FRANCE.
de mardi mercredi, un terrible incendie
a ravagéle village de Fenelles el a consumé
en quelques heures 24 maisons. Le feu s'est
déclaré vers deux heures du malin, dans le
haut du village el dans une maison inha-
bitée, dit-on. En peu d'instants,les maisons
voisines, situées dans la direction du vent,
furent enveloppées de flammes. Le fléau
était favorisé surtout par les toits en
chaume des habitations, sur lesquelles
tombaient des flammèches incandescentes.
Le vent soufflait dans le sens de la rue
principale, vers l'église et le bas de la
commune. Ah bout d'une demi heure, une
dizaine de maisons offraient un vaste foyer
l'élément destructeur trois heures,
près de 20 maisons étaient atteintes, sans
parler des dépendances, fournils, granges,
etc. Impossible de décrire la terreur, la
confusion, les efforts des malheureux ha
bitants, la vue d'un pareil désastre, qui
menaçait d'envelopper le village tout en
tier. Déjà le sinistre avait pris des propor
tions formidables et il éparpillait sur une
étendue beaucoup trop grande les efforts
individuels. Des maisons brûlaient a plus
de 200 mètres du point de départ de I in
cendie. Bientôt l'église elle même se trouva
sérieusement menacée. Un nuage d étin
celles brûlantes el des masses de chaume
enflammé la recouvraient, ainsi qu'une
maison voisine. Heureusement que l'église
est un des rares édifices du village recou
verts en ardoises; sinon c'en était fait de
toutes les habitations de ce côté. Un frémit
en songeant aux désastres qui en seraient
résultés. Il était cinq heures du malin, et le
feu gagnait toujours; il avait passé de l'au
tre côté de la rue,/et y avait anéanti cinq
habitations; il y fut arrêté, grâce un toit
d'ardoises qui coupa la communication
avec les autres toits en chaume. C'est alors
qu'on songea heureusement faire la part
du feu et concentrer tous les efforts sur
les maisons les plus en danger, voisines de
l'église. On organisa une chaîne, on se
procura de l'eau tant bien que mal, chacun
y mit du sien; en même temps une pompe
arriva de Winenne. C'était bien tard, mais
elle rendit cependant de précieux services.
C'était bien tard, mais elle rendit cepen
dant de précieux services. Elle contribua
largement contenir les flammes, et bien
tôt on put espérer que la catastrophe si
considérable qu'elle fût, ne prendrait pas
de plus vastes proportions. Une trentaine
de corps de logis achevaient de se consu
mer lentement, el les travailleurs n'eurent
plus d'autre occupation que de protéger
les points les plus menacés.
Quelle confusion et quelle désolation!
Les rues encombrées d'objets sauvés la
hâte, souvent demi brisés, demi-consumés,
souillés de boue et de poussière. Les mal
heureux incendiés navrés, les larmes aux
yeux, des femmes courant effarées, des
petits enfants dans les bras, et poussant
des sanglots déchirants. Il fautavoir assisté
un pareil spectacle pour comprendre
tout ce qu'il y a de désolant. Heureusement
encore que les pluies des jours précédents
avaient maintenu la plupart des toits dans
un étatd'humidilé, sans quoi, bien d'autres
maisons n'existaient plus. Par un plus
grand bonheur encore la plupart des ha
bitations et des mobiliers sont assurés.
Mais quelle misèrenéanmoins, pour les
incendiés sans abri, sans meubles, jusqu'au
moment où un si grand désastre sera par
tiellement réparé. Beaucoup de petits
cultivateurs perdent leur récolte de foin,
leur provision de bois, leurs instruments
de labour. Le bétail a été sauvé partout
sauf 23 moulons qu'on n'a pu délivrer
temps. 11 serait difficile d'évaluer dès
aujourd'hui le chiffre des perles. On se
perd en conjectures sur la cause du sinis
tre.
P.MS, .8 juillet.
Il y a eu au Corps Législatif sur l'Expo
sition universelle, un court débat que l'on
peut résumer ainsi
M. Garnier Pagès demande que désor
mais les ouvriers entrent pour 50 centimes
le dimanche l'Exposition. .M. Boulier lui
répond que le gouvernement n'a pas ce
droit-là; que l'Exposition est gérée, admi
nistrée et créée par une commission parti
culière. La Chambre a voté six millions, la
ville six millions, la société a souscrit huit
millions. S'il y a des bénéfices, ils seront
partagés en tiers; mais jusqu'à présent ces
bénéfices sont problématiques. Les entrées
et abonnements n'ont encore produit que
quatre millions. Si la commission anive
recouvrer encore quatre aulrer millions,
elle s'estimera heureuse. Admettons qu'elle
vende les matériaux deux millions, c'est
peu près tout ce qu'on peut espérer.
Si, au contraire, il y a des bénéfices sé
rieux la Société n'a aucune intention de
les garder ni de les distribuer. Elle compte
proposer au gouvernement de s'en servir
servir pour construire un édifice interna
tional qui pourrait être très utile au com
merce el qui resterait comme un souvenir
de la grande Exposition de 1867.
Voici un petit compte qui vous fait
venir l'eau la bouche. Il s'agit des appoin
tements de M. le maréchal Vaillant, mi
nistre de la maison de l'Empereur, qui
gagne par an
Comme maréchal 40,000 fr.
Comme ministre 100,000
Comme sénateur 50,000
Comme grand officier de la
couronne 48,000
Comme grand croix de la
Légion d'honneur 5,000
Total 221,000 fr.
