FRANCE.
ITALIE.
Il s'est passé hier au fort Saint-Ange,
uue de scènes qui réclament une plume de
génie ou une pinceau illustre.
ALEXANDRE II.
Paris, 28 octobre.
On lit dans le Moniteur universel
Le ministre des affaires étrangères tient d'adres
ser la circulaire suitante ans agents diplomatiques
de l'Empereur
Paris, 25 octobre 1867.
Monsieur, nous ne voulons pas nous attacher,
eo ce moment, b énumérer les incidents successifs
qui ont fait naître et poussé b ses conséquences ex
trêmes une crise aussi menaçante pour la sécurité
du S. Siège que dangereuse pour les véritables
intérêts de l'Italie. Il nous suffit de l'envisage au
point de vue de notre droit et de notre honneur,
et de constater les devoirs qui en déroulent pour
nous.
La convention du i5 septembre i864 a été
provoquée et signée librement par le gouvernement
italien; elle l'obligeait a protéger efficacement la
frontières des Etats pontificaux contre toute agres
sion extérieure. Nul ne peut douter aujourd'hui
que cette obligation ne se soit pas trouvée remplie,
et, que nous ne soyons en droit de replacer les
choses dans l'état où elles étaient avant l'exécution
loyale et confiante de nos propres engagements par
l'évacuation de Rome. Notre honneur nous impose
certainement le devoir de ne pas méconnaître
quelles espérances le monde catholique a fondées
sur la valeur d'un acte revêtu de notre signature.
Noos ferons le dire cependant, nous ne
voulons en aucune manière renouveler une occu
pation dont mieux que personne nous mesurons la
gravité. Nons ne sommes animés d'aucune pensée
hostile b l'égard de l'Italie. Nous conservons fidè
lement la mémoire de tous les liens qui nous unis
sent b elle. Nous sommes convaincus que l'esprit
d'ordre et de légalité, seule base possible de sa
prospérité et de sa grandeur, ne tardera pas b
s'affirmer hautement. Dès que le territoire ponti
fical sera délivré b la sécurité rétablie, noos aurons
accompli notre tâche et nous nous retirerous. Mais
dès b présent nous devons appeler sur la situation
réciproque de l'Italie et du Saint Siège l'attention
des puissances. Aussi intéressées que nous b faire
prévaloir en Europe les principes d'ordre et de
Stabilité, nous ne doutons pas qu'elles n'abordent,
avec un sincère désir de les résoudre, des questions
auxquelles, pour on si grand nombre de leurs su
jets, se rattachent des intérêts moraux et religieux
do caractère le plus élevé.
Telles sont, monsieur, les considérations que
•vous vous appliquerez b faire valoir, et qu'appié-
ciera, j'en ai la confiance, le gouvernement auprès
duquel vous êtes accrédité.
Agréez, monsieur, les assurances de ma haute
considération. Moustier.
Nous lisons dans VUnivers .-
Le bruit a cooru hier dans Pariset semblait
venir do bonne source, queGarihaldi avait éprouve
un grave échec sous les murs de Rome. Le Moni
teur n'en dit rien ce matin; il n'annonce pas non
plus le débarquement de nos troupes. Cependant
les communications ne sont pas tellement inter
rompues que la nouvelle n'ait pu en être transmise.
Le bulletin de l'Observatoire, publié hier soir,
signale de Civita Vecchia un vent faible et une
mer tranquille, conditions très favorables pour un
débarquement.
Dans l'état actuel des communications, il faut
quatorze heures pour recevoir des uouvelles de
Civita Vecchia. La flotte française, si elle n'avait
pas l'ordre de s'arrêter en route, a dû arriver b
Civile Vecchia lundi dans la matinée. Le gouver
nement a donc dû recevoir des nouvelles le même
jour dans la soirée, de six b dix heures.
Uu journal annonçait hier soir (lundi) que nos
troupes étaient arrivées b Civita Vecchia, lundi, b
quatre heures du matin. Évidemment c'était 1b une
probabilité, mais non une information sûre.
La France dit que les légionnairesd'Antibes
qui défendaient Monte Rotondo an nombre d'en
viron 5oo ont été tous faits prisonniers.
Après la prise de Monte Rotondo, Garibaldi
avec ses volontaires, dont le nombre grossissait b
chaque heure, s'est dirigé sur Rome.
