D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
52me Année.
Mercredi 16 Septembre 1868.
5,317.
REVEE POLITIQUE.
Le Constitutionnel de Paris reproduit, en
leur donnant par conséquent un caractère
d'authenticité, les paroles que l'empereur
des Français a adressées plusieurs géné
raux en quittant le camp de Châlons. Je
ne vous dis rien, a dit Napoléon III, par-
ce que les journaux ne manqueraient
pas de tirer de mes paroles, si modérées
qu'elles fussent,des pronostics deguerre.»
Si réservées que soient ces paroles, il faut
s'attendre les voir devenir un nouveau
thème commentaires pour les esprits
alarmistes.
Une dépêche de Toulon apprend que le
candidat officiel l'a emporté dans la lutte
électorale du département du Var. Si émi-
nentes que fussent les qualités personnelles
de M. Dufaure, on n'a vu en lui que le
candidat de l'opposition, et ses titres indi
viduels n'ont pu contrebalancer l'influence
dont le gouvernement impérial dispose
dans la partie rurale des populations.
La crise italienne continue se précipi
ter vers son dénouement sous la double
influence des intrigues du pouvoir et des
violences de la démagogie. Une correspon
dance de Florence, adressée la Gazette de
Turin, signale deux questions qui vont être
agitées dans le conseil des ministres, prési
dé par le Rot la question internationale
relative l'évacuation de Rome, et la ques
tion intérieure relative au replâtrage mi
nistériel.
La reine d'Angleterre est rentrée au châ
teau de Windsor samediplongée de plus
en plus dans la tristesse. Les médecins de
la cour, qui avaient pensé qu'un voyage
sur lé continent pourrait agir sur elle, ne
savent plus quel remède opposer au ma
rasme qui s'est emparé de Sa Majesté. On
UNE DÉESSE.
parle de nouveau d'une abdication en fa
veur du prince de Galles. La Reine recher
che la solitude et les souvenirs du prince
Albert. Elle éloigne d'elle, autant qu'elle
peut, les ministres et ceux qui ont traiter
avec elle des affaires d'Etat.
A la faveur de l'agitation électoralele
sectaire Murphy continue Manchester le
cours de ses prédications incendiaires.
Déjà de graves désordres ont été la consé
quence des provocations du fougueux éner-
gumène protestant. On annonce qu'à la
suite d'uu second discours de Murphy, les
troubles de la veille se sont renouvelées
samedi. Si l'ordre public a pu être rétabli,
on le doit sans aucun doute la modéra
tion des Irlandais quimalgré les gros
sières injures prodiguées leur foi, ne
paraissent pas avoir excédé les bornes
d'une protestation légitime. Pourtant, il y
aurait témérité de la part de leurs adver
saires continuer des prédicationsquisont
des appels directs la violence.
Déconcertés par la vigilance et par
l'énergie du gouvernement ottomanles
fauteurs de l'insurrection dans les provin
ces danubiennes paraissent vouloirchanger
de lactique. Abandonnant, en apparence
du moins, le rôle d'agresseurs, ils proGtent
de la présence des troupes turques en Bul
garie pour accuser la Porte de vouloir
occuper militairement la principauté mol-
do-valaque. C'est là une insinuation toute
gratuite, d'autant plus inadmissible que
l'impuissance du parti de la rébellion fait
plus de doute aujourd'hui pour personne.
Les chances de la future élection prési
dentielle aux Etats Unis se dessinent de
plus en plus en faveur du candidat des
républicains. Il résulte des élections locales
qui viennent d'avoir lieu dans le Maine que
ce parti y a non-seulement maintenu, mais
encore accru sa majorité depuis les scru-
lins précédents. On se rappelle qu'un ré
sultat semblable a été constaté, il y a quel
ques semaines, dans l'état du Vermont.
Voici le dernier bulletin officiel de la
santé du jeune héritier de la couronne
Nous trouvons les détails suivants, au
sujet de la maladie du prince royal, dans
une correspondance bruxelloise publiée
par une feuille parisienne
On est parvenu encore prolonger de
quelques jours l'agonie du prince hérédi
taire. sinon rendre un peu d'espoir la
famille royale. Jusqu'ici on s'était borné
faire des mouchetures dans les membres
inférieurs du malade, afin de provoquer
l'écoulement de la matière séreuse.
Le lendemain du jour où Mgr. l'arche
vêque de Matines a fait faire au pauvre
enfanlsa première communion en viatique,
la partie abdominale était tellement gonflée
qu'on a été forcé de recourir l'opération
de la ponction.
On a écoulé par ce moyen une quan
tité considérable de liquide, et depuis ce
moment le malade, quoique de plusen plus
affaibli, est un peu moins oppressé et res
pire plus librement.
C'est tout ce qu'on a gagné. Mais il n'y
a pas la moindre illusion se faire snr
l'état du prince il est irrémédiablement
perd a.
