D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
RENTE POLITIQUE.
Le télégraphe a annoncé, il y a quelques
jours, qu'une conspiration venait d'être
découverte Milan. Il faut que le complot
ait été assez grave, puisque des interpella
tions ont été adressées de ce chef au gou
vernement italien par un membre de la
Chambre des députés. Le ministre de l'in
térieur a répondu que les conspirateurs
arrêtés (il y en a donc d'autres?) étaient
des gens mal famés et qu'ils avaient reçu
le mol d'ordre de l'étranger. Il a profité de
l'occasion pour rendre hommage au bon
esprit de l'armée et pour protester contre
l'idée que l'Italie pourrait encore être en
proie des déchirements intérieurs.
La vérité est que l'Italie unitaire est
très malade,etc'est en vain qu'elle cherche
se donner les apparences de la santé. Les
plaies qui la rongent éclatent au grand
jour, et la conspiration de Milan n'est
qu'un indice entre mille du travail de
décomposition qui s'opère au delà des
Alpes. Le langage même des ministres
trahit le peu de foi que leur inspirent les
destinées de l'unitarisme. et pas ne serait
besoin d'insister aussi souvent sur la soli
dité du régime, s'il la prouvait par lui-
même et si on ne le voyait pas vaciller au
moindre choc.
Le gouvernement prussien jusqu'ici ne
-s'était point conformé l'usage adopté par
presque tous les Etals constitutionnels de
publier au commencement de chaque ses
sion un recueil des principaux documents
diplomatiques. Une motion vient d'être
faite au Parlement fédéral pour engager
SI. de Bismark suivre cet exemple. M.
Tweslen a demandé la publication des dé
pêches échangées par le gouvernement
fédéral avec les autres puissances. Le chan
celier a répondu que, dans la plupart des
cas, cette publication ne répond que très-
imparfaitement son but, les ministères
des affaires étrangères n'ayant garde de li-
UNE LIVRE DE SUCRE.
vrer la publicité leurs documents les
plus intéressants. Cependant, en dernière
analyse, et bien que personnellement op
posé la proposition, M. de Bismark a dé
claré que si le Keichsralh insistait, satis
faction lui serait donnée dans la mesure du
possible. On ne dit pas si M. Tweslen a in-
sislé ni si le Parlement s'est associé sa
réclamation.
Le Conseil fédéral douanier est convoqué
pourle28 avril afin depréparerde la besogne
au prochain Parlement douanier, qui doit
se réunir après la clôture de la session du
Parlement nord allemand.
On s'occupe toujours beaucoup en Alle
magne du discours prononcé par M. de
Bismark dans la Keichstag, l'occasion de
la création d'un ministère fédéral respon
sable. Une réunion du parti démocratique
a été tenue Stuttgart dimanche dernier,
et le principal orateur, M. Frese, un ancien
membre du Parlement prussien, a conclu
des paroles de M. de Bismark que l'entente
entre le gouvernement fédéral et les gou
vernements du Sud n'était plus aujour
d'hui très-intime.
Une dépêche adressée de Pesth VAgence
du Nord-Est nous apporte une nouvelle
dont on comprendra toute la portée. L'Em
pereur d'Autriche a ordonné la création
d'une chaire d'histoire de Pologne l'Uni
versité de Cracovie. C'est I* contre partie
de toutes les mesures prises par le czar
Alexandre pour elfacer, dans la mesure du
possible, jusqu'aux moindres traces des
souvenirs nationaux delà Pologne.
Nous lisons dans la Patrie de Paris
Les négociations relatives l'incident
franco belge ont continué sans interrup
tion depuis deux jours. On assure que M.
Frère-Orban a déclaré hier qu'il remettrait
aujourd'hui, jeudi, M. le ministre des
affaires étrangères une note destinée
modifier plusieurs parties de son premier
travail.
On ne croit pas, toutefois, qu'on puisse
arriver un résultat avant le départ de
Paris de M. Frère Orban, qui doit être de
retour Bruxelles dimanche ou lundi.
On pense que les négociations, forcé
ment interrompues par suite de l'absence
de M. Frère, seront reprises après les
élections.
M. De Coene, curé doyen de MeniD, est
décédé Menin le 20 avrill'âge de 53
ans.
Nous apprenons la mort de M. B. Van
Oeckel, curé doyen d'Eecloo. Ce vénérable
prêtre a été frappé lundi de mort subite.
Un horrible malheur est arrivé, lundi,
sur la ligne de Roulers Ypres, une
demi lieue au delà de Moorslede. Un vieil
lard d'environ 75ans, le cultivateur Pinket,
jetait, de la ligne du chemin de fer, un
regard satisfait sur ses avêtures. Le train
arrivait toute vitesse, le vieillard était
sourd, le machiniste travaillait aux pistons.
