D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 52n,e Année. Samedi 8 Août 1868. Nos 5,305 et 5,306. ÏO! CATHOLIQUE. - COUSTITimOÏ* BELGE. Y P K ES. FÊTE COMMUNALE DITE TUYNDAG. Le samedi l<r août, 6 h. du soir, le ca rillon a annoncé l'ouverture de la Péte par l'airsi populairede Notre Dame deTliuyne, ait* si ancien et toujours nouveau qui remue si profondément le cœur des Enfants de la Cité. Contrairement ce que nous avions re marqué les années précédentes, l'afiluence des étrangers se réduisait de minimes proportions. A 7 h. la musique des Pompiers a donné un concert au Parc. Ce concertcomme toujours, a eu le privilège d'attirer sous les sombres allées du Jardin Public la Fasliion Yproise et les amateurs de bonne musique. Le dimanche 2 août, 6 h. du matin, il y a eu sur la Plaine d'Amour, concours de cbant pour les pinsons. Nous ne compre nons.pas cet usage barbare qui consiste priver delà vue un pauvre oiseau pour ex trajre de son petit gosier un Biijepipi. Il n'en est pas moins vrai que ce concours a les honneurs du Programme et que dans toutes les localités de la Belgique l'on sait comment commence la Fête communale d'Ypres. A 9 b. ta procession de Notre Dame de Thuyne ést sortie de l'église S' Martin et a suivi son itinérairehabituelau milieu d'une énorme affluence de fidèles. Des groupes magnifiques figuraient dans le pieux cor tège. La ferveur avec laquelle la foule té moignait sa piété sttr le passage du T. S. Sacrement prouvait que la Foi chrétienne est loin d'être éteinte dans les masses. A midi, il y avait concert au Parc. C'était la musique du 10* de ligne qui se fesait en tendre sous l'excellente direction de son habile chef M. Walhaiu. Les sociétés de Guillaume-Tell et des Vrais Arbalétriers donnaient des tirs. Beaucoup d'amateurs y ont pris part. Mais ce qui mérite une mention toute spéciale c'est le concert vocal et instrumen tal donné en la Salle de Spectacle par M. De Wulf, avec le concours de plusieurs ar tistes de renom. Chanteurs et exécutants ont électrisé leur auditoire et ils avaient déjà fini qu'on écoutait encore! Le lundi 3 août6 h. du matin, des salves d'artillerie devaient être tirées Con trairement au programme les coups de canon se sont fait remarquer par leur absence, mais par contre il y a eu sonnerie générale du carillon et des cloches de tôutes lès églises et oratoires de la ville. C'était le jotir de l'etttrée ilu Koi. A celle occasion les indigents ont eu leur part de secours et les pensionnaires des Hospices ont banqueté. Celle jourrtée du 3 août 1868, sera ins crite en caractères ineffaçables dans les annales de l'antique et glorieuse cité d'Y- prés. Dès la veillela ville avait pris un aspect vraiment pittoresque. On ne voyait que grands mats vénitiens pavoisés de ban deroles et d'oriflammes et ornés d'écussons de formes variées aux arêtes de Belgique, de la province et de la ville deS arcs de triomphe, des sapins verlnyants, des dra peries des inscriptions <1 des drapeaux surtout des drapeaux aui couleurs natio nales, il y avait telles de ces rues qui en étaient tellement pavoisas quelles res semblaient réellement -des voies tricolores. Tous les monuments publics étaient pavoi sés. voire même la charpente de la flèche de l'église S' Pierre On ne pouvait mieux la comparer qu'au mat patoisé d'un grand navire. Le 3, dès le matin, les campagnards arrivaient en ville et au fur et mesure de l'arrivée des trains, les convois déversaient des flots immenses d'étrângers, les rues étaient trop étroites, les pDees trop petites pour contenir celte foule innombrable de visiteurs. La population d'Ypres s'était accrue tout d'un coup dansdes proportions énormes. En voyant ces masses compactes circuler dans nos mes, notre pensée se reportait vers cette époque glorieuse pen dant laquelle notre antique Cité, l'apogée de sa splendeur et de sa prospérité, comp tait dans son sein une population de 200,000 habitants! Quelle vie, quel mou vement. quelle animation! Même l'Astre du jour, comme s'il eut été heureux de coopé rer l'éclat «le la Fête, éclairait de ses plus splendides rayons ce pittoresque tableau Dès H h. une demi batterie d'artillerie de campagne (4 pièces) avait pris position proximité de l'ancienne porte du Temple pour tirer les salves de rigueur en pareille circonstance. La Garde civique (infanterie et artillerie), le Corps de Sapeurs Pom piers, le 10* de ligne cl l'Ecole «Je cavalerie orcupaieut