D'YPRES ET OE L'ARRONDISSEMENT.
52me Année.
- Mercredi 7 Avril 1869.
No 5,375.
AGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
REVUE POLITIQUE.
Le Corps législatif de France a dû re
prendre avant hierladiscussiondu budget.
On présume que le débat conservera pen
dant deux ou trois séances encore le ca
ractère politique que lui ont donné les dis
cours de MM. Thiers et Jules Favre. Pen
dant que les orateurs prolongent, au grand
plaisir de la galerie, ce tournois d'élo
quence, les hommes d'affaires étudient les
chiffres et s'apprêtent discuter en con
naissance de cause la situation financière.
Au Sénat, M. Delangle vient de déposer
son rapport sur les traités conclus entre la
ville de Paris et le Crédit foncier. M. Hauss-
mann attend paraît/^ avec impatience
l'ouverture de la discjrsSi <n pour défendre
son administration tçjji e les reproches
dont M. Rouher ne t'ar as suffisamment
vengé, son gré, dans autre Chambre.
Nos correspondants d'Espagne nous
donnent comme certain que la candidature
du duc de Montpensier est définitivement,
abandonnée et que l'ex régent de Portugal
don Fernand, refusera celle que le conseil
des ministres s'est,dit on, décidéà lui offrir.
Dans cette situation, les esprits se tour
neraient certainement vers la restauration
du prince des Asturies si ce n'était donner
Lieu promptement un démenti la révo
lution, qui avait proclamé la déchéance
éternelle de la dynastie de Bourbon, et si
la nomination d'un régent ne devait en
traîner de graves difficultés.
On parle depuis longtemps en Autriche
de l'imminence d'une crise au sein du ca
binet cisleilhan. Des Ilots d'encre ont coulé
et coulent encore ce sujet dans les jour
naux de Vienne. Le ministère n'en a pas
moins tenu bon jusqu'à ce jour; mais, en
juger par le langage de la presse de Vienne
et des correspondances, sa situation aurait
été s'aggravant, et elle serait aujourd'hui
plus douteuse que jamais. Parmi les nom
breuses difficultés au milieu desquelles il a
se débattre, on cite spécialement la ques-
LES DE EX PORTRAITS DE FAMILLE.
Le comte de Lisbao, qui s'était expatrié an com
mencement de la ré.olution, avait en dépit des
décrets menaçant de mort tout exilé qui rentrerait
dans sa patrie, cédé an désir si vif et si natorel de
revoir ses foyers. A son retour en France, il avait
trouvé ses bieos séquestrés; sa tête était proscrite,
et tous les dangers menaçaient sa vie. Ses anciens
amis étaient en prison il ne savait où trouvez nn
asile.
Pendant un mois, il parvint se soustraire aux
avides regards des bourreaux mais enfin sa retraite
fut connue: il allait être conduit l'échafaud, lors
qu'il se sauva dans la maison d'un petit marchand
de la rue de Glery, nommé Hubert, qu'il ne con
naissait poiut, et ii la pitié duquel il n'avait d'au
tres droits que ceux de l'infortune. C'était beau
coup pour le bon marchand; il accueillit le comte
avec I» plus noble générosité, arrangea lui-même,
dans l'endroit le plus obscur de sa maison, une re
traite inpénétrable aux recherches ardentes des
persécuteurs, partagea ses modestes repas avec lui,
et le servit avec les attentions les plus délicates,
tion de savoir qui sera dévolue la prési
dence du conseilvacante depuis plusieurs
mois, ei laquesiiondu voyagedel'empereur
François Joseph en Galicie.
L'accord s'est établi entre tous les pou
voir aux Etats Unis sur les questions déli
cates soulevées par le nouveau bill relatif
la nomination des fonctionnaires. Le
Président ne s'est pas montré moins conci
liant que la Chambre et c'est l'opinion du
Sénat qui a prévalu. Aux termes du bill,
que la sanction présidentielle vient de
convertir en loi, le Président pourra chan
ger ses secrétaires et les autres employés
supérieurs pendant les vacances du Sénat
mais après l'ouverture de la session si le
Sénat n'approuve pas les nouveaux choix,
les anciens titulaires rentreront dans
leur charge.
La Patrie de Bruges publie sur la célé
bration du jubilé du Saint-Sang les ren
seignements suivants, qui complètent ceux
que nous avons donnés déjà dans un de
nos derniers numéros
A l'occasion du prochain jubilé, la
confrérie du Saint-Sang a commandé une
médaille M. Annoot, graveur en celte
ville. Cet artiste s'est parfaitement acquitté
de sa tâche; l'œuvre qu'il a produite est,
tous égards, digne d'éloges aussi chacun
tiendra se la procurer.
Elle représente le reliquaire du S'-Sang
porté par deux anges; au dessous de ce
reliquaire paraît le pélican emblématique;
au dessus l'inscription: Uabemusredemptio-
nem per sanguinem ejus. (Son sang nous a
rachetés.) Le revers de la médaille porte
FESTL'M
SACRO GRUORI
AB ANHIS INDE QUINQUAGINTA
BRUGIS
PIBLICO CGLTL'I RESTITUTO DICATliM
NOBILIS CONFRATERNITAS
l"NA Cl'M CL. S. P. Q. B.