Avant qu'on fît l'opération de la ponc
tion la masse séreuse était telle, que les
membres du maladè offraient l'aspect d'nne
difformité faorrible lorsqu'il se tenait dans
LE PBOPACATEUB
FOI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELGE.
(Suite. Voir notre dernier numéro.)
IV.
Surprise dans son sommeil par les premiers pé
tillements du feti, la comtesse s'était rendue eo
toute bâte et b peine vêtue, dans la pièce qu'habi
tait son père sous les combles du château. Le vieil
lard, eu apprenant que l'incendie dévorait sa de
meure, sourit avec amertume et ordonna b la com
tesse de ne songer qu'à sa propre conservation et
de l'abaodoDuer a sa destioée.
A toutes les prières, h toutes les supplications
de sa belle fille, l'impassible châtelain opposa une
volonté inébranlable.
Je ne saurais, disait-il, trouver une sépulture
plus digue de mon rang, de ma veillesse et de
mes goûts, que les ceodres de ce château. Saovez-
voos, sauvez Marcel, oubliez-moi sous les décom
bres de mes doujons, j'y serais très bien.
Eperdue, la comtesse teota d'arracher l'obstiné
vieillard de son lit; mais ses forces la trahirent, et,
comme des flots de famée pénétraient déjà par les
locarnes du réduit, elle courut b la recherche de
Marcel poor qu'il employât toute son énergie b
triompher de cette résistaoce imprévue.
Marcel était logé dans one aile opposée du châ
teau, et. les incendiaires n'avaient mis le feu b ce
corps de logis qo'après avoir secoué leurs torches
sur les aotres bâtiments. Lorsque Marcel s'éveilla,
il vit son chemin barré par des poutres enflammées;
la toiture craquait snr sa tète, le plancher s'affais
sait sons ses pieds. L'andacienx et brave jenne
homme erra longtemps de mansarde en mansarde
pour troover une issue, et, se livrant b son déses
poir, il s'élança après avoir recommandé son âme
b Dieu b travers des débris embrasés; pois, se
laissant couler sur la rampe fumante d'an escalier
doDt les gradins éclataient, il arriva brûlé, ensan
glanté, jusqu'au vestibule, que le feu n'avait pas
encore attaqué. Lb il rencontra la comtesse qui
l'instruisit de la résolution do marquis.
Sortez, sortez, s'écria Marcel, tout ce
qu'on homme peut faire poor son père, je le ferai
pour sauver le vôtre... Sortez vite, gagoez les
champs, gagnez la ferme des Moulios... Adieu,
priez poor moi... coosolez Étieonette...
Ces derniers mots fureot jetés du premier étage
où Marcel était déjà par venu, et où il se montra
comme un fantôme enveloppé de flammes et d'é
clairs phospborescens.
Agile et vigoureux, le fiaocé d'Eliennette arri
va en qnelqoes bonds b la mansarde do marquis,
qoe des langues de feu, précédées d'épais nuages
de famée, étreignaieot de toutes parts.
Allons Mooseigneur, encore on sacrifice,
cria l'intrépide jeune homme.
M Malheureux, laisse-moi, répondit le marquis
Palais de Larken, i5 septembre.
Depuis plusieurs joors U maladie du prince est
stalioooaire.
v Dr Wimmer; Dt Henriette.
d'uoe voix presque éteiote et soffoqnée, sauve-toi.
Ah! voos me résistez! eh bieo; je suis plus
fort que vous; b oous deux'donc
Et Marcel, eulevaot te vieillard dans ses bras,
le roula dans une couverture, et reprit, au pas de
course, le chemin périlleux qu'il avait suivi. Mais
il loi fallut beaucoup de temps pour ce nouveao
trajet; il écarta de l'on de ses bras les tisons qoi
le meoaçaieot daos leor chute; il franchit tons les
obstacles, tomba se releva, étreignaoi son précieux
fardeau avec one puissance que lui donnaient et
son coarage et sa belle âme, et lorsqu'il le déposa
sur le perron do château, ce fut pour recueillir sou
dernier soupir. Il n'avait ravi qu'au cadavre b la
fureur des flammes.
Quelques hommes b sinistre visage entourèrent
Marcel, le dévnûment de ce pieux serviteur les
toucha malgré leur perversité, et ils s'apprêtaient b
le secourir, lorsque le citoyen Guiraud, drapé de
de sou écharpe, apparut
Ah! ah! maître Marcel, le voilb, mon gas
con, dit-il; il faut donc enfumer le renard pour le
faire sortir de son trou.
Oui, c'est moi; après? répondit le courageux
jeune homme.
Après, citoyen? je t'arrête an nom de la loi,
car la loi te poorsoit depuis assez longtemps, mon
fieu... mes amis, faites votre devoir, et qu'on lé
mène b la commune.-