les abords de la station. Les Corps de musique, les sociétés d'archers, les Corps de Pompiers, les Ghildes, les élèves, les pensionnaires des diverses insti tutions, en un mot, les sociétés quelconques de la ville et du district étaient échelonnés, bannières déployées, dans les rues des Bouchers, du Temple, au Beurre, sur une partie de la Grand'Place et dans la rue de Lille, jusques près de l'hôtel de M. le séna teur Baron Mazeman de Coulhove, atten dant avec une impatience fébrile le mo ment de pouvoir acclamer leur jeune et bien aimé Souverain. A-midi moins quart, le sifflet d'une loco motive se fit entendre tout coup dans là direction du Moulin Brûlé. Soudain le cri, Le voilà!s'échappe des poitrines, le train royal paraît, les canons lancent leurs fou dres, le carillon joue l'air national, toutes les cloches des églises de la ville sont mises en branle et annoncent l'arrivée du Koi. Un instant après, le train royal entre dans la gare, le Koi se tient debout dans sa ber line, le lorgnon l'œilla musique des Pompiers entonne la Brabançonne, S. M. descend de convoi et est reçue par M. Beke, bourgmestre, entouré deséchevins du Con seil communal, ainsi que d'autres autorités civiles, militaires et judi«'ifwres. Les minis tres de la justice, des affaires étrangères et de la guerre, le grand maréchal du palaJs. le général d'Uanins de Moerkerke, 1e chef du cabinet du Boile gouverneur de la province et deux officiers d'artillerie, aides de camp du Roi, accompagnent S. M. Soyez le bienvenu, Sire, dit M. Beke, SI M. La -ville d'Ypres est heureuse de vous recévoir. Et le Hoi Jfesuis heureux aussi, M. le bourgmestre, de pouvoir vous faire cette visite. Je suis votre disposition. Compliment et réponse, empreints d'une admirable simplicité. Soudain le Roi apparaît l'entrée de là station quel bel homme! et commeia Royauté lui sied bien. Il porte l'uniforme de général et les insi gnes de l'ordre de la Toison d'or et la pla que de l'ordre de Léopold. Les tambours battent, les clairons et trompettes sonnent, le canon tonne, tes troupes présentent les armes et un foTmidaldecri de Vive tefbi! sort avec nn frénétique enthousiasme de toutes les poitrines: Le'Roi passe lentement etiTevueda Gardectvtqoe. li a pour chaque soldat citoyen nn ineffable sourire et un gracieux salut. La milice bourgeoise ne peut plus se contenirl'enthousiasme dé borde et sur toute la ligne, on n'entend plus que le cri de Vive le lioi! Le Roi paraît ému d'une manifestation si patriotique et remercie la Garde civique dans la personne de son Chef. S. M. passa également la revue de l'armée. Les équipages de la Cour et des voilures de maître attendaient dans l'avenueide la station; le Roi, sa suite et les autorités y prirent place et S. M. fit son entrée en ville. Cette entrée du Souverain a été triomphale. Depuis la gare jusqu'à l'hôtel de M. le séna teur baron Mazeinan de Coulhove ce n'a été qu'une explosion continuelle d'un en thousiasme qui tenait du délire, ce n'a été qu'un cri unanime celui de Vive le Boi! auquel se mêlait la Brabançonne exécutée successivement par les vingt musiques qui devaient prendre part au Festival. M. Mazeman a reçu la porte de son hôtel S. M. qui lui a serré affectueusement la main. Un instant après, le Roi a paru au balcon et S. M. a été saluée de la part de la population et de la Garde civique des plus chaleureuses acclamations. Après le spfendide déjeuner offert au Roi par M. le sénateur et auquel avaient été conviés, outre les personnages de la suite du Roi, les autorités civiles, judiciai res, militaires et ecclésiastiques de la ville (56 couverts), le Rbi s'est rendu l'église 8,;Martin. S. M. a été reçue l'entrée du temple parM. le doyen entouré d'un nom- -hreux clergé en rochel et par le conseil de 'fabrique au complet;deux discours ont été prononcés, l'on par M. le doyen l'autre 'par M.'Molle, président du conseil de fa brique. Le Roi a visité avec un vif intérêt notre magnifique église dans tous ses dé tails et a témoigné diverses reprises sa haute satisfaction MM. les président t membres du conseil ainsi qn'à M. iWchi- tecte Van Ysendyi k pour les soins et le goût parfaits- qui président la restaura tion du monument. Pendant cette visite, l'épéede M. Bara s'attacha au roctieud on ecclésiastique. Celui ci, tout élonné de-se LE PROPAGATEUR

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Le Propagateur (1818-1871) | 1868 | | pagina 1