Celui-ci sentit tout coup une petitesecous-
se, il croyait un rail soulevé ou déchiré.
Mais regardant en arrière, il aperçoit sur
la ligne quelque chose d'informe et craint
un malheur. Arrivé la station, il voit les
roues de la locomotive tout en sang. Le
malheureux Pinket avait été broyé par le
train, et des lambeaux de son corps avaient
été entraînés et trouvés épars sur la voie.
Renversé, sa tête avait été prise sous les
roues, la chevelure était collée aux rails.
Une élection communale partielle
vient d'avoir lieu Wervicq, en remplace
ment de M. Verhaeghe, décédé.
Voici le résultat du scrutin nombre de
bulletins valables, 230. M. Verhaeghe a
obtenu 135 voix, M. Six Paret 95.
M. Verhaeghe, candidat catholiquea
été proclamé conseiller communal.
Samedi 24 Avril 1869.
IVo 5.380.
PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
Daos on des grands saloos do palais de Versailles,
t>o soir, après le sooper royal, Loois XVI était
deboot devant ooe table de marbre, et après avoir
enlevé le couvercle doré d'un des sucriers en por
celaine du service, il prit deux morceaox de sucre
qu'il laissa tomber daos one tasse de café bouillant,
et il s'amosait considérer les petites bulles jaunâ
tres qui couronnaient sa tasse mesore que le socre
fondait, et que des parcelles d'air s'échappaient
aiDsi de leor prison, M. de Maurepas s'approcha
du roi, et après que Loois XVI eut avalé qoelques
gorgées de son café, il lai dit
Comment V. M. trouve-t-elle son café, ce soir?
Excellent, monsieur.
Oui, c'est un moka dont le parfum est déli
cieux mais V. M. loi Irouve-t-elle sa saveur
accoutumée? Le parfum en est irréprochable;
mais le sucre dont s'est servi V. M. a-t-il conve
nablement adouci l'âcreté du café?
Loois XVI avait on caractère obstiné et ou esprit
timide; il redoutait la plaisanterie; et, semblable en
cela son aïeul Louis XIV, il ne craignait rien tant
qu'un bon mot doot il aurait été le but ou l'occa
sion, il regarda donc son ministre avec des yeux
indécis; puis, réfléchissant sa propre position et
aux habitudes courtisanesques de son ministre, il
répondit résolument
Que voulez vous dire, monsieur? Eo voulez-
vous notre maître Qoeux? et savez-vons un
meilleur café qoe le mien?
Non, Sire; mais permettez - moi encore une
question. V. M. a mis deux morceaux de socre
dans sa tasse; combien croit-elle que reviennent
ces deux morceaux
Ah! c'est une leçon d'économie, s'écria le
roi. Eh bien! j'en serai ravi; parlons économie....
Voyons... Le sucre coûte quatre livres six sous six
deoiers a Paris; je suppose qoe, dans une livre de
sucre, il y a quatre-vingts morceaux pareils ceux
qui sont daos ma tasse de café; cela fait un peu
plus d'un sou le morceau; or, comme je suis roi de
France, et qu'en celte qualité je paie tout plus cher
que mes sujets, mes deux morceaux de sucre doi
vent me revenir six sous, ou huit tout au plus,
Ces deux morceaox de socre, dit M. de Mao-
repas, ne coulent rien V. M.; c'est on hommage
d on de ses sujets; mais lui, ils coûtent un louis
çhaque.
NÉCROLOGIE.
NOUVELLES DIVERSES.
Vous nous faites un coote, M. de Maurepas,
dit le roi quatre-vingts louis une livre de sucre
Si tout celui que l'on mange au château coûtait
aussi cher il me faudrait vendre le domaioe de
Rambouillet seulement pour en mettre dans la
bouillie de M. le dauphin... Expliquez-vous donc,
monsieur.
Volontiers, Sire; mais auparavant, que V. M.
veuille bien examiner ce sucre.
M. de Manrepas prit le sucrier de porcelaine, il
en renversa le contenu sur la table de marbre, il
compta les morceaux, il y en avait quarante trois.
Si ce nombre, vous ajontez, Sire, dit-il, les
deux morceaux foodus dans votre tasse, cela fera
quarante-cinq, c'est-à-dire une valeur de 1.080
livres. Et que V. M. regarde bien ce sucre, comme
il est brillaut, le'ger! qu'elle le goûte; quelle sa»eur
exquise, quelle douceur! comme il fond dans la
bouche sans laisser d'arrière-goût..,
£h bien, dit le roi, que la mauvaise humeur
commençait gagner, mais que les chevenx blai.es
de M. de Maurepas retenaient encore; eh bien! ce
sucre est doux, c'est tout simple, voulez vous qu'il
soit amer comme chicotin
M. ne de ioerait jamais avec quoi on a
fait ce sucre.