patrimoine de Jacques Lefraocq, joyeux
cabaretier, actif, propre, important, gros et court
comme toos ses confrères de la Flandre. Grâce
ses soios et son intelligence grâce surtout la
beauté de sa fille Jeanne, dont 00 citait les yeux
noirs, le teint rose, les bras potelés, les jolies
dents et le sourire plein d'aveoaoce, Jacques
Lefraocq voyait prospérer, au-delà de ses désirs,
l'auberge qu'il exploitait. Aussi, lorsqu'on voya
geur de Noyoo, nommé Philippe Cauvin, qui,
Conseil provincial de la Flandre occidentale.
séance d'ouverture du 9 juillet.
Président, M. Struye, doyen d'âge.
La séance est ouverte 10 1/2 heures.
M. le président tire au sort les membres chargés
d'aller recevoir M. le gouverneur.
M. le gouverneur est introduit et prononce le
discours d'ouverture. La première partie de son
discours traite de la question de l'abolition des
barrières provinciales, il propose de remplacer le
déficit que cette abolition laissera par les augmen
tations suivantes 1* de 2 centimes extraordinaires
sur la contribution foncière; 2' de 5o centimes sur
la taxe des chiens; 3* de 10 fr. snr la taxe des
chevaux de loxe; 4" de 5 fr. sur les chevaux
mixtes; et 5° de 10 fr. sur les permis de port
d'arme.
M. le gouverneur examine différentes autres
questions provinciales, chemins vicinaux, tra
vaux exécutés et exécuter, position des secrétaires
communaux part que le commerce et l'industrie
de cette province ont prise l'exposition univer
selle de Paris et, an nom du Roi, déclare ouverte
la session du conseil provincial.
MM. de Crombrugghe et Lagae prennent place
au bureau eo qualité de secrétaires.
Une commission est nommée pour procéder la
vérification des pouvoirs du nouvean conseiller
provincial élu en remplacement de M. C. De
Brouwer.
M. y an Ooteghem donne lecture des conclu
sions du rapport qui tendent l'admission de M.
Jean comme conseiller provincial du canton d'Os-
tende.
M. Jean prête serment.
Le conseil procède l'élection d'un président
Votants, 5g; billets blancs, 20; M. Bnyse- Var
lsselstein obtient 57 voix. Il y a 2 voix perdues.
M. Buyse-Van lsselstein est proclamé président
aux applaudissements de l'assemblée.
Vice-président Votants 5g; billets blancs 15
M. J. Roels obtient 38 voix, et est proclamé vice-
président.
Secrétaires MM. Vergauwen et Opsomer ob
tiennent chacun 36 voix et sont proclamés secré
taires.
depuis trois mois, logeait aux Dix-sept Provinces,
vint apprendre au cabaretier qu'il aimait Jeanne et
qu'il eo était aimé; qu'il demandait devenir son
époux, et qu'il n'était pas uo gendre dédaigner,
puisqu'il exerçait 00 commerce lucratif qni ne lui
rapportait pas moins de quinze cents livres chaque
année, Jacques répondit 0 Et moi, je loi donne,
en mariage, douze mille bonnes livres en écus
d'or bien trébuebans.
Jeanne époosa Philippe Cauvin qui établit son
domicile Cambrai, dans l'auberge des Dix-sept
Provinces. Neuf mois après son mariage, il fit
avec sa femme un voyage Noyon,et c'est là que
Jeanne mit au monde un enfant auquel, dans sa
tendresse de mère, elle voulut imposerlors do
baptême, le ooto qu'elle portait.
Le vicaire qui baptisa Jean Cauvin ne se doutait
guère des anathèmes qu'il aurait fulminer plus
tard contre 1 enfant pour lequel un parrain et une
marraine récitaient dévotement le Credo, avec
serment de faire tons leurs efforts afin de le main
tenir dans le giron de la sainte Église catholique,
apostolique et romaine.
Jeanne Lefraocq mourut Cambrai, sans pren
dre part ao schisme de son fils, et eD déplorant