Depuis hier on n'a aucune nouvelle directe de
Roraa.
Le Moniteur poblie le compte-rendu du
grand banquet qui a eu lieu dimanche b I hôtel de
villedeParisenrhonneurde l'Empereurd Autriche
et auquel assistaient, outre les frères de celui-ci,
l'Empereur et l'Impératrice des Français.
Au dessertl'Empereur s'est levé et a porté le
toast suivant
Je bois b la santé de l'Empereur d'Autriche et
de l'Impératrice Elisabeth, dont noos regrettons
vivement l'absence.
Je prie Votre Majesté d'agréer ce toast comme
l'expression de nos profondes sympathies pour sa
personne, pour sa famille et pour son pays.
Après ce toast, accueilli par de chaleureuses ac
clamations, la musique a répété l'hymne national
autrichien; puis S. M. l'Empereur d'Autriche s est
levé et a prononcé d'une voix accentuée les paroles
suivantes
Sire, je suis bien sensible au toast que Votre
Majesté vient de me porter.
Lorsqu'il y a peu de jours j'ai visité b Nancy
les tombeaux de mes ancêtres, je n'ai pu m'ern-
pêcher de former un vœu; Putssious-uous, me
suis-je dit, ensevelir dans cette tombe confiée b
la garde d'une généreuse naliou, toutes les
discordes qui ont séparé deux pays appelés b
inarcher eusemble dans les voies du progrès et
de la civilisation (Marques générales d'approba-
tion. Applaudissements répétés). Puissions-
nous par notre union offrir un nouveau gage de
cette paix sans laquelle les nations ne sauraient
prospérer! (Bravo! Bravo! Vive l'Empereur
Je remercie la ville de Paris de l'accueil
qu'elle m'a fait; car, de nos jours, les rapports
d'amitié et de bon accord entre les souverains ont
une double valeur, puisqu'ils s'appuient sur les
sympathies et les aspiratious des peuples.
A l'Empereur!
A l'Impératrice
Au prince impérial
A la France
A la ville de Paris!
Une douille salve d'applaudissements et les cris
les plus enthousiastes de Vive l'Empereur ont
accueilli ces dernières paroles.
La Gazette du Midi extrait d'une corres
pondance particulière les détails suivants
Lesprisonniers garibaldiens qui s'y trou
vent au nombre de plus de deux cents,
étaient tous réunis dans une salle basse du
mausalée d'Adrien, lorsque la porte de leur
prison s'est ouverte et qu'ils ont vu appa
raître tout coup un homme vêtu de blanc;
c'était le Pape. Il est entré seul, tranquille,
rayonnant de sainteté et de majesté.
Il s'est arrêté au milieu d'eux et leur a
dit a Me voici, mes amis; vous voyez devant
vous le vampire de l'Italie dont parle votre
général. Quoi vous avez tous saisi les ar
mes pour courir contre moi, et vous ne
trouvez qu'un pauvre vieillard!... Un pro
fond silence régnait dans la salle; tous les
garibaldiens s'étaient instinctivement age
nouillés; Pie IX ému et resplendissant, était
debout, au milieu de ces révolutionnaires
tombés ses pieds et qui ofïraieut une sai
sissante image del'Italie repentie, de l'Italie
de l'avenir.
Il s'est approché de plusieurs d'entre eux
et leur a dit Vous, mon ami, vous man
quez de vêtements, vous de souliers, vous
de linge; eh bien, ce sera ce Pape, contre
lequel vous marchiez tantôtqui pensera
vous vêtir et vous renvoyer vos familles,
auxquelles vous porterez sa bénédiction.
Seulement, avant de partir, vous ferez,
comme catholiques, une retraite spirituelle
pour I amour de moi. C'est le Pape qui vous
en prie. Lesgaribaldiensont tousdemandé
a baieer ses pieds. Plusieurs d'entre eux
saagloltaient. Le Saint Père les a bénis.
Voici quelques détails s*ir le biillant combat
de Valle-Corsa, adressés a VOsservatore romano,
b la date Ju 20 courant
Le général de Courten, commandant notre di»i-
sion militaire, ayant appris que les gaiibaldiens
s'étaient emparés de FnWaterra petite localité b
l'extrême frontière, «.t avaient établi leur camp eo
un lieu nommé le Tivolelle, situé sur les confins de
Castro, de Vatle-Corsa et de Fulvaterra, ordonna
une reconnaissance offensive contre eux, confiant
la direction de cette entreprise au colonel Giorgi.
