D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
52,ne Année. Mercredi 23 Décembre 1868. W<> 5,345.
REVUE POLITIQUE.
D'après uu journal espagnol, la perte
des troupes, dans les dernières affaires de
Cadix, a été de 7 officiers tués et 14 blessés;
15 soldats tués et 128 blessés et quelques
autres contusionnés. Les forces populaires
et les condamnés ont souffert davantage.
Le nombre des morts dépasse, dit-on, 160.
Sans être complètement écartée, l'éven
tualité d'un conflit semble aujourd'hui
moins menaçante en Orient. La Porte reste
sur la défensiveet la voie est encore ou
verte aux négociations.
On n'a que des renseignements assez
vagues sur les pourparlers qui se suivent
actuellement entre les diverses puissances
au sujet du conflit turco-hellénique. Elles
auraient, dit-on, quelque espoir d'amener
les deux parties en cause consentir une
trêve de trois semaines, pendant laquelle
on négocierait un arrangement.
Les attentats commis par la révolution
d'Espagnecontreles institutions religieuses
de ce pays ne pouvaient pas échapper la
sollicitude du chef de l'Eglise. On ne s'éton
nera donc pas d'apprendre que dans le
consistoire d'avant-hier le Souverain Pon
tife a fait part au Sacré Collège des plaintes
et des légitimes appréhensions qu'inspirent
an Père commun des fidèles les méfaits et
les tendances d'une révolution qui a débuté
par la proscription des religieux et par la
confiscation de leurs biens. Le Saint-Père
a particulièrement insisté sur le danger
que court en Espagne l'unité de foi que
cette nation a toujours considérée juste
titre comme son plus glorieux patrimoine.
Les élections municipales en Espagne
se passent avec un calme relatif. Accordons
celle bonne note au gouvernement provi
soire, qui n'en abuse pas; mais notons que
CHATIMENT ET REPENTIR.
ce calme prouve plus en faveur du pays
que de ses gouvernants.
La Gazette, journal officiel, publie quel
ques télégrammes qui annoncent que dans
plusieurs provinces le sens des élections
est monarchiste libéral. En lisant entre les
lignes, on comprend que la majorité des
élections s'accentue dans le sens républi
cain ou dans le sens bourbonien. Nous ne
croyons pas cependant que la république
puisse l'emporter sur le terrain électoral.
Elle échouera probablement comme elle a
échoué Cadix, où, par parenthèse, le
scrutin n'a pu fonctionner jusqu'ici, les
émeutiers ayant détruit les listes pendant
les quelques jours qu'ils ont été maîtres de
la ville.
Voici le dernier bulletin sur l'état de
santé du jeune prince royal
Dans un article que le Times consacre
la question d'Orientce journalvoulant
calmer les Grecs, qu'on surexcite aujour
d'hui, fait connaître des chiffres très cu
rieux sur la force de ce petit royaume et
surtout sur celle de son armée.
Votrepopulation, dit-il, estde 1,368,000
âmes votre armée, en 1866, se composait
de 561 officiers, 2,125 sous-officiers et
8,774 soldats; total, 11,460 hommes. La
marine consiste en une frégate ou deux et
quelques petits bâtiments. Vos ressources
pour faire la guerre sont nulles; est ce
avec cela que vous prétendez résister la
Turquie?
Le même journal examine si la Russie
peut donner son appui ostensible la levée
de boucliers des Grecs il répond très-net
tement que la Russie, alors même qu'elle
le voudrait, ne peut le faire.
Le Times conclut en regardant tout con
flit un peu sérieux entre les Turcs et les
Grecs comme impossible.
Est-il permis de passer sur un champ
lorsque le chemiu qui le borde est impra
ticable? Ou signale ce sujet un arrêt
de cassation du 7 janvier 1848 qui recon
naît ce droit, y compris le droit d'arracher
une baie vive, s'il est besoin, pour le pas
sage de son cheval et de sa voiture le
propriétaire du champ envahi n'a aucun
recours contre le passant. Il n'a de recours
que contre la commune.
Après six heures et demie de délibéra
tion la cour de cassation de France vient
de rendre, dans l'affaire Lesurqueson
arrêt par lequel elle rejette la demande
en révision formée par M119 Virginie Le
surques, fille de l'infortuné Lesurques.
M** l'évêque de Bruges vient de nommer
curé Dudzeeie, M. Crombez, curé Hout-
tave.
Mgr. l'évêque de Bruges vient de
nommer: curé Houttave, M. Planckaert,
vicaire Avelghem; vicaire Ingoyghem,
M. Talpe, vicaire Lisseweghe; vicaire
Lisseweghe, M. Wulleraan, vicaire In
goyghem.
Mgr. Anthonis a conféré samedi la
prêtrise 27 élèves du séminaire archié
piscopal et quelques autres appartenant
d'autres diocèses, le diaconat et le sous-
diaconat des élèves du collège du Saint-
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
i.