SOLEM.NI RITU PERECIT
A. D. MDCCCLX1X.
pendant huit mois quedura celle cruelle déleniiou.
Nos bouireaux, tournant eofio leurs fureurs
contre eux-mêmes, délivrèrent la nation d'un
joug qu'elle n'avait pas le courage de secouer. Uo
rayou de justice vint briller an milieu de ce bou
leversement de tous les principes de la morale, de
la religion, de l'humanité et de la saine politique.
Le comte de Lisbau sortit de sa retraite en témoi
gnant one vive reconnaissance ses bienfaiteurs
il rentra dansnne belle terre qu'il avait aux envi
ron de Paris, et dont, par nu heureux hasard, il
n'avait pas encore été dépouillé. Il y recevait
presque toutes les semaines le bon Hubert, Mma
Hubert, et la petite Looise, leur fille. Il les ad
mettait a sa table, et, ne perdant jamais de vue le
service qu'ils lui avaient rendu, il les traitait d'égal
b égal, excepté pourtant les joors où il loi arrivait
de Paris une société nombreuse et brillante; alors,
il les traitait avec plus de cérémooie et de respect,
leur donnait la place d'honnenr, les servait les
premiers, et semblait dire aux antres convives: Je
voos demande bien pardon, mais vous ne m'avez
pas sauvé la vie.
Le commerce du bon Hubert prospérait depuis
quelque temps. Louise devenait grande; Hubert
(L'an de grâce 1869, le cinquantième
anniversaire du rétablissement du culte
du Saint-Sang fut célébré solennellement
par la noble confrérie, avec le concours de
la régence et du peuple de Bruges.)
Cette médaille perpétuera dignement
le souvenir des fêtes auxquelles nous as
sisterons sous peu, et dont l'ouverture est
fixé au 2 mai 1869, la clôture au 17 du
même mois.
Durant cette quinzaine, la grand'messe
sera célébrée journellement, 11 heures,
la chapelle de S. Basile. Elle sera suivie
d'un sermon flamand. Le soir, S heures,
aura lieu la cathédrale un salut solennel.
Après le salut, sermon français par un
prédicateur distingué. Outre le R. P. Oli
vier, il paraît que NN. SS. Dechamps,
Gravezetde.Montpellier se ferontenlendre.
On cite encore d'autres nomséminents,
que nous comptons pouvoir annoncer dans
quelques jours.
Les préparatifs de la grande proces
sion continuent. Les divers groupes qui
la rehausseront seront des plus remarqua
bles et aussi rigoureusement historiques
que possible.
Thierry d'Alsace s'avancera cheval,
avec Léon, abbé de S' Berlin Boger, pré
vôt de Bruges; Idesbald V'ander Gracht
abbé des Dunes, conseiller du comte; Ta-
nernar de Stralen, Warnaldus de Zuylen
un Borluut, un Steelant et d'autres cheva
liers connus dans les annales flamandes.
Dans le groupe de Marie de Bourgogne,
paraîtront la duchesse Marie Marguerite
d'York, duchesse douairière; Maximilien
d'Autriche; le sire et la dame de Raves-
lein Hanneron, chancelier de Flandre;
de la V:chte, écoutète de Bruges le prince
de Gruuthuse, chevalier de la Toison d'or
Petit, prévôt de S'-Sang le comte de S'-
Pol Anchemant, secrétaire de l'archiduc
le sire de Dudzeele, l'alfère Melteneye, etc.
Albert et Isabelle seront accompagnés des
bourgmestres de la commune (courpse et
des échevins, des six chefs hommes de la
soogeail sérieusement la marier avec le fils d'un
commerçant, son voisin, bon sujet, ayant un peu
de fortune, et plus d'esprit qu'il n'en fallait pour
devenir riche uo jour. Ce mariage était arrangé de
puis deux mois dans la tête des parents, et depuis
six mois daus le cœur de Lonise mais on terrible
évéuement vint renverser ce petit édifi:e de bon
heur.
La probité d'Hubert eot trop de confiance dans
celle des autres il essuya plusieurs banqueroutes,
et se vit bientôt assailli pa- une foule de créanciers
qu'il n'avait plus le moyeu de satisfaire. Le maria
ge de Louise, il est vrai, peut, eo grande partie,
réparer les pertes de la famille. Mais, bél is ce
mariage est rompu, le père de Charles, excellent
calculateur, ne tieui pas compte d'un sentiment
qui oe rapporte rien, et ne veut plus en entendre
parler. Il serait difficile de peindre le désespoir de
Louise et de Charles.
Hubert cherche en vain des ressources pour dé
tourner le malheur qui les menace. Ses amis sont
pauvres ou l'abandonnent; il ne lui reste que le
comte de Lisbao, et le coiute est précisément le
seul, qui, dans uo revers si grand, le bon Hubert
ne veuille point s'adresser. L'idée de lui demander