Cet officier supérieur partit de Ceccano avec deux
compagnies la 8* de chasseurs indigènes et la 5"
de la légion d'Antibes.
Au pont de Castro, il rencontra la 5e compagnie
de chasseurs qu'il prit avec lui. Au moment où ils
allaient se diviser, afin de surpreudre les garibal
diens ils reçurent l'avis que les chemises rouges
avaient attaqué Valle- Corsa, pays distant du point
où ils se trouvaient d'environ 2 heures de marche.
Sans aucun retard, le colonel Giorgi envoya l'ordre
au lieutenant Loreti, qui se tenait b Castro avec 60
gendarmes ou volontaires du pays, de preudre
immédiatement la voie de la rnoutagne et de tomber
sur Valle-Corsa. Il fit partir la 5" compagnie de
chasseurs indigènes et nne section de la compagnie
de la légion romaine par la route de l'auberge de
Castro, avecmission de pousser jusqu'à Valle-Corsa,
afin de secourir le capitaine de gendarmerie Lucidi,
qui défendait bravement la position avec un petit
nombre de gendarmes et de volontaires. Poor lui,
avec le reste de la colonne, il se porta eo observation.
Les deux coloonesarrivèrent en positiou quedéjb
les garibaldiens avaient dû céder et rétrograder de
la ville, défendne non seulement de la troupe, mais
aussi des habitants, qui firent le coup de feu pour
seconder les gendarmes. La compagnie de chasseurs
et la section de la légion d'Antibes, sous les ordres
du capitaine Garofoli, ouvrirent chaudement le feu,
anx cris de Vive le Pape! Vive Pie IX! b la
moitié de la montagne qui domiie Valle-Corsa, eo
un point désigné sons le nom de Valle-Mica. Les
garibaldiens opposèrent nue forte résistance; mais
ils fureut contraints de céder devant l'élan de nos
troupes, appuyées par la colonne du lieuienant Lo
reti. Après deux heures de combat, les nôtres de
meurèrent complètement maîtres de la position.
Les garibaldiens étaient au nombre de 200,
commandés par un soi-disant capitaine du nom de
Bersani, qui fut fait prisonnier avec 46 individus
de sa bande. Ils laissèrent sur le terrain 10 morts et
2 blessés, beaucoup de fusils, de munitions et de
bagages. Parmi les nôtres, 2 gendarmes furent tués
et 1 volontaire blessé.
La troupe entra alors b Valle-Corsa, ou elle fut
accueillie avec transport par la population aux cris
de: Vive le Saint-Père. Officiers et soldats, tous
donnèrent, dans cette circonstance, les preuves les
plus évidentes d'énergie et de courage,et arrivèrent
au brillaut résultat que nous venons de raconter.
Un journal révolutionnaire, le Corriere ita-
liano, rend en ces termes hommage aux zouaves:
On ne peut pas se faire nne idée de l'ardeur
et de l'entrain des zouaves; ils sont partout. Ou
dirait qu'ils sont au nombre de dix mille.
Ce témoignage Ib ne sera pas suspect.
jui
Ce digne fils d'un monarque extraordinaire est
on des sonveraius les plus éclairés de l'Univers! Il
a été appelé au trône de Russie, au moment où cet
empire était en guerre avec les puissances occiden
tales. Il s'occupa tout d'abord du bien-être de ses
sujets; ensuite, il rétablit ses relations étrangèressur
un pied pacifique. Son occupation suivante fut de
régulariser les affaires intérieures de ses Etats. Le
plus grand bienfait accordé b ses sujets c'est ré-
maucipation des serfs, réforme par laquelle des
millions d'individus ont été élevés b la vie sociale
et sont devenus des êtres peDsaot. Le serf n'avait
rien qui l'attachât b la vie, rien qui dût lui survi
vre! L homme libre a devant lui tout ce que son
ambition lui suggère d'obtenir; sa marche progres
sive n est point obstruée par les préjugés de caste,
ni les restrictions légales. Un autre de ses actes qui
fera qu on se souviendra de lui avec reconnaissance,
comme le bienfaiteur de son pays (au moins le
professeur Holloway), est l'Ukase qu'il vient de