Mort histoire da»e de 1795,époque si rapprochée
de nous que beauconp l'ont vue. Dans cette partie
de la Lorraine qui n'est pins allemande et n'est pas
encore française, il existe no petit village b l'aspect
varié comme le langage de ses babitatants, solitaire
dans la vallée où sont espacées les modestes babi-
talions des agricultures. C'est Ib que je passai les
premières années de ma jeunesse, dans la presby
tère de mon oucie. C'était tin saint vieillard que
tnon oncle, et quarante ans écoulés n'ont pas enco
re fait oublier ses vertus, sa charité et soo zèle.
Humble dans tous ses goûts; il u'avait d'autre ambi
tion que celle d'aller avec tout le troupeau qui lui
était confié, dans le bercail céleste; c'est pourquoi
dans ses pénibles fonctions, rien n'arrêtait ses ef
forts; b tout prix, il voulait faire sou devoir: on
l'appelait le modèle et l'honneur du voisinage. Pen
dant ses loisirs, il me conduisait avec lui dans les
chaumière du village, et assis b ses côtés sur uu
grossier escabeau ou sur l'unique banc de bois de
la cabane, j'apprenais b connaître tous les trésors
du cœur d'un apôtre. Chaque famille voyait de
temps en temps sou pasteur; cependant nous n'al
lions jamais ensemble dans un certain quartier du
Palais de Laekeo, 32 décembre.
II n'y a pas de changement notable dans l'état
du prince depuis hier.
Dr Wimjvier; Dr Henriette.
village: c'était pourtant le plos riche et le plus
élégant, et comme je ne sortais point sans mou
oncle, je savais seulement que ce quartier, nouvel
lement bâti, appartenait au prévôt, lequel passait
pour possède beaucoup plus de richesses que de
religion.
Or, un jour mou oncle était sorti sans moi, et
quand le soir il rentra au presbytère, sa tête était
trislemeot penchée, et ses yeux rouges et gonflés
attestaient des larmes nombreuses. A la vue de
cette douleor, je cours me jeter dans les bras du
vieillard et loi demander le motif de ses pleurs. Et
lui, poussant un profoud soupir: Mon fils, me
dit-il, il faut prier, prier beaucoup l'impiété
triomphe, la religion va être renversée. Viens
avec moi, tnou fils, vieus, nous irons au temple
saint conjurer l'orage s'il se peut, par nos ardentes
prières;... mais, vain espoir! demain approche!
demain, oui c'est demain. Et le vieillard altéré
me saisit le bras, i! m'entraîne d'un pas rapide, et
en silence, nous nous dirigeons vers la maison de
Dieu. Le saint prêtre, mais laissant dans le nef,
pénètre dans le sanctuaire, se jette au pied de l'É
ternel et le supplie de détourner les coups qui
menaçaient l'humble héritage dont il était gardien.
Longtemps nous restâmes en prières; le crépus
cule allait disparaître, je revins seul, et plusieurs
heures après mou oncle nous rejoignit. Il était
plus calme, car il avait remis sa paroisse b sou
Dieu; mais non moins abbattu, car il ne conservait
CHRONIQUE JUDICIAIRE.
i i
NOMINATIONS ECCLÉSIASTIQUES.
plus d'espoir de s'opposer aux fureurs révolution
naires. Je ne savais pas encore la cause précise
du chagrin de mon oncle, et je la demandai; et
Ini, abaissant sur moi un regard désolé. De
grands jours se préparent, me dit-il, cher en
fant; de grands bouleversements ont eu lieu dans
les villes, les campagnes vont être victimes lenr
tour. Je dois tout te dire, b ton âge on réfléchit et
ta pourras peut-être servir déjb Dieu et les hom
mes. Tu connais cette rne du village où je ne le
voulais pas te conduire, pour éviter b ton jeune
cœur de funestes exemples, et b tes oreilles des pa
roles de scandale et d'impiété. Eh bien, elle ap
partient tonte entière b M. X... qui l'a fait bâtir
b grands frais ces années dernières, Hélas! la ri
chesse produit l'orgoeil l'irréligion, et M. X... en
est la triste preuve. Ta sais qu'il est le prévôt du
village; il a donc sollicité, obtena, et reçu aujour
d'hui la permission de dépouiller l'église, et de
renverser les croix qui sont sur le territoire de la
paroisse; c'est demain qu'il va se mettre b l'œuvre.
Quaud il m'a appelé chez lui, c'était pour m'an
nonce en triomphe cette déplorable nouvelle; il
m'a appris qu'b avait déjb obtenn, contre le trou
peau, le châtiment de son fanatisme, et qu'il at
tendait incessamment pour le pasteur, un décret
de proscription. Hélas, que puis je par le sa
crifice de ma vie, empêcher la profanation!
Le vieillard se lot, il me donna le baiser du
soir, et j'aillai chercher le repos que de pareilles