Il est logé, chauffé, blanchi comme mi
nistre, nourri comme grand officier de la
couronne; sa voilure est enneienue par la
liste civile; enfin, sauf ses habits et son
tabac tout lui est payé par l'Étal.
On lit dans le Propagateur du Nord
Une bien triste nouvelle vient de jeter
la consternation dans notre ville, où elle
s'est répandue avec la rapidité delà foudre.
M. l'abbé Mennessier, directeur au grand
séminaire, el M. l'abbé Lesueur, pro secré
taire de levêrhé d'Arras, étaient partis il y
a quelques jours prendre des bains de mer
Berck. Un télégramme arrivé hier soir
annonce que ces deux ecclésiastiques sont
noyés, emportés par une vague; hier cinq
heures on n'avait pas retrouvé le corps de
M. Mennessier. M. Lesueur a été retrouvé.
Un journal de Paris vient de faire le
relevédessouverains, princeset princesses,
qui,depuis l'ouverturedel'Exposilion, sont
venus Paris. Voici dans quel ordre il les
classe
Le roi et la reine des Belges; l'empereur
de Bussie; le roi et la reine de Prusse; le
roi Louis de Bavière; le roi Louis II de Ba
vière; le roi de Wurtemberg; le roi et la
reine de Portugal;leSultan;leroi de Grèce;
le roi de Suède; le comte et la comtesse de
Flandre; le grand duc héritier de Bussie;
le grand duc Wladimir;la grande-duchesse
Marie de Bussie; la princesse Eugénie de
Leuchtenberg; le duc de Leuchtenberg; le
duc de Saxe-Weimar; le duc de Mecklem-
bourg Siréliu; le grand duc de Saxe Wei-
mar; le prince et la princesse royale de
Prusse; le prince el la princesse royale de
Saxe; le duc de Saxe-Cobourg; le duc et la
duchesse de Saxe; le prince Albert de
Prusse; le prince et la princesse Charles
de Prusse; le prince Humbert; le duc et la
duchesse d'Aoste; les trois princes d'Olden
bourg; le grand duc et la grande duchesse
de Bade; le duc de Coïmbre; le prince hé
ritier de Turquie; son frère el le fils du
Sultan; le prince de Hohenzollern et son
fils le prince Léopold; le prince de Galles;
le prince Alfred, duc d'Edimbourg; le prin
ce Arthur; le prince Oscar de Suède; le
vice roi d'Egypte; le grand duc de Meklem-
bourg Schwerin; le prince el la princesse
Adalberl de Bavière; le prince d'Orange;
le duc Guillaume de Wurtemberg; le comte
de Wurtemberg; le grand-duc Constantin;
le prince de Beuss; le frère du laïcoun du
Japon.
En tout, cinquante-huit souverains,prin
ces el princesses, dont quarante cinq sou
verains et princes, trois reines et dix prin
cesses.
Dans ce nombre sont compris dix rois;
six princes régnants; neuf héritiers pré
somptifs; un vice roi.
ANGLETERRE.
Au moment où le Parlement s'occupe
des Anglais prisonniers de l'empereur
Tliéodoros, nos lecteurs liront avec intérêt
les détails suivants extraits d'une lettre
écrite par un correspondant qui paraît
très bien connaître la situation des choses
en Abyssinie. Une expédition dans ce pays
serait, au dire de ce correspondant beau
coup moins facile conduire bonne fin
que ne le pensent généralement les jour
naux anglais. Après avoir énuméré les
forces dont l'empereur Théodoros dispose
el qui dépassent trente mille hommes de
troupes, le correspondant dont nous par
lons continue en ces termes
L'empereur sait que l'Angleterre prépare une
expédition cornre lui.
Il l'ailend sans effaoi et sans la redouter.
Les ordres sont donnés de défendie vigoureuse
ment tous les défilés de détruire les routes déjà
détestables, d'incendier les villes et les villages,
d'empoisonner les cours d'eau avec les cadavres
des animaux, de faire disparaître les forêts par le
fer et le feu, de céder toujours en combattant sans
s'engager, et de faire, devant les envahisseurs, non
pas uo désert, mais un véritable Almour.
Comme nous l'avons déjà écrit, il n'y a plus de
capitale en Abyssinie, l'Empereur l'a voulu ainsi.
Les places fortes n'y existent pas davantage,
l'objectif pour une armée envahissante manque
totalement.
Ou pour être plus exact, il y en a on, un seul,
I'empereur
L'Empereur, c'est la vraie capitale, c'est 1*Abys
sinie, c'est tout. Le reste, rochers, terre et arbres,
rien de plus.
Autour de la tente de Théodoros, dans une nuit,
uDe cité puissante s'élève, et dans «ne heure, sur
un ordre do monarque, elle disparaît.
Aussi, laissant errer sur ses lèvres minces ce
sourire africain plein de finesse, dit-il ses courti
sans Les Anglais verront ce qu'ils n'onl jamais
vu, une capitale fantôme! Ce spectacle vaut bien
la peine de faire le voyage.
t.a lactique adoptée par lui, et qui ressort l'é
vidence des instructions données ses généraux,
est celle-ci affaiblir, décimer l'armée anglaise par
les privations, les maladies, les marches forcées, la
chaleur, les attaques incessantes de nuit, et n'ac
cepter la bataille qu son jour, a son heure.
Four occuper l'Abyssioie dans de telles condi
tions, cinquante mille étrangers ne suffiraient pas.
Et vouloir épouvanter Théodoros par nn nlti-
matuin c est folie; c'est ne pas couoaître cet
boauue pétri de courage d'.iudaee el de volonté.